Nouvel épisode de Que sont-ils devenus ?, et direction aujourd’hui Malmö en 2013. Suite à la mythique victoire de Loreen au concours 2012, l’Eurovision fait son grand retour en Suède après treize années d’absence. Pendant ce temps, en rupture avec une décennie 2000 aux classements aléatoires (voire carrément médiocres sur sa fin), l’Allemagne connaît une embellie spectaculaire. Victoire de Lena en 2010, pays hôte du concours 2011 (et top 10 à domicile), huitième place de Roman Lob à Bakou … Le pays espère bien continuer sur cette dynamique et organise une sélection nationale remportée par l’un des groupes les plus iconiques des années 2000 : Cascada. De quoi enflammer la planète eurofan des semaines durant … jusqu’au coup de semonce final. Presque dix ans après l’un des échecs les plus marquants de l’histoire de l’Eurovision, où est aujourd’hui le célèbre groupe eurodance ?

Avant l’Eurovision

C’est en 2004 que les futurs membres du groupe Cascada se rencontrent. Née à Bonn de parents britanniques (dont un père musicien de jazz), Natalie Horler (la chanteuse) travaillait en studio avec différents DJ depuis quelques années. Sa route croise alors celles de Yanou (alias Yann Peifer, connu pour le titre Heaven en duo avec DJ Sammy) et DJ Manian (alias Manuel Reuter).

Ainsi naquit tout d’abord Kaskade, finalement changé en Cascada du fait d’une artiste portant un nom similaire. Le trio a préalablement porté des projets musicaux sous d’autres noms de scène (Siria, 3XM, Phalanx …), parmi lesquels le titre Piece of Heaven sous le nom d’Akira.

En 2004, Cascada publie son premier single Miracle et un second, Bad Boy, en Allemagne. Le groupe est alors repéré par le label américain Robbins Entertainment, qui lui donne sa chance. Natalie et ses acolytes signent un contrat qui leur offre la sortie à l’international de Miracle. Ainsi marque le début véritable de l’aventure musicale du groupe, qui connaît son premier grand succès en Europe (terminant notamment en tête des charts français).

Cascada publie l’année suivante leur nouveau single, Everytime We Touch. Les portes de l’international s’ouvrent alors à elleux, puisque le titre sera un véritable carton à travers le monde (et le plus grand succès du groupe à ce jour). De l’Europe aux Etats-Unis (où il sort en 2006), le hit eurodance résonne sur toute la planète, atteignant notamment le top 10 des pourtant difficiles d’accès charts britanniques (dont il atteindra la deuxième place) et américains. S’en suit alors le premier album du groupe, Everytime We Touch, en 2006, dont seront extraits sept singles. Un énorme succès dans la lancée, qui leur permet de décrocher le World Music Award de l’artiste allemand ayant vendu le plus de disques dans le monde.

Fin 2007, Cascada sort son deuxième album, Perfect Day. Outre des covers d’Avril Lavigne, Pink, Patty Smith ou encore Jeffrey Steele, l’album contient les titres Endless Summer et I Will Believe It (enregistrés à l’époque sous le nom de Siria) ainsi que le single principal, What Hurt The Most, qui rencontre également un grand succès en Europe, suivi de deux autres singles. Côté américain, le succès est moindre comparé à la vague Everytime We Touch, même si What Hurt The Most frôle les portes du Top 50 et que le Canada offre une belle audience au groupe.

Deux ans plus tard, Cascada revient avec un troisième album Evacuate The Dancefloor, affirmant une ligne musicale davantage orientée sur l’électro-pop que sur l’euro-pop des débuts. De quoi signer un nouveau carton à l’international avec le single éponyme, qui connaît une très large diffusion en Europe, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, où le groupe connaît un net regain de diffusion comparé au précédent essai. Le titre devient un tube dans les clubs et est largement repris dans des jeux vidéos de danse, même si l’album et les deux singles suivants (Dangerous et Fever) ne rencontrent pas un succès de la même ampleur. L’album est toutefois classé dans le top 10 des charts britanniques et du Bilboard Dance/Electronic Albums aux Etats-Unis. Suivront pour le groupe une grande tournée promotionnelle et la première partie de Britney Spears lors d’un concert en Allemagne. Ainsi qu’une nomination aux MTV Video Music Awards dans la catégorie « meilleure vidéo de musique dance ». De quoi renforcer l’assise internationale du trio.

En 2010, Cascada propose un nouveau single, Pyromania, suivi de Night Tunes, San Franciso et Au Revoir, qui annoncent la sortie du quatrième album, Original Me, en 2011 (précédé de la sortie des deux premières compilations du groupe en Afrique du Sud et au Canada). Aussi bien les singles que l’album passeront malheureusement relativement inaperçus, tant et si bien que Cascada et la label Robbins annoncent leur séparation à l’amiable dans la foulée, cause divergences artistiques.

