En ce vendredi 26 juillet 2024, la cérémonie des Jeux Olympiques aurait pu se dérouler à Rome. Au Colisée, si nos amis transalpins avaient voulu tenter aventure similaire à celle de l’organisation française, ou bien au stadio olimpico, plus sûr et prosaïque. C’était sans compter sur le retrait de la candidature romaine un an avant la décision du CIO …

Ce n’est donc pas devant leur public qu’Arianne Errigo, Gregorio Paltrinieri ou Gianmarco Tamberi tenteront de monter sur la plus haute marche du podium, mais bel et bien devant ceux du Grand Palais, de La Défense Arena et du Stade de France qu’ils essaieront de briller à Paris 2024. Dans la ville lumière, bercée au son de Céline Dion, la délégation italienne tentera d’égaler ou de battre son record historique de médailles obtenu lors de la dernière olympiade, à Tokyo, en 2021. Mais les athlètes ne sont pas les seuls à porter fièrement les couleurs transalpines à l’international.

Au-delà des champions d’escrime, de natation et d’athlétisme, l’Italie compte en son sein de nombreux athlètes de la chanson. Ne dit-on d’ailleurs pas qu’à l’Eurovision résonne un air de Jeux Olympiques de la chanson ? 40 pays en compétition (plutôt 37 ces dernières années), le Micro de Cristal en guise de médaille d’or, … Le plus grand concours musical au monde et la plus grande compétition sportive internationale partagent bien des points communs, si ce n’est que l’Eurovision consiste en une seule et unique épreuve annuelle digne d’un marathon, aux coûts d’organisation moindres comparé aux JO. On pourrait être tenté d’ajouter que le Festival de Sanremo revêt également des contours olympiques sur bien des aspects, la dimension internationale du casting en moins. Parmi ses invités d’une soirée, la scène de l’Ariston a d’ailleurs déjà accueilli des athlètes olympiques : Federica Brignone (médaillée en ski alpin à Pyeongchang en 2018 et à Pékin en 2022), Alex Schwazer (champion olympique du marathon à Pékin en 2008), la légendaire Federica Pellegrini (octuple médaillée mondiale sur 200 mètres nage libre, championne olympique de la distance à Pékin en 2008) ou encore l’explosif Alberto Tomba (quintuple médaillé olympique en ski alpin, champion olympique à Calgary en 1988 et à Albertville en 1992).

Mais à côté des légendes de l’olympisme nommées Valentina Vezzali, Giovanna Trillini et Edoardo Mangiarotti (tous trois anciens escrimeurs), l’Italie a également ses olympiens de l’Eurovision ! Iels s’appellent Mahmood, Angelina Mango, Francesco Gabbani, Nina Zilli, Marco Mengoni, sans oublier Måneskin : tous ont pour point commun d’avoir fait briller leur pays sur la scène du concours et d’avoir inscrit leurs noms au sommet de l’olympisme musical (ou presque). Qu’importe : au-delà d’avoir porté avec fierté et dignité les couleurs de la scène musicale italienne à l’Eurovision, nos artistes ont depuis réussi à accéder au statut d’eurostar grâce à leur succès au concours. Eurostar et Trenitalia ne sont t-ils d’ailleurs pas synonymes ? Ce n’est pas pour rien qu’aujourdhui, Mengoni, Mango ou Mahmood traversent le continent européen à la vitesse d’un Freciarossa (ou de Marcell Jacobs, c’est selon) pour des tournées à guichets fermés, de Barcelone à Londres en passant, bien entendu, par Paris. Le point commun entre ces trois villes ? Les Jeux Olympiques, ovviamente (et le fait que la France en avait déjà sollicité l’organisation l’année où ses concurrentes espagnole et britannique les ont respectivement obtenu).

Pour suivre les exploits de nos sportifs venus d’ici et d’ailleurs au cours de la prochaine quinzaine, rien de tel que de se mettre au son de nos eurostars italiennes et de leurs homologues de Sanremo.

