Aujourd’hui retour à Cannes, deux ans après avoir accueilli le concours une première fois. Toujours présenté par la formidable et pétillante Jacqueline Joubert (1ère speakerine de la télévision française… Et maman d’Antoine de Caunes !), il voit s’affronter 16 pays. Et comme en 1958, ce sont deux artistes qui se partagent la dernière place. Les voici en commençant par…

Jimmy Makulis

Dimitrios Makoulis naît le 12 avril 1935 à Athènes mais grandit à Johannesburg et au Cap, en Afrique du Sud, où son père est diplomate. Alors qu’il n’a que quatorze ans, il remporte un concours de chant qui le rend populaire dans son pays natal, et commence à chanter le soir dans les bars et les boîtes de nuit. Parallèlement, il travaille en tant que secrétaire à l’ambassade britannique à Athènes.

Il finit par signer son premier contrat avec le label Philips et part s’installer à Munich en 1955. Comme notre lanterne 1957, Bob Martin, il anglicise son nom en Jimmy Makulis, et sort deux singles, Auf Cuba sind die Mädchen braun (A Cuba, les filles sont brunes) en 1956 et Gitarren klingen leise durch die Nacht (les guitares sonnent doucement dans la nuit) en 1959. Ce sont deux grands succès, qui lui valent une telle notoriété qu’on ne le surnomme bientôt plus que le Frank Sinatra de l’Orient. On le voit également chanter dans quelques films.

Bavière et Cuba, un sacré mélange !

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Fort de ses succès, l’ORF lui fait confiance en le choisissant en interne pour représenter l’Autriche. C’est donc assez assuré que Jimmy monte sur la scène du Palais Croisette. Sauf que… Senhsucht (Nostalgie) ne rencontre absolument pas le succès attendu. Le 0 pointé est évité grâce au petit point accordé par les jurés du Royaume Uni. Il finit à la 15ème place. Énorme déception.

Et après l’Eurovision ?

Il ne quitte pas définitivement le monde de l’Eurovision car entre 1962 et 1990, il tentera de se qualifier pour le concours et ce, pour 3 pays différents (ce sera un échec à chaque fois) : Allemagne en 1962, avec 2 titres dont l’un Ich habe im Leben nur dich (je n’ai que toi dans la vie) sera tout de même un succès. En 1984 pour Chypre avec Triantafila tou mai (Rose de mai). Et enfin en 1990 il tente de représenter son pays natal, la Grèce avec Mia nichta san ki apopse (une nuit comme ce soir).

Mais heureusement pour lui, il n’y a pas que l’Eurovision dans la vie. Entre 1966 et 1985, Jimmy tente sa chance aux États-Unis et plus précisément à Las Vegas où il donne de nombreux spectacles dans une dizaine de langues.

Entre 1990 et les années 2000, il continue de sortir des disques qui connaissent un certain succès. Malheureusement, il décède dans un hôpital d’Athènes le 28 octobre 2007 auprès de son épouse berlinoise Monika, à la suite d’une opération de chirurgie cardiaque.

Comme écrit dans l’introduction, ils furent deux à connaitre les affres de la dernière place. Et le deuxième artiste est…

Bob Benny

Emilius Wagemans naît à Sint-Niklaas, en Belgique, coté flamande, le 28 mai 1926 Le jeune homme commence sa carrière de chanteur dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale en se produisant dans un café de sa ville natale. Il lui faut toutefois attendre 1951 pour pouvoir chanter lors d’un programme de radio à l’issue d’une audition à la NIR (ancêtre de la VRT groupe public de radio et télévision de langue flamande). Le succès ne se fait pas attendre puisqu’il décroche la première place des ventes d’albums avec Mijn hart spreekt tot u (mon cœur te parle).

Il retrouve cette première place grâce à une adaptation en néerlandais du succès d’Eddie Fisher (le papa de Carrie « Princesse leïa » Fisher), Cindy oh Cindy en 1957, date à laquelle il décide d’adopter définitivement son pseudonyme en hommage au grand musicien de jazz Benny Goodman.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

C’est donc tout naturellement que la BRT (devenue la VRT, chaine publique belge de langue flamande) lui propose de participer à la selection nationale en 1959. Sélection qu’il gagne avec la chanson Hou toch van mij (Aime moi s’il te plait). Le résultat lors de la grande finale européenne : une 6ème place (et 9 points) sur 11. Pas flamboyant mais pas déshonorant non plus.

Cela ne l’empêche pas de récidiver deux ans plus tard en participant de nouveau à la sélection flamande. Nouvelle victoire sur ses terres mais lors de la finale à Cannes en mars, arrive une énorme déconvenue : September, gouden roos (Rose d’or de septembre) n’obtient qu’un seul point obtenu grâce à l’amabilité du pays voisin, le Luxembourg.

Et après l’Eurovision ?

Ces deux tentatives ratées le font pourtant connaître sur la scène internationale, et on lui demande de se produire à Berlin. C’est ce qu’il fait pendant six ans, d’abord dans la comédie musicale Mein Freund Bunbury, puis dans l’opérette Maske in Blau. De retour en Flandre, il interprète le rôle du père d’Eliza Doolittle dans une production locale de My Fair Lady.

  Les années passent et comme pour d’autres avant lui et après lui, les contrats se raréfient. Il ne trouve bientôt plus que quelques spectacles à assurer sur des paquebots de croisière. En 2001, il décide de faire son coming out. La même année, il est victime d’un accident vasculaire cérébral et doit être hospitalisé pendant de longs mois. Parce qu’il a de graves problèmes financiers et ne peut payer ses frais médicaux, ses amis décident d’organiser un grand concert de charité à Anvers le 23 avril 2003 afin qu’il puisse récupérer l’argent nécessaire. Ce qui est fait, mais Bob Benny, malgré le fait qu’il ait annoncé être en pleine forme, ne remontera plus jamais sur scène. Pensionnaire d’un centre médicalisé de Saint Niklaas, sa ville natale, il s’éteint dans la nuit du 29 mars 2011. Ses obsèques sont célébrées dans la même commune en l’église Saint-Joseph de Saint Niklaas le 4 avril.

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode… Et il y aura du monde !

Crédit photo : Rémi pour l’EAQ

Vidéos : chaînes Youtube : Jimmy Makulis /Finnigan’s Music /Georgios Symeonidis