Bienvenue, bienvenue ! Vous voilà pour une nouvelle page de l’abécédaire. Préparez-vous, elle est chargée en émotions ! Nous allons clairement voler aux quatre coins du monde mais aussi explorer tous les recoins secrets d’une phase bien connue de l’Eurovision, le fameux vote. Il y a de quoi faire, il y a de quoi débattre, il y a de quoi s’époumoner, nous sommes prêts ! Recitons ensemble l’abécédaire de l’Eurovision.

V comme…

  • Vote !

Je dois avouer que l’Abécédaire aura été l’occasion de décrypter le vote dans quasiment tous ses angles d’un point de vue historique. Ce n’est que justice dirais-je tant l’Eurovision ne se résume pas seulement à ses chansons mais aussi et surtout à sa fameuse et palpitante séquence de vote. Nous avons donc eu l’occasion de revenir sur l’histoire du télévote, des « douze points » et des « nul points », des ex-aequo et de ses records. Tout gravite autour et compose cette séquence qui, contrairement à ce que l’on peut penser, n’a pas toujours revêtu le même format. L’UER aura connu un véritable parcours du combattant pour trouver le système que nous connaissons tous, menés par les iconiques « douze points ». Plongeon dans le passé…

1956. Les débuts d’un petit concours déjà destiné à être grand. L’Eurovision marque la réunion de 7 pays et de 3 nations spectatrices qui n’ont pas rendu leur dossier à temps (Royaume-Uni, Autriche et Danemark), ce qui est déjà une grande victoire. A l’image de cette édition particulière où chaque pays présente deux chansons, chaque pays présente deux jurés qui peuvent voter pour leur propre pays. Chaque juré donne 2 points à sa chanson préférés, soit un total de 28 points en jeu. Ceci parait si minuscule par rapport à aujourd’hui. Nous ne saurons d’ailleurs jamais comment ont été répartis ces points, si ce n’est que la Suisse a remporté cette toute première édition.

Voter pour son propre pays ?! Ceci parait inenvisageable et l’UER est bien d’accord avec vous. Dès 1957, il est dorénavant interdit de voter pour son propre pays. Mais ce n’est pas le seul changement : le deuxième système de vote est né. Désormais, dix jurés sont envoyés par pays, distribuant un total de 10 points à raison d’1 point par juré pour leur chanson favorite. Ceci semble faire ses preuves.

Cependant, l’UER ne se satisfait pas du fait que chaque juré ait son mot à dire et préfère une décision collégiale de chaque jury national. En 1962, chaque jury attribue 1, 2, 3 points à ses chansons préférées. Catastrophe ! Les premier « nul point » tombent et ne pardonnent pas. 1963 et 1964-1966 verront l’existence de deux variantes de ce nouveau système visant à attribuer plus de points à raison d’un maximum de 5 points, voire 6 ou 9 si l’ensemble des jurés ne votent que pour une ou deux chansons. Cela permet-il d’échapper à ces terribles « nul points ». Non. Tout simplement non. En seulement 10 ans, l’Eurovision a déjà connu cinq systèmes de vote différents. Une sacrée phase de test, mais vaut mieux tard que jamais dit-on. En tout cas, ce ne sera pas pour tout de suite !

Effectivement, retour au système qui a existé de 1957 à 1961 pour la période 1967 à 1970 afin de réduire le nombre de « nul points ». Il est désormais temps d’apprendre de ses erreurs et de tenter de trouver un système performant. La réponse semble se trouver dans le nombre de points attribués. Plus nous donnons de points plus les probabilités de « nul points » sont faibles pouvons-nous conclure. C’est du moins ce qu’a pensé l’UER qui met en place un système où chaque pays présente deux jurés, lesquels doivent attribuer 1 à 5 points pour chaque chanson. Il est littéralement impossible d’avoir 0 point ! Conséquence qui invite à réfléchir: les pays reçoivent de nombreux points, notamment les premiers qui obtiennent une proportion incroyable de points sur le total possible. C’est de là que vient le record d’Anne Marie-David avec « Tu te reconnaitras » et son astronomique pourcentage de 80,63% de points. De ce fait, la séquence de vote est tout particulièrement unique dans l’histoire de l’Eurovision dans sa manière d’annoncer les points et de voir évoluer le classement. Je vous invite vivement à jeter un coup d’œil ci-dessus.

