Chaque jour, un de nos rédacteurs vous fait partager un coup de cœur ou un coup de griffe. Aujourd’hui c’est Rémi qui nous emmène en 2017 avec Occidentali’s Karma, qui a obtenu la 6ème place au concours.

Je me rappelle ce samedi 11 février 2017. Installé pour la première fois devant la grande finale du Festival de Sanremo, j’assistais comme bon nombre de téléspectateur·rices et d’eurofans au tour final entre Ermal Meta, la grande Fiorella Mannoia (dont la majorité attendait alors la victoire) et un certain Francesco Gabbani, débarqué sur scène avec un … gorille. De quoi me mettre en confiance, en somme … d’autant plus que je n’avais de mémoire écouté que le récap des chansons (et non leur version intégrale).

Une fois proclamée la victoire de Gabbani face à la grande favorite (devant laquelle il s’inclina), je me précipitai donc sur YouTube non sans perplexité pour découvrir la vidéo officielle de ce karma occidental. Sans qu’il ne prévienne survint alors le coup de foudre.

Occidentali’s Karma est bien plus qu’une simple chanson gag dont elle m’avait tout l’air au premier cliché. C’est même tout le contraire. Un texte fort de sens et d’humour, un rythme énergique, des sonorités italian pop teintées de délicieux et discrets soupçons rétro, un air qui rentre directement dans la tête pour ne plus jamais en sortir … Soit tous les ingrédients d’une parfaite chanson eurovisionesque ! Pour preuve, sitôt sélectionnée, c’est à la première place de leur classement que les bookmakers (et les eurofans) ont hissé la chanson, avant qu’elle ne soit dépassée dans la dernière ligne droite des répétitions par l’inattendu Portugal.

L’Italie 2017 rimait pourtant avec génie, à l’instar de celui sorti tout droit de la lampe d’Amadeus, son interprète Francesco Gabbani, folle alliance du charme et du charisme à l’italienne, qui ne formait qu’un avec son titre et son gorille, aussi absurde fut-il et iconique est-il devenu (j’ai même deux tee-shirts Moteefe à son effigie, c’est dire). Iconique : tel est le mot qui résume d’ailleurs le mieux Occidentali’s Karma, tant dans le fond que dans la forme, tant dans le son que dans la choré, soit un ensemble à même de l’inscrire d’emblée dans le cercle assez fermé des eurotubes, du moins de ceux qui s’inscrivent dans la longueur d’une histoire de l’Eurovision.

Quelle ne fut pas ma déception lorsque le verdict lui offrit une décevante sixième place (contre laquelle beaucoup de pays ne cracheraient pourtant pas, mais pas les grands favoris) tandis que Salvador Sobral déferlait comme un rouleau compresseur sur les votes des jurys et du public. Car quand bien même j’ai aussi été ému et bouleversé par la magie portugaise, Occidentali’s Karma était mon indubitable gagnant de l’édition 2017 … même si je reconnais que la prestation live n’était assurément pas la meilleure du plateau, et loin de là. La faute à ce fameux adage qui n’a de cesse de nous rappeler que « Le mieux est l’ennemi du bien« . Alors que Gabbani et son hominidé se suffisaient amplement à eux-mêmes, et que l’atmosphère unique et génialissime du clip était difficilement restituable sur scène, la délégation a pêché par l’ajout d’inutiles artifices. Du fond visuel raté aux plans trop larges, en passant par la présence physique des choristes, trop d’éléments ont nuit au génie d’un ensemble doté de suffisamment d’atout pour se défendre lui-même. À savoir le simple, efficace et surtout magique combo artiste + chanson, soit la base à l’Eurovision.

Si l’Italie n’a pas décroché le Micro de Cristal cette année-là (ce qui n’allait pas tarder par la suite), son représentant a en tout cas vu s’ouvrir les portes de la gloire tant en Italie qu’à l’échelle européenne, et son titre s’inscrire dans la légende de l’Eurovision, comme en témoignent ses 280 millions de vues (!) sur YouTube !

Un carton plus que mérité et qui n’est évidemment pas sans me ravir, tellement Occidentali’s Karma est l’un des mes titres préférés de l’histoire du concours. À tel point que le moindre Vooooooom … me rappelle les délicieuses sensations que me procure ce véritable hymne, désormais solidement installé dans la hiérarchie des eurotubes, fut-ce sur le plan collectif ou dans ma sphère personnelle.

Mais qu’ont bien pu en penser mes collègues ? Commençons avec l’avis de Lolotte :

Pour beaucoup un édition un peu faible. Personnellement une année où se trouvent quelques pépites : Hongrie (coup de cœur absolu), Portugal (eh oui !), Moldavie (un pays décidément très surprenant) et… Italie ! Occidantali’s Karma nous offre un packaging complet : une chorégraphie mémorable (ne mentez pas, vous avez dansé dans votre salon le samedi 13 mai 2017), un chanteur charismatique (aah Francesco… Francesco, son sourire soupir) et surtout une chanson qui se retient aisément et qui a du sens (avec de multiples références). On s’approche du titre parfait. Alors oui la contribution italienne a été découpée au nom de la sacro-sainte règle des 3 minutes eurovisionnesque façon steak haché Bigard (pas celui qui fut « humouriste » et qui a changé de crémerie pour devenir docteur es complotisme, l’autre) et n’a terminé « que » sixième mais ce titre je l’aime d’amour et je continue de l’écouter sans aucune lassitude, 5 ans (déjà!) après ! Namasté Alé !

Poursuivons avec les mots de Zipo, tout aussi dithyrambiques :

Je connaissais déjà un petit peu Francesco Gabbani et j’ai été ravi lorsque j’ai su qu’il serait le candidat italien pour cette édition 2017. Je dois dire que j’ai (presque) sauté au plafond quand j’ai entendu la chanson car elle comporte tout ce que j’aime. Tout d’abord la voix typiquement italienne et bien posée dans une chanson pas évidente à maîtriser en raison de son débit, de son rythme et de son titre difficile à interpréter sans s’embrouiller ; le charisme du chanteur, sa sympathie et sa bonne humeur permanente qu’il sait nous transmettre rien qu’en l’observant ; la chanson évidemment, certes amusante à écouter mais qui a un sens profond à la fois philosophique mais aussi introspectif sur sa propre personnalité ; enfin la mise en scène à la fois un condensé de mimes, de théâtre et de couleurs qui illuminent la prestation. Paradoxalement, c’est sans doute cette prestation un peu trop chargée et un peu brouillonne qui a contribué à cette décevante 6e place pour une chanson, qui de mon point de vue, était la meilleure de ce concours 2017.

À votre tour de vous exprimer ! Et rendez-vous demain pour un nouveau titre à la une.

Crédits photographiques : Maraaya (visuel EAQ)