Chaque année, l’Organisation Générale des Amateurs de l’Eurovision – alias OGAE International – organise son traditionnel sondage des eurofans avant l’Eurovision. L’occasion pour la branche française d’organiser ses previews – 25èmes du nom – et de réunir ainsi les eurofans un week end durant autour d’un évènement studieux et convivial à Paris. Après trois années d’absence pour les raisons que l’on sait, nous étions donc une petite centaine à nous retrouver samedi et dimanche dernier à la Mairie du 9ème arrondissement pour déterminer ensemble le classement d’OGAE France pour l’Eurovision 2022. Pour ma part, et armé de mes béquilles, c’était la première fois que je foulais les portes des previews, non sans avoir déjà eu la chance de rencontrer certain·es nos pair·es lors des différences conférences de presse, au Junior ou encore à Eurovision France. Pour d’autres, c’était la première fois que nous nous rencontrions en réel. Parmi elleux, plusieurs de nos lecteur·rices parmi lesquel·les Jean-Michel, Pauline Halimi et Fabien, que je salue, et nos partenaires d’Eurocafé, EFR 12 et En Route, que ce fut un véritable plaisir de revoir.

Les previews, mode d’emploi

À vous qui en êtes peut-être autant néophytes que je ne l’étais jusqu’à cette année, une question doit probablement vous brûler les lèvres : comment se déroulent ces previews ?

En résumé, le samedi est consacré aux demi-finales, le dimanche à la finale. Chaque votant·e se voit armé d’un tableau sur lequel est inscrit le nom des participant·es dans un ordre de passage déterminé par l’organisation et sur lequel il inscrit ses points, notes, commentaires etc. Iel est également affecté·e à l’un des 36 jurys, chacun·e représenté·e par un porte-parole auquel nous donnons nos points. L’addition des points des juré·es donnent le classement du jury fictif. L’addition des points des jurys donne le classement final. J’étais pour ma part membre du jury estonien en demi-finales et portugais en finale. À noter que nos qualifié·es des demi-finales ne nous ont été révélé·es qu’au cours de la finale, dans l’ordre de passage des chansons, non sans provoquer l’émoi du public (notamment à l’annonce de la qualification surprise d’Israël, qui a semblé en choquer beaucoup … sauf moi).

Chacune des journées est entrecoupée de pauses, d’instants musicaux et de vidéos (notamment des nouveaux titres des eurostars, diffusés sur EFR 12 radio), ainsi que d’un quizz Eurovision, dont votre humble serviteur a terminé à la cinquième place sur une soixantaine de participant·es. De quoi décrocher en cadeau un programme du Junior et le disque de Voilà de Barbara Pravi. Une soirée dansante a également été organisée le soir dans le centre de Paris, mais béquilles oblige, j’ai préféré déclaré forfait.

L’équipe d’OGAE nous a ainsi donné à voir un récapitulatif de 25 années de previews durant lequel nous avons appris qu’en tant d’années, la branche française a attribué ses 12 points à six futur·es vainqueur·es de l’Eurovision (Israël 1998, Norvège 2009, Suède 2012, Danemark 2013, Suède 2015, Israël 2018), sept fois à un futur top 4 (Islande 1999, Serbie-et-Monténégro 2004, Russie 2006, Danemark 2010, Italie 2019, Suisse 2021). À l’inverse, les eurofans français·es ont eu d’autres fois, le nez creux (Slovénie 2001, Hongrie 2012, Chypre 2007, Suisse 2008, Italie 2017). Sans oublier la révélation des résultats de la « finale » française pour l’OGAE Second Chance Contest !

Alors, cette édition 2022 (sur le papier) ?

Les previews nous permettent de découvrir les forces en présence dans un format se rapprochant du concours, puisque nous écoutons le titre dans un ensemble de concurrence, et non individuellement. Certes en version clip, cela reste l’occasion de voir qui se distingue des autres ou, au contraire, se retrouve noyé dans la masse, mais également qui confirme, infirme ou bien surprend. Il est d’ailleurs surprenant de constater à quel point certains titres percutent en demi-finale, alors qu’ils sont moins impactants dans le contexte de la finale. De même que l’ouverture du jeu m’a fait propulser hors de mon top 10 certaines propositions que j’y voyais ancrées.

Ouverture : tel est le constat à la fois personnel et général que laisse cette édition 2022, dont les bookmakers ont érigé le trio Ukraine-Italie-Suède en favoris à ce jour. Nous avions d’ailleurs tous en tête le concours 2011, où les favoris français, hongrois, britannique et estonien avaient été déboulonnés par l’outsider azéri et la revenante Italie, surprenante médaillée d’argent de l’époque. À qui pourrait d’ailleurs profiter le crime cette année, entre des propositions consensuelles à défaut de susciter un réel enthousiasme, des titres extrêmement singuliers parmi les plus clivants (la Serbie, que l’on adore – comme moi – ou déteste), et d’autres qui ne font guère l’unanimité ? Une certitude : si Amsterdam sera un premier indicateur de choix, les répétitions turinoises risquent bien de changer le cours des choses de manière beaucoup plus nette que les éditions précédentes. Si les résultats des previews ont d’ailleurs couronné des favoris relativement logiques, ils ont aussi donné lieu à quelques petites surprises personnelles, à savoir les classements très élevés des Pays-Bas, de la Finlande (effet Régine ?) et de l’Autriche.

