Ici Davidna Lamburosco, votre maitresse de cérémonie. Celle-là même qui s’est enfuie d’une prison en Moldavie en plein confinement et qui avait emprunté son compte en banque à Dottore Rettore pendant sa villégiature à Sanremo. Et qui en est d’autant plus fière en cette suite et la fin des Moustaches 2023, aka la cérémonie la plus chaotique de tous les temps.

On avait beau m’avoir prévenue autant que France Télévisions aurait été prévenue de la personnalité de son eurodiva de l’année (Moustache d’honneur big up), je ne me doutais pas que ce rôle de maîtresse de cérémonie – bénévole de surcroît – me placerait encore plus dans le pétrin que le pétrin lui-même. Je vous passe les détails ou plutôt non : panne d’électricité en plein show, dégât des eaux dans ma loge, décor de fortune défoncé à la voiture bélier par Lolita Zero car, oui, Ain’t Nothing Stopping Us, Get Frightened. Oups, c’est Obvious.

De quoi retarder considérablement le bon déroulé de cette cérémonie des Moustaches, et me faire évacuer de la salle en tractopelle par de délurés croates, tandis que je m’apprêtais à annoncer les trois dernières catégories. La barbe, Astrolabe. 

(Traduisons-la : le site d’accueil des Moustaches a enchaîné les péripéties techniques et les sauts périlleux. Surtout quand on n’a pas le code d’alerte à activer pour faire travailler la magie).

Séquence et conséquences ? Report de quelques jours de la fin du scrutin – ce qui veut dire que vous pouvez continuer à voter dans les trois dernières catégories ouvertes au vote jusqu’au 15 janvier, mortecouille ! Elle est pô belle la vie, ch’Marleau ? Alors, Europe et reste du monde, et la Francophonie avant tout, êtes-vous prêts pour le show et rien que pour le show ?

3, 2, 1, Capucine, allons-yyyyyyyyyyyyyyy ! (aka Eliott le dragon)

Assurément l’une des catégories les plus prestigieuses de la cérémonie. Du genre meilleure performance pop de l’année aux Grammy Awards, mais dans le genre reines du drama (et pas du shopping, attention à la confusion, sinon Cristina – « oh la la ma chérie » – Cordula risquerait de nous intenter un procès aussi parodique que cette cérémonie). Mais aussi exaspérants soient-ils, que serait un euromonde digne de ce nom sans ses traditionnels eurodramas qui déchaînent tant et tant les passions ? Objectivement, rien, car l’adage est doublement connu : trop de calme tue le calme et, surtout, la vie n’a rien d’un long fleuve tranquille, Marielle. Oui, les eurodramas donnent un galbe unique à nos saisons eurovisionesques et c’est sans compter sur les auteurs et les actrices de ces dramas à faire pâlir jusqu’à la ministre Afida Turner elle-même. D’ailleurs, les nommés dans la catégorie sont (TA DA DAAAAAAAM) …

Le toz de La Zarra

Les commentaires sont-ils bien nécessaires ? Évidemment … que non. À moins qu’on ne dise finalement Noz ?

The Starlings, de bien mauvais perdants …

On rappelle l’histoire : pour le grand retour de sa sélection nationale l’Eurosong, la VRT dégaine The Starlings, alias Tom Dice, représentant du pays à l’Eurovisionn 2010 et Kato. Un duo dont la popularité en Flandres et parmi les eurofans le plaçait d’office dans un duel annoncé des grands favoris avec Chérine. Mais si le public a, comme prévu, placé notre eurostar et sa camarade (et épouse) en tête, le jury en décida autrement et relégua le duo au 5ème rang de son classement. Total : The Starlings finirent deuxième de la sélection pour un seul point derrière Gustaph. Non seulement de quoi susciter le premier eurodrama de la saison, et surtout faire s’étendre le duo dans la presse dès le lendemain, critiquant ouvertement la délibération du jury à son encontre et déclarant ne vouloir revenir à l’Eurovision que dans le cadre d’une sélection interne. Bons perdants, vous dites ?

L’affaire Melissa Mantzoukis

Vous connaissez le principe de la sélection nationale en interne ? Voilà un concept développé par l’ERT (avec la réussite que l’on sait). À savoir la désignation du représentant à l’Eurovision en interne, mais via un vote combiné entre un comité d’experts et un jury démoscopique de 70 membres. A ce jeu-là – qui vit s’opposer trois candidats en finale – c’est Victor Vernicos qui s’est imposé. C’était sans compter sur sa poursuivante immédiate, Melissa Mantzoukis, qui décida de contester les votes en justice par l’intermédiaire de son avocat. La raison ? Arrivée large première du vote du public, l’artiste est arrivée large dernière du vote du jury, qui lui aurait attribué un nombre de points inférieur au minimum possible selon les calculs de l’avocat. Sa demande ? Être reconnue comme la vraie gagnante de la sélection (loupé) et 160 000€ de dommages et intérêts. Si l’affaire est en cours aux dernières nouvelles, pas dit que son chef d’œuvre LIAR aurait fait bien mieux à Liverpool nonobstant …

