Lanterne rouge : Dernier d’une course sportive et, de manière générale, de toute compétition ou classement.
Est ce un hasard si ce nouveau feuilleton qui va se poursuivre tout l’été débute au moment où le Tour de France bat son plein ? Si il est de coutume de fêter le vainqueur (ce qui est normal), une place est toujours faite au dernier de la Grande boucle. Car, bien que finissant au fond du classement , il aura fait le même trajet, connu la même souffrance (et même pire) que le gagnant. Et concernant l’Eurovision, me direz-vous ? Et bien, pas un mot sur celles et ceux qui auront connu la même scène, le même trac que nos heureux vainqueurs (dont vous connaissez, j’en suis sûre les noms par cœur). Réparons cet affront en nous penchant sur chaque malheureux loser et comme le chantait une grande philosophe québécoise (et qui, veinarde, a gagné, elle) :
« Les derniers seront les premiers »
La lanterne rouge de l’édition 1957 : Bob Martin
Avant toute chose, un petit préambule. Vous vous demandez pourquoi je ne commence pas par la 1ère édition, celle de 1956 ? Et bien pour la seule raison que le classement n’a jamais été communiqué. En effet les bulletins de vote ont été détruit dès la fin de la retransmission du concours et la reprise de « Refrain ».
Revenons-en à notre star du jour. Leo Heppe est le vrai nom de Bob Martin. Bien qu’il ait représenté l’Autriche c’est en Sibérie qu’il a vu le jour le 7 juin 1922, son père ayant été fait prisonnier pendant la première guerre mondiale. A l’age de 2 ans, lui et sa famille s’installe définitivement à Vienne après avoir fui la guerre civile russe. La famille étant porté vers la musique, le petit Léo apprend à jouer du piano et du violon au conservatoire de la capitale autrichienne. Après avoir obtenu un diplôme dans un univers complètement différent (celui de la viticulture et de l’arboriculture, on est donc loin de la musique), il est enrôlé dans la Wehrmacht. A la fin de la guerre et alors qu’il est prisonnier des britanniques, il se lance définitivement dans une carrière artistique grâce à sa voix de baryton.
A la fin des années 40, en plus de passer des auditions et de faire partie de chorales où il est soliste il réussit l’examen d’entrée de l’Académie de musique de Vienne d’où il sort diplômé en 1951. Lors de cette même décennie, il est chanteur sur les ondes de l’ORF (radio et télévision publique autrichienne). Poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1981. On le retrouve à la même époque dans les chœurs de l’Opéra de Vienne et sur les scènes du pays dans un style que l’on peut rapprocher de celui de Luis Mariano (opérettes et opéras entre autres). C’est en 1954 que Leo Heppe devient Bob Martin car les noms d’artistes anglophones deviennent à la mode. Avec trois amis de chorale, il monte un quatuor nommé Die Montecarlos. Ils enregistrent plusieurs titres qui auront un certain succès dans les pays de langue germanophone. Outre ses activités de chanteur, il est possible de le voir sur le grand écran dans quelques films qui n’ont toutefois pas marqué le public.
Et l’Eurovision dans tout ça ?
En 1957, Bob est choisi par les dirigeants de l’ORF pour devenir le 1er représentant de l’Autriche. Mais pas le 1er autrichien à fouler la scène de l’Eurovision. La primeur en revenant au chanteur Freddy Quinn, un des représentants allemands de l’édition 1956.
C’est donc avec la chanson « Wohin, klein Pony? » (Où vas-tu, petit poney ?… Rien à voir avec les fameux dessins animés et les figurines apparentées) écrite par Hans Werner grand parolier de chansons en langue allemande, que Bob monte sur la scène du Grosser Sendesaal des Hessischer Rundfunk . Et là, c’est le drame… Sur les 10 (eh oui !) pays en compétition seuls les Pays-Bas (qui donneront 1 point et gagneront quelques minutes plus tard) et le Royaume-Uni (qui faisait, lui aussi sa première apparition et sera plus généreux que les Bataves en donnant 2 points) se montreront bienveillant. Ainsi, lors de sa première apparition au concours, l’Autriche finira à la dernière place. Ce cas ne sera pas le dernier.
Et après l’Eurovision ?
