À quelques jours de la fin de cette année 2023 riche en émotions eurovisionesques, la rédaction vous propose de découvrir chaque jour le top 10 de ce qui a le plus marqué nos rédacteurs.

Et c’est au tour de Juliette de nous faire découvrir ses dix chansons préférées de cette année. Bonne lecture !

Pour mon top 10, je me suis imposée une seule règle : évite les choix trop évidents. Cha cha cha, Coeur et Tattoo (qui ont pourtant une bonne place dans ma playlist aujourd’hui) ont donc été exclus d’office. Pour le reste, je ne me suis rien interdit. Eurovision, Eurovision Junior, sélections nationales … Tout y sera abordé. Ces 10 chansons ont pour seul dénominateur commun d’avoir dépassé les frontières de l’euromonde dans ma vie, et de m’avoir accompagnée dans des moments très importants de l’année. Alors andiamo !

PS : Ayant eu plus de favoris que de raison cette année, j’ai disséminé ici et là des séquences de mentions honorables toutes les deux chamsons. Histoire de n’avoir vraiment aucun regret.

PS 2 : Julieta Lepagevic a essayé de revenir pour placer des titres du Quorovision, mais on lui a bien fait comprendre que ce n’était pas dans les règles …

10. Tuju – MEELIK (Eesti Laul)


« Tuju, tuju, do you know what I mean ? » Ce petit air entêtant aux accents indie et rétro avait réussi (à la surprise générale, même de ceux qui en étaient fans!) à se glisser en finale de l’Eesti Laul. De quoi réjouir les fiers défenseurs de la Tujunation (dont Betty et moi faisons donc partie). Un titre à la bonne humeur contagieuse qui n’aurait pas fait mieux que la talentueuse Alika, mais qui me donne toujours le sourire.

9. Do It My Way – Yan Girls (Arménie Junior)


Alors … Voici à peu près le schéma d’appréciation par lequel cette chanson est passée dans ma tête. Première écoute : Qu’est-ce que c’est que ça ? Pas du tout mon style, jamais été fan de Blackpink. Allez hop ! Avant-dernières de mon top ! Quelques écoutes plus tard : Ça se retient quand même bien … Aux répétitions : c’est pas mal du tout en live … Le jour du Junior: « IMMA DO IT MY WAY / AND I’M BREAKING THE RUUUUUUUUULES !!! WINNER VIBES !!!! C’EST GÉNIAL !!! » Et c’est ainsi que Do It My Way n’a plus quitté ma playlist. Cette chanson est la preuve ultime qu’un bon live peut tout changer, jusqu’à vous faire aimer une chanson qui n’était pas dans vos cordes à la base. La conviction des Yan Girls, la justesse en live, le dragon … Tout y était, et les demoiselles nravaient pas à rougir en comparaisons avec les idoles les plus renommées de Corée ! Une troisième place finale bien méritée!

Mentions honorables #1

Arcadia – Megara (Benidorm) : du rock bien énervé, comme on l’aime. En espagnol, c’est encore plus classe.
Vivo – Levante (Saneemo) : le refrain m’emporte toujours autant. Levante a proposé ici sa meilleure contribution, mal récompensée hélas.
Bandeiras – Bandua (Festival da Canção) : un moment envoûtant qui aurait dû aller en finale, au moins.

8. Sapatos de cimente – Esse Povo (Festival da Canção)

Cette chanson colorée et diablement entraînante a accroché mon oreille dès les premières secondes. Pourtant, lorsque la liste des auteurs-compositeurs avait été dévoilée en novembre, je n’avais pas été du tout réceptive au style de Quim Albergaria (qui a créé Sapatos de cimente pour Esse Povo). Qu’à cela ne tienne, m’étais-je dit, il y aura d’autres chansons pour me plaire … Mais voilà. En janvier, j’étais bien contente de m’être trompée et de me laisser emporter dans cette danse folle, version beaucoup plus écoutable du Dégra.dê qui avait déjà déchaîné le FDC 2022. Je vous défie de résister à cet addictif refrain !

7. Tango – Tananai (Sanremo)

Il y a des artistes auxquels on s’attache, et Tananai en fait partie. Contre l’avis général en 2022, j’avais adoré Sesso occasionale, et le chaos que Tananai amenait sur scène avec des performances live pas très justes, mais pleine d’entrain et presque d’insolence …
Seulement, les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures, et il était temps que Tananai montre enfin son vrai visage et son réel talent … Ce qu’il a fait avec brio. Due vite était fort bien, mais Tango, dans le genre, m’a touchée davantage, et aurait donné à l’Italie un tout aussi bon classement. Va, Tananai a tout le temps pour revenir, et décrocher le précieux sésame eurovisionesque.

