L’Euromonde n’aura jamais fini de nous surprendre. Alors que l’Union Européenne de Radio-télévision avait fixé le mois d’octobre aux télédiffuseurs participants pour dévoiler leur candidature à l’Eurovision, c’est une annonce de taille que nous ont aujourd’hui réservé les organisateurs de la 66ème édition, à seulement quatre semaines du début des répétitions.

Deux ans déjà que Susana Georgi, son ancienne et ultime représentante, se bat, soutenue en cela par ses pairs d’anciens candidats, et qu’elle se voyait opposer une fin de non-recevoir de la part des autorités. Aujourd’hui, son rêve – et le nôtre devient réalité, puisqu’Andorre fait officiellement son grand retour à l’Eurovision après treize ans d’absence. Une nouvelles des plus inattendues pour la Principauté voisine de la France, alors même que l’ensemble des artistes et des titres ont été révélés, et que ces derniers ont même commencé leur tournée promotionnelle.

La genèse d’un retour

Pourquoi un retour aussi inopiné, alors même que les utopiques espoirs pouvaient laisser à peine envisager un retour en 2023 (dans la lignée du projet monégasque) ? Selon les propos tenus par Xavier Mujal, directeur général de la RTVA, dans l’émission Els matins de la Nacional, des raisons budgétaires et les faibles perspectives d’existence d’un micro-Etat dans le format actuel du concours de l’Eurovision (à l’exemple de Saint-Marin) avaient initialement refroidi le télédiffuseur. Toutefois, l’inébranlable soutien des anciens participants et de la scène musicale andorrane dans son ensemble, ainsi que l’appui de sponsors de renom ont finalement convaincu le directeur général et le gouvernement andorran de procéder de concours à un retour à l’Eurovision. Qui plus est dans un contexte où, plus que jamais, son essence originelle résonne à travers le message de paix que l’organisation italienne veut placer au coeur d’une 66ème édition marquée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Un comeback qui suscite l’enthousiasme de l’euromonde, à tel point que dès l’annonce, le pays a fait son apparition à la quinzième place des bookmakers. Il faut dire que la Principauté s’était fait désirer ! Martin Osterdahl, superviseur exécutif de l’UER, s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué de bienvenue à l’attention de la délégation, dont il salue le grand retour après tant d’années d’absence et de manque, et félicite les ambitions du micro-Etat pour l’Eurovision. Un retour également salué par de nimbreux autres acteurs parmi lesquels Alexandra Redde-Amiel, cheffe de la délégation française et directrice des divertissements de France 2, qui a publié le tweet suivant : « Ravis de voir nos amis et voisins andorrans faire leur retour à l’Eurovision ! Benvinguts Andorra ! »

Le retour d’Andorre obligera toutefois l’organisation à modifier l’ordre de passage de la demi-finale de tirage au sort du pays (en l’occurence la deuxième moitié de la deuxième demi-finale). Il semblerait toutefois que la production privilégie un ajout à la fin de l‘ordre de passage afin de ne pas déstabiliser les artistes déjà informés du running order et de célébrer au mieux le retour du pays qui, à ce jour, n’est jamais parvenu à se qualifier en finale de l’Eurovision – même si cela s’était joué de justesse en 2007 avec le groupe Anonymous. S’agissant par contre de l’OGAE Poll, pour lequel la France est l’unique branche à avoir voté à ce jour, il a été décidé de ne pas procéder à un nouveau scrutin.

Afin de porter ses couleurs, et alors même qu’on s’attendait à ce que le retour aux affaires de la Principauté soit marqué par la sélection d’un artiste du cru, qui aurait somme toute été logique, c’est toutefois une artiste internationale qu’a choisi dans l’urgence la télévision publique nationale andorrane. Cocorico, elle est même française !

C’est en effet Davidna Lamburosco qui a été désignée comme candidate andorrane à l’Eurovision 2022. Elle y interprètera le titre Internacional (Queen Me Too) sur la scène du Pala Alpitour.

(Photos officielles de la candidate à venir)

Portrait de la candidate

Refusant de dévoiler son âge, Davidna reste relativement méconnue du grand public en dépit d’une carrière déjà riche de plus de vingt années d’expérience sur les scènes musicales française et internationale. D’origine italo-bélarusse, Davidna est native des Hauts-de-France mais grandit à Paris, où ses mélomanes de parents étaient commerçants d’objets de bagatelle à Pigalle. Très vite tombée dans la marmite de la musique, c’est la victoire de Céline Dion à l’Eurovision 1988 qui fait basculer son destin, et lui révèle ainsi que tel est son destin (et surtout où faire son chemin).

Après des études de langues étrangères appliquées et le suivi (bref mais intense) de l’enseignement d’Armande Altaï, l’autodidacte interprète fonce tête baissée dans une carrière pour laquelle, selon ses propos, elle sentit tel un appel divin. Dès lors, ce ne sont pas moins de 230 titres et dix albums qu’elle propose à son public international et éclectique, des sex parties underground de la capitale berlinoise aux grunge clubs de New York, en passant par Hong Kong, où l’artiste franco-italo-bélarusse (elle a depuis été déchue de cette nationalité pour des raisons de stratégie commerciale) connaît visiblement une grande popularité.

