l’Italie, on l’aime bien à l’Eurovision. Les transalpins n’ont pas besoin de jouer des coudes pour obtenir des points. En 2011, leur retour s’est concrétisé par une seconde place, et par un top 10 les deux années suivantes. Et cette année, l’Italie renoue avec le podium.
Mais si en Europe, on aime les chansons italiennes, en Italie on n’apprécie que modérément l’Eurovision. Ce n’est pas qu’on ne l’aime pas, c’est qu’on ne le connaît pas.
Ou plutôt devrait-on dire : connaissait pas. Car cette année 2015 marque un tournant dans la relation Italie-Eurovision. Est-ce dû à la chanson d’Il Volo qui, avant le Concours, a fait un carton commercial ?
Toujours est-il que déjà la demi-finale proposée sur RAI4 a battu les records d’audience de la chaîne, avec 1,8 millions de téléspectateurs. La finale, quant à elle, a été regardé par 3,29 millions de téléspectateurs. Ca peut paraître peu, mais au regard des 1,7 millions de l’année dernière, c’est une très forte hausse. En un an, la part de marché a doublé, passant de 8,8 % à 16 % !
Cette bonne nouvelle est l’occasion pour nous de nous pencher sur la relation particulière que la botte entretien avec le Concours de la chanson le plus populaire du monde.
Les italiens se passionnent pour un autre concours de chansons : le leur. Le Festival de Sanremo réalise chaque année des audiences impeccables et ne laisse que des miettes à un concours international qui, dès lors, a une visibilité plutôt discrète sur les écrans. Nos amis italiens n’ont jamais (ou rarement) suivi le concours Eurovision de la même façon que les autres téléspectateurs d’Europe.
En 1987, alors que deux superstars obtenaient une belle troisième place à Bruxelles, la RAI 2 diffusait l’événement… en différé. A 22h45 plus précisément. 578.000 téléspectateurs étaient au rendez-vous, avec une part de marché de 12,70 %.
L’année suivante, la victoire de Céline Dion a été vue par 707.000 italiens. Le show était proposé en direct, mais l’antenne a été prise à 21h30. C’est RAI3 qui a eut le « privilège » de diffuser le show qui, s’il a fait plus de téléspectateurs que l’année d’avant, a réalisé une ridicule part de marché de 3,76 %
En 1989, c’est la RAI1 qui diffuse le Concours de Lausanne. Cette fois, l’émission a été diffusée en entier, mais en différé de 2h30, le show ayant débuté à 23h30. Ce fut étonnament un carton d’audience : 1.104.667 téléspectateurs pour une spectaculaire part de marché de 31,25 %
En 1990, l’Italie envoie une superstar : Toto Cutugno. On avait oublié de prévenir le chanteur (gagnant de Sanremo) qu’il devait participer à l’Eurovision. Si bien qu’il a écrit Insieme : 1992 en très peu de temps, pour la présenter à l’UER juste avant la clôture des candidatures. La suite de l’histoire, on la connaît : l’Italie gagne à Zagreb, et les italiens ont dû attendre très tard dans la nuit pour s’en réjouir puisque le Concours n’a été diffusé sur RAI2 qu’à partir de 23h20. 658.993 irréductibles ont veillé tard pour suivre le spectacle (14,44 % de pdm).
1991. L’événement se déroule à domicile et la RAI1 déroule le tapis rouge. Des reportages sur les coulisses lors des journaux télévisés, un direct avec la green-room de 20h40 à 21h00 et à 21h00, le show est bien évidemment proposé en direct. Et quand on est à domicile, forcément on cartonne. 6.683.000 téléspectateurs (avec une pointe à 8,8 millions lors de la prestation du candidat italien), ont assisté à la bataille franco-suédoise du siècle. 32,51% de pdm. Un vrai succès !
Mais dès l’année suivante, les italiens ont dû attendre 23h50 pour entendre le Te-Deum annonçant le début du spectacle. Seulement 471.000 italiens insomniaques ont été émus par la prestation de Mia Martini et sa quatrième place (10.32% de pdm). Une douche froide après le carton de 1991.
En 1993, c’est à 23h15 que RAI1 se branche en différé sur la petite ville de Millstreet. 944.878 italiens étaient au rendez-vous (16,80 % de pdm). En 1997, on ne fait pas mieux. Début des festivités à 23h20 et 903.034 paires d’yeux fatigués devant leur poste de télévision.
En 10 ans, l’Italie aura diffusé deux Concours Eurovision en direct (dont un escamoté), réservant pour les autres années le spectacle aux noctambules.
Les temps ont changé, et pour son retour en 2011, l’Italie a été obligé de diffuser la finale en direct de Düsseldorf. C’est RAI2 qui s’y est collé. Et pour attirer le chaland, la chaîne propose de ne montrer que les chansons en direct, préférant faire un duplex avec le studio de télé où officiait Raffaella Carra pendant les cartes postales. Une faveur faite par l’UER pour le retour du grand pays. 1.291.000 téléspectateurs ont suivi le spectacle qui a réalisé une part de marché de 6,43 %.
Depuis, l’audience n’a cessé d’augmenter, passant à 1.410.000 téléspectateurs en 2012 (7,5 %) et à 1.878.000 en 2013 (9,17 %).
Des chiffres encourageants (car une progression même relative est toujours encourageante) qui ont convaincu les responsables italiens à se lancer dans l’aventure danoise de 2014, où 1,7 millions de téléspectateurs ont assisté à la victoire de Conchita.
