Du fait du contexte géopolitique actuel, la présence d’Israël au concours a accentué la polémique dans l’Euromonde à la suite de la publication de la liste des participants de l’Eurovision 2024.

En Norvège, le directeur des divertissements de NRK, Charlo Halvorsen, s’est exprimé sur cette situation auprès du journal Se og Hør.

Il est naturel que se posent des questions sur la participation d’un pays en guerre au Concours Eurovision de la chanson. Nous n’avons pas encore pris position sur ce sujet, mais nous suivrons les décisions de l’UER.

Charlo Halvorsen, directeur des divertissements de NRK

Le journal norvégien a également interrogé l’Union Européenne de la Radiodiffusion sur sa position au sujet de la présence israélienne dans la liste provisoire des pays participants (la Roumanie étant toujours en discussion avec l’UER) et a reçu la réponse suivante par email:

Nous sommes en train de finaliser la liste des diffuseurs publics qui participeront au Concours Eurovision de la chanson en 2024. Lorsque les préparatifs seront terminés, la liste complète des participants sera publiée dans son intégralité.

L’Union Européenne de la Radiodiffusion

L’UER déclare par la suite qu’elle n’a pas d’autres commentaires à faire sur ce sujet pour le moment.

Mise à jour du 11 décembre: déclaration de l’UER

D’après le journal belge Het Laatste Nieuws, l’Union Européenne de la Radiodiffusion a publié une communication de presse sur la participation d’Israël au concours Eurovision de la chanson 2024, malgré le contexte géopolitique actuel, face aux appels de disqualification du pays de la compétition. Elle fait savoir qu’elle n’a pas l’intention d’exclure le pays 4 fois vainqueur de la compétition pour l’instant.

Le Concours Eurovision de la chanson est un concours destiné aux radiodiffuseurs publics de toute l’Europe et du Moyen-Orient. Il s’agit d’un concours pour les radiodiffuseurs – pas pour les gouvernements – et le radiodiffuseur public israélien participe à ce concours depuis 50 ans.

L’UER est une organisation dirigée par ses membres. Les organes directeurs de l’UER – dirigés par le Conseil d’administration – représentent les membres. Ces organismes ont évalué la liste des participants et ont décidé que le radiodiffuseur public israélien respectait toutes les règles de concurrence. Avec 36 autres diffuseurs, elle pourra participer au concours l’année prochaine.

L’Union Européenne de la Radiodiffusion

L’organisation internationale justifie cette décision sur l’attitude d’autres organismes internationaux à l’égard d’Israël.

À l’heure actuelle, il existe une attitude inclusive envers les participants israéliens aux grandes compétitions. Le Concours Eurovision de la Chanson reste un événement apolitique, unissant le public du monde entier à travers la musique.

L’Union Européenne de la Radiodiffusion

L’UER se concentre avant tout sur l’aspect apolitique du concours. En 2021, alors que des appels à l’exclusion d’Israël à l’Eurovision pour des raisons géopolitiques ont été manifesté, une équipe de modérateurs de l’organisation ont bloqué des questions politiques adressées à Eden Alene, représentante israélienne cette année-là, lors des conférences de presse afin de garder le côté apolitique de l’événement.

Il existe d’autres endroits où l’on peut faire de la politique, mais pas au Concours Eurovision de la Chanson.

Jean Philip De Tender, directeur des médias de l’UER

L’organisation n’a cependant pas toujours adopté une position neutre. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’UER avait exclu cette dernière de l’Eurovision 2022 sous la pression de plusieurs pays participants, dont NRK le diffuseur public norvégien, bien qu’initialement l’organisation avait déclaré que la participation des diffuseurs publics ukrainien et russe était la bienvenue.

En 2022, suite à l’invasion de l’Ukraine, les instances dirigeantes de l’UER ont décidé d’exclure la Russie du concours Eurovision de la chanson, où elle devait concourir aux côtés de l’Ukraine. Comme indiqué précédemment, le Concours Eurovision de la Chanson est un concours destiné aux diffuseurs. Après des violations répétées des obligations d’adhésion et des valeurs des médias publics, la Russie a été suspendue.

