Cette semaine, mesdames et messieurs, je vous offre, non pas 1 lanterne, non pas 2 lanternes mais bien 4 lanternes rouges ! Et vous verrez que cela s’est reproduit plus d’un fois ! Et le « premier-dernier » est…

Fud Leclerc

Fud Leclerc – de son vrai nom Fernand Urbain Dominic Leclercq – naît en 1924 à Montluçon, en Auvergne, bien qu’il soit de nationalité belge. Très tôt intéressé par la musique, le jeune homme entreprend de devenir pianiste, ce qui lui permet d’accompagner de nombreux artistes, dont la célèbre Juliette Gréco.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Fud peut être considéré comme un vrai stakhanoviste de l’Eurovision. En effet il a participé au concours 4 fois entre 1956 et 1962 (soit les années ou c’était à la télévision belge francophone de concourir). Un record pour un artiste solo masculin !

En 1956 c’est avec le titre Messieurs les noyés de la Seine qu’il devient le 1er représentant belge. Comme vous le savez déjà, on ne connait pas le classement finale de cette 1ère édition.

2 ans plus tard, on le retrouve à Hilversum avec une honorable 5ème place (sur 10) et 8 points avec la chanson Ma petite chatte.

En 1960, Fud Leclerc participe à deux sélections nationales: celle pour la Belgique, bien sûr, mais aussi celle organisée par la Suisse. Bien qu’il y présente trois chansons (Attrap’ ça, La java sans tralala et Chin chin), il doit s’incliner devant Anita Traversi. Peu importe, d’ailleurs, puisqu’il a remporté un mois plus tôt son ticket pour Londres avec Mon amour pour toi, qui sera donc son troisième essai consécutif. Le titre termine à nouveau en milieu de tableau. 6ème sur 13 et 9 points mais devient son meilleur classement. Car en 1962…

… 1962 marquera la dernière apparition de Fud au concours. Et avec un terrible désaveu, son titre Ton nom (ainsi que d’autres titres comme vous le verrez) obtient 0 point (i’m sorry). C’est la première fois que le pays repart les poches vides (ça ne sera pas la dernière).

Quand Ton nom devient ton… NON !

Et après l’Eurovision ?

Après quelques enregistrements qui ne trouveront pas le succès, Fud décide de ne se consacrer qu’à l’accompagnement musical, au piano principalement. Quelques temps plus tard, après avoir voyagé dans de nombreux pays et las de l’industrie musicale, il change complètement de voie en devenant entrepreneur en bâtiment.

Il meurt le 20 septembre 2010 dans la région de Bruxelles, complètement oublié du monde de la musique.

Dans son malheur luxembourgeois, Fud fut tout de même fort bien accompagné. Notre deuxième lanterne est..

Victor Balaguer

Víctor Balaguer naît à Barcelone le 16 avril 1921. Dans sa jeunesse il fut un habitué des festivals dans lesquels il chantait en espagnol ou en catalan, sa langue natale. Son genre de prédilection était la zarzuela (non, pas la recette à base de poissons !), un genre de chanson que l’on peut comparer à celui de l’opérette style Luis Mariano.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Victor fait une première tentative pour représenter son pays en 1961 (qui fut la 1ère apparition de l’Espagne au concours). Mais lors de la selection nationale il s’incline devant Conchita Bautista pour un tout petit point.

Mais Víctor Balaguer ne s’avoue pas vaincu. L’année suivante, il présente deux titres à la sélection nationale espagnole. Et c’est Llámame (appelle-moi) qui l’emporte et lui permet de fouler le sol de la Villa Louvigny (siège de RTL). Sauf que… Le charme ibérique ne convainc personne et Victor repart immédiatement vers Barcelone.

Le soir du 18 mars 1962, personne ne l’a appelé !

Et après l’Eurovision ?

Suite à ce cuisant échec, Víctor Balaguer sort encore quelques titres dont un qui s’intitule Paris te amo (Paris je t’aime). Quelque temps plus tard, il décide qu’il ne chantera pratiquement plus qu’en catalan, ce qui lui fermera forcément les portes d’une carrière nationale, voire internationale puisque le régime franquiste prohibe l’usage de cette langue régionale. Et c’est dans une indifférence quasi générale qu’il décède à Barcelone le 17 avril 1984 d’un cancer colorectal.