Eurofan de la première heure, elle a tenté par environ tous les moyens de participer à l’Eurovision (magie noire comprise). Outre passant les records absolus des Aisté, Markus Riva, Linda Bengtzing et autres multirécidivistes, Davidna aurait essayer d’intégrer à plus de trente reprises les sélections nationales, notamment en Allemagne, en Biélorussie, à Malte, au Portugal, en Ukraine et en Scandinavie (dont la Norvège en 2005), mais également en France (ce dont ni Alexandra Redde-Amiel, cheffe de délégation, ni Fred Valencak, contactés par nos soins, n’ont aucun souvenir) et, surprise, en Andorre en 2009, avant de parvenir enfin à ses fins cette année. Témoignant dans la matinale de la RTVA, Davidna s’est d’ailleurs dite « Fière, honorée et très émue de porter les couleurs d’un pays d’âme, de coeur et de sang qui daigne enfin ouvrir les portes de l’Eurovision à l’artiste internationale qu'[elle est], ce après maintes et maintes années d’efforts non reconnus d’un euromonde auquel fait parfois défaut le bon goût. » De quoi s’attirer à coup sûr la sympathie des eurofans … « Et c’est une championne olympique de la chanson qui vous parle, F*** you up ! »

Parmi les titres phares de celle qui se revendique haut et fort des amies de Maruv (Ukraine 2019), Kaliopi (Macédoine du Nord 1996, 2012 et 2016), Severina (Croatie 2006) et … Pascale Fontenel-Personne (députée ex-LaRem et ancienne candidate à la sélection nationale française), citons Love In The Tropico,  Macarena de los Andes, Walk Away, Call Me Back Na, Pepita Davidna ou encore Be Hot, Be Strong, qui aurait fait fureur dans les charts clubbing au pays de l’Oncle Sam, où elle fut aperçue en état d’ébriété sur la scène du Cascada Festival de Granite Falls. En outre passionnée des oeuvres picturales de La Bolduc et propriétaire d’un alligator nommée Drucilla, Davidna semble en outre se nourrir de certaines accointances avec la gent masculine de l’euromonde, puisqu’elle revendique une proximité avec Rui Andrade (dont elle serait l’ex compagne selon la presse portugaise), Farid Mamadov ou encore Markus Riva (« Quatre mariages et pas d’enterrement … à ma connaissance » s’empresse t-elle de confirmer). Serhat serait par ailleurs l’ancien dentiste de son époque turque, puisqu’elle aurait vécu deux années dans le pays vainqueur de l’édition 2003, et aurait pour coach sportif Cesar Sampson, qu’elle hébergerait depuis plus de deux ans dans sa vaste résidence d’été de Gujan Mestras, dont elle serait l’une des égéries de la jet set locale depuis une légendaire rixe avec Afida Turner. Elle aurait par ailleurs été emprisonnée en Moldavie à l’époque du confinement du printemps 2020, pour des raisons inconnues à ce jour (la presse locale parle de trafic de stupéfiants) et serait en conflit avec certains rédacteurs jugés toxiques de L’Eurovision au Quotidien depuis une étrange tournée promotionnelle au Liechtenstein, où elle possède un chalet de montagne en co-propriété avec la Baronne von Brandstetter.

La chanson

Pour cette édition 2022, Davidna interprètera le titre Internacional (Queen Me Too) sur la scène du Pala Alpitour. Un titre que l’artiste présente en toute humilité comme à l’image de la reine qu’elle est et de l’artiste internationale que les foules s’arrachent à travers le monde, « n’en déplaise à certaines » s’empresse t-elle d’ajouter. Une proposition aux ouvertes influences rétro-électro-techno-pop que l’artiste nous dévoilera à 14 heures dans un live YouTube en direct du Théâtre de la Fontetes, accompagnée des cinq danseurs qui feront le déplacement avec elle jusqu’à Turin et spécialement choisis par l’artiste dans un club sportif de Rio de Janeiro. Tel un cadeau qui lui a été cependant arraché de la délégation andorrane (dont elle toucherait la coquette somme de deux cents mille euros en cas de victoire au concours), voici en exclusivité les paroles du refrain d’Internacional (Queen Me Too), un titre en catalan (que l’artiste maîtrise mystérieusement de manière courante) et en anglais, préférant « laisser le français aux pauvres d’esprit et de culture. Parce que seules les langues chantées par Davidna sont dignes de la majesté de Sa Majesté, raaaaaan raaaaan raaaaaan ». (À noter que Davidna L. compte plus de la moitié de ses titres en français).

Baby Hit Me
sóc el teu hit
Give Me More
fins a la mort
Quick to kick
Quilomètric
I am your Queen
Your Only Dream

Internacional
In-ter-na-cio-nal
In-ter-na-cio-nal

Un choix qui ne semble pas faire l’unanimité outre-Pyrénées, puisque de nombreuses voix s’élèvent contre le choix d’une artiste non-andorrane pour célébrer le retour de la Principauté au concours, à commencer par Susana Georgi elle-même qui, selon la rumeur, aurait un virulent passif avec la représentante désignée. L’ancienne candidate andorrane s’est d’ailleurs fendue d’un communiqué cinglant, vexée d’une désignation qui déshonore selon elle aussi bien l’intégrité de la scène musicale andorrane que la noblesse de la musique comme art pluri-millénaire (hashtag vexée de ne pas avoir été désignée ?). Par ailleurs, Davidna Lamburosco semble elle-même l’objet de très nombreuses controverses liées tant à la qualité qu’à la fluidité de son parcours, au cours duquel elle se targue d’avoir notamment rencontré Jon Ola Sand et Lynda Woodruff. Contactée par nos soins, cette dernière s’est d’ailleurs fendue d’un « David-ney … gnè ? »

Alors, Silvia Night le retour 3.0 ou bien peix d’abril ? L’occasion de vous souhaiter en tout cas une belle daurade du vendredi, jour premier du mois d’avril 2022.