Et on continue notre aventure ! Et pour la 4ème année consécutive, ce sont 4 artistes qui se partagent la lanterne écarlate ! Et nous commençons cet épisode avec…
Conchita Bautista
María de la Concepción Bautista Fernández est née le 27 octobre 1936 à Séville. Deuxième d’une famille de 5 enfants, elle est très tôt attirée par le monde artistique puisqu’à l’age de 7 ans elle monte sur la scène d’une foire à Alicante pour y danser. A l’adolescence elle décide de partir pour la capitale, Madrid. Et assez vite, on peut la voir dans nombres de films dont le plus connu est La belle de Cadix avec Luis Mariano. A la même période, elle se fait connaitre en tant que chanteuse de folklore andalou et signe un contrat avec Columbia Espana.
Et l’Eurovision dans tout ça ?
En 1961, l’Espagne décide de se lancer dans la grande aventure de l’Eurovision. Pour cela TVE organise une selection dans les studios de la Radio Nacional de Espana à Barcelone. Dans les rangs des candidats on y trouve Victor Balaguer (une de nos lanternes de 1962). Mais c’est Conchita qui part vers Cannes avec Estando contigo (être avec toi). Et c’est elle qui ouvrira la finale européenne. Résultat : 9 place sur 16 et 8 points. Peut mieux faire…
4 ans plus tard, Conchita se demande si elle ne retournerait pas au concours. Ça tombe bien, TVE -au moyen de l’émission de variété Gran Parada (un peu notre Ring Parade ou le Palmarès de la chanson à nous) pour les éliminatoires, puis de la finale Préseleccion de Eurovision 1965- cherche le ou la candidate idéale. Et il y a du beau monde car dans la liste des finaliste, se trouve Raphael (candidat espagnol l’année suivante et en 1967) et Jaime Morey (représentant en 1972). Mais c’est bien Conchita qui décroche le ticket qui la mènera à Naples. Le soir du 20 mars 1965, la jeune sévillane passe après une des favorites, l’anglaise Kathy Kirby. Cela lui a-t-il été préjudiciable ? Dans tous les cas, et pour la deuxième fois en 4 éditions, nos voisins pyrénéens finissent à la dernière place avec un 0+0 la tête à Toto. Dur..
Et après l’Eurovision ?
Malgré cette peu flatteuse place, Conchita continue sa carrière aussi bien au cinéma (jusqu’en 1971) et dans le monde de la musique (dernier album en 1988). Elle devient aussi animatrice télé. En 1975, un terrible drame survient dans sa vie : sa fille Maria meurt d’une tumeur au cerveau. Elle trouve la force de continuer sa vie professionnelle en se produisant dans le monde entier (Grèce, Turquie, Italie, Amérique Latine). Tournées qui furent des succès.
En octobre prochain, Conchita fêtera ses 87 ans.
Pour accompagner notre volcanique espagnole à la dernière place, on peut compter sur…
Ulla Wiesner
Ulla Wiesner est née le 12 décembre 1940 à Werl en Rhénanie du Nord-Westphalie. Peu de choses ne sont parvenues de son enfance mais on sait qu’elle a commencé sa carrière en 1960, tout d’abord en tant que choriste dans l’ensemble Botho Lucas, chœur qui a eu du succès dans les années 60 et 70 puis dans une autre chorale dirigée par Gunter Kallmann. En 1964, elle sort enfin ces 1ers titres en solo. Quand se profile 1965…
Et l’Eurovision dans tout ça ?
Et plus précisément le 27 février, date de la selection allemande Ein lied für Neapel (une chanson pour Naples). A Hambourg dans les studios de la NDR, Ulla écrase la concurrence. En effet Paradies, wo bist du (Paradis où es-tu?) est la chanson favorite de 8 jurés sur 11. Mais quelques semaines plus tard en Italie, c’est une autre histoire qui se déroule. Ulla ne récolte aucun point. C’est la deuxième année d’affilée que l’Allemagne fait chou blanc (ce ne sera pas la dernière).
