Déjà la fin ? En direct d’Athènes (ou plutôt de Paris, puisque l’auteur a repris la main sur la maîtresse de cérémonie), c’est la plus reluisante des Moustaches qui vous attend pour la dernière catégorie de l’édition 2024 !

Générique.

À y réfléchir, nous sommes tout de même sport. Mettre à l’honneur la réelle médaillée d’argent de l’Eurovision 1991 alors même qu’elle a volé la victoire à Amina, c’est en réalité un sacré exercice d’humilité, et surtout une bien belle exposition qu’on ne demandait pas tant, tellement la plaie suinte encore du couteau qu’on y remue depuis trente-trois ans (heureusement que je n’ai pas connu cette tragédie de l’histoire de France à l’Eurovision – il s’en est fallu d’à peine quelques mois).

L’intérêt toutefois ne consiste pas en Carola, bien qu’on doive un infini respect à l’invincible eurodiva, qui chante aussi bien la tempête que le sacro-saint ventilo ne fait tourbillonner ses cheveux façon “L’Oréal parce que vous le valez bien”, une chevelure devenue tornade dans le ciel de l’Eurovision. Non, le réel intérêt consiste dans l’intitulé de sa chanson : Invincible. Pas besoin d’un doctorat en linguistique anglaise pour traduire, cela signifie “invincible”. Comme ce sentiment susceptible de vous traverser dès lors que vous touchez le ciel du concours du doigt, et non du toz, auquel cas la redescente se fait plus violente (et un poste de coiffeuse vous attendra probablement dans un salon Fabio Salsa du fin fond de la province ardennaise). Car pour toute eurostar de ce nom, arriver au sommet de l’Eurovision revient à être ce maître du monde, tel que s’autoproclamait l’être ce cher (et terriblement sexy, Doodjez) Jack Dawson du haut du Titanic. À la différence que le concours ne se déroule pas sur un paquebot, et que les chances de croiser un iceberg sur la route de l’Eurovision sont statistiquement faibles, à moins de l’organiser au Groenland tant que le territoire est rattaché au Danemark.

“Qui s’approchera de mouton qui broute en terre d’Irlande se verra possédé par le triomphe”

Rémi P.

On Top of The World chantait Edsilia Rombley, et bien oui, par Pergolèse, car l’Eurovision est le plus grand concours musical au monde, celui-là même qui vous offre une exposition médiatique et sociale sans commune mesure, a fortiori si vous brillez sur sa scène. Combien n’étaient rien, “au fond du caniveau”, avant de se saisir du micro et de voir leur destin changé à jamais ? Un célèbre proverbe grec dit “Quand le soleil se lève là où broutent les chèvres, il va se passer quelque chose”, et le clip de Bambie Thug en est l’illustration parfaite : “qui s’approche de mouton qui broute en terre d’Irlande se verra possédé par le triomphe” (celle-là n’est pas de Nikos Commandeur, mais de moi-même, alors copyright je vous prie, et qu’ainsi soit-il). Surtout qu’un mouton générateur de Fortune, cela ne se tond pas, et cela se rase encore moins, si vous voyez où je veux en venir.

Car s’il est des moments que l’Eurovision préfèrerait oublier, ils ne sont rien face à tous ces inoubliables que nous offre chaque année le concours. Et puis, n’oubliez pas que la Moustache est revenue à la mode, plus hype et brillante que jamais (à coup sûr l’effet Twin Twin), alors même si Movember est passé, imprimez bien le message en police 2025 : GARDEZ LA MOUSTACHE ! (Surtout que c’est objectivement sexy, sauf chez Marco qui, lui, s’en tiendra à la barbe de trois jours sur ma demande).

La Moustache à garder

… Parce que même si on a été tenté de la raser d’un coup sec (surtout depuis que Pierre Garnier chante la pub pour Gillette “la perfection au masculiiiiiiiiiiiiiiiiin”), évidemment qu’on veut la garder, cette année Eurovision ! Il faut dire qu’à côté de tous les eurodramas que la planète Eurovision a dû traverser, il y en a, des Moustaches à garder. Des artistes, des rencontres, des performances, des soirées à l’euroclub, des chansons qui tournaient en boucle dans votre playlist (à tel point que la responsabilité du bug international de Spotify repose entièrement sur vos épaules), et si mon calcul mental ne me fait pas défaut, il y en a eu au moins 2024 ! Pas mal pour une année olympique et paralympique, n’est-ce pas ? On serait tenté de donné teeeeeeeeellemeeeeeeent de mentions spéciales, mais bon, on nous dit dans l’oreillette que le stock de trophées est limitée pour lundi prochain. Ah parce que l’autre folle de Lamburosco ne vous a pas prévenu ? La cérémonie à laquelle vous assistez depuis le 2 janvier n’est en réalité qu’une cérémonie de NOMINATIONS, puisque c’est vous, et vous seuls, qui décidez ! La cérémonie de remise, ELLE, aura lieu dans moins de 72 heures, alors ait paaaaaaatience mon petiiiiiiiiiiiiit… Et surtout À VOS VOTES !

