À quelques jours de la demi-finale de la sélection estonienne, il est temps pour Loreen de sortir le grand jeu et surtout de vous dévoiler son avis sur les forces en présence. Accrochez vos ceintures, en route pour les jolies maisons de bois de Taaaaaartuuuuuuuuuuuu !

En préambule : l’avis de Loreen – aka Rémi (et non la Queen en personne, sinon cela se saurait jusqu’au Vanuatu) – ne tient qu’à elle-même et n’engage que son rédacteur (ou du moins la personne qui se dissimule sous le masque de la Légende).

Avec la singularité de sa tonalité et la teinte de son atmosphère, l’Eesti Laul a longtemps joui d’une hype particulière chez les eurofans du fait de sa diversité musicale de l’époque et de la fidèle présence de propositions alternatives. Depuis quelques saisons déjà toutefois, la sélection estonienne – bien que toujours appréciée et considérée comme l’une des forces motrices de l’année Eurovision – voit sa côte baisser au sein de l’euromonde, la faute à une plus grande standardisation de sa setlist et à des choix plus conventionnels, si ce n’est moins qualitatifs. La saison 2023 avait semblé sonner toutefois comme le retour aux avant-postes de l’Eesti Laul, avec pour le coup une grille de départ d’une belle compétitivité et un choix final qui a même conduit l’Estonie à accrocher un top 10 surprise à Liverpool grâce à la superbe prestation d’Alika. Cette dernière trouvera t-elle un digne successeur dans le cru estonien de l’année ?

À cette question, il est bien évidemment trop tôt pour répondre, et Loreen aime de moins en moins se risquer à ce genre de pronostics avant l’heure, d’autant plus quand seules trois chansons sont – officiellement – connues à ce stade. Un constat de prime abord toutefois : considérée dans son ensemble, cet Eesti Laul 2024 me semble un poil en-dessous de sa prédécesseure, la faute à un retour en force de propositions plus classiques, certes de bonne facture mais guère des plus marquantes. MAIS (puisqu’on est dans le moment clé des MAIS) d’une part, il n’en reste pas moins que l’Estonie continue de se distinguer avec un style de titres que l’on n’entendrait pas ailleurs qu’à Tallinn ou Narva, et surtout, d’autre part, de ce flot pourtant bien plus homogène émergent quelques propositions à même de marquer les esprits et d’envisager de belles choses sur la scène de la Malmö Arena.

Allez, que Loreen cesse de faire durer le suspense et qu’elle vous délivre son avis sur les 20 participants de la sélection estonienne, demi-finalistes et finalistes d’office confondus. Avant cela, (re) découvrez les titres en lice dans la playlist ci-dessous, ou en cliquant directement sur les titres des chansons.

Les demi-finalistes sont indiqués par (DF), les finalistes d’office par (F).

5miinust x Puuluup – (nendest) narkootikumidest ei tea me (küll) midagi (DF)

OK ou KO ? Telle est la question avec ce genre de titres, à mi-chemin entre le Joke Act et la proposition complètement barrée qu’est (nendest) narkootikumidest ei tea me (küll) midagi – qui signifie en français « Nous ne savons rien de (ces) drogues ». Alors si je confirme que je ne sais quelles drogues ont pris 5miinust x Puuluup (sans doute les mêmes que Redel en 2021), là où il est fort à parier que j’aurais mis deux Loreen négatives à ce titre il y a deux ou trois ans, 2024 me fait inversement accrocher à la dinguerie de cet espèce de rap improbable et totalement WTF. Pourquoi ? Mystère … Simple conseil avant écoute : préparez-vous psychologiquement à un voyage au-delà même du métaverse de la scène musicale estonienne, car il ne vous laissera de marbre ni dans un sens, ni dans l’autre, fut-ce à l’envers ou à l’endroit selon Karen Chéryl (pour les plus jeunes, c’est par ici).

(Et c’est le moment où tu te rends compte que 5miinust x Puuluup sont en réalité les favoris à la victoire à date et depuis le début selon les collègues d’En Route. Mais que dit le renard ?)

Anet Vaikmaa – Serotoniin (DF)

Coup de coeur ou plaisir coupable … à moins que ce ne fut les deux ? Assumons-le : c’est carrément les deux ! So vintage à mort, Serotoniin est un délice de pop-rock vintage dans l’esprit 70-80 que n’aurait pas rejeté une Sarah McTierman en son temps. Anet nous propose ici un bonbon musical hyper entraînant, même de réchauffer nos esprits et nos corps au coeur de l’hiver estonien (et pas que, cf. les températures parisiennes du moment). De quoi nous apporter la bonne dose de sérotonine, celle-là même qui nous permet de profiter des sonorités pleines de bonnes ondes de la chanson. Alors, oui, Serotoniin n’est sans doute pas le titre le plus puissant de la sélection, mais perso, je serais prêt à tenter le coup pour Malmö, car la scène de l’Eurovision recèle finalement d’assez peu – voire pas – de propositions du style.


