Vendredi dernier marquait la date de fin du dépôt des candidatures à l’organisation de l’Eurovision 2025. Nous connaissons désormais les candidates officielles à l’accueil de la soixante-neuvième édition !
Comme attendu, elles sont 4. 4 à espérer inscrire leur nom sur la liste des villes hôtes du plus grand concours musical au monde. 4 à espérer se retrouver sous les feux des projecteurs en mai prochain, exposées au regard de plus de 160 millions de téléspectateurs internationaux.
Nous les avions présentées dans un précédent article d’introduction (lien ici) : voici à présent la liste officielle des villes candidates à l’accueil de l’Eurovision 2025 et leurs projets respectifs.
Bâle
Outsider du duel franco-alémanique annoncé, Bâle jouit d’une situation unique au coeur de l’Europe, au carrefour entre la Suisse, l’Allemagne et la France – une dimension mise en avant dans le dossier de candidature. De quoi créer la surprise et s’imposer comme la troisième voie ? Pour cela, la ville a déroulé son plan dans un communiqué de presse du gouvernement du canton de Bâle-Ville :
- Deux options sont proposées pour l’accueil de l’Eurovision : la St Jakobshalle, ouverte en 1976, 12 400 places et le St Jakob Park (dit le Joggeli), stade de football de 38 000 places, hôte du FC Bâle 1893 (qui soutient la candidature). Les deux structures nécessiteraient toutefois soit un renforcement temporaire du plafond, soit l’installation d’un toit temporaire
- L’Euroclub serait accueilli dans les salons du Messe Basel, le centre de congrès de la ville
- Le lieu de l’Eurovillage n’est pas indiqué à ce jour
Afin de protéger ses intérêts de ville candidate, Bâle est la seule à ne pas dévoiler publiquement son plan de financement, qu’elle gardera secret jusqu’à la fin du processus de candidature.
Bern-Biel/Bienne
« Le gigantisme ne ressemble ni à Berne, ni à Biel. Notre vision de l’Eurovision serait adaptée aux dimensions bernoises, mais d’autant plus raffinée, dans laquelle qualité, coeur, diversité et durabilité sont clairement au premier plan. »
Alec von Graffenrie, maire de Berne
« En tant que capitale du bilinguisme, Biel/Bienne prône fondamentalement la diversité, la tolérance et un cosmopolitisme remarquable. Une autre raison pour laquelle nous pouvons nous identifier à l’idée de base de l’Eurovision »
Erich Fehr, maire de Biel/Bienne
Grosses côtes de la course à la désignation, la capitale fédérale et la ville d’origine de Nemo – qui disposent sur le papier de moins d’atouts que leurs concurrentes – s’associent pour une candidature d’union et à taille humaine. Pour cela, les lieux clés de l’Eurovision seraient répartis entre les deux villes :
- Berne accueillerait le concours au sein du Neue Festhalle, le nouveau parc des expositions de ville dont l’inauguration est prévue en mars prochain, 9 000 places
- Le Turquoise Carpet et la cérémonie d’ouverture se dérouleraient également à Berne, sur un trajet allant de la Helvetiaplatz à la Kirchenfeldrbrücke en passant par le Kulturcasino
- La cérémonie de passation des insignes de ville hôte et le tirage au sort se déroulerait à Biel/Bienne
- Les villes disposeraient enfin toustes deux d’une fan zone (ou eurovillage), la Bundesplatz pour Berne et un lieu à déterminer pour Biel/Bienne
Dans le plan de financement, la Ville de Biel/Bienne promet l’apport d’1 million de francs suisses (1,04 millions d’euros), tandis que la municipalité de Berne contribuera à hauteur de 7 millions de francs suisses (7,3 millions d’euros). Aux deniers publics s’ajouteront les contributions financières de BERNEXPO et de compagnies privées. Toutefois, le gouvernement cantonal a indiqué aujourd’hui que les coûts totaux pour l’organisation de l’Eurovision s’élèveraient à 45,2 millions de francs suisses (soit 46,47 millions d’euros), incluant une subvention de 2 millions de francs (2,06 millions d’euros) pour l’organisation) et la somme impressionnante de 27,4 millions (28,17 millions d’euros) pour les prestations de sécurité. L’événement n’étant pas inscrit au budget 2025, le conseil exécutif bernois sollicite ainsi un crédit de 29,4 millions de francs (30,22 millions d’euros) auprès du Grand Conseil, demande qui serait examinée au besoin lors de sa session d’automne.
