On entame la pause méridienne par une mauvaise nouvelle. Après quelques années de bons et loyaux services, le lisseur d’une célèbre marque hérité de ma cousine a cramé, vaincu par une énième utilisation dans une salle de bains aussi humide qu’un sauna peuplé d’euroboys. La maîtresse de cérémonie a falli y laisser une partie de sa peluqueria dûment entretenue en Macédoine du Nord.

Générique.

Pitié, ne partez pas sans moi dès le générique, et laissez-moi vous suivre pour survivre. Même l’UER a trouvé cela tellement mauvais qu’elle a jugé bon de ne pas le télécharger sur sa chaîne YouTube officielle. En même temps, on parle bien du pays qui a fait débouler des témoins de narcotrafic sur la scène de la Malmö Arena. Vingt dieux.

Désolé pour le juron, ce sont les origines franc-comtoises qui remontent, vingt dieux ! Si certains vomissent quand ils sont contents (surtout sur le tapis rouge du festival de Cannes), me concernant, Davidna Lamburosco, maîtresse de cérémonie faite, entretenue et vénérée par elle-même et elle seule, jure quand elle est heureuse. Et que je le suis à l’instant présent ! Athens is on Fire depuis le lancement de la cérémonie des Moustaches 2024, expatriée ici pour de simples raisons touristiques (et économiques, parce que la salle et l’hôtel coûtaient moins cher début janvier). Partout où défile une Moustache, la foule hurle, s’égosille, lance une hola olympique à ressusciter le cimetière des céramiques et les esprits des philosophes grecs, qui préféraient, eux, arborer la barbe. Insulte suprême. Si on avait su, on aurait organisé la cérémonie au Rajasthan, où arborer la moustache est une fierté nationale, là où sa popularité est plus limitée aujourd’hui en Europe, la barbe wesh. Méfiez-vous toutefois de la moustache qui dort, puisque celle-ci signe un retour en grâce inespéré chez les jeunes générations depuis les années 2010, grâce aux hipsters. Hamsters ? Non, hipster : « jeune urbain qui affiche un style vestimentaire et des goûts empreints de second degré, à contre-courant de la culture de masse. ». Pile dans l’esprit des Moustaches, je vous dis. D’ailleurs, de nombreuses eurostars se sont amusées à arborer le trophée de l’EAQ sur la scène de l’Eurovision, juste au-dessus de leur lèvre supérieure. Voyons, alors Twin Twin, bien sûr, mais après… Après… Après… VINGT DIEUX ! Comment ça, la production a refusé des Moustaches depuis la débandade tricolore de 2014 ? Et vous avez laissé passer ça ? Je vais déposer un recours auprès de Martin Osterdahl de ce pas… ATTENDEZ, mais que vois-je ? UNE MOUSTACHE ! UNE EUROSTAR À MOUSTACHE ! MARCOOOOOOOOOOOOOOO ! AMORE DOVE VAI ???

Oui, alors non : on va repartir sur la barbe, chaton. Surtout que tu as eu l’indécence de ne pas venir à l’Eurovision en moustachu.

Mais ce gars-là ne m’est pas si inconnu que ça
De mon côté j’en ai rêvé seulement huit fois

-DAVIDNA !!!!!

Zaho de Sagazan ayant préféré Paris 2024 à Athènes 2024 (insulte suprême à l’esprit olympique et au stade Panhellénique), je débranchais mon casque, en essayant cette fois de ne pas sacrifier un nouvel équipement de ma personne. Déjà que le décès du lisseur Babyliss est une tragédie au moins aussi grecque que le krach du système financier du pays en 2008… Commissaire Markatis, vous êtes là ? Comment diable vais-je pouvoir dissimuler cette tignasse animale pour mon retour sur scène ?

Bref, je tapais donc sur Google : « eurostar avec moustache ». Et là,

ce

fut

le

drame.

Non.

Pitié.

Pas eux.

