Samedi soir, la Suède entière (ou presque) était réunie devant la deuxième série du Melodifestivalen. Loreen (alias Rémi) a t-elle été davantage convaincue par cette soirée que par la première ? Pas sûr …

… Car si Crystal Ball ESC (qui n’a pas encore plié boutique, rassurez-vous) avait annoncé une série faible, force est de constater que l’oracle avait une nouvelle fois de plus raison. Peut-être un léger mieux par rapport à la catastrophe de la semaine dernière, mais pas de quoi non plus s’enjailler du côté de Linköping, où la soirée a pris des allures d’éternité, alors même que rythme et énergie sont d’ordinaire les mots maîtres du Melodifestivalen. Pire : le véritable moment fort de la soirée a été l’interval act assuré avec brio par Magnus Carlsson et Linda Bengtzing, tandis que l’enchaînement des sept compétiteurs a rimé avec ennui phénoménal, exception faite de deux trois éclaircies. Bref, la parole est à la Présidente Loreen.

Comme à son habitude, la production du Melodifestivalen n’a publié sur YouTube que les titres non qualifiés pour la finale. Les finalistes direct ne seront tous disponibles à l’écoute libre qu’à l’issue de la quatrième et dernière série. Toutefois, vous pouvez les découvrir via le replay de la série 2, sur SVT play.

Wiktoria – All My Life (Where Have You Been)

La chute est lourde pour l’une des enfants chéries Mello puisque, non contente d’avoir échoué à l’obtention d’un billet direk till final, Wiktoria a tout simplement été éliminée de la compétition au premier tour. Un grande première en quatre participations, et malheureusement logique. Inutile de dramatiser : l’histoire du Melodifestivalen a connu bien pire qu’All My Life (Where Have You Been), un titre pop aux vagues inspirations pseudo-disco. Pas foncièrement désagréable à l’écoute, ce dernier est hélas d’une banalité confondante, tant sur le plan des paroles que de la composition, de facture assez faible. Insipide, tout simplement.

Eden – Comfortable

Artiste émergent·e de la scène musicale suédoise, Eden ne venait clairement pas chercher la qualification, mais plutôt se faire un nom là où iel reste largement méconnu·e du grand public. Avec Comfortable, c’est d’ailleurs un titre parfaitement classique et marronnier des rookies du Melodifestivalen que nous proposait l’interprète. À savoir une jolie chanson tendance ballade pop intimiste et épurée à la guitare (et ici aux cordes). De quoi nous offrir un moment plutôt sympathique, mais pas marquant pour un sou et mille fois vu et revu en deuxième position des séries du Mello. Avec sa fraîcheur et sa belle sincérité, Eden est par contre le·la bienvenu·e à nouveau en sélection, à la condition d’une proposition plus forte.

Uje Brandelius – Grytan

Lui non plus n’était pas en recherche du ticket pour la finale : cela se voyait à la perfection sur son visage, et il l’a assumé dans les médias. Mais la but d’Uje était autre que la recherche d’une performance : montrer au public du Melodifestivalen une proposition singulière et inclassable, dans laquelle l’artiste – atteint de la maladie de Parkinson – se livre et se met à nu. Un titre et une prestation minimaliste absolument pas taillées pour le format de la compétition, mais qui a le mérite de rompre avec sa ligne musicale de plus en plus froide et formatée. Qu’on apprécie ou pas (et cela s’entend dans un sens comme dans l’autre), c’est un moment suspendu que nous a offert Uje au cours la soirée.

Panetoz – On My Way

Prestation uniquement visible dans le replay de la série 2

They’re on their way, way, way ! La qualification direkt till final du groupe pour son grand retour était évidente tellement ce dernier a mis le feu à la scène et à la salle. Pile dans la lignée des précédents morceaux de Panetoz, au croisement entre l’afro pop et le hip hop, On My Way est un titre dansant et festif très addictif, qui accroche immédiatement l’oreille. Certes, la production gagnerait clairement à davantage de force et de finitions. Certes, cela ne reste qu’un « petit » titre sympathique. Mais l’ensemble est tellement solaire, lumineux et accrocheur qu’on ne peut que pardonner au groupe les petites faiblesses d’un titre au demeurant très agréable à l’écoute … et à la danse !