À noter que si la candidature de Bern et Biel/Bienne était choisie, ce serait la première fois dans l’histoire de l’Eurovision que le concours serait co-organisé par deux villes.
Genève
« Accueillir l’Eurovision à Genève, c’est offrir à cette manifestation un écrin au cœur de la ville la plus internationale de Suisse, connue pour sa tolérance et son ouverture au monde. Carrefour de la paix et de la bonne entente entre les peuples, Genève symbolise parfaitement les valeurs portées par le concours Eurovision de la chanson ! »
Thierry Apothéloz, Vice-Président du Conseil d’Etat
La seule francophone du lot est avant tout une métropole célébre pour ses organisations internationales, ses événements d’envergure mondiale et son Lac Léman. Si Genève venait à être choisie par la SRG SSR et l’UER, elle mettrait à disposition plusieurs lieux emblématiques pour l’organisation de l’événement :
- Le concours serait accueilli au sein du Palexpo (15 000 places), ou Centre international d’expositions et de congrès de Genève, inauguré en 1981
- Les manifestations annexes seraient accueillies au sein de différents espaces dont les attributions n’ont pas été précisées : Rade, Plaine de Plainpalais, Parc des Bastions, Bâtiment des Forces Motrices, etc.
Siège de l’Union Européenne de Radio-Télévision, Genève ne souhaite visiblement pas laisser passer sa chance si l’on en croit l’investissement financier qu’elle est prête à consentir pour l’accueil du concours 2025 : 30 millions de francs, soit l’impressionnante bagatelle de … 31,17 millions d’euros !
Zurich
« Zurich et l’Eurovision s’assemblent à la perfection. Zurich est juste colorée, vivante, diversifiée. Nous pouvons et nous voulons soutenir ce projet majeur. »
Corine Mauch, maire de Zurich
Grande favorite sur le papier (la Suisse alémanique n’ayant jamais accueilli l’Eurovision), la capitale économique du pays est non seulement la plus grande ville suisse, mais aussi une « ville mondiale ». Si Zurich était désignée par SSR SRG et l’UER, la ville a déjà identifié les espaces d’accueil des différentes manifestations :
- Le concours serait organisé au sein du Hallenstadion (15 000 places), la plus grande arena couverte du pays, ouverte en 1939 et rénovée en 2025
- Situé à côté de la salle, le Messe Zürich (parc des expositions) pourrait apporter un vaste espace additionnel
- Le parc Landiwiese, près du lac de Zurich, accueillerait l’Eurovillage
- Le Zurich Convention Centre abriterait l’Euro Club, la cérémonie d’ouverture et les autres événements officiels
Côté finances, le conseil communal de Zurich a sollicité un apport de 20 millions de francs suisses (20,84 millions d’euros) auprès du conseil municipal de la ville, sous réserve que cette dernière soit désignée ville hôte de l’Eurovision 2025.
Et maintenant ?
À présent que nous connaissons les quatre candidates officielles, un groupe de travail examinera attentivement et évaluera les dossiers reçus en collaboration avec PricewaterhouseCoopers (PwC), une société d’audit et de conseil qui garantira le bon déroulement du processus de sélection. Le choix de la ville hôte sera effectué par le comité de pilotage de la SSR, en collaboration avec l’UER. Le comité de pilotage est composé de Gilles Marchand (directeur général de la SSR), Nathalie Wappler (directrice de la SRF), Mario Timbal (directeur de la RSI), Beat Grossenbacher (directeur financier de la SSR) et Bakel Walden (directeur du développement et de l’offre de la SSR). Le nom de la ville hôte sera connu fin août.
Qu’en pensent les suisses ?
Et bien ils ne semblent pas très enthousiastes ! Selon un sondage Sotomo pour le journal Blick (réalisé sur un échantillon de 24 720 personnes), seule 46% de la population helvétique exprime une opinion positive quant à l’accueil de l’Eurovision 2025 en Suisse, tandis que 49% est défavorable à cette idée. Les résultats du sondage mettent toutefois en avant plusieurs clivages intéressants :
- Les jeunes, les femmes, les électeurs centristes et de gauche, et les personnes ayant effectué des études universitaires sont plutôt favorables à très favorables.
- Les 55 ans et plus, les hommes, les électeurs de droite et de l’Union Démocratique du Centre, et celleux qui ont arrêté leurs études à l’école obligatoire, l’apprentissage ou la maturité sont sceptiques, voire très sceptiques.