Antsud – Vetevaim (DF)

Antsud, ou l’incursion de la pop-folk traditionnelle estonienne dans l’univers de l’Eesti Laul. Une touche très « locale » qu’il est important de mettre en avant dans les sélections nationales (comme nous avons bien eu nos bretons ou la Suède ses groupes de dansband), et envers laquelle je ne suis pas rétif à la base, même si je n’en suis pas forcément le meilleur client. Mais la réalité est simple : Vetevaim ne m’inspire pas, et ce depuis la première écoute. Bien que porté par les belles voix de ses interprètes et dégageant une réelle atmosphère, le titre ne me parle pas le moins du monde et sonne comme beaucoup trop classique à mes oreilles, si ce n’est un soupçon démodé. Bref, ce n’est pas du tout mon style et je passe en courant plus vite que Maicel Uibo sur un 100 mètres de décathlon en championnats du monde d’athlétisme.

Brother Apollo – Bad Boy (F)

Les tenants de la scène K pop auraient-il craché sur ce titre ? Objectivement pas. Car Bad Boy est de ces propositions pop-rock dont nous abreuvent régulièrement les jeunes boys bands anglo-saxons depuis une vingtaine d’années, une touche de modernité dans la production en plus au fil des ans. Un titre énergique, très bien produit, qui aurait de quoi bien booster la salle entre deux chansons plus lentes et séduire le jeune public. Peut-être pas la proposition de la plus grande originalité, sans doute pas celle qui me séduit le plus dans le lot, mais l’une de celles dont je reconnais les plus grandes efficacité et mémorabilité dans la liste. Assurément de quoi offrir un live percutant si, d’aventure, la prestation est à la hauteur du titre.

Carlos Ukareda – Never Growing Up (F)

Direction la finale d’entrée pour l’un de mes favoris de l’année dernière, qui avait alors largement calé en demi-finale avec un Whiskey Won’t Forget qui continue pourtant de résonner dans mes oreilles (et je pense hélas que je suis bien le seul). Un an après, le charme continue d’opérer avec un titre pop-folk certes loin d’être révolutionnaire, mais touchante, séduisante et intemporelle dans la veine. Never Growing Up n’est sans doute pas la proposition la plus forte du plateau, loin de là, et il y a de quoi légitimement s’interroger sur la qualification directe en finale, mais il n’en reste pas moins que cela fonctionne à la perfection chez moi. Et que, même s’il y a plus impactant du côté de la concurrence, le combo guitare-voix reste une valeur sûre sur la scène du concours pour embarquer le public dans de jolis moments de grâce.

Cartoon, Ewert Sundja – Oblivion (DF)

L’un des titres les plus singuliers de cette édition 2024, catégorie indie pop teintée de touches électro-rock je vous prie. Parvenir à restituer l’étrange et électrique atmosphère d’Oblivion sur scène sera un réel défi (Nicky Doll dirait même maxi défi) pour Cartoon et Ewert Sundja, surtout sur un titre d’ambiance tels que l’Eesti Laul sait nous en proposer à chaque édition. Mais le groove particulier de cette proposition magnétique et à la composition intelligente ne laissera pas indifférent, du moins je l’espère, quand bien même le duo est loin d’être le favori pour l’Eurovision. En même temps, et au-delà de son réel intérêt, ce son parviendrait-il à trouver sa place sur la scène d’un concours dont il renforcerait certes la diversité musicale, mais encore pétri de standards musicaux éloignés de son univers ?

Cecilia – FOMO (DF)

Alerte favorite … peut-être pas pour les boomakers (qui ne la placent étrangement que 7ème de leurs pronostics), mais bel et bien pour Loreen aka Rémi, qui trouve ici l’une de ses gagnantes potentielles. FOMO est un titre dance-électro-pop qui a tous les atouts pour enflammer le public de son atmosphère électrique et transformer la Malmö Arena en vaste soirée clubbing. Reste bien entendu à franchir l’épreuve du direct pour un style de titre extrêmement délicat à défendre en live, mais sur le papier, Cecilia aurait toutes les cartes en main pour porter dignement et fièrement les couleurs de l’Estonie à l’Eurovision. En tout cas, c’est un grand OUI, OUI, OUIIIIIIIIIII de mon côté ! P.S. : mais pourquoi diante avoir « relégué » Cecilia en demi-finale là où elle aurait largement eu sa place directement en finale ?