Bianco destructeur de scène

Si l’on savait Bianco capable de bouleverser l’Italie et l’Europe entière avec la pureté et la splendeur d’un Brividi partagé avec Mahmood (et depuis devenu un eurotube), on l’imaginait moins capable de bouleverser une scénographie au sens propre du terme. Et c’est parti pour une opération destruction en bonne et due forme pendant l’entracte de Sanremo – tant pis pour les techniciens et les paysagistes qui se sont emmerdés à construire un beau décor au moins aussi verdoyant que la green room du Pala Olimpico pendant le monologue d’Amadeus. De quoi faire vertement réagir le public bouillonnant de l’Ariston, qui alpagua notre eurostar décidément pleine d’aplomb à coups de huées et d’invectives, tandis qu’Amadeus essayait de décrypter la situation avec le principal intéressé … 

Dion Cooper et Mia Nicolai

Qu’ajouter qui n’ait pas été dit quant à l’aventure du duo néerlandais, promise au rêve finalement viré au cauchemar. Des euro-parties foireuses à l’incendie médiatique, en passant par Jan Smit qui claque la porte du comité de sélection quelques semaines avant l’Eurovision, il y en a pour tous les goûts dans le menu batave pour l’Eurovision 2023. Et la musique dans tout ça ? Demandez à Duncan Laurence ce qu’il en pense …

La sélection polonaise

Décidée à surfer sur son retour en grâce eurovisionesque, la Pologne a beau avoir dégainé une nouvelle fois sa sélection nationale, l’affaire semblait déjà entendue aux yeux des eurofans. Le destin du gladiateur Jann était tout tracé, destination l’arène de Liverpool et objectif top 10. S’il ne faisait également aucun doute pour le public local, c’était sans compter sur le jury qui, de manière tout à fait obscure, précipita la chute de l’eurostar et offrit une victoire inattendue à Blanka, dont la prestation ne fut qu’un océan de faussetés … enfin du moins quand elle chantait solo et qu’elle chantait tout court. Drama dans l’euromonde, et scandale en Pologne, où beaucoup crièrent au trucage de la sélection et à la corruption (qui plus est vu les liens de l’artiste avec certains jurés) … à tel point que même OGAE et les euro médias rédigèrent une tribune !

(Des boules Quiès sont par ailleurs disponibles à l’accueil pour le confort de tous)

Aidan disqualifié du MESC

Eurostar avant l’heure, Aidan avait vu Turin lui passer de justesse sous le nez malgré un Ritmu qui avait séduit les eurofans et aurait largement pu aller en finale, contrairement à Emma Muscat et à sa soupe. Pas rancunier pour un sou, c’est ainsi que le jeune maltais s’avançait une nouvelle fois comme l’un des grands favoris à la victoire dans un Malta Eurovision Song Contest chaque année d’encore plus faible allure qu’il n’est de plus en plus long. Mais une Regina ne fait pas un roi, et tadam, coup de théâtre ! TVM annonce la disqualification d’Aidan pour non-respect du règlement, qui interdisait aux artistes de faire leur propre promotion sur leurs réseaux sociaux avant les lives. Une justification d’autant plus tangente que certains concurrents ne semblaient pas s’être davantage privés que cela, tandis qu’Aidan manqua de peu la riposte judiciaire …

Crystal Ball

Who The Hell is Crystal Ball ? Telle est la question qu’auraient pu poser Teya & Salena dans une parodie de leur eurotube 2023, et que l’euromonde tout entier s’est posé des semaines durant, à commencer par l’UER, plus agitée par la peur que jamais devant l’enchaînement des révélations. C’est bien simple : aucune sélection – surtout les plus emblématiques – n’a échappé aux révélations avant l’heure de notre mystérieuse boule de cristal. Le procédé a de quoi interroger (connaissant d’autant plus le boulot des équipes de sélection) – même s’il nous a permis de rédiger quelques articles en avance -, mais l’eurobuzz a eu au moins le mérite de donner encore plus de piment au quotidien de l’Eurovision et des eurofans. Jusqu’à la disparition tout aussi mystère que son apparition d’une Crystall Ball quasi devenue mascotte de l’édition …

Ça vous dit de passer à la prochaine catégorie avant que cela ne refroidisse davantage que le congélateur extérieur qu’est la France aujourd’hui ? Let’s Go, Dorito.

Car oui, une saison Eurovision qui se doit d’être digne de ce nom, ce sont aussi des tonnes et des tonnes et des tonnes d’euroclichés dont certains aspirants eurostars et télédiffuseurs se plaisent à nous abreuver, pensant non sans sincérité être dans le meilleur de leur bon goût, ce qui n’est souvent pas le cas au final. En l’espèce, nos huit nommés dans la catégorie n’ont pas démérité, en dépit là aussi d’un adage connu, incontournable et magistral : ce n’est pas parce qu’une recette a fonctionné une fois à l’Eurovision qu’elle y fonctionnera une deuxième. Surtout si la pâle tentative de copie est à des stratosphères inférieures du modèle dans le genre. Les nommés dans la catégorie sont donc, force et courage …

Melodies of Hope – Patty Gurdy 

Mélodie de l’espoir = Mélodie du bonheur ? Pas si vite ma chère Patty. Parce qu’en 2023, ce n’est pas en débarquant avec une tarte à la crème de clichés eurovisionesques qu’on devient prophétesse en son pays, et ce malgré le soutien des eurofans. Comme quoi, la vielle à roue ne garantit pas le même effet que le violon. Sans parler de la prestation vocale …

(On nous signale dans la rédaction que certains ne sont pas d’accord. Tant pis pour eux, ici, c’est Davidna qui décide).