Mentions honorables #2

The Carnival – Ameerah (comment s’appelait la sélection belge, déjà ? Enfin, c’est une chanson belge, retenez ça) : je ne me lasserai pas de ce refrain.
Nevera (Lei, lei) – Harmonija disonance (DORA) : un excellent mélange des sonorités, entre folklore et modernité. Harmonija Dissonance auraient tout aussi bien pu permettre à la Croatie de se qualifier.
Love You in A Dream – Elsie Bay (Melodi Grand Prix) : la meilleure contribution d’Elsie Bay à ce jour. Une valse mélodramatique qui vous donne envie de tomber amoureuse … Et pas que dans un rêve !
Kolyskova – KRUTЬ (Vidbir) : je reste persuadée que l’Ukraine aurait pu décrocher un autre podium avec ce moment de grâce. L’Europe est passée à côté d’un bijou.

6. Mama SC – Let 3 (Croatie)


Est-ce que vous connaissez cette sensation de solitude ? Que dis-je, de tristitude ? Quand vous aimez LA chanson que tout le monde déteste … Eh bien ça, c’était moi toute l’année avec Let 3. Pourtant, j’assumais (et j’assume toujours !) fièrement : Mama SC est dans mon top 10. Tout a commencé par un énorme malentendu. Je n’avais écouté aucune chanson du DORA à part Nevera. Et basée sur leur nom uniquement, je pensais que Let 3 étaitn… Un girls band à la Hurricane ! Je vous laisse imaginer le choc quand je me suis enfin décidée à écouter le line-up croate … Je me rappellerai toujours de ce fou rire monumentale en réalisant l’énormité de mon erreur. Je me suis laissée emporter par la folie de ce titre (qui derrière son extravagance, cachait un message bien plus mordant et satyrique. Je me rappellerai toujours, aussi, le moment où mes parents (et ma soeur, à distance) ont découvert Let 3 pour la première fois au soir de la première demi-finale. Je m’étais fait un plaisir de ne leur donner aucun contexte, et j’ai laissé la magie opérer … Je n’ai pas été déçue ! Incompréhension, consternation, fous rires … C’était un moment dantesque, dont je souris encore. Alors … Hvala, Let 3 !

5. Ai Coração – Mimicat (Portugal)


Après avoir envoyé des morceaux plutôt calmes ces trois dernières années, le Portugal nous faisait sauter et bondir de joie grâce à la pétillante Mimicat. Rythmé, ensoleillé, théâtral, Ai Coração m’évoquait autant un cabaret que les traditions musicales de ma chère Corse … Le morceau a aussi été l’occasion d’improviser quelques chorégraphies (plus ou moins) ridicules dans ma chambre … Comme pour tout mon top 4, le résultat n’a pas été à la hauteur. Mais l’Eurovision est là pour nous rappeler une chose : parfois, il faut se ficher éperdument du résultat. C’est l’attachement à une chanson qui compte, et ce qu’elle nous apporte musiicalement. Pas à l’Europe, mais juste à nous, personnellement. Alors, obrigada, Mimicat !

Mentions honorables #3

Splash – Colapesce Dimartino (Sanremo) : cette vibe à la Beatles est irrésistible !
Nochentera – Vicco (Benidorm) : la bande-originale de mon été à sillonner le pays basque jusqu’à m’égarer en Espagne.
Yo Quisiera – Alice Wonder (Benidorm) : un moment de grâce, entre Maro et November Ultra
Kvitka – Anastasia Dymyd (Ukraine Junior) : entêtante au possible !

4. Dance (Our Own Party) – The Buskers (Malte)


Après Disko l’année dernière, je crois que j’ai la fâcheuse manie de m’attacher à ceux qui sont (hélas!) destinés à finir bons derniers. Mais quelle injustice ! Cette chanson, pleine de bonne humeur, ne manquait pas de qualités. Bon live, bonne énergie, un drop au saxophone facile à retenir … Hélas, deux facteurs ont joué en leur défaveur. Primo : l’ordre de passage. Le death spot leur fut fatal. Et deuxio : ne pas être dans la bonne demi-finale. Ils nous ont fait une ZIBBZ, comme on dit dans le métier. Eussent-ils été en demi 2 (qui était plus faible), The Buskers auraient sans doute attiré davantage l’attention du public … Peut-être … Quoi qu’il en soit, Dance (Our Own Party) me rappelle de bons souvenirs, et Malte n’a pas à rougir de les avoir envoyés … La chance n’était simplement pas avec eux … AnywaysDo you wanna dance ?

3. Carpe diem – Joker Out (Slovénie)


Évidemment. Il fallait bien qu’on y vienne. Mes gagnants de cette année. Joker Out. Je les avais découverts en 2020 dans un fan contest (aka la meilleure façon d’enrichir sa culture musicale européenne, et de dire fièrement en frimant un peu « Ah ouais, je connais ! » quand un(e) artiste est annoncé(e) dans une sélection). Ils étaient alors venus se loger sans ménagement sur le haut de ma wishlist slovène. J’étais déjà bien contente de voir mon désir exaucé … Et ce fut encore mieux quand Bojan et sa bande révélèrent cet endiablé Carpe Diem qui vous donne, effectivement, envie de profiter de l’instant présent. Grâce à leur énergie charismatique, ils ont su conquérir l’indie girl invétérée que je suis … Et à acquérir une solide fanbase européenne (ce qui est une juste récompense, pour un groupe qui méritait au moins le top 15 !). Allez, Carpe Diem !