Attendez, ATTENDEZ…

Il reste encore 2 lanternes rouge ! Et voici la 3ème :

Eleonore Schwarz

Voici une chanteuse dont on ne sait pas grand chose. Son portrait sera donc succinct et j’en suis désolée !

Eleonore Schwarz est née en 1936 à Vienne. Les plus grands faits de sa carrière se situent entre les années 60 et 70. Son genre de prédilection était l’opérette (décidément très en vogue chez nos lanternes).

Et l’Eurovision dans tout ça ?

En 1962 Eleonore est choisie par l’ORF pour représenter l’Autriche. L’auteur-compositeur Bruno Uher décide d’écrire une chanson en hommage à Vienne. Nur in der Wiener Luft (seulement dans l’air de Vienne) nous décrit donc les monuments de la capitale autrichienne tels que : l’Opéra de Vienne, la cathédrale Saint-Étienne, le Rathausmann (statue qui trône au sommet de l’hôtel de ville viennois). Des mentions sur Johann Strauss et la valse sont aussi faites. Mais hélas ce guide touristique en musique ne fonctionne pas et Eleonore quitte le Grand Duché avec un Null point.

Le guide du routard en chanson

Et après l’Eurovision ?

Malgré cette dernière place, la chanson sort en format 45 tours. Mais elle n’aura pas plus de succès que lors du concours. Depuis lors, Eleonore n’a plus enregistré de titres et nous n’avons plus aucunes nouvelles d’elle. Elle aurait à ce jour, 87 ans.

Nous arrivons -enfin- aux derniers lanternes rouges. Derniers car il s’agit d’un duo. Et ce sont…

De Spelbrekers

Huug Kok naît à Rotterdam le 19 février 1918. Theo Rekkers, quant à lui, voit le jour le 24 avril 1924 à Valburg, une petite ville de la province de Gueldre située à l’est des pays-Bas. Ils se rencontrent en 1943 dans une usine de munitions de Brême, alors que tous deux sont incorporés dans le service de travail obligatoire mis en place par l’Allemagne nazie. Lorsqu’ils sont envoyés aux Pays-Bas pour choisir des costumes pour un spectacle de cabaret, ils en profitent pour s’évader et se cachent jusqu’à la fin de la guerre. A la libération, ils décident de former un duo musical, De Spelbrekers. Après des débuts un peu laborieux, ils enregistrent leur premier disque en 1950, bientôt suivi par d’autres dont le plus célèbre, Oh wat ben je mooi (Oh comme tu es belle), atteint la 5° place des charts néerlandais en juin et juillet 1956.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Six ans plus tard, ils participent à la sélection nationale néerlandaise afin de partir vers le Luxembourg, Ils remportent la victoire et s’envolent donc pour le Grand-Duché. Mais sur place, Katinka ne récolte aucun point, Une sacrée douche froide pour les Pays-Bas qui étaient, avec la France, le pays le plus titré.

Et après l’Eurovision ?

L’échec à Luxembourg ne freine toutefois pas la carrière du duo, d’autant que Katinka marche très bien aux Pays-Bas. De Spelbrekers continue donc sa carrière, même s’il faut reconnaître que les succès sont moins marquants au fur et à mesure des années. Leurs ventes de disques déclinant irrésistiblement, ils se décident au milieu des années 1970 à abandonner la chanson pour se consacrer à la production d’autres artistes locaux, comme Saskia et Serge ou Ben Cramer, futurs candidats néerlandais aux Concours 1971 et 1973.

Huug Kok décède le 27 octobre 2011 à l’age de 93 ans. Theo Rekkers meurt quatre jours avant son 88° anniversaire, le 20 avril 2012.

Rendez-vous la semaine prochaine… Et il y aura encore du monde !

Crédits photo : Rémi pour l’EAQ.

Vidéos : chaine Youtube de Georgios Symeonidis