Sursaut pour l’UER en 1974 qui revient aux sources de l’Eurovision et reprend pour la troisième fois le concept de 1957. S’il est difficile d’identifier une raison, peut-être ont-ils eu une réflexion semblable à la mienne. Effectivement, je trouvais que nous perdions vraiment le suspense et le côté iconique d’appeler les pays les uns après les autres. Un système de vote qui manque en quelque sorte d’impact dans sa manière de faire et donc de rendre auprès du public. Mais dites-moi donc ce que vous, vous pensez de ce retour en arrière de la part de l’UER.

Une chose que nous ne pouvons pas leur enlever néanmoins, c’est qu’ils n’ont pas peur d’essayer et de tester tous ces systèmes de vote, même si cela demande de rétrograder. Faire un pas en arrière, c’est faire deux pas en avant. Ce dicton est clairement juste car tous ces efforts paieront : le sacro-saint système de douze points nait enfin en 1975 ! Il apportera son lot de larmes, de frustrations, de surprises et d’excitation qui feront la renommée de l’Eurovision. Vous le connaissez tous : 12 puis 10 puis 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2 et 1 points sont attribués par chaque pays à son top 10. C’est le système par excellence, septième du nom, et qui sera maitre pendant 40 ans, ne connaissant qu’une modification légère en 2015 pour séparer votes des jurys et des télévotes.

Ce sont donc au total 8 systèmes de vote qui se seront succédés à travers les époques au sein de l’Eurovision. Quel est le meilleur système selon vous ? Pensez-vous qu’il aurait eu un impact sur le catalogue des vainqueurs que nous avons aujourd’hui si tel ou tel système n’avait pas existé ?

  • Variantes !

L’Eurovision a acquis une telle renommée aujourd’hui mais aussi tout au long des sept dernières décennies. Une telle popularité est souvent synonyme de source d’inspiration. Après tout, qui ne veut pas s’inspirer d’une bonne recette ? N’oublions pas que l’Eurovision lui-même s’est inspiré du festival de San Remo.

Néanmoins, l’Eurovision apporte une dimension plus européenne et même mondiale. Cette visibilité a clairement influencé la manière d’aborder la musique à un niveau international. Avant même de parler de variantes, le Concours Türkvizyon de la chanson, les festivals ABU de la chanson ou encore les défunts Concours Intervision de la Chanson, Bundesvision Song Contest et Yamaha Music Festival sont des exemples de festivals qui ont clairement puisé leur inspiration dans l’Eurovision afin de créer un format très souvent proche. Si certains ont plus ou moins de succès, tentant de maintenir un risque annuel, vous constatez que d’autres ont déjà disparu. « Souvent copié, jamais égalé ».

Nous ne pouvons pourtant pas leur reprocher de s’en être inspiré puisque l’UER elle-même a surfé sur la vague de son programme phare. Nous pouvons cette fois parler de variantes car ce sont des créations de l’UER. La plus célèbre d’entre elles, ayant acquis aussi sa propre renommée, vous la connaissez quasiment tous : l’Eurovision Junior. Elle méritait son propre espace, c’est déjà chose faite puisque vous pouvez redécouvrir le concours en détail avec la page #J .

En revanche, trois autres concours organisés par l’UER passent presque inaperçus. Le plus récent d’entre eux ? Le Choeur Eurovision qui invite les pays participants à envoyer une chorale pour défendre leurs couleurs. Il a débuté en 2017 en collaboration avec Interkultur et a vu la victoire de la Slovénie. Reconduit en 2019, il a malheureusement été annulé en 2021 et a connu une existence brève. Reviendra-t-il ? C’est bien incertain… Son frère, le Concours Eurovision de la danse a connu un destin semblable. Accueilli à deux reprises au Royaume-Uni en 2007 et 2008, les victoires finlandaises et polonaises resteront les seules puisque son retour en 2010 a finalement été avorté…

Les variantes sont-elles condamnées à disparaitre ? Eh bien, le Concours Eurovision des jeunes musiciens vous prouvera le contraire. Créé en 1982, il se tient à un rythme bisannuel (tous les deux ans donc) et demeure encore aujourd’hui. Il n’a d’ailleurs jamais discontinué, si ce n’est qu’à cause du coronavirus en 2020. Il réunit de jeunes prodiges de la musique qui s’affrontent avec leur instrument de prédilection afin d’espérer remporter le trophée. Et si vous n’étiez pas au courant, la dernière édition qui a eu lieu cet été s’est déroulé à Montpellier ! Cocorico ! C’était la première fois que la France accueillait ce concours qu’elle a d’ailleurs remporté une fois en 1986 grâce à Sandrine Lazarides et son piano. Dans ce concours largement dominé par l’Autriche qui compte 5 victoires, c’est la République Tchèque qui a remporté le trophée tant convoité cette année ! Je vous invite à le revivre aux côtés de Lolotte ou tout simplement ci-dessous.