L’année 2012 est une année moins fructueuse pour le groupe, qui conserve toutefois une visibilité médiatique avec la sortie de la compilation Back on the Dancefloor (introduite par le single Summer of Love, qui marque le retour de Cascada à l’eurodance, et une reprise de The Rhythm of The Night de Corona) et d’un album de Noël, It’s Christmas Time, porté par deux singles dont une reprise du Last Christmas de Wham!. La même année, Natalie Horler devient par ailleurs jurée du télécrochet Deutschland sucht den Superstar.

C’est alors qu’une opportunité unique s’offre à elleux.

Tout juste sortie de trois années enfin fructueuses à l’Eurovision, l’Allemagne est décidée à poursuivre sur sa lancée. En vue de l’Eurovision 2013, le pays décide donc de recourir une nouvelle fois à une sélection nationale, cette fois-ci composée d’artistes confirmé·es (du moins en partie). En décembre 2012 est alors annoncée le line up d’Unser Song für Malmö … sur laquelle figure le nom de Cascada, confirmant ainsi les folles rumeurs qui circulaient Outre-Rhin. Connaissant la passion irraisonnée de notre europlanète, autant dire que l’annonce déclenche en toute logique un séisme MO-NU-MEN-TAL.

Rapidement, l’Allemagne s’installe parmi les favoris des bookmakers, tandis que les eurofans n’ont d’yeux que pour Cascada (ou presque), du moins s’agissant de la sélection allemande. Le 14 février 2013, à la TUI Arena de Hanovre, le groupe arrive en position de stratosphérique favori à la victoire. Après le vote du jury en faveur de Blitzkids mvt. et celui des radios remporté par LaBrassBanda (#prost), Cascada est porté le télévote et remporte Unser Song für Malmö avec le titre Glorious devant LaBrassBanda (vainqueur du vote des radios #prost) et Söhne Mannheims. Avec le titre Glorious, Natalie et ses acolytes décrochent ainsi le droit de représenter l’Alleamgne à l’Eurovision 2013, pour le plus grand bonheur des eurofans et des médias, qui diffusent très largement la nouvelle.

Pendant l’Eurovision

La victoire de Cascada confirme la position de force de l’Allemagne dans les bookmakers, dont elle figure dans le top 10 des favoris à la victoire aux côtés notamment du Danemark et de la Norvège. Mais il n’est pas d’engouement démesuré sans eurodrama digne de ce nom.

Le groupe allemand se retrouve très vite accusé de plagiat. À certaines oreilles, Glorious résonnerait étrangement comme un copycat d’une certaine … Euphoria de Loreen, alors tenante du titre du Micro de Cristal. La NDR lance alors des investigations, tout en dénonçant une vile tendance à créer des scandales gratuits autour du concours et de ses participant·es. Total ? Le 25 février, Cascada ressort de cette affaire aussi blanchi que Glorious, et reste plus que jamais dans la course à la victoire.

En Suède, c’est accompagnée de deux choristes que Natalie Horler performe sur la scène de la Mälmo Arena qui accueille l’édition 2013, descendant d’un escalier de verre telle la Queen of The Night. Sans oublier les flammes et autres effets pyrotechniques qui accompagnent bien entendu avec notre nouvelle eurodiva. Héritant de surcroît d’un ordre de passage assez favorable – déterminé pour la première fois par la production (le 11ème, entre la Russie et l’Arménie), le groupe a les cartes en main pour offrir a minima un nouveau top 10 à l’Allemagne, ce sur quoi misent les visionnaires bookmakers.

Mais de par les arrangements et les effets vocaux qu’il suppose, un titre eurodance ou estampillé DJ est bien plus difficile à défendre en live comparé à la qualité de la version studio. Et si Natalie avait jusqu’alors assuré tous ses lives et ses répétitions, une erreur majeure de tempo sur la première partie de la chanson sera (quasi) fatale au groupe.

Contre toute attente, avec l’un des noms les plus connus du plateau (et peut-être même de l’histoire de l’Eurovision entière au moment du concours), l’Allemagne ne termine qu’à une très décevante vingt-et-unième place, aussi bien décrochée chez les jurys (20ème place) qu’au télévote (16ème place), ce qui est plus surprenant.

Après l’Eurovision

Si Glorious est un grand succès en Allemagne et suscite l’engouement des eurofans, le dit succès ne traverse guère les frontières du pays natal du groupe, le pourtant favorable bastion britannique restant par exemple très hermétique au titre. Précédé par la sortie d’une seconde compilation, The Best of Cascada (qui fonctionne très bien Outre-Rhin), Glorious offre une nouvelle vague de médiatisation au groupe, qu’il ne réussira pas toutefois à faire fructifier dans les charts avec le nouveau single The World is in My Hands et l’album Acoustic Sessions, sous le label Zooland.

Quasi un an après leur aventure eurovisionesque, Cascada sort deux nouveaux singles, Blink et Madness, ce dernier en collaboration avec le rappeur Tris. Non seulement les deux titres ne rencontrent pas le succès, mais Madness reçoit même un accueil très négatif de la part des fans du groupe, qui lui reprochent une rupture avec son identité musicale originelle. En février 2015, c’est au tour de Reason, un revamp de l’époque Diamond (jamais sorti sous l’égide de Cascada), d’être publié, sans projet de nouvel album dans l’immédiat. Cette même année marque le début d’une pause dans la carrière du groupe, puisque Natalie Horler donne naissance à son premier enfant, avant de retrouver les scènes européennes dès la fin de l’année (et de chanter notamment sur la scène de X Factor UK), et de proposer une reprise de Praise de Mary Mary en collaboration avec Cassiano.

