C’est un vendredi soir, le 4 mars exactement, que l’Allemagne l’a choisi. Alors que l’euromonde attendait le sacre de sa collègue Felicia Lu, finalement cinquième, c’est un jeune artiste de 24 ans qui s’est imposé lors de la finale de Germany, 12 Points, séduisant juré·es et – surtout – public (qui l’a placé en tête du télévote) avec sa proposition pop-rap. Avec Rockstars, il aura pour mission de redorer le blason de la Mannschaft eurovisionesque de l’autre côté des Alpes. Voici Malik Harris en interview !

EAQ – Quel est votre état d’esprit à l’approche de la compétition ?

Pour être honnête, je suis encore très détendu. Je suis heureux de faire ce voyage et prends tout ce que je peux de cette aventure excitante. Et, bien sûr, je suis très excité et impatient de monter sur cette grande scène pour interpréter ma chanson d’ici quelques jours !

Comment a démarré votre carrière musicale ? Quelles sont vos influences ?

J’ai grandi dans une famille mélomane. Mon grand-père était chanteur d’opéra à succès aux Etats-Unis, ma grand-mère pianiste en Allemagne et mon père joue de plusieurs instruments. De surcroît, ma famille entière a toujours eu de très bons goûts musicaux : j’ai donc grandi en écoutant tout le temps d’incroyables artistes à la maison. Je parle de Queen, Michael, James Morrison, Alicia Keys, Aretha Franklin, etc … Un jour, j’ai juste commencé à chanter et réalisé à quel point j’éprouvais du plaisir à expérimenter ma propre voix et jouer avec. Ce qui m’a amené à acheter ma première guitare acoustique et à effectuer mes premières covers dès l’âge de treize ans.

Hormis les premières que j’ai citées, je compte également parmi mes influences musicales Twenty One Pilots, NF, Imagine Dragons, Eminem, Macklemore, Jack Garratt et tant d’autres !

Que représente l’Eurovision pour vous ?

L’unité. Plus que comme une compétition, je vois l’Euroviion comme une célébration des différents pays et cultures d’Europe et au-delà. En fait, c’est le seul évènement que je connaisse qui unit l’Europe chaque année d’une manière vraiment pacifique et nous permet de célébrer ensemble la musique dans l’harmonie. C’est pour cela que je suis vraiment heureux d’y prendre part.

Quels en sont vos meilleurs souvenirs ?

Probablement lorsque Lena a remporté le Micro de Cristal pour l’Allemagne. Sa victoire a entraîné une forme de fierté nationale que l’on voyait à travers l’ensemble du pays. J’ai vraiment adoré le fait que la musique ait cette sorte de pouvoir.

Comment se déroule votre préparation ?

Tout se passe bien, heureusement ! J’ai l’honneur de travailler avec Marvin Dietmann pour ma scénographie. Lui et moi sommes exactement sur la même longueur d’onde et avons la même vision de ma future performance scénique. Travailler ensemble est quelque chose de très organique et un véritable plaisir ! Je n’ai pas encore effectué trop de répétitions, mais celles que j’ai réalisées ont été satisfaisantes. Surtout que j’ai chanté Rockstars environ quatorze milliards de fois ces deux dernières semaines, donc je suis prêt (rires).

Justement, comment décririez-vous votre titre ?

Rockstars est en définitif la chanson la plus personnelle que j’ai jamais écrite. Elle jette un regard en arrière, en direction du « bon vieux temps » de mon enfance et ma jeunesse, joyeux, ces temps d’insouciance durant lesquels être heureux était si facile et inconditionnel. Elle évoque à quel point, à moment donné, nous avons laissé cette époque derrière nous et nous somme laissés rattrapé par nos pensées, nos doutes, notre quotidien et ainsi de suite. J’ai écrit Rockstars après avoir regardé un épisode de ma série américaine préférée, The Office, et entendu cette phrase : « Je souhaite qu’il y ait une façon de savoir que nous vivons notre « bon vieux temps », avant de vraiment le quitter. » C’était une scène très intense pour moi. Je me suis mis à pleurer, et après avoir séché mes larmes, j’ai commencé à écrire cette chanson. Réaliser que ce « bon vieux temps » est passé m’a été très douloureux, mais cela m’a permis de reconnaître quelque chose, duquel est ressorti un message que je souhaite transmettre. À travers cette chanson, j’essaie de rappeler à chacun d’entre nous que nous devrions arrêter de regarder dans le rétroviseur et chercher le « bon vieux temps » dans le présent. Parce que ce « bon vieux temps » ne s’est jamais vraiment arrêté : nous devons juste changer de manière de le chercher.  

