Les répétitions de la deuxième demi-finale se poursuivent aujourd’hui. Voici l’horaire de ce mardi 7 mai :

  • 9h – 9h30 : Croatie
  • 9h40 – 10h10 : Malte
  • 10h20 – 10h50 : Lituanie
  • 11h – 11h30 : Russie
  • 11h40 – 12h10 : Albanie
  • 12h10 – 13h10 : Pause
  • 13h20 – 13h50 : Norvège
  • 14h – 14h30 : Pays-Bas
  • 14h40 – 15h10 : Macédoine du Nord
  • 15h20 – 15h50 : Azerbaïdjan

À nouveau, cet article sera mis à jour, au fil des publications. Vous y retrouverez les photos et les vidéos des répétitions, ainsi que mes commentaires personnels (qui n’engagent que moi). Nous vous souhaitons  déjà une excellente journée. Profitez-en bien et surtout, faites-nous part de vos impressions et de vos commentaires !

CROATIE

Que d’ailes, que d’ailes… Voilà qui me donne envie… de fuir à tire-d’aile ! J’ai regardé cet extrait juste avant de manger et des images d’ailes de poulet frites, croustillantes et dorées me sont venues à l’esprit. La délégation croate aurait dû habiller ces danseurs en paquet de frites et en gobelet de soda et nous aurions eu un menu…

Trêve de plaisanteries (ou pas) ! Concentrons-nous sur le positif : Roko chante magnifiquement bien. Sa voix a littéralement des ailes. Assurément l’un des plus brillants vocalistes de cette édition 2019.

Voilà, voilà. Bon. Passons au négatif. De l’art d’ajouter une épaisse couche de glaçage écoeurant sur une vaste meringue fourrée à la crème… Bref, trois minutes tarte. Les plus second degré d’entre vous y verront une esthétique kitsch poussée à son paroxysme. Moi, ce visuel et cette mise en scène m’évoquent du mauvais Pierre et Gilles.

Quant à TD, tout a été dit sur ce monceau de crème fraîche ayant passé sa date de péremption. En conclusion : pourquoi pas pour un Kitschovision de la Chanson. Non pour l’Eurovision 2019. Quant à Roko, il revient quand il veut, mais sans son ami Jacky. Je conclus en reparaphrasant Daniela Simons (j’adore paraphraser Daniela Simons) : pas pour moi pour la finale.

MALTE

Ceux d’entre vous qui avaient eu la force de caractère de suivre le X Factor Malta (coucou Sakis, coucou Pascal !), savaient que Michela était une interprète de grand talent. Sa victoire, loin d’être accidentelle, était justifiée. La jeune chanteuse nous le prouve ici, dans ce court extrait : elle maîtrise son morceau. Il semblerait toutefois qu’elle eut besoin de plusieurs tentatives pour se mettre vocalement en jambes, avec des progrès sensibles à chaque reprise. Quant à moi, ayant déjà été convaincu par ses prestations au XFM, je reste confiant.

Chameleon est une excellente chanson, un net progrès vers la modernité, après bien des propositions maltaise répétitives et formatés. Voilà une chanson susceptible de rencontrer le succès en-dehors de l’Euromonde, car elle répond à tous les standards musicaux actuels. La mise en scène et le visuel choisis sont en adéquation avec la style musical et la jeunesse de Michela. L’ensemble un bonbon pop coloré et acidulé. À titre personnel, je suis sous le charme et je suis très impatient de découvrir le produit fini dans sa globalité.

Bref, s’il y a une année où Malte brillera, c’est bien celle-ci. La qualification me semble nécessaire. En finale, un classement parmi les dix premiers seraient, selon moi, une récompense digne de tant d’efforts et d’investissements. Et puis, surtout, que ne donnerait-on pas se remanger trois autres mois de XFM (coucou Sakis, coucou Pascal !)…

LITUANIE

Comme annoncé, le visuel et la mise en scène sont repris de l’Eurovizijos atranka (si, vraiment, vous devriez regarder cette sélection, elle vaut mieux que sa terrible réputation). Et donc, comme annoncé, cela s’avère simple, peut-être simpliste. La délégation lituanienne mise tout sur son représentant et sa chanson. Jurij est effectivement un attrape-coeur. Impossible de rester de glace devant sa beauté de prince du Quattrocento. Vocalement, sa prestation me semble un cran en-dessous des précédentes. Mais je suis convaincu qu’il retrouvera ses sommets habituels le moment venu.