Sparnai – Il senso

L’opéra et l’Eurovision, c’est une grande histoire. D’Alenka Gotar à Elina Nechaeva, en passant bien entendu par Cezar Ouatu et Il Volo, nombreux ont été les artistes à se tenter au style pour le meilleur, mais aussi pour le pire (vous savez, les 3+2 papillons biélorusses et les robes à ailes …). Depuis, à chaque sélection son numéro du genre et c’est la Lituanie qui s’y collait cette année avec le très kitsch quatuor Sparnai, qui même à atteindre la finale contre toute attente …

I Was Gonna Marry Him – Eyjaa

Jadis valeur sûre de l’Eurovision avec ses 3 victoires et ses nombreux top 10, le Danemark semble désormais faire acte de présence depuis que Copenhague 2014 a laissé le télédiffuseur sur la paille. Logique alors que les eurofans s’enthousiasment pour l’euro cliché qu’il leur reste là où tout le reste n’est que fadeur. Dans la catégorie, je demande ainsi deux jumelles (coucou les Twiiins), chacune vêtue de sa robe de mariée (coucou Krista) et une ballade pop très formatée scandinave avec deux trois sifflements en guise de choeurs. 

Try To Be Better – Fabrizio Faniello

Dans les eurostars des eurostars, je demande Fabrizio Faniello. Star de son pays, le chanteur a déjà porté par deux fois les couleurs maltais au concours, pour le top (2001) mais aussi le flop (2006). Pas de quoi décourager notre homme de retenter ad vitam eternam sa chance au Malta Eurovision Song Contest … Mais l’a t-on prévenu que Liverpool était en 2023 et que les standards europop des années 2000 étaient depuis dépassés ?

Indescribable – Chris Grech

Le propre de l’histoire, c’est que les choses changent, et il en est ainsi de l’Eurovision, dont l’évolution musicale fut spectaculaire ces deux dernières décennies. Toutefois, certains pays semblent y être inexplicablement passés à côté et il en est ainsi de Malte, dont la sélection regorge de clichés et standards dépassés. Ce n’est pas le pauvre Chris Grech qui dira le contraire, avec son indescriptible titre tout droit hérité des années 90 …

Never Give Up – Maria Sur

Dans la catégorie ballade pop sirupeuse pétrie de clichés, voici “Never Give Up”, chef d’œuvre en la matière signé Laurell Barker (décidément peu en verve cette saison)  et Anderz Wrethov. Si la jeune Maria Sur a touché la Suède de par son histoire et si elle est loin d’avoir démérité sur scène, ce n’est pas avec des paroles aussi tartes à la crème du style “Quand je reste sous la pluie, personne ne va me sauver de la peine, je n’abandonnerai jamais, jamais” qu’on … Bon, déso pas déso Maria, mais tu vas devoir rester sous la pluie, comme tout le monde.

Fuego – Alejandro Fuentes

Depuis Lisbonne 2018, toustes veulent leur Fuego, celui-là même qui les fera enflammer la scène de l’Eurovision. Cette année, c’est Alejandro Fuentes qui s’est risqué à l’exercice de style avec un titre pop-latino dans la pure veine d’Alvara Estrella et l’avalanche de decorum qui va avec : le bar cubain, les musicos qui font semblant de jouer, les danseuses, le tête-à-tête caliente façon Chanelazo, la scène en feu, la choré, le “Ale-ale-jandro FUEEEEENTES”  … Sauf que n’est pas Eleni Foureira qui veut, mi bé-bé-bé.

(Accesoirement de quoi inspirer Petra et Mans pour un Love Love, Peace Peace version 2023)

Unicorn Vibes – Merlyn

Les vibes de la licorne en mode pseudo-pop urbaine et déluge de roge.

Not at all. I am not agree. At all. Et n’est pas la mythique Sofi Marinova qui veut.

À VOS VOTES

Compte-tenu des aventures qui ont affecté le bon déroulé de la cérémonie des Moustaches, le vote dans les deux catégories est ouvert jusqu’au lundi 15 janvier, 23h59, et pas une minute de plus. Qui seront vos lauréats pour la Moustache de l’évi-drama et pour la Moustache de l’eurocliché ? Europe, commence à voter maintenant !

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Votez nombreux, votez bien, et surtout, à demain, comme bien, pour l’ULTIME catégorie de ces Moustaches 2023 (avant la grande cérémonie de révélation des lauréats de la semaine prochaine). Namasté.