Mentions honorables #4 (le boss final)

EAEA – Blanca Paloma (Espagne) : une transe musicale ensorcelante qui méritait bien plus que 5 malheureux points au télévote !
Made in Italy – Rosa Chemical (Sanremo) : sns être spécialement fan du titre, j’avais été très impactée par l’énergie du trublion Rosa Chemical, et par la manière avec laquelle le public se laissait entraîner. J’aurais aimé voir ce que cela aurait donné si l’Italie avait saisi cette option hors des sentiers battus.

Samo mi se spava – Luke Black (Serbie) : artiste aux allures de vampire et au charisme magnétique et serpentin, Luke Blake m’a terrifiée autant qu’il m’a fascinée avec son univers mi-geek, mi-glauque. Son rire diabolique de Joker me glace toujours le sang. Meilleure contribution serbe à mes oreilles.
Blood and Glitters – Lord Of The Lost (Allemagne) : la dernière place la plus injuste de l’histoire des dernières places. Le jury devrait vraiment apprendre à reconnaître la technicité que demande le métal.
Ça m’ennuie pas – Chérine (sélection belge) : bonbon pop sucré et addictif qui n’aurait pas démérité à Liverpool.
Burning Daylight – Dion Cooper et Mia Nicolai (Pays-Bas) : le live a ruiné la magie d’une magnifique chanson.
Hoiame Koku – Arhanna (Estonie Junior) : le live a ruiné la magie d’une magnifique chanson, évisode 2 !
So good (at what you do) – M ELS (Eesti Laul) : petit bijou pop au parcours honorable … À souligner que M ELS est une personne charmante !
Something To Lose – Lxandra (UMK) : j’aurais pu choisir n’importe qui tant l’UMK était excellent cette année … Mais la ballade de LXANDRA me touche toujours en plein coeur.
Eko Ini Meg – JONE (Melodi Grand Prix) : aurait été un pari payant; quel dommage que les Norvégiens aient été si frileux d’envoyer du norvégien …

Les mentions honorables ayant toutes été distribuées, il est temps de passer au plus important: Le top 2 !

2. Contraste mudo – You Can’t Win, Charlie Brown (Festival da Cançao)


Que serait le monde sans les beautés du Festival da Canção ? Vraiment, je vous le demande ! J’ai écouté le line-up portugais pour la première fois un soir, au creux de mon lit. Et Contraste mudo passait la dernière. Dans le creux de mon oreille, cette douce ballade feutrée vint modestement se glisser, me berçant et m’emportant au loin, dans un monde cotonneux où rien ne peut arriver. Cette chanson, c’est une pause. Une parenthèse. C’est prendre le temps de s’arrêter, de respirer et d’écouter. Un morceau de qualité qui méritait bien une qualification en finale du meilleur des festivals.

1. Once Upon a Dream – Anica Russo (sélection allemande)


Comme Betty hier, j’ai opté pour une première place plutôt … Inattendue. Pourtant c’est vrai. Once Upon a Dream m’a hantée, et elle n’apas quitté ma playlist. (C’est d’ailleurs la seule chanson de mon top 5 des titres les plus écoutés de l’année qui ne soit pas interprétée par JEREMIAS, c’est dire. Anicca Russo a réussi à se tailler une jolie place dans mes oreilles !). D’abord, il y a ce titre qui évoque aussi bien La Belle au Bois Dormant qu’‘Anastasia. Un titre qui vous invite à écouter un sombre conte. Puis il y a ce tempo de valse … Je pardonnerai toujours tout aux valses. Puis l’orgue, l’ambiance qui s’installe. Et la voix d’Annica qui monte en puissance, à vous en donner le frisson ! C’est une chanson qui m’emporte. Elle est à la fois gracieuse et triste, mémorable et artistique, accessible et atypique. Avec la bonne mise en scène, quia urait mêlé contes de fées et obscurité, je crois que Once Upon a Dream aurait pu séduire les jurys (au moins un peu), et l’Allemagne aurait pu avoir une chance d’échapper à la dernière place … Au bottom 5, je ne sais pas, mais c’était déjà ça … En espérant que l’Allemagne se rattrape l’année prochaine et choisisse les bons groupes ou artistes … N’EST-CE PAS ?


Sur ces belles paroles, je vous laisse passer ce premier jour d’hiver. Couvrez-vous bien, profitez des fêtes … Et on se retrouve bientôt. J’ai une requête à faire à la télévision allemande, un doux rêve impossible … Dont vous saurez plus dans mon prochain écrit (en priant pour qu’il paraisse à temps!).

Musicalement,

Juliette.