Mahmood – RA TA TA

Son élimination aux portes du top 5 de Sanremo en février dernier avait suscité (à juste titre) la vive désapprobation de l’Ariston (pile cinq ans après que celui-ci l’ait auréolé de huées). Pas de quoi empêcher notre eurostar – abonnée à l’or – de tourner en boucle sur les playlists italiennes et européennes ! 200 millions d’écoutes après Tutta Gold, voilà Mahmood de retour avec un nouveau son pop-R&B pour l’été 2024. RA TA TA TA TA

Elodie – Black Nirvana

Mais quand diable les italiens décideront-ils enfin d’envoyer Elodie au sommet de l’Olympe ? Ce n’est pourtant pas faute pour la chanteuse aux origines martiniquaises d’avoir tenté Sanremo à trois reprises. Un an après le succès estival de Pazza Musica (en duo avec Marco Mengoni), le Black Nirvana d’Elodie sera t-il les prémices d’une future médaille d’or sanrémasque ?

Francesco Gabbani – Frutta Malinconia

Retour dans les années yéyé avec le maestro du karma occidental, Francesco Gabbani, promis à la première place du podium eurovisionesque en 2017 et finalement grand favori déçu. Si l’on en croit cette mélancolie des fruits au goût sucré de la pop, notre artiste semble plongé en pleine période nostalgie. Prêts à vous déhancher sur la piste de danse pour un petit twist à l’italienne ?

Eiffel 65, Loredana Bertè – Bestiale

On la savait animale (et prête à aller emmerder son ex-mari de tennisman en Suède), la voici bestiale. Après un passage par Sanremo et le mois suivant par Una Voce Per San Marino (histoire de tenter le tout pour le tout pour être du voyage à Malmö), la légende Loredana Berté retrouve la légende eurodance italienne Eiffel 65 (ex de la sélection saint-marinaise eux aussi) pour leur tube de l’été 2024.

Diodato – Molto amore

Quatre ans après avoir vu son rêve eurovisionesque envolé par la crise sanitaire, le représentant déçu de feu Rotterdam 2020, Diodato (dont la candidature n’a pas été reportée au contraire des Jeux Olympiques de Tokyo) semble toujours en quête d’amour si l’on en croit le titre de sa chanson de l’été, Molto amore. N’y voyez point une ballade triste : bien au contraire, le treizième du dernier festival de Sanremo 2024 nous propose au contraire un titre pop baigné de lumière.

Santi Francesi – tutta vera

On me dit dans l’oreillette que notre amie Juliette (qui a eu la joie et l’honneur de porter la flamme olympique en Corse) approuverait la présence du duo dans la présente playlist. Révélation de Sanremo 2024 – après un passage à succès par les Jeux Olympiques de la jeunesse sanrémasque (alias Sanremo Giovanni), comment Santi Francesi et sa délicieuse électro-pop vintage n’aurait-il pas pu figurer dans nos quinze chansons italiennes de l’été ? Tutta vera, sinceramente.

Fabrizio Moto – Maledetta Estate

Son duo avec Ermal Meta avait ému l’Europe en 2018, au point d’offrir à l’Italie un très beau top 5 à Lisbonne. Mais Fabrizio Moro semble maudire cet été, à en croire sa chanson à la tonalité douce-amère teintée de mystique. « Quel putain d’été qui me fait penser à toi » : l’été 2024, ou une saison nostalgie pour le brun ténébreux. Une partie d’air calcio sur la plage n’y changera rien …

Tananai, Annalisa – Storie brevi

Les eurofans se seraient damnés pour voir l’olympienne des charts italien monter sur la scène de l’Eurovision 2024 avec son tube Sinceramente (devenu passage obligé des nuits de l’euromonde, à commencer par celles d’Eurofans – OGAE France). C’est avec Tananai (déjà passé par Sanremo lui aussi) que l’on retrouve Annalisa pour un duo à la Bonnie & Clyde façon transalpine. Et sinon, à quand les ors des Jeux Olympiques de la chanson ?

Blanco – Desnuda

Il a connu les honneurs de l’Eurovision (mais pas ceux du podium) à domicile, en duo avec une eurostar nommée Mahmood. Un pétage de câbles et une destruction de décor polémique sur la scène de Sanremo plus tard, Blanco poursuit une carrière à succès de l’autre côté des Alpes, qui accueilleront les Jeux Olympiques d’hiver de Milan-Cortina d’Ampezzo en 2026. Mais place tout d’abord à l’été 2024, avec un Desnuda aux accents pop urbaine.

