Alors que démarre le mois de juin, cela fait quelques semaines que vous ressentez peut-être comme un vide, voire un manque de repères. Ne vous inquiétez pas, vous subissez de plein fouet, comme de nombreuses personnes parmi nous, ce qu’il est communément appelé la « dépression post-Eurovision » (ou PED en anglais).

La dépression post-Eurovision, qu’est-ce que c’est ?

Après la finale du Concours, il n’est pas rare dans la communauté Eurovision de ressentir une certaine déprime. Cela correspond souvent à un sentiment de tristesse, de nostalgie, un manque de désir de s’engager dans de nouvelles activités, une baisse globale de moral. Ces sentiments ne touchent pas tous les fans avec la même intensité mais sont souvent partagés. D’ailleurs, en 2013, le site anglais ESC insight a listé 25 symptômes de la dépression post-Eurovision de cette année ! Tous font référence à des situations renvoyant à des éléments eurovisionnesques, tels le nom d’une chanson ou une scénographie précise. Quand tout vous ramène au Concours durant plusieurs mois (souvent de février à mai, des sélections nationales à la finale européenne), il est difficile de vivre la fin de l’Eurovision. L’intensité des moments, portée à son apogée par la victoire d’un pays qu’on aime ou par la déception de voir ses favoris ne pas remporter le trophée, peut alors vous faire vivre des lendemains difficiles.

Le rôle communautaire, à travers les liens tissés entre les personnes et le partage lors des différentes soirées de la compétition, a aussi un impact sur ce sentiment de déprime. Lorsque ce qui nous lie, ce qui crée une connexion entre des personnes portées par une même passion, disparait, le manque peut alors être mal vécu. Dans la hiérarchie des besoins de Maslow (ci-dessous), les besoins en amour et appartenance constituent un palier essentiel (le 3ème). Ces besoins n’étant plus satisfaisants, les personnes peuvent alors éprouver un vide menant à un sentiment de déprime car elles ne peuvent plus se construire pleinement.

Mais cela n’est pas propre au Concours !

De nombreuses études scientifiques ont étudié les effets des moments post événementiels heureux. La sécrétion des hormones de bonheur (notamment la dopamine et l’adrénaline) liés à ces événements a un impact sur notre bien être. Un retour à la vie normale peut alors paraitre terne. C’est ce qu’on appelle une descente émotionnelle. Cela se conjugue à un manque social de partage, d’autant plus qu’on a tendance à comparer le quotidien avec ce qu’on a vécu précédemment.

Après une événement heureux, notamment festif, il n’est pas donc pas rare de ressentir des émotions de déprime, comme après un mariage, une naissance, une fête, des vacances… L’après JO à Paris a pu aussi provoquer ce type de sentiments. Un Blues post JO a ainsi touché les internautes français et mondiaux. Les athlètes sont aussi concernés par ces moments de déprime post événementiel. Ainsi, des études ont montré que près de 30 % des athlètes ressentent des symptômes dépressifs après les Jeux.

Le blues Eurovision s’inscrit dans la même logique que ces moments, ce sont les mêmes mécanismes en œuvre, puisque l’investissement, l’engouement, les espoirs placés dans la compétition peuvent être parfois très élevés. Nous vibrons aux sons d’un événement intense, dans une bulle d’émotions difficilement dépassables.

Alors, comment vivre avec ?

Plusieurs méthodes ont été proposées pour se remettre doucement de cette période. Voici plusieurs propositions à travers une liste, évidemment non exhaustive.

  • Focalisez vous sur de nouveaux événements, qui même s’ils ne sont pas l’Eurovision, peuvent aussi être très enthousiasmants. La finale de la Ligue des Champions et la victoire du PSG ont peut être permis à certains et certaines de se réjouir d’une victoire française européenne (malgré les très regrettables violences émanant de groupes minoritaires dont la nocivité est à bannir). D’ailleurs, si le PSG l’a fait, on peut avoir espoir que la France remporte un jour à nouveau l’Eurovision. En ce moment, il y a aussi Roland-Garros avec une française, Loïs Boisson, 352è mondiale, qui bénéficie d’une wild card (possibilité d’intégrer le tableau principal en dépit de son rang) et qui joue les quarts de finale aujourd’hui ! Pour les personnes férues de vélo, le Tour de France masculin et le Tour de France féminin se déroulent aussi cet été.
    Pour les amateurs et amatrices de musique, la fête de la Musique arrive bientôt, accompagnée de son cortège de festivals estivaux comme les Solidays du 27 au 29 juin, les francofolies début juillet, ou encore les vieilles charrues du 17 au 20 juillet… Ce mois de juin est aussi le mois des fiertés avec de nombreuses marches dans toute la France, et notamment la Pride parisienne le 28 juin.
    Il m’en manque surement mais ce sont autant d’occasions de s’amuser ! N’hésitez pas à trouver les vôtres !
  • Poursuivez vos interactions sociales, sortez si vous le désirez. N’hésitez pas à parler de ce que vous ressentez aux personnes que vous connaissez. Si elles sont aussi fans, elles peuvent comprendre votre sentiment et le partager. En tout cas, essayez de ne pas garder cela pour vous. Par ailleurs, si cela vous touche profondément, il n’est pas honteux de contacter un professionnel de santé afin d’en parler.
  • Il est possible aussi de faire face à la situation en toute lucidité. Vous ne pouvez rien y faire. Mais rien ne vous empêche de continuer à vivre le Concours en écoutant vos chansons préférées, en créant vos playlists sur des plateformes d’écoute, en revisionnant des shows (tout est sur Youtube). D’ailleurs, le 6 juin sortira « Made in Switzerland », la chanson de l’interval Act de la 1ère demi finale ! Je ne peux m’empêcher de vous remettre ici la vidéo plus bas !
  • Enfin, se dire que l’Eurovision est un cycle, comme représenté sur le schéma ci-dessous, certes un peu daté car certaines précisions sont maintenant inexactes mais toujours très parlant. Nous entrons ainsi dans une nouvelle phase qui va nous faire monter petit à petit vers la folie du mois de mai ! L’année est donc ponctuée d’informations Eurovision et leur densité augmente au fur et à mesure que l’on se rapproche du mois de mai. Voyons donc cela comme l’éternel recommencement, de la naissance d’une nouvelle année Eurovision, toujours plus surprenante, toujours plus incroyable, et surtout, toujours plus drama !

Vous n’êtes pas seuls ! La dépression post-Eurovision touche (presque) tout le monde, c’est un phénomène classique que l’on retrouve après chaque événement immersif. L’impact émotionnel est donc fort, il est le reflet de l’intensité vécue lors d’un moment partagé par de nombreux fans à travers l’Europe, voire à travers le monde.

Courage ! Tenez bon ! Il ne reste que 50 semaines et de nombreux événements heureux à vivre avant la finale 2026 !