DRAMA À ATHENES ! La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudres à la Une des journaux locaux : la suite de la cérémonie des Moustaches 2024 décalée d’un jour !
Générique.
L’affaire aurait très bien pu s’appeler Révolte à l’Ariston si seulement nous étions en 2019. Mais ici, point de Loredana Bertè – la grande dame de la chanson italienne avait pourtant été conviée du fait de son statut de nommée, mais sa réponse téléphonique fut des plus vivaces : si elle emm***e son ex-mari de tennisman suédois, elle emm***e également les Moustaches. Autant dire que la colère de votre maîtresse de cérémonie – la sérénissime Davidna L. – manqua de s’abattre sur l’Italie paternelle tout entière (retour sur mon histoire ici), mais elle fut retenue de justesse par une convocation de Cesar (Sampson, mon prof de sport particulier) dans la Davidna bedroom. C’était sans compter que le destin allait de nouveau me jouer un tour, et ce pendant que je vivais mon heure de gloire sur la scène du Christmas Theatre à la tête d’une cérémonie que je ne considérais pourtant pas comme de première main.
Tandis que je revenais sur scène après la remise de la Moustache du dance break – en introduction de laquelle ma prestation aquatique fut très appréciée du public si j’en crois l’enthousiasme qu’ils ont eu à me féliciter à coups de coquillages et de crustacés, je m’apprêtais à ouvrir le chemin vers une nouvelle Moustache. Plus libre et aérienne que jamais, plus mouillée, aussi (car l’eau, ça mouille), je marchais, que dis-je, je volais vers le devant de la scène et la lumière des projecteurs, vêtue d’une robe sirène blanche complétée par les offrandes du public et coiffée d’un poulpe, hommage à la terre d’accueil de cette remise de récompenses où le mets est très apprécié. Inutile de vous mettre au défi de le trouver sur une carte de restaurant à Athènes : le céphalopode est l’une des bases de la cuisine grecque, dont vous pouvez vous substanter partout dans la capitale hellénique du moment qu’il est surgelé. Traduisez-moi : là aussi, la fraîcheur du poisson n’est pas forcément de première main.
Cheveux et tentacules au vent dûment entretenus par des ventilateurs dérobés empruntés à Carola dans le Främling Museum qui lui est spécialement dédié à Hägersten (une banlieue de Stockholm parfaite pour tourner prochainement la page de la carrière de cette eurodiva qui n’en a que le nom), je flamboyais au-delà du possible et de l’impossible, car impossible n’est pas Davidna. Alors que les techniciens me juchaient sur mon poteau, prête à une relecture en grec pontique d’un célèbre titre de La Zarra qui me permettrait de toucher le ciel du toz, ce fut alors le drame.
Fati décidée à venger son honneur et défoncer le pupitre ? À moins que…
…Ronnie ?!? RONELA ???
Vous l’avez toutes et tous reconnue : Ronela H., la seule, l’unique, celle autour de qui l’intérêt de la planète Eurovision gravitait exclusivement en 2022, avant qu’elle ne se prenne la porte du donjon en pleine poire à Turin. Cris, plaintes, gémissements, jérémiades : l’exit surprise de l’albanaise a littéralement viré à l’eurodrama pour des eurofans éplorés. Non pas que nos relations étaient particulièrement désagréables à l’époque (quoique concurrentielles), mais je ne comprenais pas alors le mélodrame qui entoura son élimination, là où je ne voyais en sa prestation qu’une pâle copie de moi-même – ce que j’avais peut-être déclaré accidentellement dans les médias, dont j’avais à l’époque l’oreille en tant que commentatrice d’un concours duquel j’étais une nouvelle fois exclue. La réaction de l’eurodiva – qui eut la mauvaise idée de tomber sur mes déclarations et aurait visiblement peu goûté mes propos – ne se fit pas attendre, et elle sortit alors un rap en duo Tony Effe en guise de réponse assassinne. Le début d’une histoire longue de deux ans et demi où nous rendîmes coup pour coup par médias et vidéos interposées sur TikTok. Jusqu’au double coup de grâce, l’eurodiva – forcée de s’exiler à Saint-Marin pour retrouver sa dignité, et même là ce fut un échec cuisant – m’accusant littéralement d’avoir plagié l’un de ses titres (ce qui était faux, puisque je n’ai fait que l’adapter en français sans solliciter ses avocats) et reproduit sa chorégraphie capillaire, comme si elle avait inventé la rotonda de la queue de cheval, moi qui l’ai exécutée pour la première fois en février 2023. Surtout, Ronela n’a pas supporté de me voir faire le simulacre avec son futur époux, qu’elle a plaqué sur le champ suite à la découverte de notre liaison passionnelle sous les tropiques de Corfou (oui, elle a osé nous faire suivre et surtout nous suivre, assommant même ma garde-forestière). Pour elle, le passif était lourd, là où je ne voyais que de l’accessoire. Mais l’albanaise en décida autrement, et c’est ainsi que d’un “RAAAAAAAAAAAAAH NI TU TRE TA MARSHA !!!”, elle débarqua sur scène avec ses sbires, détruisant le décor sous les vivats de la foule muée en un public de supporter, défonçant le pupitre à coup de masse médiévale et se jetant sur moi à coups de caramels. Vous me connaissez : je ne me laissai pas faire et, fière et obstinée jusqu’à destination, je lui rendis la pareille, remerciant Mal Retkoceri de ses leçons particulières de MMA dans le sous-sol de la Davidna maison de campagne à Tirana, un luxueux duplex de 200 mètres carré avec rooftop (oui, un rooftop a un sous-sol) que j’avais déniché au nez et à la barbe de… Ronela. La boxe française ne semblait à côté qu’un sport de chérubins.