Et après l’Eurovision ?
Cette dernière place met un coup de frein dans la carrière d’Ulla. Elle sort quelques singles qui n’ont pas de succès. Elle réintegre (et ce pendant 30 ans) le chœur Botho Lucas, ensemble qui fit les beaux jours de la télévision allemande. Elle devient ensuite une des choristes de studios les plus demandées dans son pays et intégrera à l’occasion quelques orchestres.
Coté vie privée, elle a eu 2 garçons avec le réalisateur Alexander Arnz, qu’elle épouse en 1999. Elle devient veuve en 2004. Au mois de décembre prochain Ulla fêtera ses 83 ans.
On en a pas fini avec l’année 1965… Non mais ! On continue notre route vers la Belgique !
Lize Marke
Liliane Couke dit Lize Marke est née en 1936 comme Conchita Bautista mais le 1er décembre à Danderleeuw ville neerlandophone au centre de la Belgique. Tout comme Ulla Wiesner, nous ne savons pas grand chose de sa jeunesse. Lize a commencé sa carrière professionnelle en 1962.
Et l’Eurovision dans tout ça ?
L’aventure eurovisionnesque de Lize ne commence pas en 1965 mais bien en 1963 quand elle propose deux chansons à la sélection belge (flamande car les années impaires était dévolues à celle-ci). Mais Saksisch porselein (porcelaine de Saxe) finira 4ème. Quant à Luister naar de wind (écoute le vent), elle se fera battre de 3 petits points par Jacques Raymond et son Waarom (Pourquoi) qui eux, partiront pour Londres. Qu’à cela ne tienne, les dirigeants de la BRT (chaine publique belge de langue flamande) la choisissent en interne deux ans plus tard mais… En proposant une émission où notre jeune chanteuse interprète 5 titres. Et c’est Als het weer lente is (Quand c’est à nouveau le printemps) qui décroche le ticket pour Naples. Alors oui le 20 mars c’est effectivement le printemps mais pas pour Lize qui affronte des températures de 0°. 0 le nombre de points avec lequel, elle repartira de Naples.
Et après l’Eurovision ?
La même année, Lize présente sa propre émission de télévision sur la chaîne belge BRT (qui ne lui en veut donc pas). Par la suite, sa carrière est devenue plus calme, bien qu’elle ait continué à sortir des disques et à se produire en direct dans les médias jusqu’au milieu des années 1970. Un CD de compilation de ses enregistrements a été publié en 2002. Depuis quelques années, elle est chef du Chœur de la cathédrale d’Okra Sint-Rombouts à Malines dans la province d’Anvers. Elle peut ainsi s’adonner pleinement à la musique religieuse et aux belles pièces classiques.
En décembre, Lize fêtera ses 87 ans.
Et on finit la semaine avec le seul homme-lanterne rouge de cette édition. Et c’est…
Viktor Klimenko
Viktor Savvič Klimenko est né le 24 novembre 1942 Svetnavalka, à l’époque en URSS, aujourd’hui Pyhäniemi. D’origine cosaque par son père (il en fera son pseudonyme « Le cosaque chantant ») et russe par sa mère, il s’installe définitivement avec sa famille en Finlande quelques années après sa naissance. Si il est d’abord tenté par une carrière dans la communication et la publicité, c’est pourtant vers une carrière artistique qu’il se tourne. Il étudie ainsi le chant, la danse et le théâtre. Bref, un enseignement complet. En 1962, il signe son 1er contrat avec la maison de disque finlandaise Musiikki Faser. Si son premier 45 tours ne fonctionne pas, le suivant, une reprise de « Everybody loves somebody » de Dean Martin est un véritable carton. Quand arrive le Euroviisut (l’ancêtre de l’UMK) 1965.
Et l’Eurovision dans tout ça ?