Après ce cuisant échec et comme je l’ai écrit au dessus, Bob n’a pas arrêté de travailler dans le monde de la musique en étant salarié de l’ORF. Lors des décennies suivantes, il a multiplié les concerts (caritatifs pour beaucoup) et les apparitions à la télévision. Il s’est éteint le 13 janvier 1998 à Vienne et est enterré au cimetière Ottakringer Friedhof. Il s’était marié deux fois et avait eu 3 garçons avec sa première femme.
Et avant de nous quitter, revoyons ensemble la prestation de Bob Martin.
A la semaine prochaine pour un nouvel épisode !
Crédits photo : Rémi pour l’EAQ Vidéo : chaine Youtube de SchlagerParty et Jurgen D
Quelle géniale nouvelle rubrique qui va faire (re) découvrir d’excellents morceaux comme d’autres plus improbables. Cette année-là, j’ai classé l’Autriche à ma cinquième place (la Belgique étant ma lanterne rouge).
Ainsi va le principe du Concours, des injustices, des surprises, un moment toujours passionnant pour moi.
Super idée Lolotte,d’ailleurs je soumets l’idée si cela n’a pas été fait de choisir parmi toutes ces lanternes ,la meilleure d entre elle. en nous faisant voter……Cela me rappellel’école et les cours d ´anglais ou pour évaluer notre niveau et faire 2 groupes nous avions fait un test ou la meilleure note obtenue dans la classe était 6/20!!!!hihi. Du coup le groupe des faibles allait de 1 à 3 et les forts de 3,1 a 6 ….hihi j étais chez les faibles …depuis je me suis nettement amélioré…hihi
Idée très intéressante que je garde volontiers en tête !
Lumineuse idée. J’ajoute que Bob MARTIN a également chanté en français : https://youtu.be/6ApFY5T39pY Film avec Brigitte BARDOT et Philippe NICAUD et hélas, c’était le dernier film d’Henri VIDAL.
Une mélodie qui me rappelle la musique du petit train Interlude de l’ORTF !
Ah pas faux. C’est ça le petit charme suranné des chansons des années 50 et 60. Je n’ai pas connu le petit train de l’Interlude (je suis née en 1983) mais j’ai déjà vu des extraits. J’adore l’histoire de la télévision française !
Quelle bonne idée que cette rubrique !
Première chanson proposée, elle n’avait rien d’infamant finalement…
(Et 1957 est une si belle année, il ne pouvait pas y avoir quoi que ce soit de décevant !!!)
– Les lanternes rouges sont injustement ignorées ou moquées quelque soit la discipline : ce n’est pas juste et les remettre en lumière grâce à cette nouvelle rubrique est une idée judicieuse, d’autant plus qu’on s’aperçoit qu’au concours de l’Eurovision, le (ou les) derniers ne sont pas toujours les plus mauvais. Ils méritent notre respect et là, ils ont un nouveau cadre réservé pour rétablir leur honneur, ce qui était déjà fait (et le sera encore) dans un cadre tout à fait différent d’un jeu : la pyramide des chansons puisque la première marche (et quelques autres qui suivent) sont consacrées aux lanternes rouges (en fonction du nombre de candidats présents dans leur concours respectif). Félicitations Lolotte !
Merci à tous pour vos commentaires très sympas et vos retours. Cela me fait très plaisir et m’encourage à continuer !
Cela peut nous occuper un certains, il y a plus que d’ éditions du concours car plusieurs années en ont au moins 2, le record est détenu par 4 concours des années 60 avec 4 0 pointé (1962, 1963, 1964 et 1965). 2 en ont 2 de suite: les pays-Bas en 1962 et 1963 et l’ Allemagne les 2 autres. La Belgique a eu 1962 et 1965, l’ Espagne 1962 et 1965 et la Finlande 1963 (comme tous les autres pays nordiques sauf le Danemark vainqueur et 1965). J’ ai compté 92 pays ayant dernier dernier si on ne départage pas à cette place.
Ah oui, ça va nous et surtout VOUS occupez un certain temps. Si cette été, la série est un succès, elle aura droit à une suite !
1 par semaine en été, cela va durer 10 ans. Nous aurons déjà le cap des 100 lanternes rouges, ce sera en 2030 s’ il y a au moins 2 une même année.