Vivre les previews en format Eurovision, c’est d’ailleurs l’occasion de voir à l’oeuvre la passion des eurofans pour leur art, et tout dans la demi mesure, cela va de soi. Si mes cordes vocales ont cette fois survécu, le public y est allé de ses applaudissements, de ses huées, de ses invectives, mais aussi de sa danse des mains (Biti zdrava) et de ses commentaires tout en délicatesse (« Mais retourne te coiffer ! »), sans parler de l’enjaillement général pour le joyeux bordel moldave (qui me laisse personnellement davantage de glace que la pauvre sista d’Elsa la Reine des Neiges). Ce dans une ambiance extrêmement sympathique et accueillante !

Alvan & Ahez à la rencontre des eurofans

Dimanche après-midi fut également – et surtout – l’occasion de vivre moment le plus attendu du week-end : la rencontre des eurofans avec Alvan & Ahez, nos représentant·es à l’Eurovision 2022 !!

En présence d’Alexandra Redde-Amiel, directrice des divertissements de France 2 et cheffe de délégation, Frédéric Valencak et Ludovic Hurel, responsable communication, venu·es faire un salud aux eurofans, notre très sympathique quatuor (dont un Alvan toujours dans une forme olympique) s’est livré au jeu des questions et réponses de la part de Stéphane Chiffre, président d’OGAE France Eurofans et Benoit Blaszczyk, secrétaire générale, le tout sous l’objectif de Farouk Valette.

Suite à l’aventure Eurovision France, qu’iels ont eu la surprise de remporter (au point de réaliser des photos montage de leurs têtes de vainqueur·es), deux des membres du groupe sont revenu·es au boulot, tandis qu’Alexis et Marine ont poursuivi leurs projets musicaux. Au cours de cette interviews, Alvan & Ahez sont successivement revenu·es sur leurs parcours personnels et la genèse de Fulenn (que le quatuor avait évoqué dans une interview à l’EAQ). On apprend notamment qu’Alexis, dont les influences musicales sont très larges, s’est familiarisé à l’ukulélé à 22 ans, le tout armé d’un stylo Velleda…

Le groupe a également évoqué les costumes, réalisés par la styliste d’Eurovision France, parsemés de broderies bretonnes empruntées à des musées et différenciés selon les membres du groupe. Ces dernier·es semblent d’ailleurs nous préparer des surprises pour Turin (mais chut…), et espèrent être accompagné·es à Turin de la fabuleuse danseuse qui a illuminé la finale nationale, dont la connexion à l’esprit de la chanson a été très rapide.

Si un clip est prévu (sans qu’Alexis n’ait pu nous en dire plus), le jeune chanteur – aussi pénétrant de son regard caméra qu’il est très sympathique, pour ne pas dire le boute-en-train du groupe – pourrait envisager de proposer des versions remixées de Fulenn, certaines commençant d’ailleurs à émerger sur le net.

Il a ensuite été demandé à nos quatre représentant·es leur rapport à et leurs souvenirs de l’Eurovision. Pour la plupart, c’est un programme qu’iels regardaient peu, mais Alexis a été marqué par le souvenir de Lordi, tandis que Sterenn retient les artistes qui ont permis de faire avancer les choses, concernant notamment les personnes LGBTQIA+, citant Conchita Wurst et Bilal Hassani. Marine a regardé pour la première fois le concours en 2011, tandis que pour Sterenn, c’était en 2021, sur recommandation de son ami.

Enfin, Alexis, Marine et les deux Sterenn ont ensuite reçu des cadeaux des eurofans, à savoir des fleurs, des chocolats et un exemplaire du Cocoricovision dédié à leur victoire, avant de nous offrir une version acoustique de Fulenn que je vous laisse découvrir.

Alvan & Ahez se sont ensuite prêté·es au jeu du photocall pour chaque eurofan présent·e (dont moi-même, qui ait même eu l’honneur d’ouvrir le bal), avant de filer et de nous laisser découvrir les résultats de ces previews, que nous vous avons communiqué hier matin.

Il fut ensuite temps de clôturer ce très sympathique week-end et, pour chacun·e, de regagner ses pénates, déjà nostalgique de ce temps passé si vite et impatient·e de se retrouver dès que possible autour d’un prochain évènement Eurovision.

Un grand merci à l’équipe d’OGAE France Eurofans (Stéphane, Benoît, Ethan, Margaux …) pour son accueil très sympathique et son organisation, à Farouk et Elizabeth pour leurs photos, aux eurofans et aux partenaires pour ce joli moment passé ensemble, et à très vite pour de nouvelles aventures !

© Rémi P. pour eurovision-quotidien.com