Le clivage central réside cependant peut-être ailleurs : si seuls 43% des habitants de Suisse alémanique semblent favorables à l’organisation du concours par la Suisse, c’est le cas de 55% des romands (francophones). De quoi faire pencher la balance envers la très généreuse Genève ?
Les détails du sondage sont disponibles sur le site de Blick.
Quelle est la favorite ?
Aux yeux des bookmakers et des observateurs, Zurich fait figure de claire favorite. Disposant de la plus grande arena couverte de Suisse, la capitale financière du pays a de sérieux atouts dans sa manche, de par son statut de ville monde et les infrastructures qu’elle propose (capacité d’hébergement, aéroport international, vie culturelle, …). Surtout, la Suisse alémanique n’a jamais accueilli l’Eurovision (qui, rappelons-le, avait été organisée à Lugano l’italophone en 1956 et à Lausanne la romande en 1989) : de quoi placer les germanophones en position de force pour 2025, d’autant plus qu’en termes de communautés linguistiques, la Suisse alémanique représente 62% du pays, contre 22,8% pour les francophones, 8% pour les italophones et 0,5% pour les locuteurs du romanche (le reste de la population est inclus dans la section « autre langues »)1. À ce jeu, malgré d’évidentes qualités (attractivité, aéroport trinational, situation géographique), Bâle paraît en position moins favorable de par les contraintes et les investissements techniques que nécessiteraient les deux arenas d’accueil potentielles. Région d’origine de l’artiste vainqueur du concours 2024, la candidature à taille humaine de Bern/Biel-Bienne semble hors course, avec une salle de moindre capacité (dont l’ouverture est prévue tout juste deux mois avant l’Eurovision) et l’absence d’aéroport international à proximité immédiate.
… Mais à ce jeu, il y en a une qui est loin d’avoir dit son dernier mot. Il suffit à Zurich de tourner son regard en direction de la frontière française pour trouver une très solide outsider en la personne de Genève. Si le Palexpo ne semble pas de prime abord la salle la plus adaptée à un spectacle musical, la métropole francophone jouit d’une sérieuse notoriété à l’international et a elle aussi l’habitude d’accueillir des événements de dimension mondiale. Surtout, la ville propose d’aligner une somme impressionnante pour l’accueil du concours, un argument auxquels la SRG SSR et l’UER pourraient être sensibles, les télédiffuseurs organisateurs cherchant à ce que les villes organisatrices consentent à fournir une part toujours plus importante du budget. De par sa position frontalière, Genève pourrait en outre trouver soutien du côté de la France, qui pourrait offrir une capacité d’hébergement supplémentaire à la ville, comme ce fut le cas de Copenhague pour les eurofans s’étant donnés rendez-vous à Malmö en mai dernier.
Mise à jour du 10/07/2024 : des contestations
À l’instar des Jeux Olympiques, l’accueil de l’Eurovision ne semble pas faire l’unanimité au sein des potentielles villes hôtes, du moins de la part de certains partis politiques.2 3
L’Union Démocratique du Centre (UDC) et l’Union démocratique fédérale (UDF), partis de droite populiste et d’extrême-droite, ont annoncé solliciter un référendum contre l’organisation du concours à Berne/Biel-Bienne. Pour la section bernoise de l’UDC (soutenue en cela par le parti vert alternatif), l’apport de 30 millions de francs suisses par le gouvernement cantonal afin de financer l’événement est jugé déraisonnable au vu de la « dette assez importante » du canton et de ses impôts déjà parmi les plus élevés de Suisse. Un argument à peu près similaire est soulevé par la fédération alémanique des contribuables quant à la candidature de Zurich, sur laquelle elle réfléchit à demander elle aussi un référendum. À noter qu’à l’inverse, la section genevoise de l’UDC soutient, elle, l’organisation du concours à Genève.
Pour l’UDF, au-delà de la simple question financière, ce sont surtout les « valeurs » du concours qui semblent en cause. Ciblant les candidatures des quatre aspirantes villes hôte (dans chacune desquelles il souhaite l’organisation d’un référendum), le parti évangélique ultra-conservateur considère que l’Eurovision est un espace dans lequel l’antisémitisme se serait considérablement développé et serait même devenu socialement acceptable, ce qui pourrait dégrader l’image du pays et causer des problèmes de sécurité. Cerise sur le gâteau, il dénonce de surcroît l’augmentation du nombre de propositions « occultes et satanistes » (!) sur la scène de l’Eurovision. Rien de tel pour que l’UDF (auteur du score pléthorique de … 1,23% des voix aux élections fédérales de 2023 pour deux conseillers fédéraux élus) remette en cause l’accueil du concours pour la Suisse et envisage de solliciter l’avis de la population sur la question.
