Après avoir été éliminée en demi-finale pour la première fois de son histoire et vu bien de ses têtes tomber, la télévision publique roumaine s’en revient prendre sa revanche. Y parviendra-t-elle ? C’est tout l’objet de cet article…
Ce dimanche, vous assisterez en effet à la finale de la Selectia Nationala 2019 qui désignera le représentant roumain pour Tel Aviv. Passons en revue les douze finalistes et confrontons nos opinions à leur sujet.
LES LOREEN
Commençons par mon avis personnel sur la question. Bien entendu, cela n’est que mon opinion subjective. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.
Loreen comprend mieux à présent les raisons ayant poussé la TVR à parachuter Bella Santiago au beau milieu de ce jeu de quilles… Car voilà une édition peu mémorable de la Selectia Nationala… Loreen étant positive par nature, elle salue tout de même la découverte des nouveaux talents réunis ici.
Aldo Blaga – Your Journey
Une ballade bien meringuée, avec du piano et des vocalises acrobatiques partout. Complètement à côté de la plaque des réalités musicales actuelles et en retard de plusieurs guerres eurovisionesques. Sauvé par production honnête et prestation vocale impeccable d’Aldo, excellent chanteur per se. Gros enfoncement de porte ouverte, exécuté avec professionnalisme, classe et dignité. Très bien pour une finale de Selectia Nationala. Moins pour l’Eurovision.
Bella Santiago – Army Of Love
À peu près tout ce que devrait être une contribution roumaine à l’Eurovision. Morceau mêlant sonorités pop, balkaniques, contemporaines et folkloriques. Le tout porté par interprète de haut vol, déchaînée sur scène, y laissant exploser son tempérament, tout en assurant une impeccable prestation vocale. Bella, d’ores et déjà LA concurrente à battre. Quant à Army Of Love, dans la lignée de Fuego, quand même en cran en-dessous. Bon morceau, bien produit, mais ni original, ni surprenant. Permettrait à la Roumanie d’effacer l’affront de 2018, sans pour autant fissurer le Micro de Cristal.
Claudiu Mirea – We Are The Ones
Honnête morceau pop, qui s’élève et prend vie dans les conditions du direct. Pas mémorable en soi : facilités, production limite Playskool, certaines répétitions. Mais Claudiu, très bon chanteur, charismatique et entraînant. Très bien qu’il soit arrivé jusqu’en finale… et qu’il s’arrête là… pour cette année. WATO est trop faible en soi pour la rude compétition de l’Eurovision. Claudiu mériterait de revenir l’année prochaine, avec proposition plus forte, plus élaborée, plus mémorable.
DYA & Lucian Colareza – Without You (Sin ti)
Autre ballade meringuée, dégoulinante de sucre, de chantilly et de clichés. Identique au morceau envoyé par la Roumanie en… 2002. Peu dire que ringard et dépassé sur le plan musical… En outre, très exigeant vocalement et requérant des interprètes professionnels impeccables. Ce qui est loin d’être le cas ici… Résultat : naufrage eurovisionesque gênant. À regarder au second degré, pour en rire entre fans et amis. À éviter absolument pour Tel Aviv.
Ester Peony – On A Sunday
Curieux morceau, à la construction déroutante et aux multiples effets musicaux. Intéressant sur le plan expérimental, pas totalement abouti, hélas. Manque d’un effet d’accroche et d’un crescendo mémorable. Est élevé dans les conditions du direct par très bonne prestation d’Ester. Artiste prometteuse et bonne découverte. Surprise, même. Mériterait elle-aussi de revenir l’an prochain, avec proposition plus aboutie dans la même veine.