Il n’y avait qu’eux pour aborder la moustache sur la scène de l’Eurovision, ou presque. Comble du comble : il s’agit ni plus ni moins que des tenants du titre de la catégorie que nous allons vous présenter aujourd’hui. Non mais ce n’est pas vrai : voilà que j’ai la chevelure ET la moustache qui frisent maintenant ! VINGT DIEUX ! Pitié, arrête ton tractopelle, ou bien ton tracteur, on n’est pas dans L’amour est dans le pré, mais à Athènes. C’est par où l’issue de secours ? (Cela aurait fait un joli nom de Moustache, tiens)

Voilà ici une source inépuisable de nommés, même si l’Eurovision tend à se tarir en la matière, laissant peu à peu le premier rôle aux sélections nationales. Heureusement pour la crédibilité et la réception sociale et médiatique me direz-vous, ce qui n’empêche en rien d’être défrisés par certains numéos des plus… défrisants, fut-ce pour le pire (surtout) et pour le meilleur (parfois). Comme n’importe quel remettant d’un César du second rôle dirait que « il n’y a pas de premier ou de second rôle, il y a des rôles », nous dirions qu’il n’y a pas de honte à avoir la moustache aussi bien frisée que défrisée, quand bien même l’iconique de certaines performances relèvent davantage du lissage au Babyliss (le fameux, quand il ne crame pas) que de la permanente au salon de coiffure de Katia, boulevard Magenta. L’heure est donc de rendre hommage à celles et ceux qui ont choisi (ou pas d’ailleurs) de s’inscrire dans les pas de Silvia Night, Kreisiraadio, Dustin la Turquie, Kamil Show, mais aussi Krassimir Avramov, Ikke Hüftgold ou encore… Let 3. Bien sûr, on ne vous choisit expressément pas les meilleurs exemples, mais d’autres ont, évidemment, su défriser tout en maintenant des gages de qualité dans leurs performances artistiques, comme vous le constaterez plus loin.

Comme cinq nommés n’étaient pas de trop, et surtout pas assez, l’heure est venue des…

MENTIONS SPÉCIALES

Parce que le règlement, c’est fait pour s’en affranchir

Froken Snusk – Unga & Fria (Melodifestivalen 2024)

Hansanova – Dragons and Rainbows (Eurovizija.LT 2024)

Joost Klein – Europapa (Pays-Bas)

Katrina Gupalo – The Cat’s Song (Supernova 2024)

Konstrakta – Novo Bolje (Pesma Za Evroziju 2024)

Let 3 – Babaroga (Dora 2024)

Una Voca per San Marino (toute la sélection sauf Megara et la Berté)

VB Gang – Kaboom!!! (Eurovizija.LT 2024)

Note de la direction de la cérémonie : conscients que Let 3 méritait une nouvelle fois largement leur place parmi les nommés, nous avons toutefois délibérément choisi de les exclure cette année au motif du règlement des Victoires de la Musique, dont l’article 13 stipule : « Un(e) artiste nommé(e) dans l’une des catégories « Artiste masculin » ou « Artiste féminine » ne peut être candidat(e) dans la même catégorie l’année suivante, sauf si un nouvel album composé en majorité de titres inédits, est mis en distribution dans la période de référence. » Pétris de mauvaise foi, nous avons décidé d’adapter le règlement à notre sauce et de ne l’appliquer qu’aux lauréats de l’édition 2023. Autrement dit : Let 3 étant les vainqueurs de la Moustache 2023 qui défrise, ceci explique cela. Si, toutefois, cette décision venait à faire l’objet d’une opposition, de revendications ou de manifestations quelconques de votre part (n’osons quand même pas les cris, les pleurs, les plaintes et autres gémissements), merci de nous en informer dans la section commentaires de cet article ou via le numéro vert gouvernemental mis en place à cet effet : ainsi, nous pourrions (au conditionnel) discuter l’attribution d’une Moustache spéciale. Nonobstant, nous vous invitons à éviter de vous exprimer sur le sujet, parce que l’auteur de cet article et la maîtresse de cérémonie (qui ne forment qu’un et une) ne peuvent décemment plus voir en peinture le groupe croate, dont vous pouvez apprécier les exploits onaniques dans un de leurs clips que nous nous abstiendrons ici de diffuser, conformément au vademecum de l’EAQ.

