Chaque jour, un de nos rédacteurs vous fait partager un coup de cœur ou un coup de griffe. Aujourd’hui c’est Juliette qui nous emmène en 1956 avec Fud Leclerc (BELGIQUE). Les résultats complets du concours ne furent jamais révélés en 1956…

Quand on pense à l’Eurovision en termes de paroles, on s’imagine que tout n’est qu’amour, paix, bienveillance, et rimes peu inspirées. Nenni!
Si l’on prend le temps de creuser, l’on peut avoir de drôles de surprises… Je pense par exemple à « La Source », que je ne peux plus écouter depuis que j’ai compris le sens des paroles. Mais je pense aussi et surtout à la chanson du jour: « Messieurs les noyés de la Seine ». Ce morceau au titre déjà bien sombre représenta la Belgique en 1956, à l’époque où chaque pays envoyait deux contributions. Elle est interprétée par Fud Leclerc, multirécidiviste que l’on reverra à plusieurs reprises sur la scène du concours.
Lorsque je scrutais les titres des chansons de cette toute première édition de notre concours préféré, celui-ci me frappa à l’instant par sa gravité.
« Messieurs les noyés de la Seine »? D’accord, soit… Je me demande quelle histoire cette chanson peut bien raconter…
Je ne mis pas longtemps à comprendre de quoi il était question: un homme désespéré, une possible dépression, une vie où aucun bonheur ne semble trouvable… Et le suicide comme seule sortie de secours.
Quand la chanson se termina, j’étais effondrée, ébranlée. Impossible de dire si j’aimais cette chanson ou non. Mais je ressentais un profond sentiment de désespoir qui, peu à peu, m’avait envahie. Le morceau m‘avait, par ses paroles, par sa mélodie et par la voix et la manière de chanter de Fud Leclerc, transmis les émotions même de son personnage.
Ce ne fut que pis lorsque la seconde chanson qui avait représenté la Belgique cette année-là se lança juste après dans la playlist.
« Le Plus beau jour de ma vie ». Une chanson toute en sourire et en guimauve sur une heureuse mariée! Quel choc ! Quel contraste. C’en était presque glauque de dissonance. Le même pays avait tour à tour envoyé une chanson appelant la mort, et une autre célébrant la vie.
Depuis, je n’ai plus jamais réécouté « Messieurs les Noyés de la Seine »… Je n’ose pas. Mais son souvenir me hante encore, vivace et désespéré.

Et vous, vous souvenez-vous de cette chanson? Vous procure-t-elle la même sensation de peine et de chagrin? Votre opinion m’intéresserait beaucoup. En attendant, je laisse la parole à deux de mes collègues rédacteurs, pour connaître leurs avis.

Nous débuterons par l’avis tout en émotion et sensibilité de Maxence :

« Cette chanson est belle et triste. Fud Leclerc a cette capacité d’apporter une émotion véritable et juste à cette chanson. Elle me touche en plein cœur, je ressens vraiment la détresse qui est communiquée à travers le message de Messieurs les Noyés de la Seine. Un des chefs d’œuvre de cette première édition. »

Nous poursuivons avec l’avis moins favorable de Zipo :

« Je reconnais les qualités de cette chanson au niveau vocal, musical et de l’émotion pure qu’elle procure et je loue la présence de petits passages un peu plus enlevés pour donner un peu de vie à cette chanson. Hélas, malgré toutes ces qualités indéniables, je ne suis pas du tout client de ce style de chanson d’autant plus après avoir compris très précisément le contenu des paroles. Moi qui n’aime déjà pas à la base les ballades même si celle-ci est de toute beauté dans sa construction, celle-ci est vraiment trop larmoyante et comme je n’aime pas du tout être triste lors d’un spectacle de chansons, je l’étais beaucoup trop à la fin de l’écoute complète et ça ne pourrait jamais être ma chanson fétiche de cette année 1956 : trop mélancolique et déprimante… »

C’est à votre tour de vous exprimer ci-dessous dans la partie réservée aux commentaires ; rendez-vous dès demain pour un nouveau titre à la une.

Crédits photographiques : Maraaya (visuel EAQ)