Daniel Levi – Over The Moon (F)

Alerte sérieux outsider avec Daniel Levi, le chanteur estonien (et non son homonyme et regrettée star des Dix Commandements, malheureusement pas revenue d’entre les morts), ici dans un style plus conventionnel avec une ballade pop certes actuelle, mais de facture classique dans la composition. Il n’empêche : c’est une très belle proposition que nous livre ici le sosie de Sam Ryder par la chevelure, à la fois douce, élégante et sensible, avec une légère envolée soul sur la fin. La preuve qu’il est parfois nul besoin de puissance pour être impactant, et Over The Moon pourrait tout à fait permettre à l’Estonie de défendre ses couleurs avec honneur sur la scène de l’Eurovision 2024.


Ewert and The Two Dragons – Hold Me Now (DF)

Le début de la décennie 2020 sonnerait-il décidément comme le revival des années 1990-2000 ? Il semblerait que oui, à voir à quel point ces décennies musicales semblent inspirer les auteurs-compositeurs (voire les incitent carrément à pomper de l’existant au prisme de fausses reprises – c’est un autre sujet). Tel est mon sentiment à l’écoute du titre d’Ewert and The Two Dragons, dont le mood et les sonorités planantes ne sont pas sans évoquer Radiohead ou Air. De quoi conférer à Hold Me Now un zeste d’envoûtant et une vraie émotion dans le fond. Mais non seulement le titre n’est pas compétitif pour l’Eurovision, mais je ne suis pas certain de l’apprécier complètement au-delà de la réelle grâce qu’il dégage. La faute à un côté nostalgique, pour ne pas dire mélancolique, très prononcé et qui ne sied pas forcément à mes appétences musicales personnelles.

Inga – No Dog On A Leash (DF)

Changement radical de style avec Inga, qui nous propose ici un titre d’ambiance comme l’Eesti Laul sait si bien en proposer chaque année. Il n’y a peut-être pas de chien en laisse dans l’appartement, mais l’atmosphère de cette soirée est cosy, entre celles et ceux qui discutent sur le canapé et d’autres qui s’osent à de léger déhanchements, verre à la main. Voilà la scène qu’inspire l’écoute de ce titre doté d’un joli beat électro-pop au délicieux goût vaporeux, à même de nous plonger dans un charmant ailleurs aux sonorités envoûtantes. Il manque néanmoins à No Dog On A Leash un élément essentiel dans une compétition à 20 participants : l’accroche. Aussi agréable soit-elle, la proposition d’Inga manque d’une composition suffisamment mémorable pour rester en tête, au-delà de qualités réelles.

Ingmar – Dreaming (DF)

À tout juste 19 ans, Ingmar propose une ballade pop soul à la tonalité très comédie musicale, parsemé de quelques choeurs gospel sur la seconde partie du titre. Un ensemble cohérent, qui tient la route et qui se retient à l’oreille, mais qui sonne comme très classique et trop scolaire, pour ne pas dire old school, tant au niveau d’une composition très tarte à la crème que dans l’interprètation de son chanteur, dont on attendrait un autre degré de modernité vu sa jeunesse.


Laura – Here’s Where I Draw The Line (DF)

Bien que ses deux passages par l’Eurovision (en 2005 et 2017) se soient à chaque fois soldés par une élimination en demi-finale, Laura ne desespère pas de tenter l’aventure en solo, malgré plusieurs tentatives déjà infructueuses en Estonie et en Finlande. Il est fort à parier pour l’interprète de Verona que 2024 sera du même tonneau car, si Here’s Where I Draw The Line n’est pas une « mauvaise » contribution à proprement parler, elle traverse la sélection en toute insignifiance, comme transparente. Dommage, car le titre est loin d’être désagréable à l’écoute avec sa rythmique typique des ballades pop estoiennes et ses légères touches jazzy. Mais l’ensemble reste trop classique et formel par rapport au reste du casting.