Personnellement, j’aime beaucoup RWTL, une ballade ni tarte, ni meringue, un modèle du genre, la preuve que la scène musicale lituanienne est en prise direct avec son temps (regardez l’Ea et vous le constaterez vous-mêmes, si, regardez cette sélection, allez). Maintenant, qu’en penseront les lambdas ? C’est là la question fondamentale : Jurij retiendra-t-il leur attention ? Énorme point d’interrogation à ce stade de la compétition. Et impossibilité d’évaluer clairement les chances de la Lituanie.

Moi, bien entendu, je la lui offrirais, sa qualification. Mais cela ne tient pas à moi. Il faudrait que nos lecteurs suisses s’expriment, car la balle sera dans leur camp. À titre personnel, je serais très déçu d’une élimination, surtout si c’est au profit d’une proposition moins qualitative.

RUSSIE

Fokas Evangelinos et les boîtes, une longue histoire d’amour… Ma préférée restera à jamais celle de Farid, en 2013, pour une mise en scène freudienne de refoulement des désirs homosexuels.

Retour en 2019 pour cette curieuse mise en scène russe. Curieuse, car au fond, elle fait du neuf avec du vieux. Ses éléments constitutifs, pris séparément, sont des emprunts à des scénographies antérieurs du Concours : boîtes lumineuses, miroirs, avatars démultipliés, costumes blancs, apparitions-disparitions, douche, etc. Mais le tout est réarrangé avec subtilité et intelligence, au point de faire oublier ces recyclages (la délégation moldave devrait prendre des notes, tiens).

Notre ami Sergey demeure égal à lui-même. Il interprète son morceau à la perfection. Avec une intensité qui fait fleurir un sourire sur mes lèvres. L’on croirait le dernier récital d’une cantatrice avant ses adieux définitifs à la scène. Quant à Scream, il s’agit d’une ballade épique comme l’on n’en entend plus qu’au Concours et dans les comédies musicales. Et selon moi, c’est là l’impasse de cette proposition russe : l’on sent que tout le monde s’est creusé le cerveau pour pondre la production la plus eurovisionesque possible. Résultat : c’est d’un conformisme affligeant.

Paradoxe des paradoxes, l’Eurovision n’est que paradoxe : moins l’on y pense, plus l’on y rencontre le succès. Mon opinion est donc que l’on retrouvera forcément la Russie en finale, certainement sur le podium, mais que le vainqueur sera un artiste qui n’y aurait jamais songé, même dans ses rêves les plus fous, avec une chanson écrite pour un tout autre usage et dont l’auteur ne savait pas qui était Philipp Kirkorov.

J’ajoute un commentaire plus personnel : oui, Sergey dispose du talent et des qualités pour remporter l’Eurovision. Mais pas avec des morceaux aussi commerciaux et plastiques. Il dispose pourtant d’un sujet d’inspiration majeur : son fils. Il semble lui vouer un amour incommensurable. Alors, pourquoi n’avoir pas suivi la même piste que Tamara Todevska et ne pas s’être choisi une ballade d’amour paternel dédiée à son cher Nikita ? Là, nous aurions été touchés. Là, la ménagère aurait pleuré à chaudes larmes sur son canapé. Là, Sergey serait reparti sans coup férir avec le Micro de Cristal. Bref, bref, bref, rendez-vous en 2022, sans la soi-disant Dream Team.

ALBANIE

Cleopatra, comin’ atcha! Jonida cultive sa fausse ressemblance avec la dernière souveraine hellénistique. Plutôt flatteur et soulignant son port naturel de reine. Vocalement, notre diva albanaise souffle le plafond du Convention Center. Une prestation brillante, royale ai-je envie de dire.

