Si la rumeur devenait réalité, ce serait un séisme de l’autre côté des Alpes. Si la RAI venait à perdre ses droits sur Sanremo, elle envisagerait la création d’un nouveau festival et une autre méthode de sélection du représentant italien à l’Eurovision.
Retour aux sources. Plus tôt dans l’hiver, la Municipalité de Sanremo s’est vu contrainte par le tribunal régional de Ligurie de mettre un terme à l’attribution directe des droits d’organisation et de diffusion du Festival de Sanremo (dont elle est propriétaire de la marque) à la RAI, comme c’était le cas jusqu’alors pour la modique somme annuelle de 5 millions d’euros. Si la décision du tribunal régional fait l’objet d’un recours auprès du Conseil d’Etat italien, les chances qu’il aboutisse sont minces, pour ne pas dire inexistantes.
A compter de la prochaine édition, la Ville de Sanremo devra soumettre l’attribution des droits à un appel d’offres, dont la base des enchères est fixée à 6,5 millions d’euros (en hausse de 30%), avec l’obligation d’émettre 4 programmes télévisés depuis Sanremo et d’assurer toutes les dépenses liées à l’organisation, en complément du festival. Ne pourront soumettre leur candidature à la procédure d’attribution que les opérateurs de services de médias audiovisuels diffusés gratuitement à l’échelle nationale, propriétaires d’une chaîne généraliste nationale et ayant démontré leur capacité à organiser des événements d’une importance particulière. En outre, le partenaire désigné devra reverser au moins 1% des revenus publicitaires à la municipalité et garantir un projet artistique de qualité en cohérence avec la tradition du festival et la capacité de valoriser l’événement et le territoire. L’appel d’offres concerne à ce jour les éditions 2026 à 2028, avec un possible renouvellement de deux ans.
Autrement dit : la RAI – déjà en difficulté – pourrait se voir priver de la prestigieuse marque Sanremo (et de l’impressionnante manne financière qui va avec) au profit d’un concurrent (même si Mediaset, principal opérateur télévisuel privé, ne semblait pas intéressé en décembre dernier). Par ailleurs, si elle venait à perdre les droits de diffusion et d’organisation du festival, ce dernier ne pourrait plus être utilisé – de surcroît – pour la sélection du représentant italien à l’Eurovision, le télédiffuseur du concours devant être public et membre de l’UER.
Selon la presse transalpine, la RAI réfléchirait ainsi actuellement à un plan B : l’organisation d’un nouveau festival, qui serait également utilisé en guise de sélection nationale pour l’Eurovision. Si les détails demeurent incertains, plusieurs hypothèses sont avancées. Au-delà d’un évident changement de nom – droits d’auteur oblige -, le festival devrait se dérouler dans une autre ville disposant des infrastructures nécessaires, dont le choix dépendrait également de l’accord d’organisation proposé par la municipalité d’accueil. L’une des pistes évoquées est celle de Turin, qui avait accueilli l’Eurovision en 2022, pour le grand retour du concours sur le sol italien après 31 ans d’absence. Dans tous les cas, la RAI viserait un accord d’organisation sur le long terme et inattaquable afin d’éviter que ne se reproduise ce qu’il se passe actuellement avec la Municipalité de Sanremo.
Néanmoins, la RAI se projette pour le moment avec le festival de Sanremo à son programme, à la direction artistique duquel elle a proposé de renouveler Carlo Conti pour deux ans (au grand dam de beaucoup). La réalisation et la diffusion du plus grand festival de la chanson italienne reste une priorité pour le télédiffuseur public, celui-ci lui ayant offert une audience record depuis trente ans et des recettes publicitaires historiques, qui s’élèvent à plus de 65 millions d’euros. De quoi rentabiliser largement les coûts d’organisation, estimés à 18 millions d’euros. Autant dire qu’on imagine mal le télédiffuseur public italienne laisser échapper une telle pépite de son portefeuille…
La RAI perdra t-elle les droits d’organisation d’un festival qu’elle détient depuis la naissance de ce dernier en 1951 ? Cela semble inimaginable sur le papier, mais l’EAQ vous donne rendez-vous pour la suite au prochain épisode.
À part la Rai TV, quels sont les diffuseurs Italiens de service public qui ont les reins assez solides pour organiser un barnum pareil qui pulverise les audiences télévisées d’une façon insolente ?
Concernant les frais d’organisation, entre autres choses, ce n’est pas du tout la question, à lire le bénéfice record chaque année….
On ne peut que supposer qu’après les hurlements de la direction générale ayant appris cette particularité politique et les collaborateurs de la chaîne publique italienne qui ont dû bondir à cette nouvelle, ceux-ci doivent mettre les bouchées doubles pour maintenir cette semaine sainte de février unique en son genre !!
Terminer une soirée à plus d’une heure du matin, ces ritals sont vraiment uniques en leur genre… Et tout le monde adore !!!!