Votre Loreen du jour (aka l’autrice de ces lignes) a écouté avec passion et attention les 20 chansons »qui composent cette année le line-up de sa sélection nationale préférée.

Et elle a des choses à dire… De bonnes choses!

Avis général

Loreen est enchantée, ravie, comblée, émerveillée par la qualité de cette sélection portugaise. Chaque année depuis 2018, le festival devient de plus en plus fort, de plus en plus éclectique. La RTP parvient à nous proposer une sélection authentique qui prouve que compétitivité et qualité musicale peuvent se marier… D’autres pays devraient en prendre de la graine (Hej Sverige!).

Alors voici mes Loreens : les chansons seront évaluées selon mon ordre de préférence et sans distinction des demi-finales. Nous commencerons par celle que j’aime le moins, jusqu’à mon coup de coeur absolu. Ceci étant posé, il est temps d’y aller !


Moyah – Too Much Sauce

Pour l’Eurovision autant que pour ma playlist personnelle, c’est un non catégorique ! Agressive et peu agréable à écouter, cette chanson n’est vraiment pas un bon morceau. Rien ne va dans les paroles, le refrain est horripilant au possible, et le titre dans son ensemble est à l’opposé de ce que j’attends du Festival da Cançao (dans le mauvais sens du terme). À oublier illico presto !

April Ivy – Modo Voo

Trop d’autotune tue l’autotune ! Cela ne présage rien de bon en live. J’adore les morceaux inspirés des années 80, mais celui-ci sonne atrocement daté. On dirait une proposition du Festivali i Këngës… Du genre de celles qui se font de suite éliminer ! La chanson aurait pu être intéressante, mais pêche par son manque d’originalité et sa kitscherie.

DaPunkSportif – World needs therapy

Au vu du nom du groupe et du titre de la chanson, j’attendais pour sûr un morceau plus hargneux, plus agressif, plus punk en somme. Pas un morceau rock sympatoche mais un peu fadasse!

Le morceau n’est pas horrible, mais entre les paroles clichées et l’énergie totalement absente, le tout lasse dangereusement vite!

Ivandro – Povo

L’un des grands favoris de ce festival. À la première écoute, je n’aimais pas « Povo », que je trouvais très (trop) semblable à une chanson de Kendji Girac (ce qui n’est pas du tout un compliment de ma part). Et » les maniérismes vocaux d’Ivandro avaient une sérieuse tendance à m’agacer.

Puis après plusieurs réécoutes, le morceau a fini par trouver grâce à mes yeux… Mais il me semble que ce serait un mauvais choix pour l’Eurovision malgré ses qualités.

Cette ballade ne décolle jamais vraiment, et elle passe si vite que vous en voyez arriver la fin alors que vous croyiez n’en être qu’au début du titre. Dans la très relevée demi 1, « Povo » se ferait très facilement oublier, et je ne voudrais pas que le Portugal brise sa belle lancée Eurovisionesque par un choix d’artiste basé sur sa popularité.

Edmundo Inhacio – A Festa

Quand le FDC devient le FiK, épisode 2. Mais cette fois-ci, c’est pour le meilleur!

Un peu dans la même veine que « Povo », « A Festa » est une ballade aux accents de fado tout en gardant une certaine modernité pop. Et Edmundo réussit le mélange bien mieux qu’Ivandro à mon sens. Cependant, si « A Festa » me plaît, se pose le même problème qu’avec « Povo »: à moins d’un live impactant, la retenabilité (pardonnez ce néologisme!) du morceau est assez limitée. Je ne souhaite donc pas que cette chanson de qualité passe à la trappe à Liverpool.

Bolha – Sonhos de liberdade

Musicalement: rien à dire. La proposition est d’une qualité irréprochable. C’est un morceau jazz aux influences brésiliennes. Je verrais parfaitement ce morceau dans un petit café parisien cozy où l’on viendrait boire de grandes j »tasses de chocolat viennois…

Et c’est justement là que réside le point faible de « Sonhos de liberdade ». Trop ambiante, trop intimiste, cette chanson n’aurait aucun impact à Liverpool, et serait une perle gâchée à l’image de « Vida Minha ».

Neon Soho – Endless World

Un excellent titre électro-pop qui aurait totalement pu figurer à l’Eesti Laul, au SuperNova ou au Pabandom is Naujo.

Mystérieuse et intrigante, « Endless World » pose une excellente ambiance, appuyée par un refrain efficace. Le morceau aurait cependant gagné à être interprété en portugais; l’anglais gâche un peu l’aura dont bénéficie le morceau.

Barbara Tinoco – Goodnight

Chanson aigre-douce, portée à merveille par l’adorable voix de Barbara Tinoco. Un petit bonbon musical à des années-lumières de « Passe-Partout », mais qui se savoure avec tout autant de plaisir. Cependant, la chanson aurait gagné à être interprétée en Portugais; dans la perspective de Liverpool, cette mignonnerie musicale se ferait croquer par la concurrence.

Claudia Pascoal – Nasci Maria

Vous vous attendiez à une douce ballade à l’image de « O Jardim » lorsque vous avez lu le nom de Claudia Pascoal ? Vous avez dû être drôlement surpris en écoutant « Nasci Maria » alors ! De mon côté, j’avais continué à suivre la carrière de la musicienne; son style s’est affiné pendant toutes ces années, et « Nasci Maria » représente exactement ce que j’attendais de sa part.

Morceau pop au refrain entêtant, « Nasci Maria » se démarque et aurait toutes ses chances de figurer en finale à Liverpool.

Cependant, j’attends la performance live pour être entièrement convaincue de l’option Claudia Pascoal, et pour l’ajouter à la (longue) liste des propositions arborant trois Loreens à la mine réjouie.