Tennessee Tears – Now I Know

Ils étaient là les Dark Horses de la série 2, et ils n’ont pas failli à leur réputation, en réussissant à décrocher un inespéré ticket pour la demi-finale à la surprise générale. Inconnu du public suédois, le duo avait sur le papier fort à faire face à une concurrence plus connue (ou mieux vendue). Mais samedi soir, c’est la musique qui l’a emportée avec ce titre pop-country façon Nashville, Tennessee (où le groupe travaille régulièrement), certes pas révolutionnaire, mais d’une efficacité redoutable. Tant la proposition – l’une des meilleures jusqu’ici présentées – que la prestation auraient mérité un direk till final. Tennessee Tears a longtemps pu y croire, mais ce n’est que partie remise en demi-finale !

Maria Sur – Never Give Up

Prestation uniquement visible dans le replay de la série 2

Il était évident que Maria décrocherait le billet direkt till final au premier tour, de même qu’elle s’inscrit évidemment comme l’une des grandes favorites à la victoire, son parcours ayant touché le public suédois et la production du Mello. Si l’on en revient à des considérations purement musicales, Never Give Up est une soupe à la guimauve qui, d’ordinaire, n’aurait peut-être pas passé le cap des séries. Tant dans le texte que dans la composition (pas de première fraîcheur), difficile de faire plus cliché et caricatural que cette ballade pop mal formatée. Heureusement, le titre peut compter sur la présence de sa battante d’interprète, dont les réelles qualités vocales gagneraient cependant à un peu plus d’affûtage.

Theoz – Mer av dig

Une nouvelle fois, c’est à quelques points près que Theoz a loupé le billet direct pour la finale, alors même qu’il était de loin le concurrent le plus ovationné samedi soir. À juste titre d’ailleurs, tant le jeune influenceur a livré l’une des prestations les plus dynamiques de la soirée, avec un Mer av dig (« Plus de toi) » qui reprend quasi exactement les mêmes codes redoutables du Som du vill (« Comme tu veux ») de 2022. À savoir ceux d’un hymne schläger façon génération Z, extrêmement efficace et entêtant, et assez rafraîchissant à défaut de réécrire l’histoire de la musique. La prestation scénique parfaitement calibrée de Theoz et ses danseurs fait le reste du job.

Alors, Loreen, elle est contente ?

Bof, bof. Si je trouve deux-trois motifs de satisfaction relative dans cette série à peine plus qualitative que la première, pas de quoi se réjouir pour autant devant ce qui s’annonce comme l’une des plus éditions les plus faibles de l’histoire du Melodifestivalen. Rarement je me suis autant ennuyé devant la sélection suédoise, pourtant considérée jusqu’à il y a quelques années comme la référence absolue en termes d’Eurovision. Sauf que, depuis, d’autres pays se sont mis à produire des programmes de qualité et, surtout, à renouveler leurs lignes éditoriales face à la diversification croissante du concours. Renouveler : un mot que la Suède devrait faire sien là où elle persiste à proposer des titres scandic pop et des ballades plus formatés les uns que les autres et encore plus faibles d’année en année.

L’heure est grave : à la moitié des titres révélés, aucun ne me semble de taille à pouvoir assumer le statut de la Suède à l’Eurovision. Littéralement, aucun. Ni le très sympathique show de Tone Sekelius. Ni le pourtant pas désagréable titre de Jon Henrik Fjällgren (ou plutôt de ses acolytes Arc North et Adam Woods). Ni l’afro pop solaire et ô combien communicative de Panetoz. Et certainement pas l’indigeste tarte à la crème que représente le Never Give Up de Maria Sur, qui se place pourtant parmi les grandes favorites au titre en l’état actuel, et ce pas forcément pour des raisons musicales. Ce qui en dit long sur l’état d’une sélection suédoise en urgence absolue de relance.

Si la série 3 s’inscrit dans la lignée des trois premières, cela pourrait néanmoins conforter une théorie à laquelle je crois de plus en plus : celle d’un Melodifestivalen 2023 taillé juste et uniquement pour la Reine Loreen, qui demeure en l’état le dernier espoir de la Suède. Encore faudra t-il que le titre soit à la hauteur. Encore faudra t-il que l’impitoyable public suédois y soit sensible … Selon les dires de Crystal Ball ESC (qui, jusqu’ici, a eu le nez et l’appréciation fines, et a pu écouter le titre), Tatoo surpasserait de très loin la concurrence … Wait, See, and Cross The Fingers !

Melodifestivalen 2023 : quelle prestation vous a le plus séduit samedi soir ?
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Rendez-vous samedi 20h sur SVT play pour la série 3 du Melodifestivalen 2023 !

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