I live for the applause.

Fut-ce pour le pire ou pour le meilleur (parce qu’il y a quand même du bon, voire du très bon là-dedans), les nommés dans la catégorie sont :

Bambie Thug

Défrisage d’excellence pour l’artiste irlandais·e qui, dès la publication de sa chanson, avait posé les bases : kesako ? Métal, rock, dark pop, influences punk : Doomsday Blue plantait déjà le décor avant même que son interprète ne l’exécute pour la première fois sur scène à la (ou plutôt ce qui sert de) finale irlandaise, telle une diva gothique entourée de ses deux danseurs en combinaison très moulante et la tête masquée ceinte de cornes à faire pâlir d’envie Lolita Zero. C’était sans compter que la « Sorcière » (tel qu’iel se surnomme) avait plus d’un tour dans son sac, entre un clip sombre entrecoupé de poétiques (et improbables) instants… moutonniers et, surtout, le live de Malmö, possédé par tous les sens et par tous les pores. Paraît-il que certains auraient demandé à se faire pratiquer un exorcisme après ça, tandis que d’autres auraient simplement éloigné les enfants du téléviseur devant la sombreur d’une performance… défrisante. Pour un acte artistique évident, radical et impactant, qui avait tout pour casser, avant de finalement passer les prothèses ongulaires dans le nez. Tu la vois, la peur dans nos yeux ?

5miinust x Puuluup

Venant de l’Estonie, on croyait avoir tout vu avec les primeurs de 2008, heureusement oubliés de la plupart des mémoires (à la place du télédiffuseur, je me serais franchement retiré dans un cabane en bois du comté d’Hiiumaaa). Sauf que 5miinust x Puuluup sont depuis passés par là avec (atchoum) (nendes) narkootikumidest ei tea me (küll) midagi. Traduction : « Nous ne savons (rien) de ces drogues ». Tu parles, à d’autres ! Rien que la performance live et le clip sentent la substance à plein nez (c’est peu de le dire). En même temps, qu’attendre d’une rencontre entre le groupe de hip hop du moment en Estonie et un duo nu-folk aussi déjantés. Rien de plus lunaire que cette proposition qui a mis le FEU à la finale de l’Eesti Laul, avec un public à deux doigts (et une plaque de verglas) de la cheu-cheu-synchro (et les estoniens ne sont pourtant pas les plus expressifs de l’Union européenne). Bref, appelez la police et sortez les chiens renifleurs, parce qu’on tient lourd là, commissaire Charitos (et non Markaris, puisque ce dernier en est l’auteur) – qui a déjà bien assez à faire avec les spéculateurs et les assassins. Quoi ? Mais je vous jure que je n’ai jamais vu cette drogue, commissaire… D’ailleurs, vous n’auriez pas un kleenex, certains semblent avoir la poudre au nez par là-bas.

Matt Blcxk (MESC 2024)

J’ai failli dire qu’on tient ici du lourd et du long, mais c’est surtout l’excentrique Matt Blxck, Indiana Jones maltais à froufrous Shein, qui en tient une couche ! Il semblerait d’ailleurs que la délégation est tellement désespérée des résultats du pays au concours (dernière qualification en finale en 2021…) qu’elle était prête à tout pour envoyer des bananes à l’Eurovision. Des bananes ? Oui, car… Banana. Damn, encore un coup des primeurs estoniens cette histoire (peut-être sont-ce eux qui se cachent derrière les masques de singes des danseurs ?). Allez, répétez après moi : « Eat your bananas, bananas, ba-na-na, You and your mama, your mama, ma-ma-ma, Eat your bananas, bananas, ba-na-na, You and your papa, your papa, pa-pa-pa. » De la grande poésie fruitière qui, à coup sûr, aurait fait date sur la scène de la Malmö Arena… Ou plutôt aurait-elle fait banane, « Tiki, tiki, taki, taki, (woop, woop), mela, mela« , enfin j’en deviens subitement moins sûr après l’ajout de cette phrase. Sérieux, Matt, tu demandes sincèrement où est ta téquila après ça ? Parce qu’il a du en falloir beaucoup pour donner naissance à ces Bananas (qui n’ont visiblement pas tout à fait absorbé le surplus d’alcool).