Le soir du 13 février, six chansons se présentent dans les studios de la chaine YLE. Et si en nombre de points, c’est la chanteuse Marjatta Leppänen qui est en 1ère place, c’est pourtant Viktor qui a le droit de partir pour Naples. Pourquoi ? Parce que les deux jurys n’ont pas réussi à s’entendre. L’un (les jurys régionaux) préfère la chanson de Marjatta. L’autre (le jury nordique) préfère Viktor. Et c’est finalement les pontes de YLE qui trancheront en faveur de ce dernier. Un mois plus tard sous des températures bien plus chaudes qu’à Helsinki, Viktor et son titre Aurinko laskee länteen (Le soleil se couche à l’ouest) montent sur la scène du siège de la RAI juste après… France Gall ! A-t-il été éclipsé par l’énergique chanson luxembourgeoise (et future gagnante de cette édition) ? Peut-être. Voilà que notre sémillant cosaque repart bredouille vers ses froides contrées.
Et après l’Eurovision ?
En voilà un que sa dernière place n’a pas démotivé car Viktor se relance dans l’aventure de la selection finlandaise dès l’année suivante en prenant la 3ème place en finale. Puis de nouveau en 1969 avec encore une 3ème place. En 1972 avec une sixième place (son plus mauvais score en sélection). Et enfin une dernière 3ème place en 1977. Entre temps, il s’essaie au théâtre et au cinéma. En 1970, sort un album de chansons russes et c’est un véritable carton en Finlande. Le disque reste dans le top 10 pendant 2 ans. Ses 2 albums suivants sont certifiés disques d’Or. Dans les années 80 ses disques suivent le tournant qu’a pris sa vie. Devenu croyant, il sort des titres au thème spirituel. Et le public continue de le suivre. D’autres (nombreux) CD suivront jusqu’en 2006.
Viktor a obtenu définitivement la nationalité finlandaise en 1973. Il fêtera ses 81 ans en novembre.
Rendez-vous la semaine prochaine avec un artiste dont un des titres a fait le tour du monde !
Crédit photo : Rémi pour l’EAQ
Crédit vidéo : Chaines Youtube de : ESC56-73 /Georgios Symeonidis
Décidément, quelle rubrique passionnante Lolotte. Référencée, respectueuse, très informative. Bravo !
Et bravo à ces valeureux candidats malheureux qui ont poursuivi leur passion. Heureux de savoir qu’ils sont tous encore en vie !
Alors comme pour tout Concours, j’ai des regrets : pas trop pour la Finlande ni la Belgique que je n’ai guère appréciées cette année-là, plus pour l’Espagne mais surtout pour l’Allemagne qui méritait grandement un Top 10 !
À la semaine prochaine !
Merci Phileurophage pour ce message qui illumine ma journée. J’en rougis !
Il est vrai que pour cette-désormais lointaine, il faut bien le dire- édition, 9 participants sur 18 sont encore de ce monde y compris le représentant français Guy Mardel (qui a l’honneur d’apparaitre sur la célèbre « photo du siècle » de Jean-Marie Périer).
J’apprécie la deuxième tentative de Conchita Bautista (meilleure que sa première même si les deux titres se ressemblent) et il est vrai que l’Allemagne méritait un meilleur sort.
A la semaine prochaine !
À la semaine prochaine avec grande impatience ! Avec une légende italienne dont je n’ai pas apprécié du tout son titre mais avec la merveilleuse monégasque d’un soir dont je chante encore son morceau qui est un must bien mal récompensé.
Ne rougis pas, non ne rougis pas Lolotte, comme chanterait notre Eurostar jeune marié, tu as, tu as toujours une rubrique précieuse et de jolis yeux j’en suis sûr !
Conchita BAUTISTA : Je préfère sa chanson de 1961. N’oublions pas que JEAN-CLAUDE avait repris la chanson de Nora BROCKSTEDT en plus de remporter la victoire. Pour 1965, j’éclate de rire. Elle chante « Que bueno, que bueno » devant des micros qui ressemblent à des bâtonnets de glace.