Laura Bretan – Dear Father
Encore ? Eh oui, encore une ballade meringuée garantie 100% pur glucose… Morceau bien produit et bien construit, conçu sur mesure pour Laura et lui permettant de démonter l’incroyable amplitude sa voix. De fait, prestation vocale remarquable, exceptionnelle. Grande voix, grande chanteuse. Néanmoins, chanson plutôt creuse et sans imagination. Très bien pour intervalle musical de dessin animé. Sans intérêt réel pour un Eurovision 2019. Redite : très belle artiste, très belle découverte. Mériterait de revenir une autre année, avec proposition plus pointue et mémorable.
Letitia Moisescu & Sensibili Balkan – Daina
Autre morceau curieux et bancal. Se traîne durant sa première minute, au point de perdre l’attention du téléspectateur. Puis prend un virage à 90° une fois arrivé au refrain et devient alors plaisant, voire agréable, avec ce son balkanique dansant et rigolo. Letitia, fâchée avec la mode, mais très bien en direct. Bonne prestation vocale. Bonne idée de base, mal exprimée. Potentiel gâché, car aurait pu faire danser l’Europe dans son salon. Si choisi, devra être revu de fond en comble. Si pas choisi, pas grave : pourra toujours revenir en 2020, avec chanson plus réussie.
Linda Teodosiu – Renegades
Nouvelle ballade, un brin moins meringuée et kitsch que les précédentes, mais écrite en pensant trop fort à l’Eurovision. Manque de fraîcheur, de simplicité, d’audace. Effets trop appuyés et résultat final, déjà vu, déjà entendu. Honnête et écoutable de bout en bout. Linda, professionnelle et excellente dans les conditions du direct. Méritait amplement sa place en finale. Mais autre enfoncement de porte ouverte. Passé de mode à l’Eurovision. Bref, reverrais Linda avec plaisir à une autre édition de la Selectia Nationala, si possible avec chanson plus intéressante.
Olivier Kaye – Right Now
Autre belle surprise, autre belle découverte. Bon morceau pop, aux accents contemporains. Dynamique, dansant, immédiatement accessible, sans être dépourvu d’âme. Encore une fois, prend vie sur scène, car Olivier, excellent chanteur. Charismatique et vivant. Retient l’attention du téléspectateur. Pourrait représenter la Roumanie avec honneur à Tel Aviv. Seul bémol : emmènerait le pays en finale, mais pas très loin dans le classement. Morceau trop lisse en l’état, sans effets ébouriffants. Si choisi, devrait être remanié pour ménager de la surprise et de l’étonnement.
Teodora Dinu – Skyscraper
Retour à la case départ, encore une fois dans cette Selectia Nationala 2019. Autre interprète à haut potentiel, professionnelle, engagée, dynamique, charismatique, etc., etc. Démontre en direct qu’a les capacités vocales et artistiques pour compétition internationale. Aurait eu Fuego ou If Love Was A Crime, aurait pu emmener Roumanie sur podium de la finale. Ici, pas, car chanson aux effets limités. Production honnête et bien tournée. Occupera une belle place sur le futur album de Teodora. Mais point mémorable pour un sou. Épuise rapidement ses effets et donne envie de passer au morceau suivant. Je me répète et me répépète : devrait revenir avec proposition plus forte.
Trooper – Destin
Faites-les taire. Pour l’amour du ciel, faites-les taire. Et excommuniez-les de l’Eurovision. Dieu que c’est mauvais, Dieu que c’est insupportable. Et si la version studio est pénible, la version en direct est abominable. Vieux rock ringard d’avant la chute de Berlin, avec chœurs et guitares. Sans doute refusé par les Scorpions en 1987. Même le Festivali i Këngës évite ces horreurs désormais. Probablement les trois minutes les plus pénibles de cette Saison 2019.
Vaida – Underground
Est-ce possible ? Est-ce possible d’encore subir ce genre de choses en 2019 à l’Eurovision ? Underground est une mauvaise ballade, composée sur un synthétiseur Playskool, aux paroles niaises et aux effets kikitsch. Complètement à côté de la plaque musicale. Mais pire du pire du pire : massacrée en direct par une Vaida incapable de soutenir les notes exigeantes. Une boucherie vocale m’ayant contraint à couper le son. Petite horreur à jeter dans les oubliettes de l’histoire.