Côté mise en scène et visuel, il semblerait que tout ne soit pas encore au point. Difficile donc d’en dire plus. En l’état, c’est effectivement plat et littéral. À confirmer. Pour le reste, c’est un autre colossal point d’interrogation. Kt fera-t-elle vibrer le coeur des téléspectateurs ? Mystère et boule de gomme… À nouveau, si nos lecteurs suisses pouvaient éclairer notre lanterne…

Cette proposition albanaise 2019 a beaucoup de mérite, sur le plan artistique, vocal, musical, eurovisionesque. Mais c’est encore une fois tellement albano-albanais, tellement typico-typique du FiK… Moi, évidemment, cela me rappelle mes meilleurs Noëls, la dinde, le sapin, les cadeaux. Du coup, mon coeur vibre et je décrocherais volontiers mon téléphone. Mais serait-ce le cas de qui découvrirait cela pour la première fois ? J’en doute…

NORVÈGE

Retour au coeur des débats : une mise en scène est-elle toujours nécessaire à l’Eurovision ? Tout dépend, à vrai dire. Certains s’en passent et grimpent facilement sur le podium. D’autres en font l’économie et se prennent une claque dès la demi-finale. L’inverse est vrai au point qu’aucune règle n’est généralisable en la matière, l’Eurovision relevant de l’alchimie.

Ici, la Norvège se passe de chorégraphie millimétrée, d’accessoires, de danseurs, de visuels complexes et cela laisse un goût de trop peu. Pourtant, nos amis de Keiino semblent vocalement en forme. Leurs vêtements sont sobres, les perruques du vidéoclip sont restées à Oslo. SITS conserve son fort potentiel eurovisionesque.

Et pourtant, pourtant, j’ai l’impression qu’il manque là d’un supplément télégénique qui aurait été le bienvenu. Je me sens curieusement déçu, alors même que la proposition norvégienne demeure bonne en soi. D’ailleurs, en l’état, je pronostiquerais toujours une qualification. Mais avec un résultat moindre qu’attendu en finale. Plutôt aux alentours de la quinzième place. Curieux, curieux..

PAYS-BAS

…d’autant plus curieux qu’ici, la proposition néerlandaise se passe elle-aussi de toute mise en scène… et cela me choque moins. De ce paradoxe, je ne suis complice / Souffrez qu’une autre / En moi se glisse / Car sans logique, je me quitte. Mylène a raison : c’est sans logique !

Autant saisir le taureau par les cornes : je ne suis pas convaincu de prime abord par ce piano et l’idée d’y laisser Duncan assis durant toute la prestation. Même le lambda le plus obtus a intégré que désormais à l’Eurovision, plus aucun instrument n’est joué en direct. Quel intérêt donc de lui faire faussement jouer du piano durant trois minutes ? En plus, il est moche, ce piano…

À part ce bémol, le reste est magique et parfait. Arcade est l’une des meilleures chansons, non seulement de cette édition, mais aussi de cette décennie. Il s’agit également d’une, voire carrément de LA meilleure chanson jamais proposée par les Pays-Bas à l’Eurovision. Quel que soit le résultat final, elle marquera l’histoire du Concours et les mémoires de bien des Eurofans. Je gage en outre qu’elle rencontrera un vif succès commercial après la finale.

De son côté, Duncan est remarquable. Il a l’étoffe et le talent d’un vainqueur. Il chante subliment bien et parvient à transmettre ses émotions à des milliers de kilomètres de distance. Indiscutablement, il se qualifiera pour la finale. Indiscutablement, il terminera sur le podium. Gagnera-t-il ? Tout dépend à présent de la proposition italienne. Nous en saurons plus jeudi…

MACÉDOINE DU NORD

Quelle voix, mes aïeux, quelle voix ! Quelle remarquable prestation vocale, sur ce tout petit extrait. Et quelle classe ! Oubliée la Tamara de 2008. La chanteuse balaie hésitants et incrédules d’un coup de poumon. Elle élève sa ballade émotionelle jusqu’à la perfection et s’en vient titiller les glandes lacrimales des spectateurs. Oui : Tamara m’a mis la larme à l’oeil. Pause mouchoir…

Proud est l’une des meilleures ballades de cette année et je m’étonne qu’elle ait bénéficié jusqu’ici d’aussi peu d’attention et de considération. Elle me semble digne d’une finale et de figurer au panthéon des meilleures propositions macédoniennes au Concours.

Le visuel est sobre, avec d’autres miroirs. Mais l’on a d’yeux que pour Tamara. Belle robe verte, nonobstant le peu flatteur balconnet pigeonnant. Quant à moi, j’ai hâte de découvrir les trois minutes complètes de la chanteuse et j’espère du fond du coeur qu’elle marquera l’esprit des téléspectateurs. Une élimination me foudroierait sur mon canapé…

AZERBAÏDJAN

Évidemment, sur l’extrait proposé, l’on ne voit rien de cette mise en scène que les commentateurs sur place nous décrivent comme le plus remarquable effet visuel de l’histoire de la télévision depuis le passage à la couleur. Descriptions et appréciations sont dithyrambiques. Je ne demande qu’à y croire.