Nele-Liis Vaiksoo – Käte ümber jää (F)

Pour sa première participation à l’Eesti Laul (dont elle a souvent arpenté la scène en tant que choriste ou en entracte), Nele-Liis nous propose une jolie ballade qui met parfaitement en lumière la pureté de sa voix. Un titre agréable à l’écoute, certes, mais somme toute classique et convenu. Bien que de bonne facture, Käte ümber jää manque d’impact pour pouvoir s’imposer sur la scène concurrentielle de l’Eurovision. Autrement dit : il passe dans la sélection, s’y installe quelques minutes, puis repart comme s’il ne s’était même pas arrêté. Autrement dit encore : il n’imprime tout simplement pas, au-delà de ses qualités objectives, ce qui est quand même très mal barré pour l’Eurovision. Drôle d’idée de l’avoir sélectionné d’ailleurs parmi les finalistes d’office …

Ollie – My Friend (DF)

Parmi les favoris des eurofans l’année dernière, nous retrouvons déjà Ollie en sélection nationale, et assez inexplicablement parmi les demi-finalistes. Serait-ce à dire que My Friend ne mériterait pas l’honneur d’un billet direct pour la finale ? Bien au contraire, puisqu’il mériterait même d’être du voyage à Malmö ! Autant la veine rock tout droit sortie des influences des années 2000 ne m’avait guère convancue l’année dernière avec Venom – okay, mea culp’, j’ai été très dur sur le sujet l’année dernière et je le reconsidère un an plus tard, autant elle fonctionne à 200% cette année avec un titre qui m’est ici plus accrocheur, quand bien même sa composition est plus « facile » dirais-je. Aucun souci toutefois : connaissant de plus les qualités de live d’Ollie, il est fort à parier que le percutant My Friend saura enflammer la scène de l’Eesti Laul … et pourquoi pas celle de l’Eurovision ?

Peter Põder – Korra veel (DF)

Retour en sélection pour Peter Põder, qui avait fait ses premiers pas à l’Eesti Laul il y a deux ans avec une ballade guitare-voix qui m’était alors complètement passée sous le radar (et je saisis pourquoi à la réécoute). Le revoilà ici en 2024, en langue estonienne, mais avec un titre plus énergique et plus accrocheur. Korra veel est une proposition électro-pop aux légères touches vintage telle que la scène de l’Eesti Laul aime nous en abreuver, non sans séduction, mais parfois avec trop grande homogénéité, comme c’est le cas avec ce cru 2024 où il devient difficile de distinguer les véritables marqueurs des titres de la catégorie. Pas évident de percevoir l’élément de distinction, mais Korra veel n’en demeure pas une chanson très plaisante.

Silver Jusilo – Lately (DF)

Lately m’inspire des sensations paradoxales, tout comme bien des propositions estoniennes du style. Le titre jouit d’un indéniable charme, avec ses touches électro-pop vintage tout droit héritées de la génération Daho (mais je ne compare pas Jusilo avec Daho, très loin de là), la rythmique de ses sonorités synthé et son séduisant velours. Mais en même temps, on retrouve ici aussi le syndrome typique de certaines contributions de l’Eesti Laul (cf. Yonna) : un très bon titre d’ambiance, mais auquel il manque une accroche suffisante pour imprimer l’esprit de celle ou celui qui l’écoute, et par conséquent l’indispensable impact pour pouvoir exister sur la scène de l’Eurovision. Il n’en reste pas moins que Lately est une proposition de belle facture et d’allure, qui n’usurpe absoluement pas deux Loreen sur le plan de la qualité musicale. Mais pas pour le concours.

Sofia Rubina – Be Good (DF)

Comme la vague impression d’avoir déjà entendu mille fois ce genre de titres à l’Eesti Laul … Non pas que Be Good soit déplaisant, car il ne l’est objectivement pas, d’autant plus avec ses légères sonorités RnB qui lui confèrent une petite empreinte. Mais la composition assez linéaire du titre le fait souffrir d’un manque de relief, ce qui le fait paradoxalement passer inaperçu dans cette sélection estonienne 2024 alors même que son style musical aurait tout pour le mettre en avant.

Traffic – Wunderbar (DF)

On ne compte plus le nombre de fois où l’ancien groupe de Stig Rästa le seul l’unique a tenté de représenter l’Estonie à l’Eurovision. Ou plutôt, si, on a compté Loreen et moi, puisque 2024 marquera sa septième participation à la sélection estonienne, Eurolaul et Eesti Laul confondus. 2024 sera t-elle la bonne pour ceux qui enchaînent les hits avec les aspirants eurotubes, mais aussi les échecs en sélection ? Probablement que non. Contrairement à bien de ses camarades de promotion, Wunderbar a pourtant le mérite de la fameuse accroche avec sa rythmique up tempo et un côté néo-schlager qui siéent plutôt bien à des couplets réussis. Hélas, l’ensemble me séduit beaucoup moins lorsqu’on y ajoute le refrain et ses sonorités dance (mais pas trop) agressives (le mot est peut-être fort) et uyn peu kitschouilles par rapport au reste, sans parler des voix enfantines vocodées.

