Juliette nous propose aujourd’hui de redécouvrir « Ne crois pas » la chanson interprétée pour le compte du Luxembourg par Michèle Arnaud en 1956, lors de l’édition inaugurale du concours.

« Dans ce nouvel épisode d’ »Un Jour, Une Chanson », je vais vous révéler un de mes grands points faibles musicaux: l’ironie.
J’ai une passion très prononcée pour les chansons sarcastiques, les textes teintés d’insolence, saupoudrés d’un brin d’impertinences, et qui sont piquants mais pas trop blessants.
Des titres comme « En relisant ta lettre » de Gainsbourg, « Après moi le déluge » d’Alex Beaupain, ou, si l’on veut rester dans l’Euromonde, « Bah non » de Philippine ont tout de suite trouvé grâce à mes oreilles de par leur irrésistible effronterie… Et c’est aussi le cas de la chanson que je vous propose aujourd’hui.

En 1956, seule année où chaque pays avait envoyé deux chansons, le Luxembourg confia à Michèle Arnaud la mission de les représenter à cette première édition du concours.
Elle y interpréta donc deux morceaux: « Les amants de minuit » (plutôt jolie mais un peu oubliable), et surtout la chanson qui nous intéresse, le cinglant « Ne Crois pas ».
Il y a quelque chose de particulièrement satisfaisant dans les paroles, qui se moquent d’un jeune homme un peu trop sûr de lui et de sa beauté.
Ce titre chanté avec beaucoup de malice est un délicieux coup de griffe à l’adresse des Narcisse, des Dorian Gray de pacotille qui, trop suffisants et se reposant trop sur leurs lauriers, oublient qu’ils vieilliront eux aussi, et que leurs grands airs ne servent à rien. Tôt ou tard, ils regretteront leurs années perdues et les opportunités qu’ils ont laissé filer par orgueil.

J’aimerais que nous ayons plus de chansons à textes de ce genre à l’Eurovision de nos jours. Le style est peut-être un peu vieillot, mais je ne doute pas qu’avec les auteurs-compositeurs-interprètes dont regorgent les scènes françaises, belges et suisses, nous la trouverons dans le futur, cette nouvelle pépite d’ironie qui viendra pimenter le concours comme « Ne crois pas » le fit en 1956. »

Et vous, qu’en pensez-vous?
Avant de vous donner la parole dans les commentaires, je laisse le soin à deux de mes collègues de nous confier leur avis sur la question.

Commençons par Rémi :

« Mais quel titre « avant-gardiste » nous propose ici Michèle Arnaud, à une époque où peu osaient s’aventurer sur le sujet de l’égalité entre les femmes et les hommes ! Force est de constater que, soixante-cinq ans après, ce message d’à peine deux minutes est toujours d’actualité et plus que jamais. Dans une société qui tend à invisibiliser les femmes dès qu’elles dépassent les 35 ans (j’exagère à peine) et qu’elles ont deux ridules sur le front – surtout venant des hommes, ces messieurs gagneraient en effet parfois à se regarder dans le miroir avant de systématiquement ramener les femmes à leur physique et à leur âge. Et tant qu’à faire, Michèle Arnaud fait très bien passer le message avec une chanson rythmée et malicieuse qui aurait bien pu ramener la victoire en 1956. »

Pascal est aussi plutôt friand du morceau : « Ne crois pas » est percutant et mordant. L’ironie vacharde qui s’en dégage est vraiment réjouissante, surtout pour cette époque. Et le message transmis est malheureusement plus que jamais d’actualité 65 ans plus tard…

A vous de nous dire dans la section commentaires ce que vous inspire « Ne crois pas ».

Rendez-vous lundi prochain pour un nouvel épisode d’1 Jour, 1 Chanson.