De ce que l’on voit, le visuel et la mise en scène jouent la carte des robots. Intéressant. Si j’étais sarcastique, je dirais qu’encore une fois, les machines détruisent de l’emploi, puisque Chingiz se passe de danseurs. Ici aussi, j’attends avec impatience de découvrir tous les ressorts cachés de la prestation azerbaïdjanaise.

Chingiz, lui, mettrait le feu à la banquise. Vocalement, il semble porter sa chanson avec brio et aisance. Tous ces agréments visuels ne changent pas mon opinion profonde sur Truth. L’introduction et les couplets sont réussis ; le refrain, nettement moins, qui pédale dans la semoule friable de la banalité. Ou la choucroute suintante de la redite, au choix. De quoi se qualifier et terminer dans le peloton de tête de la finale, selon moi. Mais pas de quoi décrocher la victoire.

CONCLUSION

Autant hier, je ramais dans le brouillard. Autant aujourd’hui, je suis plus affirmé dans mes choix spontanés. Ainsi, je qualifierais nettement Malte, la Russie, la Norvège, les Pays-Bas, la Macédoine du Nord et l’Azerbaïdjan. Je laisserais à quai la Croatie. Restent la Lituanie et l’Albanie, qui mériteraient leur accessit, mais qui risquent de le perdre à quelques points près.

Maintenant, si je reprends l’ensemble de mes impressions de cette deuxième demi-finale, sur base des extraits dont nous disposons, je qualifierais : l’Arménie, la Suisse, la Suède, Malte, la Russie, la Norvège, les Pays-Bas, la Macédoine du Nord et l’Azerbaïdjan. J’éliminerais : l’Irlande, la Moldavie, la Lettonie, le Danemark et la Croatie. Les plus attentifs d’entre vous constateront que je me dédis partiellement par rapport à hier. Pour la dernière place disponible, j’hésite en effet entre l’Autriche, la Roumanie, la Lituanie et l’Albanie. Mon coeur me porterait à qualifier la Lituanie, mais c’est un sentiment très personnel.

Sur ce, je vous remercie infiniment pour votre présence et vos analyses personnelles. Nous nous retrouverons jeudi pour les deuxièmes répétitions. Oui, oui : jeudi. Demain, 8 mai, est jour férié en Israël. Le pays commémore en effet ses victimes de guerre. Pas de répétitions donc. Je vous laisse en compagnie de l’équipe de Parlons Eurovision, qui vous fera revivre cette nouvelle journée de répétitions. À jeudi !

BONSOIR TEL AVIV ! #4

Des premières répétitions à la Grande Finale de l’Eurovision 2019, Bonsoir Tel Aviv ! est votre récap’ pour tout savoir des répétitions et des coulisses du plus grand concours de musique au monde ! Entouré de son panel, Michaël vous donne son avis sur les 41 chansons en compétition et leurs chances de succès le 18 mai ! Retrouvez-le ici et sur sa chaîne YouTube, aujourd’hui, exceptionnellement à 18h.

SONDAGE

À votre tour de vous exprimer !

PAR AILLEURS

La délégation française a été bien accueillie par les organisateurs.

Bilal et Tamara ont fait connaissance.

Puis Bilal a rencontré Zena.

Ceci ayant eu lieu à Herzliya, où la télévision israélienne avait organisé un cocktail de bienvenue.

Sur ces entrefaites, certaines délégations, dont la hongroise, découvrent les richesses culturelles d’Israël.

D’autres s’investissent charitablement. Ainsi la représentante chypriote, Tamta, a rendu une visite surprise à l’hôpital des enfants de Ramat Gan. Elle y a rencontré, Lampros, un jeune garçon de sept ans atteint d’une maladie rare. La chanteuse lui a offert plusieurs cadeaux dont le piano électrique et le t-shirt personnalisé visibles sur la photo ci-dessus.

Côté organisation, il a été confirmé que Netta Barzilai ferait deux apparitions sur la scène de l’Eurovision 2019. Elle ouvrira la première demi-finale avec une reprise de son morceau gagnant, Toy. Et elle reviendra lors de la grande finale pour interpréter en entracte son nouveau single, Nana Banana.