Uudo Sepp & Sarah Murray – Still Love (F)

Dans la catégorie ballade pop folk, je demande à présent le duo Uudo Sepp et Sarah Murray avec Still Love. Pourquoi lui plus qu’un autre directement en finale, c’est une excellente question qui mérite de se poser au vu des forces en présence, et considérant de surcroît que Carlos Ukareda joue à peu près dans la même cour. Il n’empêche que la proposition joue sur ma corde sensible de par sa simplicité et sa sincérité, et qu’elle dégage une jolie émotion qui me touche, tel un petit moment de grâce sans impudence. Pas de quoi révolutionner l’histoire de la musique, mais là aussi une valeur sûre qui produit toujours son petit effet.

Yonna – I Don’t Know About You (DF)

Dois-je vous l’avouer honteusement ou simplement : le titre de Yonna était complètement sorti de mon esprit au moment d’écrire ces lignes. Je comprends mieux pourquoi en le réécoutant à présent que je livre mon sentiment dessus. On retrouve ici le syndrome de la ballade à l’esprit pop estonien typique : un joli titre velouté, non désagréable à l’écoute, plutôt élégant dans le style, sans faute de goût ni déroute dans la composition, parfois teinté de touches stylistes autres (ici un soupçon d’électro). Bref, un parfait titre d’ambiance pour se prélasser sur le sofa de son intérieur typiquement balte (somme toute assez voisin de l’école scandinave) … mais qui retombe comme un soufflé une fois les trois minutes terminées. Autrement dit : aussi vite écouté, aussi vite oublié. D’autant plus dommage que le titre est réellement de bonne facture.

L’avis de Loreen

Qui a bien pu avoir la stupide idée de désigner 15 demi-finalistes – oficiellement pour supprimer une demi-finale pour raisons budgétaires – et 5 finalistes d’office ? Car le constat est là : les titres les plus marquants de la sélection se trouvent en demi-finale, et avec 5 élus en finale pour trois fois plus de candidats, il est fort à parier que la casse sera violente, et que l’Estonie pourrait sur le papier se priver de sérieux atouts dès samedi soir.

Ces derniers se nomment Ollie et Cecilia, et avec leurs titres respectifs, ils pourraient défendre avec galbe et panache les couleurs du pays sur la scène de l’Eurovision, qui n’attend plus qu’eux. Mais ce n’est pas tout, puisque dans ce jeu de l’Eesti Laul assez ouvert, les populaires 5miinust x Puuluup font office de grands favoris avec leur proposition déjantée et détonnante. De là à séduire l’Europe, il n’y a qu’un pas que je n’oserai jamais franchir tellement cette dernière est OK ou KO. Derrière, et dans un registre plus classique, Daniel Levi pourrait également incarner une belle option pour l’Estonie, là où mon coup de coeur Anet Vaikmaa me semble une idée plus incertaine même si elle me séduirait beaucoup.

Si l’Eesti Laul 2024 nous offre un cru de bonne facture, dans lequel ne se détache aucune réelle fausse note – ce qui est somme toute assez rare dans une sélection -, il n’en reste pas moins que trop de titres souffrent d’un manque d’accroche et d’impact. Tant et si bien qu’au-delà de leurs qualités musicales, elles ne parviennent pas à imprimer l’oreille et sont sitôt écoutées, sitôt oubliées. Dommage, car si l’on fait fi des titres conventionnels, l’Eesti Laul dispose d’une patte véritable, tant dans l’élégance d’une pop estonienne en mode musique d’ambiance fort cosy que dans des propositions singulières que l’on ne retrouverait nulle part ailleurs. Attention car, exception faite du retour en grâce de 2023, la sélection estonienne se retrouve de plus en plus concurrencée en la matière par d’autres, à commencer par la Lituanie voisine.

>>> Pour suivre l’état des bookmakers de l’Eesti Laul en direct, rendez-vous chez nos consoeurs et confrères d’Eurovision World.

Eesti Laul 2024 : quel titre vous séduit le plus ?
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Alors, que pensez-vous de cette sélection estonienne 2024 ? Êtes-vous en phase avec l’avis de Loreen quant à la grille de départ de l’Eesti Laul ? On attend vos commentaires, vos avis, vos accords et désaccords, et qu’ils soient nombreux !