L’Union Européenne de la Radiodiffusion

En revanche, l’UER refuse les comparaisons géopolitiques entre Israël et la Russie car les guerres et conflits sont très complexes et difficiles, elle ajoute qu’en tant qu’organisation médiatique apolitique, elle ne fait pas de telles comparaisons.

Mise à jour du 27 décembre: les radiodiffuseurs sous pression

Malgré la déclaration de l’UER sur la participation de l’état d’Israël à l’Eurovision 2024 il y a quelques jours, la campagne d’appel au boycott et à l’exclusion du pays en raison de la situation géopolitique actuelle se poursuit. Des centaines de personnes ont demandé aux radiodiffuseurs et aux candidats participants de se retirer de la compétition à cause de la présence du pays 4 fois vainqueur du concours.

  • La société des auteurs-compositeurs de l’Islande ainsi que l’OGAE Iceland ont interpellé RÚV en lui demandant le retrait du pays du concours tant que Israël sera incluse dans l’événement à moins qu’elle soit disqualifiée pour des raisons géopolitiques. Le diffuseur publique islandais n’a pas donné de réponse pour le moment, cependant le présentateur d’émission de radio sur RÚV, Stefán Eiríksson, a déclaré qu’il n’y aura pas de boycott du concours.

Quelques radiodiffuseurs ont doucement commencé à s’exprimer en rapport à cette situation qui touche Israël :

  • Kris B. en a parlé dans l’article de l’Uuden Musiikin Kilpailu, le compte instagram de l’UMK a brisé le silence. Inquiète par la situation au Moyen-Orient, il en a parlé auprès de YLE qui est actuellement en discussion avec l’UER et les pays nordiques. Ce message implique que malgré l’organisation de l’UMK 2024, il est possible que la Finlande se désiste finalement du concours car Israël y participe.
  • En Irlande, RTÉ a reçu près de 500 mails demandant le retrait irlandais de la compétition en raison de l’implication du pays de Netta dans le concours. Un porte-parole du diffuseur public irlandais s’est exprimé dans le quotidien The Journal et a déclaré que « RTÉ n’a connaissance d’aucun radiodiffuseur de service public participant qui envisage de boycotter le prochain concours Eurovision de la chanson. » Il ajoute qu’« il s’agit d’un concours destiné aux radiodiffuseurs – et non aux gouvernements – et le radiodiffuseur public israélien participe au concours depuis 50 ans » et que « KAN respecte toutes les règles du concours et peut participer au concours l’année prochaine à Malmö, en Suède, aux côtés de 36 autres radiodiffuseurs ». Il termine son communiqué en précisant que « l’UER s’aligne sur d’autres organisations internationales qui ont également maintenu leur position inclusive envers les participants israéliens aux grandes compétitions en ce moment »
  • En Grèce, à la suite des appels au boycott de l’Eurovision 2024, la directrice de la communication d’entreprise de l’ERT et responsable du projet Eurovision 2024 pour le pays, Dora Chiraki, a dit que le retrait grec n’est pas envisageable et que « jusqu’à présent, aucune demande officielle d’exclusion d’Israël n’a été adressée à l’UER, par aucun pays participant, comme cela s’est produit par exemple avec la Russie. Il n’y a rien au niveau officiel. Si c’est le cas, cela sera discuté. »

Et vient un radiodiffuseur qui est sommé de sanctionner son représentant pour sa prise de position sur cette situation géopolitique :

  • Au Royaume-Uni, la BBC est sous le feu des critiques car le représentant britannique Olly Alexander a signé une tribune de l’organisation LGBT Voices4London (qui accuse Israël de pratiquer l’apartheid et de commettre un génocide sur le peuple palestinien) en octobre dernier. Le diffuseur public d’outre-manche a depuis reçu de nombreuses demandes de disqualification du chanteur de Years & Years, notamment de l’ONG Campaign against antisemitism. La présence de l’artiste en tant que signataire de cette tribune a également fait réagir, du parti conservateur jusqu’à l’ambassade d’Israël au Royaume-Uni. Ni le radiodiffuseur ni l’interprète de « King » ont fait de commentaires pour le moment, cependant d’après The Telegraph, la BBC n’envisage pas de prendre des mesures car Alexander a signé la lettre avant qu’il ne soit dévoilé comme étant le candidat du pays de Big Ben.

Crédits photographiques : UER