Le choix est mince, me semble-t-il… Et la Roumanie devra batailler ferme pour accéder à la finale… En ce qui me concerne, je ne retiendrais vraiment que Bella Santiago et Olivier Kaye. Le reste est à mettre de côté, car sans intérêt sur le plan musical et compétitif.
Et après mûres réflexions, je désignerais sans trop de surprise Bella Santiago comme le meilleur choix possible cette année. Son expérience, sa popularité, ses talents de showwoman, sa capacité innée à retenir l’attention feront toute la différence à Tel Aviv. Sans compter cette touche exotique de philippin et sa personnalité ouverte. Army Of Love a déjà suscité quelques sarcasmes et des comparaisons dévalorisantes avec Fuego. Certes. Mais en l’état, je pense que c’est le seul morceau de cette sélection susceptible de porter la Roumanie jusqu’à une honorable place en finale.
LE SONDAGE
À votre tour à présent de vous exprimer ! Donnez-nous votre avis.
Sur ce, rendez-vous dimanche pour la grande finale !
Bella Santiago et son Army Of Love est trop proche, vocalement parlant dans certains passages, de Fuego par Eleni et ce fait pourrait donner l’opportunité aux juges de mal noter le morceau, ce n’est que mon avis bien sur.
J’ai regardé plusieurs prestation de Laura Bretan (USA, Roumanie etc) et je trouve que ce titre ne met pas en valeur ses capacités vocales impressionnantes, c’est vraiment frustrant.
J’aime bcp le titre d’Olivier Kaye et dimanche soir il semblait tellement ä l’aise sur la scéne roumaine que pour moi c’est lui qu’ils devraient envoyer ä Tlv.
– Je viens de passer un long moment en Roumanie en écoutant les douze finalistes. Je dirai de cette sélection qu’il y a du très bon, du très moyen et du très mauvais. En tout cas, ce fut facile pour moi d’établir un classement et mon TOP 3 a vraiment coulé de source mais je crains fort qu’il ne ressemble pas à la réalité des votes mais sait-on jamais… Voici donc mon verdict :
1) LETITIA MOISESCU : voilà une chanson novatrice dans sa construction. Une introduction digne d’un grand suspens dans un livre mais fort bien réalisée ; un refrain très fédérateur et la suite et fin de la chanson qui me fait danser. La voix est parfaite et la musique formidable ! Franchement j’adore !!
2) CLAUDIU MIREA : excellente chanson moderne et excellent chanteur qui porte sa chanson avec force ; le refrain est énergique et entêtant et l’ensemble de la chanson est une totale réussite. Ce serait un 2e choix incontestable ( pour moi )
3) OLIVIER KAYE : là aussi excellent chanteur et belle chanson mais que je trouve un peu en dessous de la précédente : plus banale et surtout le refrain qui ne contient pas un soupçon d’originalité.
* En JOKER, je citerai ESTER PEONY : voilà une chanson qui ne m’a pas laissé indifférent. Vraiment une construction intéressante qui s’apparente à une idée de génie. Très futuriste au final et la voix colle bien au rythme général de la chanson. S’il n’y avait pas eu mon TOP 3 incontournable, elle serait en tête, mais sa qualification ne me dérangerait pas.
– J’ai également mon FLOP 3 dans cette sélection, à commencer par VAÏDA ( trop banal, voix désagréable et chanson sans relief ) ; ensuite DYA et LUCIAN COLAREZA ( chanson qui aurait pu tenir la route mais les deux chanteurs sont vraiment mauvais ! C’est très pénible à écouter et au final, c’est un soulagement quand c’est fini ) ; enfin LAURA BRETAN ( je déteste tout dans cette chanson : la voix, la chanson, la musique. C’est d’un ennui abyssal….)