JVLI, Emma, Olly – Ho voglia di te

Si elle n’a pas fait briller l’Italie sur la scène de l’Eurovision 2014 (dans la lignée d’une Olympiade d’hiver conclue sans médaille d’or pour la squadra azzura), Emma n’en est pas moins l’une des reines de la scène musicale italienne. Un milieu de classement sanrémasque avec l’entraînant Apnea plus tard, l’eurostar s’entoure cet été de JVLI (ne pas confondre avec le rappeur JUL, l’un des premiers porteurs de la flamme olympique à Marseille) et Olly (pas Alexander) pour un road trip entre amici.

The Kolors – Karma

Sanremo, ou une course aussi impitoyable qu’un 50 kilomètres marche (ce n’est pas Yohann Diniz qui dirait le contraire). Avec Italodisco, The Kolors avait signé l’un des cartons de l’été 2023 en Italie avec plus de 175 millions d’écoutes en streaming (excusez du peu !). De quoi placer le groupe parmi les favoris logiques de Sanremo 2024 avec leur délicieuse électro-pop-disco aux accents 80s. Las ! En fin de classement général pour leur première à l’Ariston, The Kolors semble heureusement avoir tourné la page de cette note amère : on appelle cela l’effet Karma.

Achille Lauro, Salmo, Gemitaiz – Banda Kawasaki

L’Italie lui a jusqu’ici refusé la victoire à Sanremo : à la façon des italiens en patinage artistique (très avides du vivier français), Saint-Marin s’est jeté sur l’exubérant Achille Lauro pour défendre ses couleurs à l’Eurovision 2022 … en Italie. Un pied de nez plus tard, la Rolls Royce de la scène musicale italienne a abandonné Rose Villain à sa coupe de champagne à la fraise pour rejoindre la Banda Kawasaki en compagnie de Salmo et Gemitaiz. Rap style garanti !

Geolier ft. Sfera Ebbasta – IO T’O GIUR’

S’il ne s’était agi que de l’avis du public italien, Geolier aurait largement remporté son billet pour l’Eurovision 2024. Mais la loi des sélections olympiques est souvent dure, et à rebours de l’avis populaire, la presse en a toutefois décidé autrement. Pas assez pour empêcher I p’ me, tu p’ te’ de cartonner dans les charts italiens, un destin promis à l’estival IO T’O GIUR’ en duo avec Sfera Ebbasta.

Ricchi E Poveri – Aria

Le saviez-vous : les légendes Ricchi E Poveri ont déjà représenté l’Italie à l’Eurovision. Non pas avec leur plus grand tube, Sara perché ti amo, mais avec Questo amore, la dernière année où le concours fut d’ailleurs organisé en France (espérons – parenthèse – que nous n’attentions pas 100 ans pour accueillir à nouveau l’Eurovision). De retour surprise à Sanremo cette année, le duo a charmé l’Europe entière avec l’enlevé Ma non tutta la vita, pour une véritable fête sur la scène de l’Ariston. Non contents d’avoir profité du moment, place à un nouvel Aria [di festa] pour cet été 2024 !

Ghali – Paprika

Le chanteur de pop-rap-hip hop milanais est l’une des stars du moment sur la scène musicale italienne, et ce n’est pas pour rien que son premier passage par Sanremo s’est soldé par une quatrième place avec Casa mia. Passage à la vitesse supérieure en ce mois de juillet, avec un tube de l’été à l’épicé et incendiaire goût de Paprika, (déjà) 38 millions d’écoutes sur Spotify deux mois et demi après sa sortie. Ou la promesse imminente d’un nouveau podium pour Ghali … avant les JO de la chanson ?

Angelina Mango – melodrama

Last But Not Least, comment l’eurostar italienne de l’édition 2024 n’aurait-elle pas pu conclure en beauté cette playlist estivale ? Pour cela, rien de tel pour Angelina Mango que de substituer l’entraînant goût de l’ennui à celui du mélodrame, tout aussi énergisant qu’une divine comédie. De quoi nous donner un avant-goût du passage de La Mango sur la scène des Etoiles à Paris les 10 et 11 novembre prochain, quelques mois après les Jeux Olympiques.

Vous pouvez suivre les exploits de nos olympiens au son de cette playlist italienne : rendez-vous pour cela sur notre compte Spotify (et non Sportify) et notre chaîne YouTube.

A très vite pour une nouvelle playlist de l’été !