Nos confrères de Songfestival.be ont eu l’opportunité d’interviewer le chef du comité de sélection belge pour l’Eurovision 2020. M. Gerrit Kerremans, coordinateur musical à la VRT (ci-dessus), leur en a révélé plus long sur le processus interne de la télévision publique belge néerlandophone.
Selon M. Kerremans, la sélection belge pour l’Eurovision 2020 a débuté dès janvier 2019. Il s’agit pour lui d’une part importante de son travail et un processus qu’il prend très au sérieux. Il ne souhaite en effet pas être responsable d’un ridicule international pour son pays. Son objectif demeure immuable : gagner et organiser l’Eurovision.
M. Kerremans reconnaît être embarrassé par les mauvais résultats de la VRT au Concours. Il admet avoir longtemps sous-estimé l’Eurovision. Ce n’est qu’en 2016, après s’être rendu à Stockholm, qu’il a réalisé l’importance et la difficulté de l’enjeu. Il a compris à quel point la compétition était devenue exigeante et demandait un haut degré de professionnalisme.
À l’origine, le comité de sélection était composé uniquement de membres de la VRT. Leur excellent résultat en 2010 leur avait laissé espérer avoir trouvé une formule gagnante. Après leurs déconvenues en 2012 et 2014, ils ont décidé d’inclure dans le comité, des professionnels extérieurs, afin également de renforcer leur crédibilité et de mieux convaincre les artistes. Ainsi, cette anné, Christoffel Cocquyt (ci-dessous) a été invité à rejoindre le comité. Il est le manager de plusieurs grands noms de la scène belge contemporaine, comme Selah Sue, Gabriel Rios ou Novastar.
Le comité de sélection prend ses décisions de commun accord, mais la responsabilité finale incombe uniquement à M. Kerremans et à la cheffe de délégation, Mme Birgit Simal (ci-dessous).
Afin de repérer des candidats potentiels, M. Kerremans assiste à de nombreux télé- et radiocrochets, en premier lieu desquels The Voice. Le comité se réunit ensuite pour dresser une liste complète (et souvent longue) de candidats potentiels. Cette liste comprend des artistes très connus et d’autres totalement inconnus. Le comité réunit le plus d’informations possibles sur ces candidats potentiels, en insistant sur ceux qui seraient le plus susceptibles d’accepter une proposition de leur part.
M. Kerremans note que par le passé, certains artistes ont refusé une proposition du comité, par crainte du ridicule et des aspects camp de l’Eurovision. Mais heureusement, le Concours a regagné récemment en crédibilité musicale. M. Kerremans est ainsi heureux de la victoire de Duncan Laurence et de son impact positif. Il admet au passage avoir sollicité plusieurs fois Stromae. Celui-ci a cependant toujours décliné, de manière amicale et en motivant sa décision.
En 2018, le comité avait placé Sennek au sommet de sa liste et l’a contactée en priorité. C’était déjà la troisième fois que la chanteuse était ainsi sollicitée. Ce n’est que l’an dernier qu’elle s’est déclarée intéressée. M. Kerremans révèle au passage que la chanteuse Natalia a également été contactée, mais que le comité a finalement préféré Sennek. M. Kerremans concède avoir à nouveau sous-estimé l’importance de la présentation visuelle. Sennek et la délégation belge ont voulu se concentrer essentiellement sur la prestation vocale. Ce n’est que trop tard qu’ils ont réalisé que la mise en scène ne fonctionnait pas. M. Kerremans prend entièrement sur lui la responsabilité de cet échec, bien qu’il pensait être judicieusement conseillé par des personnes expérimentées.
Selon M. Kerremans, les qualités qui font un excellent représentant sont avant tout une excellente capacité d’interprétation et une forte résistance à la pression de la compétition. Ensuite, idéalement, un auteur-compositeur qui créerait lui-même sa chanson. Enfin, un artiste disposant de beaucoup de charisme et d’une forte personnalité.
Pour 2020, tirant les erreurs de 2018, M. Kerremans demandera que le représentant travaille sa mise en scène avec des professionnels, de sorte à ce qu’elle soit parfaite. La délégation prévoiera également un nombre beaucoup plus important de répétitions en amont et sur place.
Parmi les noms évoqués spontanément par M. Kerremans, qui auraient un profil idéal pour représenter la Belgique à l’Eurovision : Daan et Billie (qui selon lui, seraient intéressés tous les deux), ainsi que Natalia à nouveau.
Ils ont pris conscience du côté professionnel du concours en 2016.
Ils ont pris conscience de l’importance de la mise en scène en 2018.
C’est assez affligeant…
Billie ça serai super. Je la suit depuis quelques années.
Elle a sorti un EP récemment dont ce titre que j’adore !
Très intéressante interview. Ok pour le mea culpa, espérons que la VRT mette ses actes en conformité avec ses déclarations.
Je n’imagine pas la Belgique louper la finale d’un concours aux Pays Bas, surtout l’année du diffuseur flamand.