– Pour finir quelques mots sur deux chansons dont on parle beaucoup : concernant BELLA SANTIAGO, ce n’est pas mauvais, mais c’est très brouillon, et je trouve que ça fait vraiment fouillis ! Une chanson fourre-tout….
Quant à TROOPER, je ne trouve pas cette chanson si nulle que ça : je déplore qu’elle soit répétitive et plus musicale que chantée, mais la musique est très agréable et franchement, cette chanson est dix fois meilleure que la chanson hongroise de l’an dernier ! ( Pardon Pauly de contester ton avis mais je ne sais pas me taire ! 😆 )
Je pense que ça se jouera entre Laura Bretan et Bella Santiago avec avantage certain pour la première.
Pour ma part, ma préférée est « Destin » de Trooper, même si beaucoup ici ont l’air de trouver ça abominable.
Toutefois aucune des chansons des deux favorites ne me dérangerait à l’Eurovision. C’est pas ma came, j’aime pas la voix de Laura Bretan et le style de chanson de Bella Santiago (d’ailleurs Fuego avait été dans mon Bottom 5 l’année dernière aux côtés de Toy), mais je reconnais à chaque chanson et interprètes des qualités indéniables.
Ester Peony – On A Sunday
je ne suis pas certain que ce soit le meilleur choix possible pour la Roumanie, mais j’aime bien cette chanson mystérieuse et envoûtante.
Sur la finale roumaine, pas de titres ouf. Une DF1 assez médiocre, une DF2 bien meilleure, des choix relativement logiques au vu des propositions disponibles.
Mes favoris pour TLV: Bella Santiago, avec un titre pop assez accrocheur dans la veine de Fuego et autres mais manquant clairement de prod; Olivier Kaye, avec une chanson punchy, efficace, très bien incarnée sur scène; à la rigueur Ester Peony avec ce titre pop-jazzy bien mis en scène et assez envoûtant.
Pour le reste, quelle est la recette d’une « bonne » sélection nationale roumaine?
– Des ballades, assez classiques quoiqu’efficaces: Letitia Moiescu (belle puissance), Aldo Blaga (belle scéno)
– Une grande voix pour un titre qui l’est moins: Laura Bretan
– Des titres pop à petit potentiel revamp : Claudiu Mirea (je n’aime pas son refrain pourtant efficace), Teodora Dinu (bien exécuté)
– Des horreurs absolues: Trooper (ah s’ils pouvaient fermer leur gueule…), Dya et Lucian Colareza (la Roumanie 2008 en pire)
– Des retours vers le passé eurovisionesque: Vaida et son titre à la Anna Vissi 2006 en version poussive
Niveau pronos, si on regarde les résultats des jurys en demies, Bella Santiago et Claudiu Mirea se tiennent à deux points, Laura Bretan distance largement Olivier Kaye. Reste à savoir dans quel sens ira le vote du public, sachant que l’année dernière, les deux premiers et les quatrièmes du télévote en finale (The Human/Alexia & Matei/Jukebox ft Bella Santiago) avaient dominé les votes du jury de leurs demies respectives. Inversement, les trois autres vainqueurs des demies s’étaient retrouvés aux 8ème, 9ème et 13ème places en finale.
Après une élimination historique en demies l’an dernier, la Roumanie devrait choper son ticket pour la finale cette année, mais sans faire d’éclats.
Les résultats des demi finales impliquent que Laura a eu 12 points de chacun des 5 juges.
Bella a été largement moins plébiscitée.
J ai lu qu’ il y aurait des juges internationaux en finale. En plus ou à la place des roumains ?
Une campagne assez nauséabonde a été lancée sur Twitter pour évincer Laura Bretan au motif que sa famille est membre d’une branche très rigoriste et homophobe du culte pentecotiste.
LAURA OU OLIVIER OU RIEN
J’ai remarqué que les sélections nationales ont beaucoup souffert cette année.
En France, au Royaume-Uni et en Australie (300 000 téléspectateurs pour la SBS) les résultats sont assez moyens.