Qu’évoquent pour vous les réactions des eurofans à l’écoute de Rockstars ?

Elles sont absolument merveilleuses. J’adore mes fans, vraiment. Les plus belles réactions sont celles où ils évoquent leur « version des faits », dans le sens où ils me disent à quel point Rockstars est un reflet de leur propre vie et de ce qu’ils considèrent comme leur « bon vieux temps ». La chanson a changé leur manière de considérer le présent, et leur rappelle souvent de regarder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, de se concentrer sur les bons moments plutôt que sur les mauvais. À chaque fois qu’on me dit de telles choses, j’en ai la chair de poule. Je suis tellement reconnaissant de ces retours sur une chanson qui m’est si personnelle.

Ressentez-vous de la pression quant au concours ?

Non, pas du tout. À titre personnelle, le plus important est de profiter à fond de mon aventure à l’Eurovision. Je ne la perçois pas vraiment comme une compétition, mais plutôt comme un immense festival international de musique dans lequel j’ai le grand honneur de jouer ma musique et de représenter mon pays natal, l’Allemagne. J’attends surtout de m’amuser, de capter le plus de bons souvenirs possibles et de me faire de nouveaux amis tout au long de ce chemin. Je ne ressens absolument aucune pression, donc.

Que pouvez-vous nous dire quant à la scénographie que vous nous préparez ?

Je ne peux pas en dire beaucoup, mais elle sera très intimiste, brute et proche du public. Je veux transmettre le message de ma chanson et me focaliser sur la musique et l’émotion. Du coup, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas trop de « distractions » sur scène, mais plutôt une mise en scène épurée dans laquelle je pourrais raconter mon histoire au public. Comme celle de Duncan Laurence en 2019, où il n’y avait pas grand-chose sur scène, et où la performance était recentrée sur la dimension émotionnelle de la chanson. Je pense que c’est ce qui siéra parfaitement à ma chanson.

Parmi les autres participants, quelles sont les propositions qui vous ont le plus marqué ?

Miss You de mon frère, Jérémie Makiese, Space Man du merveilleux Mister Sam Ryder, Circles de l’incroyablement talentueuse Andrea, Lights Off de mes compagnons de fête We Are Domi et Stefania de l’addictif groupe ukrainien Kalush Orchestra !

Quels sont vos projets après votre participation ?

À court terme, ce sera de la scène, de la scène et de la scène ! Il n’y a rien que j’aime le plus au monde qu’interpréter mes chansons en live et après ces deux années de covid, je n’en peux plus d’attendre de monter sur scène à nouveau ! Du coup, deux jours après l’Eurovision, et après quatre reports depuis 2020, je commencerai enfin ma tournée en tant qu’artiste principal. Après, de nombreux concerts et festivals sont prévus cette année, et j’en suis super enthousiaste et excité !

Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs et les eurofans francophones ?

Bien sûr ! (En français) Salut mes amis français ! (Retour à l’anglais) Merci infiniment pour votre soutien et de me donner autant d’amour ! Je ne suis venu qu’une seule fois en France, mais savoir qu’il y a tant de gens qui m’y écoutent et à qui ma musique plaît représente tout pour moi, alors je vous dis un grand merci ! (En français à nouveau) Je vous aime et j’espère que nous nous voyons bientôt ! (En anglais) J’espère que je le dis correctement, mon dernier cours de français date d’il y a longtemps.


Un grand merci à Malik Harris d’avoir répondu aux questions de la rédaction de L’Eurovision au Quotidien. Nous lui donnons rendez-vous le samedi 14 mai prochain, directement en finale de l’Eurovision 2022 ! Merci également à Daniela C. Düßler, de Promotion-Werft pour l’organisation de cette interview.

© Martha Boeller