Cette année, on parle beaucoup du Concours Eurovision dans les médias français, et ce n’est pas toujours pour débattre de la qualité musicale du show. Si dans son édition d’aujourd’hui,    ‘Le Parisien’ revient sur la déclaration faite par la candidate espagnole (TVE lui aurait demandé de ne surtout pas gagner), ‘Le Monde’ fait carrément la une d’aujourd’hui avec un édito intitulé    : « Fallait-il vraiment aller chanter à Bakou ? »

     presse2.jpg

    Le Monde ne s’attaque pas au principe de l’Eurovision, allant même jusqu’à y voir une ‘manifestation sympathique’. Seulement voilà, cette sympathique manifestation se déroule dans la Capital de    l’Azerbaïdjan et c’est là le hic.

    Voici un extrait de l’édito que vous pouvez retrouver en intégralité à la Une du journal et aussi sur leur site :

guillemetsAu nom de l’Europe, et des valeurs qu’elle est encore censée    porter, on va chanter dans la capitale d’un pays où l’on écrase la moindre opposition à la famille régnante. Car l’Azerbaïdjan est aux mains d’un clan, celui du président Ilham Aliev, qui    gouverne après son père par la corruption et la répression. Le clan a la haute main sur l’exploitation des richesses de cet émirat caucasien – pétrole, gaz, mines d’or.

Il est vrai que le clan est dévoué à la cause de la chanson, sinon de l’art en général. Les entreprises qui ont construit l’enceinte de 23 000 places accueillant l’Eurovision 2012    appartiennent à la famille Aliev. Le comité d’organisation est présidé par la femme du président. C’est sa fille qui figure sur l’affiche de la manifestation. C’est son gendre, le crooner local    Emin, qui assure les intermèdes musicaux.

Ces dernières semaines, la police a agi avec plus de brutalité encore que d’habitude. Elle s’en est prise au tout petit nombre des très courageux opposants qui ont cherché à attirer    l’attention sur la situation de leur pays. Quelques journalistes étrangers ont vu le sort réservé aux manifestants : tabassages systématiques et d’une extrême violence.

Dans ce pays, les élections sont aussi truquées que les marchés publics. La presse est muselée. Quiconque ose défier la famille régnante risque un procès fabriqué de toutes pièces. Les    passages à tabac et la torture sont courants en prison.

L’Union européenne aurait dû appeler à un boycottage de ces festivités. Il eût fallu alerter les artistes qui participent à cette finale. Mais l’organisation aux commandes de la manifestation    – l’Union européenne de radio-télévision – s’est refusée à dénoncer les atteintes aux droits de l’homme en Azerbaïdjan. Comme s’il était normal d’aller pousser la chansonnette pour étouffer les    cris des torturés.

Une consolation : le choix de Bakou a au moins le mérite d’attirer l’attention sur les droits de l’homme en Azerbaïdjan, jusqu’à la « une » de ce journal. »