Dans les pays avec une sélection plus historique (Suède, Hongrie, Italie, …) les audiences chuttent cette année de manière plus ou moins grave.
Même au niveau de la qualité, plusieurs pays n’arrivent pas à réunir le meilleur de leur pays dans ses compétitions. Je crois que la Roumanie est encore un nouvel exemple. Avec des grands chanteurs et des producteurs dans son pays mais incapable de proposer des candidats corrects.
Va-t-on assister à la mort des sélections nationales ?
Non, je ne pense pas qu’on puisse parler de la mort des sélections nationales. On assiste à une érosion d’audience qui vient principalement des nouvelles technologies. Je parle des plateformes de VOD genre Netflix qui grapillent de plus en plus de points aux chaînes traditionnelles. D’ailleurs, en France, on voit maitenant qu’un programme arrive en tête en prime time avec moins de 4 millions de téléspectateurs. Avant, ce chiffre aurait été un échec pour une chaîne comme TF1.
En Suède, le Mello a chuté en audiences, mais 2019 fait mieux que 2018 et l’émission de samedi dernier a réuni tout de même 71,6 % de part d’audiences (un rêve inaccessible pour une chaîne française à moins de diffuser une finale de coupe de monde… et encore !). Donc, le Mello a encore de belles années devant lui.
Pour l’Australie, selon les médias australiens, l’audience de la sélection est un succès. Il ne faut pas oublier que SBS est loin d’être la chaîne la plus regardée de ce pays. C’est un peu comme ARTE chez nous. Avec la sélection australienne, SBS n’avait plus fait une audience aussi forte depuis la coupe du monde de football l’été dernier. Je pense donc que les organisateurs sont satisfaits et les médias parlent déjà d’une reconduction pour l’année prochaine.
En Italie, Sanremo n’est pas une sélection pour l’Eurovision, mais a quand même réuni plus de 10 millions et demi de téléspectateurs avec 56,5 % de part d’audience (encore de quoi faire saliver nos chaînes). Ils sont peut-être en perte de vitesse, mais il reste encore de la marge avant de s’inquiéter.
Pour le Royaume-Uni, on ne peut rien pour eux. La faible audience était prévisible et vient de la qualité de l’émission et du manque d’intérêt des dirigeants pour le concours. Un dépoussiérage et une refonte complète du système pourrait peut-être rebooster l’audience. Encore faut-il que la BBC le veuille.
Enfin en France, une sélection télévisée n’est pas dans notre culture. D’ailleurs, nous n’avons plus chez nous de grands shows où des chanteurs viennent chanter des chansons inédites. Même dans Taratata, ils viennent tous avec des reprises de vieux standards. Donc, une émission où l’on présente des chansons inédites avec des chanteurs pas trop connus, ça n’intéresse qu’un noyau dur de gens qui aiment l’Eurovision, soit pas plus de 2 millions de téléspectateurs. Les français cultivent une passion pour Jean-Jacques Goldman qui ne fait plus rien depuis longtemps et préfère écouter et voir une énième reprise de « Je te donne » sur un plateau télé plutôt qu’une chanson inédite de Seemone qu’ils ne connaissent pas.
Tout à fait d’accord, les artistes viennent sur les plateaux de télévision pour être juges, chanter les chansons des autres ou bien alors chanter un de leur ancien tube mais ils ne viennent pas chanter les chansons de leur dernier album. Ils viennent juste le présenter et faire savoir qu’il sera dans les bacs à partir de… Il n’y a pas d’émission ou les artistes viennent chanter leur dernière création. C’est fou!
D accord aussi. Pour moi ce qui menace les sélections nationales c est plutôt les mauvais résultats obtenus.
Les 3 seuls pays à être passé d une sélection nationale à un choix interne cette année sont la Suisse , l’Arménie et la Pologne. Or, ils ont été tous les trois éliminés en demi finale en 2018 et les deux derniers pays y ont enregistrés leur plus mauvais résultat depuis quelques temps (voire de tous les temps pour l’Arménie).