Bon, alerte Moustache spéciale !

Suspense…

DONS

Huit ans que le pays ne s’était pas qualifié en finale, et la Lettonie était partie pour une septième élimination consécutive, prête à égaler le record néerlandais à Bâle, jusqu’à ce que la goutte d’eau ne fasse déborder le vase et n’incite le pays à prendre ses clics et ses clacs de l’Eurovision. Mais ça, c’était avant que LE miracle eurovisionesque de l’année ne se produise. Alors même qu’il était au fond du fond du trou chez les bookmakers, quasi assuré de terminer dernier de la demi-finale 2 avec 15% de chances de qualification à la clôture des paris, c’est sous les cris d’effroi et de stupéfaction d’une Malmö Arena sidérée que la qualification de la Lettonie fut annoncée. Un moment d’histoire, puisqu’il s’est agi de l’une des plus grandes surprises que le concours n’ait jamais connu. Cet exploit, la Lettonie le doit à un seul homme : Dons. Vêtu d’un plastron en simili bleu fort saillant, avec pour seule compagnie un espèce d’anneau géant, l’eurostar a réussi à transcender une chanson certes belle, mais pas la plus impactante du casting, avec une interprétation irréprochable et un charisme à toute épreuve. Une telle remontade ne pouvait qu’être saluée par une Moustache spéciale (qu’il aurait de toutes façons gagné haut la main si la catégorie avait été ouverte au scrutin).

L’heure d’ouvrir les votes de la dernière catégorie a sonné, mais avant ça, découvrons les nommés pour la dernière des dernières Moustaches 2024. Les nommés dans la catégorie sont..;

Baby Lasagna à deux doigts du Graal

Dire qu’il n’était que réserviste… Si le lucky loser Baby Lasagna n’avait pas bénéficié d’un retrait au Dora, jamais le croate n’aurait été si près d’offrir à son pays une première victoire à l’Eurovision. Dès sa publication, Rim Tim Tagi Dim s’est imposé parmi les grands favoris des eurofans, enjaillés par ce titre pop-rock entraînant racontant l’histoire d’un jeune rural qui quitte le village familial pour la ville. Un hymne pour la diaspora croate, presque aussi nombreuse que la population (en déclin) du pays, mais aussi pour toutes celles et ceux qui ont fini par quitter leur pays pour trouver de meilleures conditions de vie ailleurs. Pas étonnant dès lors que notre bébé lasagne soit arrivé en tête du télévote, tout en décrochant une très belle (et pas forcément attendue) troisième place des jurys, hélas insuffisante pour l’emporter face à la déferlante Nemo, à qui les jurys nationaux ont offert une avance inédite et insurmontable. Au-delà de la déception d’une victoire attendue des croates qui lui a échappé, Baby Lasagne peut être fier d’avoir offert à son pays son meilleur classement historique à l’Eurovision. Vous pensez d’ailleurs que la Présidence de la République croate l’a couvert de lasagnes pour le remercier ?

Eurovision Junior : une success story à la française

Depuis son grand retour en 2018, la France jouit d’un palmarès inégalé à l’Eurovision Junior : trois victoires (dont deux d’affilée), une deuxième place, une troisième place et, pour “pire” classement, une cinquième place. Une série jamais vue dans l’histoire du concours. Madrid 2024 devait inévitablement marquer soit la poursuite de la légende et une troisième victoire consécutive inédite, soit mettre fin à la belle série avec le moins bon classement de l’histoire de la France au concours. À la découverte de la scénographie française très… simple, et en dépit d’un super interprète et d’un très énergique Comme ci, comme ça, on a franchement eu des doutes face à ce que dégainait la concurrence en face, à tel point que beaucoup envisageaient une sortie de la France de la première moitié de tableau. C’était sans compter sur le talent de notre Titouan national (et breton – les quimpérois y tiennent !) et sur le charme de l’inimitable Junior French Touch, qui ont offert à notre pays une quatrième place inattendue, et un septième top 5 consécutif, série inédite dans l’histoire du concours !

