Depuis le lancement du processus de sélection de la ville-hôte, la capitale suédoise fait figure d’immense favorite à l’accueil du concours 2024. Au-delà d’avoir les faveurs de Loreen, Stockholm semblait réunir toutes les conditions pour fêter le cinquantenaire de la victoire d’ABBA. Sauf que …

L’Avicii Arena (ex Ericsson Globe, lieu hôte des concours 2000 et 2016) étant indisponible pour travaux pendant la période du concours, la municipalité a initialement concentré sa candidature sur la Tele2Arena et, surtout, l’impressionnante Friends Arena. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les clubs de football résidents de ces deux stades, pour qui le printemps marque le début de la saison et qui ne souhaitaient pas changer de terrain pour des questions de pelouse. Mais l’Eurovision étant la religion qu’elle est en Suède, le ballon rond ne pouvait que s’incliner devant les velléités de la SVT.

Il a toutefois suffi d’un des 123 points du cahier des charges du télédiffuseur – dévoilé par l’Aftonbladet – pour doucher les espoirs de la Tele2Arena. SVT proscrit en effet l’utilisation de toute marque ou entreprise commerciale dans le naming de la salle hôte de l’Eurovision 2024. Tele 2 étant le nom d’un célèbre opérateur de télécommunications du pays, cela exclut de fait le stade (qui accueillera notamment Madonna à l’automne dans le cadre de son Celebration Tour) de la course à la ville hôte.

Tous les regards se sont alors tournés vers la Friends Arena, instantanément quasi consacrée aux yeux d’un euromonde qui ne voyait nulle concurrente à sa taille. Qui plus est avec son expérience du Melodifestivalen (dont l’arena accueille la finale depuis 2013), l’infrastructure aurait été une salle hôte parfaite pour l’Eurovision 2024. Et à même d’égaler, voire dépasser le record du nombre de personnes présentes dans la salle de l’Eurovision avec sa capacité de 65 000 spectateurs en configuration concert, détenu à ce jour par Copenhague 2001 et son Parken Stadium (alors très critiqué à l’époque pour son manque de visibilité).

Sauf que … coup de théâtre !

Hier, la popstar américaine Taylor Swift a dévoilé les dates de son futur Eras Tour (qui passera notamment par la France). Une tournée qui fera un détour par la Friends Arena de Stockholm le … 17 mai 2024. Soit pile pendant la semaine envisagée pour le concours ou celle d’après … Ce qui rend de facto la salle indisponible pour l’accueil de l’Eurovision, qui nécessite une disponibilité de sept à huit semaines pour l’installation, les répétitions et le démontage. Autrement dit : à rebours des espoirs de beaucoup, la Friends Arena n’accueillera pas l’Eurovision 2024.

Mais la municipalité a plus d’un tour dans son sac ! Faute de lieux disponibles avec une capacité adéquate (l’Annexet ne pouvant accueillir que 3 400 personnes et les autres stades n’étant ni adaptés à des concerts ni dotés de l’indispensable toit rétractable pour), la capitale aurait décidé de changer la focale de sa candidature à l’accueil du prochain concours.

Selon Dagens Nyheter, le célèbre tabloïd quotidien suédois, Stockholm proposerait d’héberger l’Eurovision 2024 dans une arena temporaire.

Crédits : Per-Erik Adamsson

Cette dernière serait située à Frihamnen, dans le port de la ville, à vingt minutes de transport de la gare centrale. Sa construction répondrait aux difficultés croissantes pour les pays hôtes de trouver des infrastructures en phase avec le cahier des charges de l’UER et disponibles sur une longue période, là où les salles et stades bouclent généralement leur agenda des mois à l’avance, qui plus est avec l’impact de la crise sanitaire.

Durabilité, flexibilité, mobilité : voilà les maîtres mots du nouveau concept de salle que proposerait Stockholm, avec une arena temporaire en capacité d’accueillir 11 180 à 14 700 personnes. Si le budget de construction n’a pas été dévoilé, il semblerait que la municipalité prenne en charge non seulement l’équipement de l’infrastructure (pour qu’il réponde aux exigences de l’UER et de SVT), mais plus largement l’ensemble des coûts dans le cadre de l’investissement annuel de la ville. L’utilisation de l’arena temporaire ne se limiterait ainsi pas à la période de l’Eurovision, puisqu’elle serait en mesure d’accueillir d’autres évènements.

Largement soutenue par les principaux acteurs économiques et touristiques, la candidature stockholmoise propose en outre d’accueillir l’Eurovillage au Kungsträdgården, le « jardin du roi », situé au centre ville de la capitale à proximité de lieux aussi célèbres que l’Opéra de Stockholm ou le grand magasin NK, ce qui était déjà le cas en 2016. L’arena temporaire ne serait située qu’à dix minutes en transport de surcroît. L’installation d’un Euroclub est également au programme pour qu’eurofans et visiteurs puissent profiter de la vie nocturne pendant leur séjour à l’Eurovision. Stockholm 2016 l’avait à l’époque situé à Gamla Stan, soit en plein cœur de la ville.

Ce n’est pas la première fois qu’une ville propose d’accueillir le concours dans une structure temporaire. En 2011, Berlin avait proposé d’organiser l’Eurovision dans une tente sur l’ancien aéroport de Tempelhof, tandis que Copenhague avait envisagé une solution similaire devant le siège du télédiffuseur en 2014, avant d’opter pour la reconversion du B&W Hall (qui avait alors ruiné la candidature sur le plan financier). De même, la problématique de la durabilité et de la rentabilité pousse depuis plusieurs éditions les villes hôtes des Jeux Olympiques à opter pour un nombre croissant d’infrastructures temporaires.

Si Stockholm est désignée ville hôte, ce serait la première fois de l’histoire que le concours serait hébergée dans une structure temporaire. Mais le défi technique est grand, et toutes les garanties devront être apportées à SVT pour que le télédiffuseur désigne la capitale suédoise comme ville hôte.

En dépit de ces soubresauts, Stockholm reste t-elle la grande favorite annoncée à l’accueil de l’Eurovision 2024 ? Ce coup de théâtre ne relance t-il pas les chances des villes concurrentes, en particulier celles de Göteborg ? Réponse probable au début de l’été !