Avec l’audience réalisé cette année, gageons que l’Italie sera bien présente sur la scène suédoise l’année prochaine !
Source pour les chiffres et les horaires de diffusion : eurofestivalnews.com
Je pense que tant que l’Italie présentera les chansons gagnantes du Festival de San Remo, elle sera en haut du tableau.
La preuve , la seule fois ou ils ont présenté une chanson hors festival san remo , et bien ils ont fini 21 je crois avec la mia citta d’emma marrone.
c’est vrai mais elle avait gagné San Remo la même année de participation à l’eurovision.
Une victoire de l Italie sous peu !! Per favore !!!!!
Effectivement, j’ai aussi l’impression que nous allons assister à une victoire italienne dans un avenir proche. Beaucoup de Top 10 et plusieurs podiums en peu d’années, et un festival de San Remo qui promet une contribution de qualité déjà adoubée par le pays entier. Tous les voyants sont au vert. Ca va finir par arriver.
Je crois aussi à une victoire imminente ! Y’a beaucoup plus d’investissement de la part de l’Italie que de la France ou du Royaume-Uni.
Il est clair que la qualité des contributions transalpines payera dans un futur proche. Le problème c’est l’organisation l’année suivante, s’ils nous font un show avec les mêmes longueurs que San Remo, la finale rendra son verdict à 5 h du matin ! Au moins ce sera une heure décente pour les téléspectateurs australiens !! 😀
1.8 millions pour la demi-finale sur RAI 4 !! France Ô fait pâle figure avec ses 200.000 téléspectateurs, même si cela est une audience presque record pour la chaîne !
J en suis sûr aussi ,l Italie va prendre sa revanche, car pour moi c est ce pays grand gagnant 2015
Arretez de parler de ce concours de 1991 dont je ne me suis toujours pas remis!
Merci Eurovista pour cet article passionnant. Juste une correction : Toto Cutugno n’a pas gagné San Remo en 2010, il a terminé 2ème. La victoire avait été décrochée par Pooh. Et de mémoire les choses se sont passées un peu différemment de ce qui est écrit : c’est Toto Cutugno qui, apprenant -et se désolant- du fait que la RAI n’avait même pas pris la peine de prévoir une chanson pour Zagreb a pris l’initiative d’écrire « Insieme » et l’a proposée in extremis à la RAI. Et je crois qu’un scénario similaire s’est reproduit en 1997. Si je me souviens bien, cette année-là à nouveau la RAI avait déposé un dossier de candidature pour Dublin puis ne s’était même pas donné la peine de chercher une chanson et ce sont des fans qui ont informé les Jalisse de la situation et les ont encouragés à aller à Dublin en tant que vainqueurs de San Remo.
Concernant les chiffres d’audimat, il semble clair qu’ils sont fortement corrélés à la notoriété de l’artiste et surtout de la chanson qui représente l’Italie. La seule baisse d’audimat depuis 2011 correspond au seul mauvais classement de l’Italie en 2014, avec une chanson restée relativement anonyme en Italie me semble-t-il.
Ce qui me frappe le plus c’est le bon audimat de la demi-finale en 2015 sur RAI4. Plus de 8 fois plus de téléspectateurs qu’en France ! Clairement, le fait de reléguer la demi-finale sur FranceÔ, une chaine quasiment inconnue, témoigne d’un profond mépris de France Télévisions pour l’Eurovision. Cela montre que France Télévisions n’a toujours pas compris le potentiel de l’Eurovision et continue à le percevoir comme un boulet plutôt que comme la véritable opportunité que l’Euro peut représenter. Si France Télévisions a réellement la volonté d’améliorer son approche de l’Eurovision, qu’elle diffuse au moins la demi-finale sur France3 !!!
HORS SUJET : on aura le droit à une nouvelle cérémonie des moustaches ??? 🙂
Merci beaucoup pour le sujet et les chiffres qui vont avec je ne les connaissaient pas. Une vrai Bible cet Eurovista 🙂
Je me souviens qu’à l’époque, la RAI ne voulait pas diffuser en direct à cause de la non présence d’écrans publicitaires. Force est de constater qu’ils ont eu raison de rechigner car maintenant il y en a. Puis à l’époque faut dire que sa chantais danois, norvégien et islandais et franchement c’était bien moche et je comprend que la sauce n’a pas pris.
Avec les dispositions strictes imposées aux pays hôtes ainsi que les réformes monumentales faites entre 1999-2008, le concours est devenu plus « vendable » et actualisé. Fin de l’orchestre ce qui a permis d’introduire le style musical actuel, le télévoting, organisation standardisée, clips vidéos, communication sur internet, choix libre de la langue…
J’ai bien quelques idées d’évolution pour l’avenir :
– Remettre un chèque au gagnant (comme nouvelle star) non pas pour aller à Ibiza mais pour réaliser un album ce qui inciterait grandement les maisons de disque à envoyer des artistes confirmés voire plus pros.
-Permettre si techniquement c’est possible et qu’il n’y ait pas tricherie de voter pour les chansons 1 semaine à l’avance via eurovision.tv pour les personnes enregistrées depuis X temps et via IP unique voire même exporter la copie de sa carte d’identité à sa délégation pour éviter les fraudes.
Si quelqu’un a d’autres idées d’évolution …