Super Rob & Erika Norwich (MGP 2024)

« Girl that’s named Christine. » À chaque édition son cauchemar, et celui de votre auteur/maîtresse de cérémonie se nomme Super Rob. D’où tu te réveilles un matin avec l’idée de faire un duo avec un robot rose de 2,5 mètres aussi cheum qu’un copycat Transformers de seconde zone atterri dans les rayons de Norma ? Là, on ne comprend pas, si ce n’est de surfer sur la tendance de l’Intelligence Artificielle, qui aurait pu tout à fait écrire la chanson et faire les voix (ce qui en dit donc long sur la qualité du package). Évidemment, nous sommes de surcroît en Norvège, bastion de la scandic pop avide d’expériences aussi transcendentales que Super Hero Bob, ce qui signifie donc que notre amie Erika Norwich et son robot auraient pu gagner la sélection : songeons-donc que le MGP nous a fait échapper au pire. Car le pire dans l’histoire, c’est qu’une écoute suffit à la chanson pour rester diaboliquement en tête, à se la taper contre le crépis d’une résidence secondaire dans la diagonale du vide. Par Sainte Ronela, la Norvège aura au moins réussi à échapper à cette débandade-là (mais pas à la dernière place, ah Ulveham). Moralité : et pourquoi pas une moisonneuse-batteuse la prochaine fois ? My Combine Harvester, ce serait sexy comme titre, surtout avec un beau paysan norvégien à la manoeuvre.

Windows95man

Last but (not at all) Least, direction une scène musicale eurovisionesque dénuée de la moindre règle. Au plus grand bonheur de Régine superstar, No Rules annonçait la couleur tel un mot d’ordre : Tervetuloa Suomeen en Finlande donc, où le télévote a eu l’ingénieuse idée de sacrifier Sara Siipola sur l’autel de la décompensation au profit de Windows95man, dont le logiciel a tellement bugué que le logo n’est devenu qu’un carré de mosaïque. Douce métaphore du début de la fin… Car si Castelnaudary est connue pour sa fête du cassoulet annuelle (fin août) et Menton pour sa fête du citron hivernale, la Finlande, elle, est désormais célèbre pour sa fête du slip. Oui, vous avez bien lu : slip. Car c’est dans cette tenue, ou plutôt en string couleur tellement chair que ce fut un miracle que le paquet n’ait pas été dévoilé en transparence. L’adage est pourtant bien connu : c’est d’un oeuf en jean qu’est né l’univers dans l’esprit des finlandais, jusqu’à ce que la lumière fut sous l’égide d’un short (en jean évidemment) tout droit tombé du ciel telle une cigogne déposant son baluchon sur la planète Eurovision. 3… 2… 1… « Que la fête du slip commence !!! NO RULES !!! » Puisqu’on vous dit qu’ils sont fous, ces finlandais…


Bambie Thug, 5miinust x Puuluup, Matt Blxck, Super Rob et Erika Norwich (absurde on vous dit) et Windows95man : 5 nommés décidés à rentrer dans l’histoire et à décrocher l’une des Moustaches phares de la cérémonie. Qui succèdera à Let 3 et verra son nom inscrit au palmarès le plus déroutant de l’histoire de l’Eurovision ? Qui se verra récompensé du trophée qui défrise ? À vous de choisir via le sondage ci-dessous, jusqu’au dimanche 12 janvier à midi !

This poll is no longer accepting votes

La Moustache 2024 qui défrise
78 votes
×

Rendez-vous lundi à 8h pour découvrir une nouvelle catégorie des Moustaches 2024… et vous prononcer sur les moments les plus iconiques de cette année Eurovision !