Est-ce le mot de la fin ? Eh non car l’Eurovision s’exporte à l’international ! Nous nous engageons alors dans des sentiers embrasés car cela fait encore polémique chez les eurofans qui ne voient pas tous cette décision d’un bon œil. Effectivement, la marque Eurovision (car rappelons qu’il s’agit d’une marque avant tout) s’est installée aux Etats-Unis où l’UER a crée en partenariat avec la NBC le tout premier American Song Contest qui a débuté cette année, plus précisément en février. 55 états du pays se sont affrontés sur 8 semaines, couronnant finalement l’Oklahoma grâce au Wonderland d’AleXa.

Et l’UER ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisque l’Eurovision Canada et l’Eurovision Latin America qui feront s’affronter respectivement les provinces du Canada et les pays d’Amérique du Sud ont été annoncés cette année. Ils débuteront donc très prochainement !

Nouvelle vague de polémiques d’eurofans qui considèrent que l’Eurovision doit rester en Europe… Chacun a le droit d’exprimer son avis, c’est pour cela que je me permets de vous exprimer le mien. Je ne vois pas cette « exportation » à l’internationale comme mauvaise puisque finalement l’identité de l’Eurovision a été préservée pour notre version originale. Celle de l’America Song Contest a un fonctionnement unique, plus proche du melodifestivalen (pas surprenant puisque c’est Christer Björkman qui a été chargé de coordonner cette première édition) que de l’Eurovision. C’est l’occasion de faire connaître l’Eurovision du plus grand monde sans pour autant que ces nouvelles compétitions prennent le dessus sur notre concours adoré puisqu’elles sont fondamentalement différentes. Il y a fort à parier que ce sera le cas pour les futures éditions du Canada et de l’Amérique du Sud. Mais vous aussi, vous êtes tout à fait habilités à exprimer votre avis en commentaires ! Qu’en pensez-vous donc ?

  • Voilà !

Je m’excuse d’avance pour nos chers lecteurs belges, suisses ou même francophones de toutes régions mais je ne pouvais faire l’impasse. Moment patriote en vue !! Si vous m’aviez dit quand j’ai débuté l’abécédaire il y a de cela deux ans que j’écrirais une partie sur une France compétitive, je ne l’aurais pas cru. Car voilà Valentina, voilà son ange gardien (et aussi le notre) Barbara Pravi !

L’année Eurovision 2020-2021 est historique pour la France mais aussi dans l’histoire de l’Eurovision. Si nous nous basons par ce que nous appelons une année Eurovision – de septembre à juin – trois pays avaient particulièrement brillé dans les deux compétitions reine. La Russie avait remporté le junior en 2006 avant de finir 3ème au sénior en 2007. Résultat identique pour l’Ukraine pour 2012-2013 et l’Italie pour 2014-2015. Des excellentes saisons Eurovision qui sont bien difficiles à battre. C’était sans compter sur le réveil inattendu de la France. L’Hexagone remporte son tout premier Eurovision Junior en 2020 sans la moindre concurrence tant au niveau du jury qu’au niveau du télévote. 200 points à jamais historique et qui refont vivre l’espoir français. Tout cela, c’est grâce à la petite Valentina qui a osé imaginer.

L’impensable arrive alors. Suite à sa victoire à la sélection française, Barbara Pravi affole les parieurs et se place directement dans les favoris. Un statut qu’elle tiendra jusqu’au bout, à tel point que tout le monde se pose la question de qui gagnera entre l’Italie et la France à l’Eurovision 2021. La réponse, vous la connaissez : la victoire échappera à la France pour 25 points, projetant le groupe Maneskin vers une popularité internationale. Ceci restera malgré tout un moment de joie intense et de fierté pour le français que je suis.

Et voilà le record d’une saison battu, la France peut revendiquer d’être la seule nation à avoir remporté le junior et d’être le dauphin du sénior, si proche d’un doublé historique. Arrivera-t-il pour l’Arménie ? La France n’est pas la seule à pouvoir le revendiquer, une artiste en particulier peut aussi le revendiquer pour elle-même : Barbara Pravi ! Avant de participer à l’Eurovision 2021, elle a écrit Bim Bam Toi de Carla qui a atteint les 100 millions de vue cette semaine (coïncidence pour cette page de l’abécédaire ou pas ?) avant de remporter la victoire au junior au tant qu’auteur-compositeur de J’imagine. Alors il n’est que justice que ce soit Barbara Pravi qui ait le dernier mot cette semaine.