Genève

Les années 2010 ont été dures pour la Suisse. De façon générale, la mise en place des demi-finales a été très compliquée : la Suisse ne s’est qualifiée que trois fois ces 13 dernières années, ce qui en fait un des pays les moins présents en finale. Pire, la Suisse compte trois dernières places en demi-finale, et une en finale durant cette décennie. Mais les années 2010, ce sont aussi celle de sa sélection nationale, Die Grosse Entscheidungsshow et son inénarrable plateforme en ligne.

Avant 2010, la Suisse est en crise. Sa dernière heure de gloire remonte à 1993. Après cela, elle entre dans la spirale des dernières places et relégations jusqu’à l’arrivée des demi-finales où elle ne se qualifie qu’avec l’aide d’un groupe d’estoniennes, les Vanilla Ninjas.

Dans les années 2000, les sélections sont réalisées en interne. C’est ainsi qu’un panel d’experts choisit Michael von der Heide pour représenter la Suisse en 2010 avec la chanson en français « Il pleut de l’or ». Mais sans surprise, le titre n’était pas prémonitoire. La Suisse termine dernière de sa demi-finale avec deux petits points… Il est alors décidé de lancer une grande sélection nationale mettant à contribution des radios des différentes communautés linguistiques, ainsi que les internautes sur une plateforme ouverte à tous, et recevant un déluge de contributions plus ou moins farfelues… Anna Rossinelli l’emporte devant Bernarda Brunovic.

Anna Rossinelli parvient à se qualifier après quatre échecs consécutifs. Même si elle termine dernière de la finale, ce succès a invité le diffuseur suisse à poursuivre sa sélection, en laissant plus de place aux diffuseurs italophone et francophone. Ainsi, les tessinois Sinplus s’imposent devant Ivo. On se souvient également que parmi les candidats figurait l’éternelle Lys Assia. Malheureusement, les Sinplus manquent de quelques points la qualification.

En 2013, le nombre de finalistes est réduit à 9. L’armée du salut fait le buzz en lançant une candidature dont chacun se demande si elle sera validée par l’UER. La candidature est finalement retenue, tout en ne faisant aucune mention de l’association caritative confessionnelle. Et Heilsarmee l’emporte largement devant le groupe franco-suisse Carrousel. A l’Eurovision, le groupe devra s’appeler autrement. Il choisit « Takasa ». Bien qu’attendu en finale, le groupe la qualification.

Encore moins de finalistes en 2014 : 6. C’est le format qui sera conservé jusqu’en 2018. Un italophone, deux francophones, trois germanophones, avec toujours un amusant échange linguistique… Le tessinois Sebalter l’emporte devant Yasmina Hunzinger.

La participation de Sebalter est un succès : il termine 13ème et relance la machine pour 2015. Les favoris de la sélection sont un groupe fondé à Berne auquel est ajouté une chanteuse et des producteurs de Roumanie. Mais ce groupe, Timebelle, n’est que 2ème, derrière la genevoise Mélanie René, qui terminera dernière de sa demi-finale à Vienne.

La sélection 2016 semblait un peu en panne… Une chanteuse se dégageait : une canadienne d’origine suisse nommée Rykka. Elle l’emporte sans concurrence devant Bella C… et terminera elle aussi dernière de sa demi-finale, à Stockholm.

Face à cet échec cuisant, est décidée la fin de la sélection par la fameuse plateforme en ligne, et de la sélection séparée des communautés linguistiques. L’on découvre donc en 2017 directement les 6 finalistes, parmi lesquels Timebelle, venus prendre leur revanche, mais sous une formule différente. Ils l’emportent en écrasant la concurrence. Nadya est deuxième.

Mais Timebelle échoue en demi-finale, même si le groupe s’est rapproché de la barre de qualification. La SSR propose alors pour 2018 un casting plus moderne et plus pop. C’est le duo zurichois basé à Los Angeles Zibbz qui s’impose devant le romand Alejandro Reyes.

C’est encore un échec. La SSR décide alors en 2019 de mettre fin à sa sélection nationale et sélectionne en interne une star : Luca Hänni. Elle invite des auteurs à un séminaire de composition de chansons et enfin, le miracle arrive ! La Suisse se dote du package parfait : interprète charismatique, chanson puissante, mise en scène au point. La Suisse s’est enfin relevée et termine 4ème à Tel-Aviv.

La Suisse est 36ème de cette décennie avec 447 points en finale.

Le top : la 4ème place de Luca Hänni en 2019.

Le flop : la dernière place en demie de Michael von der Heide en 2010 avec 2 points.