C’est ainsi que la cérémonie des Moustaches devint une tragédie à l’albanaise et que les organisateurs ajournèrent la suite de la remise de prix au lendemain. Eurodrama, vous dîtes ? EVI-DRAMA !
La Moustache de l’évi-drama
S’il est un terme fleuve dans le dictionnaire amoureux de l’Eurovision, c’est bien celui d’eurodrama. Que serait la saveur du concours sans ses tempêtes sous un Micro de Cristal ? Probablement moins salée qu’un paquet de 3D dévoré par votre maîtresse de cérémonie maugréant de son éviction d’Una Voce per San Marino – en être exclue est-il vraiment un déshonneur quand on en subit les 120 demi-finalistes de la sorte ? Bref, on ne compte plus les eurodramas et autres broutilles qui ont émaillé le concours depuis sa première édition. Victoires surprises en sélection nationale, défaites des favoris au point près, falsifications de résultats, dénonciations publiques, attaques dans la presse, départ en catastrophe d’un euroconcert amsterdamois (au hasard), disqualifications inopinées, titres déjà sortis deux ans avant, égalités départagées au nombre de 10 points (je ne vois pas du tout de quoi vous parlez), destructions de décor, toz (encore du pur hasard), huées,… Oui, l’ambiance a l’Eurovision peut être aussi électrique que le décorum de Marcus & Martinus (on a failli écrire Martini) n’ayant rien d’autre que des néons pour sauver leur naufrage musical. Tout comme il est probable qu’en la matière, 2024 reste aussi inégalable que Miss France reste et restera. Call it légendaire.
Les nommés dans la catégorie (et ce fut dure de n’en sélectionner que 5 tellement la saison ne fut qu’eurodrama) sont… (et pour la première fois dans cette 7ème édition, on va prendre de sacrés gants)
À deux doigts d’une finale à 18 à cause de la mauvaise conduite d’une délégation…
Scandale sur la scène de la Malmö Arena ! Le jour J de la finale, alors que les délégations s’élancent pour le défilé des drapeaux de l’Afternoon Preview Show (ou Family Show) pour les intimes, trois candidats manquent à l’appel : Bambie Thug (Irlande), Marina Satti (Grèce) et Nemo (Suisse). Si les deux participent bel et bien à la répétition, Bambie Thug sera, iel, absent·e pendant toute la répétition. Si les trois sont bien au rendez-vous de la finale, le journal norvégien Verdens Gang révèle que la Grèce, l’Irlande, la Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suisse auraient en réalité menacé de se retirer de la finale avant qu’un accord ne soit trouvé in extremis avec l’UER 25 minutes avant le début du show ? La raison ? Des allégations de mauvaise conduite de la délégation israélienne, qui aurait harcelé plusieurs autres candidats (dont Bambie Thug) et délégations, des faits confirmés par la suite par d’autres télédiffuseurs et des vidéos diffusées en ligne.