Le truc, c’est que du moment où les titres et les artistes des sélections ne sont pas assez qualitatifs, et qu’elles ne seront pas à l’image du paysage musical de leur pays, les finales nationales sont vouées à connaître des résultats en baisse. Exemple flagrant: le MelFest.
Depuis deux-trois ans, la sélection suédoise connaît une baisse d’audience qui colle à la baisse de qualité des chanson présentées. Phénomène accentué par la claque monumentale que s’est pris le pays au télévote à Lisbonne, alors que depuis 2011 on le retrouvait quasi systématiquement dans le top 10, voire le top 5 du télévote (je ne parle pas des jurys, qui aiment généralement la Suède). Pourtant, le pays dispose d’un vivier d’artistes assez extraordinaire, se targuait chaque année de viser la victoire, et présentait jusqu’en 2016 environ des sélections où environ un quart des titres (j’exagère un peu) pouvait prétendre à l’Eurovision, soit 7-8. C’était juste énorme. Autre exemple, le Danemark qui, depuis sa victoire très coûteuse à Malmö, organise des finales nationales au rabais: là, on est dans le cas d’un pays qui ne veut pas gagner. Et je crains qu’ils soient nombreux. Pour le cas de la France, comme le dit Eurovista, c’est différent, on manque encore de culture Eurovision dans le pays et il faut laisser le temps au temps, ce que ne permet hélas guère la course aux audiences actuellement.
Après, outre les questions de coûts, ce sont les mauvais choix qui les menacent, les télés nationales ne sont pas maîtresses des votes du public et des jurys, mais après tout, une sélection interne n’est pas nécessairement gage de bon choix (« N’oublieeeeeez pas »…).
Pour autant, parler de mort des finales nationales me semble assez radical. Elles restent incontournables dans de nombreux pays, les audiences du MelFest et de SanRemo restent malgré tout hallucinantes. Si on regarde le rapport entre les pays utilisant une sélection nationale et ceux choisissant en interne, le rapport est globalement resté le même depuis quatre ans. En 2015: 27 sélections nationales (67.5%), 13 choix en internes (32.5%). En 2019: 29 sélections nationales (69%), 13 choix en interne (31%). Depuis 2015, 5 pays sont (re)passés à une sélection interne (Chypre, Grèce, Irlande, Suisse, Macédoine), trois ont fait l’aller-retour (Pologne, Arménie en interne cette année, Géorgie en sélection nationale) et 6 sont passés à des finales nationales (Monténégro, RTC, Australie, France, Espagne, UK). Le tout est que, dans ces cas, l’impact du changement de sélection sur le résultat n’est pas forcément significatif sachant que c’est la chanson qui compte, qu’elle soit sélectionnée ou non par le public. La RTC a réalisé son meilleur résultat avec une chanson choisie en finale, inversement Chypre avec un titre sélectionné en interne. Depuis 2015, la Macédoine fait des résultats toujours aussi merdiques, le Monténégro, le Royaume-Uni et l’Espagne aussi… Par ailleurs, une sélection nationale est toujours un moyen de connecter un public à son candidat pour l’Eurovision avant l’heure. Autant le grand public avait très peu entendu parler de Lisa Angell avant l’Eurovision (faut dire que la chanson…), autant Madame Monsieur et Bilal ont eu un buzz grâce à Destination Eurovision.
En fait on en revient toujours à l’essentiel: la chanson.
Beaucoup de titres sympathiques mais sans grand potentiel eurovisionnesque.
Bella ou Laura, la finale devrait se résumer à ce duel. Peu de chances de voir une victoire comme celle de The Humans cette année car le système de vote a changé.
5/6 ème jurys internationaux, 1/6 ème public.
Sur les prestations des demi, gros coup de coeur pour Ester Peony.