Teresinha Landeiro – Enquanto é tempo

Le fado est une de mes grandes faiblesses musicales, et ce morceau-ci n’y fait pas exception. Le Festival da Cançao ne serait pas le même sans un air de fado, et c’est Teresinha Landeiro qui le porte cette année, avec brio. « Enquanto é tempo » est une superbe ballade, rehaussée par le piano et la guitare. Teresinha porte le tout sur ses épaules, et sa voix puissante est la cerise sur le gâteau.

Quoique classique, ce morceau représente parfaitement ce que l’on peut attendre musicalement du Portugal, et c’est pourquoi elle aurait sa place à Liverpool.

Voodoo Marmalade – Tormento

Sans que je ne puisse l’expliquer, cette chanson me rend profondément heureuse. Ses rythmes et ses accords de guitare m’emportent, et sitôt le premier refrain arrivé, je me prends à danser sans pouvoir m’arrêter. Traditionnelle et entraînante, « Tormento » ne me lâche pas d’une semelle et n’a pas grand mal à se retenir. Un excellent atout !

Sal – Viver

Chaque année je l’attends au FDC : le groupe de rock psychédélique.

À l’inverse de DaPunkSportif, Sal propose avec « Viver » un morceau plein d’entrain qui se chante à tue-tête et s’écoute à plein volume ! Le passage instrumental et le léger riff de guitare sont propices à toutes sortes de mises en scène et autres jeux de lumières. Une chanson dont le potentiel est à surveiller, donc.

Inês Apenas – Fim do mondo

Un morceau moderne et déroutant qui oscille entre les rythmes, tantôt ballade chill, tantôt valse effrénée. Le piano, les cordes et les synthés se mélangent, se croisent et s’entrecroisent pour nous emmener dans un voyage musical, qui s’achève ensuite tout en douceur. Si sa performance est bonne, Inês pourrait devenir une sérieuse prétendante à la victoire.

The Happy Mess – O Impossivel

Il y a des chansons dont on sait qu’elles n’irons pas loin, qu’elles ne sont pas compétitives, et pourtant… « O Impossivel » est un câlin, un édredon, un chat qui viendrait se frotter contre vous en ronronnant. C’est un titre inoffensif, régressif, une pause, une parenthèse qui réconforte et fait du bien.. Alors rien que pour cela, The Happy Mess n’ont pas volé la forte appréciation de Loreen.

Mimicat – Ai Coraçao

Connaissant l’univers de Mimicat depuis quelques temps, je m’attendais à entendre un morceau pop-alternatif, et définitivement pas à un mélange entre théâtralité et éléments traditionnels.

Mais le mélange fonctionne de manière impeccable, et le tout n’aurait pas de mal à décrocher un  ticket pour la finale en mai. Une option à envisager sérieusement.

Lara Li – Funambula

Au jeu des morceaux jazz, c’est Lara Li qui s’impose, avec un morceau gracieux et hors du temps qui impose le silence. La voix chaude de Lara, le glissando de violoncelle, l’instrumentale feutrée, la mélodie… Tout est beau dans « Funambula », et tout nous donne l’impression de marcher sur un fil. Un moment de grâce qui mérite d’être récompensé pour sa beauté.

Churky – Encruzilhada

Un autre morceau régressif, à mi-chemin entre un titre de Os Quatros e Meia et le générique d’une sitcom. Pas la plus moderne du lot, « Encruzilhada » est pourtant profondément attachante, et échappe à la kitscherie grâce à une structure mélodique et une instrumentale de grande qualité.

Bandua – Bandeiras

De loin le morceau le plus ensorcelant de line-up. « Bandeiras » vous attrape l’oreille dès les premiers instants, et dès lors vous ne pouvez plus vous détacher de ce mélange planant entre électro et sonorités folkloriques. On croirait entendre une version plus aboutie, moins brouillonne de « Telemoveis ». Un pari risqué, mais qui pourrait payer en mai !

Esse Povo – Sapatos de Cimento

C’est simple: ce morceau, c’est « Dégra.Dê », mais en plus accessible et bien plus écoutable ! Ce morceau ensoleillé vous entraîne dans ses rythmes africanisants et électro, saupoudrés d’harmonies vocales fort envoûtantes.

Le refrain vous restera en tête une bonne partie de la journée, soyez prévenus.

En tout cas, « Sapatos de Cimento » apporterait une vraie diversité à l’Eurovision, dont il serait dommage de se passer.

You can’t win, Charlie Brown – Contraste mudo

Mon coup de coeur absolu. Ici, la qualité musicale prime sur tout potentiel Eurovisionesque. « Contraste mudo », c’est une berceuse, un morceau apaisant qu’on écoute en rapprochant son téléphone de l’oreille pour mieux apprécier la délicatesse qui s’en dégage. La voix du chanteur, les arrangements de cordes, la progression musicale… Tout est doux, tout est pur, tout est fait pour vous faire fermer les yeux. Un moment d’évasion musical où le temps suspend son vol et où les larmes roulent sur les joues. Un diamant musical à apprécier sans même penser à toute forme de compétition.

En conclusion

Le Portugal a tant d’options parmi lesquelles choisir, qu’il serait difficile d’être déçue.

Mimicat, Bandua, Claudia Pascoal, Esse Povo, Sal et Inês Apenas me sembleraient être les choix les plus cohérents pour Liverpool, mais je m’accommoderai de (presque) n’importe qui si je dois être honnête.

Laissons le destin décider de tout cela, et rendez-vous pour découvrir les résultats de la première demi-finale du Festival da Canção !

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