Dans un pays où il fait partie intégrante de la décision politique, l’organisation d’un référendum est soumise à la récolte de signatures citoyennes, dont le seuil minimal et le délai de récolte sont fixés par chaque ville et canton (à titre d’exemple, le canton de Berne exige un minimum de 10 000 signatures récoltées en trois mois). De quoi faire coïncider les délais d’organisation du concours (et notamment le vote de l’apport financier des collectivités) et la tenue d’un référendum qui, pour reprendre l’exemple de Berne, ne pourrait pas intervenir avant 2025, soit en pleins préparatifs pour la ville hôte.
Si, dans les quatre villes hôtes, l’organisation potentielle du concours suscite l’approbation de la majorité des partis, il n’en reste pas moins que des oppositions demeurent ci et là à échelle variable. Suffisant pour refréner la motivation helvétique à l’œuvre depuis la victoire de Nemo ? Rien de moins sûr.
Bâle, Bern/Biel-Bienne, Genève, Zurich : laquelle emportera les suffrages de la SRG SSR et de l’UER ? Réponse fin août. D’ici là, gageons que booking.com (partenaire du concours) et Airbnb risquent bien d’être déjà pris d’assaut !
Mise à jour du 18/07/2024 : annonce des deux finalistes ce vendredi
Réunion au sommet à la SSR SRG ce soir ! Le télédiffuseur suisse déterminera ce jeudi soir les noms des deux finalistes du processus de désignation de la ville hôte de l’Eurovision 2024. Comme initialement annoncé, les candidatures seront examinées par le comité directeur de la SSR SRG, avec l’aide de la société d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), avant que l’identité des deux villes finalistes ne soit révélée vendredi 18 juillet au matin.
À quelques heures de la révélation, Genève et Zurich font figure de favorites à un duel final entre la Suisse romande et la Suisse alémanique : Bâle et Berne/Biel-Bienne viendront-elles déjouer les pronostics ?
Crédits couverture : SRG SSR
Pour venir à Genève, il existe plusieurs moyens de transport, le TGV Lyria depuis Paris et d’autres lignes depuis certaines villes de France, comme par exemple Lille mais qui prennent beaucoup plus de temps, Mais selon moi, le meilleur plan est les vols Easy Jet qui relient Genève depuis Nice, Paris et bien d’autres villes, c’est le moyen le plus rapide est souvent aussi le moins coûteux mais il va falloir si prendre très vite, dès que le verfict sera tombé, car si c’est bien Genève qui décroche l’organisation de l’ESC en 2025, les prix des billlets d’avions vont très vite exploser sans oublier bien sûr le prix des chambres d’hôtel.
Quoi qu’il en soit nous saurons bientôt quelle ville sera l’heureuse élue mais je crois de plus en plus que Genève à toutes les chances et les atouts pour l’emporter.
Finalement j’ ai une hésitation avec Bale. Pendant mes heures de libres, je pourrais aller à la gare voir les trains de 3 pays pour le prix d’ un. Il y a peut-être aussi des trains italiens (Bale-Milan) et autrichiens (Bale-Vienne). A Genève, il y a les trains français, suisses et peut-être italiens (Genève-Milan).
Je vote évidemment pour Genève, une ville internationale oû je réside depuis de nombreuses années même si à mon avis, c’est Zurich qui risque bien d’obtenir toutes les faveurs. Mais finalement, le plus important pour moi est que la Suisse accueille cette gigantesque manifestation sur son sol. Un rêve qui semblait totalement utopique à mes yeus mais qui finalement va se réaliser !
Je vote pour Bale..très proche de Mulhouse pas loin de ma ville natale de haute Saône
Mon ordre de préférence: Genève, Bale, Zurich et Berne. Les 2 premières car proche de la frontière française donc francophone. Je classe Berne dernière car elle n’ est desservie par aucune liaison ferroviaire directe avec la France à l’ exclusion de Frasnes et Pontarlier en correspondance avec la première aux TGV Paris-Lausanne.