Après deux années dénuées de tout titre original et du moindre succès dans les charts, plutôt concentré sur la scène, Cascada sort un nouveau single Run en 2017, confirmant par la même occasion privilégier la sortie de nouveaux titres avant d’envisager un nouvel album studio … qui n’a toujours pas vu le jour depuis. Un titre qui ne rencontre pas le succès, et ne fait même pas l’objet d’un clip (exception faite d’une lyric vidéo officielle).

La même année, le groupe signe Playground, l’hymne officiel des championnats du monde de hockey sur glace en Allemagne et en France. Une occasion pour Cascada de revenir sur le devant de la scène, qu’il ne fait hélas pas fructifier, faute de promotion adéquate (et ce malgré un live de Natalie lors de la cérémonie d’ouverture).

Un nouveau single, Back For Good, pointe le bout de son nez à l’été 2018. Mais les nombreux échecs commerciaux du groupe depuis son passage à l’Eurovision ont fragilisé sa situation. Bien que Cascada ait apporté des touches beaucoup plus actuelles à ses nouveaux sons, le succès n’est pas au rendez-vous, et le trio manque clairement de moyens pour assurer la promotion de leurs titres (dénués de vidéoclips), le support technique (le site internet n’est plus à jour), et la sortie d’un nouvel album. Cascada privilégié alors largement la scène en bookant de nombreuses dates à travers le monde, surfant sur la notoriété et le répertoire du groupe. Tandis que Natalie Horler est jurée d’un concours de chorales Der beste Chor im Western sur WDR.

Un remix d’Everytime We Touch, sorti la même année en collaboration avec Hardwell, permet de redonner un peu de souffle à la carrière groupe. Cascada semble d’ailleurs avoir une certaine appétence pour les sorties estivales, puisque Like the Way I Do est publié en août de l’année suivante. L’occasion pour Natalie, Yanou et Manian, de retrouver ici un petit succès, puisque le titre est classé dans les pays germanophones et au Chili, sans pour autant faire de merveilles.

2020 marque l’année pandémique, avec toutes les conséquences dont nous avons tou·tes fait l’épreuve (dont une contamination précoce à la covid-19 pour Natalie Horler). Cascada privilégie cette année-là les covers de certains de leurs titres, ainsi qu’une de I’m feeling it (in the air) de Sunset Bros et Mark McCabe, qui suscite la controverse et des accusations mutuelles de plagiat entre les artistes. Cela permettra toutefois au groupe de faire son retour sur les pistes des clubs. En parallèle, Natalie Horler se consacre davantage à ses sphère de vie personnelle et familiale, tandis que Cascada en profite pour réinvestir sur son activité (nouveau site internet, boutique de merchandising).

Le trio attend 2021 pour nous abreuver de deux nouveaux singles, One Last Dance (en collaboration avec Trans-X, présenté comme un revival des florissantes années eurodance du groupe) et Never Let Me Go (en collaboration avec Timmy Trumpet et Harris & Ford), sous un nouveau label, Spinnin Records. Deux titres qui passent inaperçus, le premier se contentant de deux petites semaines dans le top 100 des charts I Tunes britanniques.

Cette année, nous retrouverons Cascada sur les scènes des festivals et des clubs (qu’il n’a jamais quitté par ailleurs, hors contexte pandémique), puisque le groupe est engagé dans une tournée européenne, qui passera notamment par l’Espagne, l’Europe de l’Est, la Scandinavie, et bien évidemment le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Des centaines de millions d’écoutes en streaming et de vues sur YouTube. Un hit planétaire. Un nom connu et reconnu à l’international. Voilà ce qu’incarne Cascada aujourd’hui, près de dix ans après leur passage au concours, moins couronné de succès que prévu. Alors que le groupe commençait déjà à voir sa carrière s’essouffler à l’époque, sa participation à l’Eurovision 2013 lui a permis de retrouver le devant de la scène musicale quelques mois durant, sans que ce retour de médiatisation n’ait été fructifié par la suite (échec au concours oblige sans doute). Si depuis, le groupe allemand a essayé de multiplier les titres, jamais il n’a réussi à renouer avec son triomphe de l’ère Everytime We Touch, ou ne serait-ce qu’avec le succès tout court. Il n’en reste pas moins que, presque vingt ans après leur premier grand succès, les sept lettres du nom Cascada s’inscrivent aujourd’hui tant dans la légende de l’eurodance que parmi les incontournables des années 2000. Preuve en leur présence toujours d’actualité sur les scènes de l’Europe, voire du monde entier, grâce à une notoriété et un répertoire inscrits dans les mémoires collectives (notamment dans le milieu LGBTQIA+, où le groupe jouit d’une grande popularité).

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