Europapa, eurodrama
La présence de Joost Klein au casting de l’Eurovision fut l’un des événements de l’année. Très populaire dans son pays et dans plusieurs pays d’Europe, le candidat néerlandais s’avançait comme l’un des grands favoris à la victoire avec son Europapa… devenu eurodrama. Le jour de la première répétition générale de la finale, alors même qu’il venait de défiler lors de la parade des drapeaux, Joost Klein manqua ensuite à l’appel de la répétition. La nouvelle se répandit ensuite comme une traînée de poudre : le candidat aurait agressé physiquement une membre de l’équipe technique suédoise. Après de longues heures d’attente et de négociations, la sentence tombe : le samedi après-midi, la disqualification du candidat est officialisée et les Pays-Bas se retrouvent exclus de la finale à quelques heures de cette dernière. Une première dans l’histoire du concours… Mais l’affaire ne s’arrête pas là ! Pendant de longs mois, l’UER et AVROTROS s’échapperont sur l’affaire, le télédiffuseur néerlandais accusant la première d’avoir pris une décision disproportionnée, avis que ne partageait évidemment pas l’UER, les Pays-Bas menaçant même de se retirer de l’Eurovision en 2025. Pendant ce temps, la police suédoise clôturait l’affaire par un non-lieu à destination du chanteur…
La participation d’Israël
Israël, ou le plus grand feuilleton de l’année Eurovision 2024… Enfin, peut-on appeler cela un feuilleton quand des vies humaines sont impactées ? En cause : la guerre Israël-Gaza, déclenchée suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de bombardements et d’une invasion de la bande de Gaza par Israël. Depuis, la participation du pays a créé la polémique parmi les artistes et télédiffuseurs participants (plusieurs demandant le retrait du pays) et les eurofans (de nombreux boycottant le pays, appelant à son retrait ou renonçant à sa couverture au sein des fan médias). Surtout qu’en proposant un titre évoquant directement le 7 octobre, le pays s’est exposé à une menace de disqualification de l’UER, dont le règlement proscrit toute chanson à caractère politique. Ainsi la chanson n’a t-elle été officialisée qu’au bout de trois (micro) réécritures, October Rains devenant Hurricane. Les tensions ont connu leur acmé à Malmö, où les prestations d’Eden Golan ont été accueillies par les huées et les vivats de la salle, tandis que, partout dans la ville, les manifestants dénonçaient la tragédie en cours à Gaza et marquaient leur désapprobation de la participation d’Israël. De quoi placer la finale sous un dispositif de sécurité inédit, le quartier de la Malmö Arena bouclé par les forces de police et entouré par les tireurs d’élite. L’Eurovision semble néanmoins futile, quand de l’autre côté de la Méditerranée…
L’UER contre le reste du monde
L’Eurovision 2024 restera assurément dans les mémoires pour ses tensions inédites et une ambiance électrique, pour ne pas dire parfois toxique. Tous les regards se sont alors tournés vers une instance : l’UER, chargée de la supervision de l’Eurovision, et son superviseur exécutif, Martin Osterdahl, qui enchaînent les vives critiques depuis Malmö 2024, à tel point que de nombreuses délégations (16, soit quasi la moitié des participants) auraient déposé plainte auprès de l’UER, demandé des explications officielles sur les nombreux incidents intervenus sur place ou tenu des réunions de crise avec elle. Car la liste des dits “incidents” et récriminations est longue de 24 kilomètres : gestion d’une participation israélienne finalement confirmée, respect du règlement de l’UER par les délégations, conduite des pays participants sur place, gestion de l’affaire Joost Klein, affaire des drapeaux interdits,… De quoi offrir à Martin Osterdahl un accueil des plus tendus à la Malmö Arena, le superviseur exécutif faisant face à des huées inédites qu’il retrouvera au Jury Show du Junior à Madrid, au point de ne pas apparaître pendant le live du samedi. De quoi pousser l’UER à renforcer son équipe dédiée à l’Eurovision (au point d’entourer Osterdahl d’une pléthore de bras droits) et de renforcer ses textes de bonne conduite.
Un télévote, ça fuit comme des canalisations…
Scandale à Rome ! Le soir de la demi-finale, les téléspectateurs italiens eurent la surprise de découvrir pendant le générique les résultats du télévote italien défilant sur un bandeau sur l’écran. Rien de tel pour ajouter encore plus de drama après une demi-finale et une conférence de presse des plus tendues, surtout que les résultats du dit télévote donnaient une très large avance à Israël, de quoi positionner le pays parmi les grands favoris à la victoire deux jours plus tard et laisser la planète Eurovision spéculer sur un possible raz-de-marée israélien au télévote semblable à celui de l’Ukraine trois ans plus tôt, et donc une éventuelle énième victoire politique à même de mettre à mal la crédibilité du concours. Au-delà des résultats, c’est surtout le geste de la télévision italienne qui questionne, le règlement de l’UER proscrivant strictement la révélation de tout résultat avant l’issue de la finale du samedi soir et les résultats étant censés être centralisés quelque part en Europe. Alors, pourquoi ? Évidemment questionnée sur le sujet, la RAI plaidera ensuite l’erreur technique et la diffusion de résultats partiels. Mouais…
On est franchement à deux doigts de coller une Moustache à tout le monde, mais la démocratie étant la démocratie, à vos votes donc ! Allégations de mauvaise conduite, Europapa eurodrama, participation d’Israël, US vs Rest of The World, télévote italien : qui remportera la palme de l’eurodrama suprême d’une année Eurovision qui ne fut qu’eurodrama ? Qui succèdera à La Zarra et son toz, qui semblent bien peu à côté de la saison 2024 ? À vos votes jusqu’au dimanche 12 janvier à midi !
Révélation des résultats le 13 janvier !
Rendez-vous plus tard dans la journée pour découvrir une nouvelle catégorie des Moustaches 2024… et vous prononcer sur les moments les plus iconiques de cette année Eurovision !
J’ai voté pour la participation d’Israël car les réaction de l’Euromonde, des medias et des délégations ont eu l’effet totalement inverse de ce qu’ils recherchaient. Non seulement, ils n’ont pas eu son exclusion…mais ils ont surtout amplifier le soutient et la mobilisation de ses partisans. Un drama pour certains dans cet Eurodrama