Ulla WIESNER : Deux ans plus tard, CHARLES AZNAVOUR qui avait collaboré avec Robert GALL, le père de France pour « LA MAMMA » a épousé une autre Ulla. Elle ne méritait pas sa place. Il faudrait éviter de parler de paradis à l’Eurovision, voir ce qui est arrivé à Jonsi pour le jeu estival de ZIPO.
Lize MARKE : Heureusement qu’on a des chansons joyeuses sur le printemps comme ceux évoqués par Michel FUGAIN et le Big Bazar d’une part, PIERRE PERRET de l’autre. Ma chanson préférée sur le printemps à l’Eurovision juste précédant notre jeune marié à 94 ans Hugues AUFRAY, c’est Jon LILYGREEN and The Islanders. Chanson très languissante de Lize.
Viktor KLIMENKO : Chanson trop linéaire. En effet, il pâtit de l’ordre de passage. Merci pour la phrase marquée en dessous de la photo, j’en connais un sportif qui brille ardemment avec lui aussi son joli collier de barbe.
Je crois que je deviens accro à ta chronique, tant elle est très bien structurée, informative et complète.
1966 tu parles d’un italien qui n’aurait pas dû revenir ? C’est aussi l’année de naissance de ma soeur et d’un feuilleton qui pour moi est le meilleur feuilleton de la décennie, suspense pour le lien.
Merci pour ton compliment Pauline ! Cela me touche sincèrement !
… Bien vu pour l’épisode de la semaine prochaine !
Par contre, j’adore l’histoire de la télévision française mais là pour le feuilleton, je sèche ! Je pensais à Belphégor (que j’ai-enfin-regardé garce à Madelen, le service de streaming de l’INA) mais la série a été diffusée en 1965 !
Je ne pensais pas du tout à Belphégor. Mais pour moi, le second meilleur feuilleton datait de 1965, il s’agissait de https://youtu.be/1U246_KP2iA?si=ICSDvGXfYoK83uwx dont j’ai pu voir les premiers épisodes sur Télé Mélody.
Ah les Saintes Chéries ! je vais avoir le générique dans la tête maintenant ! ^^
– Je confirme : cette rubrique très documentée et très instructive à lire est d’excellente qualité. Tout le mérite te revient Lolotte.
– Concernant les 4 lanternes rouges de 1965, cette fois-ci, je suis d’accord à 75% : seule l’Allemagne aurait mérité un peu plus d’égard à son encontre mais pour les trois autres, la lanterne rouge n’est pas du tout imméritée.
Merci Zipo, notre maître des jeux !
Lolotte
J’ai la tristesse de déclarer que la créatrice du meilleur feuilleton de l’année 1966 a rejoint son coauteur de mari et acteur dans ce feuilleton. Ils sont réunis au paradis, lui depuis le 3 février, elle depuis hier. Toutes mes pensées à François, Catherine et Nicolas, leurs enfants. D’ailleurs, François est également réalisateur de téléfilms. RIP
De toutes ces chansons, il n’ y en a qu’ une que j’ ai classée dans mon top 10: la Finlande avec 5 points. Tous ces pays obtenaient leur 2ème zéro pointé (1962 pour l’ Espagne et la Belgique, 1963 pour la Finlande et 1964 pour l’ Allemagne, 2 de suite). Ils auront tous d’ autres dernières places mais pas de zéro pointé pour la Belgique.
Pour 1966, ce sera l’ Italie et Monaco pas limitrophes mais distants d’ une dizaine de kilomètres. Il faut traverser la France qui n’ a eu qu’ un seul point qu’ elle doit à Monaco, plus précisément Menton. Pour un fan de l’ eurovision, il ne fallait pas vivre dans cette ville en 1966.
Merci Fabien pour ce commentaire !
On va juste ne pas révéler les lanternes de mercredi pour celles et ceux qui veulent un peu de suspens !
Excuse-moi Lolotte de dévoiler ces informations.
J’ espère de pas remuer le couteau dans la plaie aux fans vivant à Menton actuellement ou qui y ont vécu en 1966.