Nemo vainqueur·e de l’Eurovision

36 ans. 36 ans que la Suisse attendait ce moment. Il y a encore six ans, miser sur une victoire helvétique à l’Eurovision aurait probablement fait mourir de rire la reine Lys Assia elle-même. C’était sans compter sur l’incroyable revirement opéré par la SSR-SRG qui s’est enfin vu récompensé en 2024 par une troisième victoire du pays au concours. Cela, la Suisse le doit au·à la souverain·e Nemo, auteur·ice d’une prestation impériale et aérienne sur la scène de la Malmö Arena, sur laquelle il aura cassé les codes tel·le une Dana International ou une Conchita Wurst avant iel. C’est ça, l’Eurovision : casser les codes avant l’heure, en assumant qui l’on est et en encourageant celleux qui vous regardent à être qu’iels sont, qu’importe le carcan dans lequel la société persiste à vouloir vous enfermer et vous étouffer. Un message encore plus fort à délivrer lorsqu’il est assuré avec une véritable prouesse vocale, que les jurys nationaux ne se sont pas trompés de récompenser avec 365 points, offrant ainsi une avance irrattrapable à Nemo, désormais inscrit dans la légende du palmarès de l’Eurovision. Oui, cassons les codes, et plus que jamais !

Sainte Petra Mede (priez pour nous)

Elle ne se contenterait pas d’être swag, trop peu pour elle. Elle ne se limiterait pas à des numéros musicaux, dans lesquels, certes, elle excelle, car elle n’est pas seulement une artiste. Elle ne s’arrêterait pas à l’auto-dérision, qu’importe de se retrouver avec des déjections de pigeon si c’est pour faire rire l’Europe entière. Elle ne s’en tiendrait pas à l’accueil inédit des eurofans, qui scandaient son nom à chacune de ses apparitions, laissant la vaillante – et très fair play – Malin Åkerman bien seule face à la passion démesurée de la planète Eurovision pour sa présentatrice idole. Même idole, au fond, cela ne lui suffisait pas, parce qu’elle est en réalité bien plus que ça. Si l’Eurovision comptait des églises ou des sectes, il serait à parier que l’une d’elles porterait assurément son nom, telle une déesse vénérée du Royaume-Uni à la Moldavie, en passant par l’Espagne, les Pays-Bas, la France (où elle a travaillé sur Dimanche Martin au temps jadis), sans oublier sa Suède natale. Oui, je vous salue Petra pleine de grâce, et priez pour nous, eurofans dévoués à votre humble personne.

Slimane, tout simplement

Comment ne pas clore les nominations sans celui qui a plongé l’électrique et vibrionnante Malmö Arena dans un silence de cathédrale, le temps d’un a capella à deux mètres du micro ? Un moment aujourd’hui inscrit dans l’éternité du concours, à tel point que Barbara Pravi pourrait probablement se voir disputer le titre de plus belle prestation de l’histoire de la France à l’Eurovision. Attendu au tournant tel la star qu’il est sur la scène musicale de notre pays, Slimane a confirmé les espoirs et les attentes placées en lui, avec une prestation unique d’émotions et de magie qui aura touché les européens en plein cœur. Si les cordes vocales ne s’étaient pas ripées au Jury Show, peut-être la France aurait-elle pu disputer la victoire à Nemo, a minima aurait-elle dépassé l’Ukraine troisième ? Il n’en reste pas moins que c’est une splendide quatrième place qu’a accroché le représentant français à Malmö, l’un des meilleurs résultats de notre pays depuis 1977 avec Patrick Fiori, Nathalie Santamaria ou encore Natasha St-Pier qui, eux aussi, avaient accroché la quatrième place. Et que l’eurostar a su offrir sa dose d’inoubliable à l’année Eurovision 2024, qui ne demandait que cela. Chapeau l’artiste.


Baby Lasagna, la France au Junior, Nemo, Petra Mede ou Slimane : qui décochera la Moustache des Moustaches, la plus belle, la plus étincelante, bref la Moustache qu’on voudrait toutes et tous garder et arborder dans la rue de l’Eurovision 2024 ? À vos votes jusqu’au dimanche 12 janvier, midi précises !

This poll is no longer accepting votes

La Moustache 2024 à garder
56 votes
×

Si vous n’avez pas encore voté pour l’ensemble des catégories, toutes restent ouvertes au vote jusqu’à dimanche midi (article + formulaire accessible en cliquant sur les intitulés) :

Rendez-vous lundi à midi (si tout va bien) pour découvrir le palmarès des Moustaches 2024 en exclusivité in-ter-na-tio-na-le. D’ici là, votez, votez, voteeeeeeez moooooiii… et Ronela vous le rendra.