Chaque année, alors qu’approche la fin novembre ou le début du mois de décembre, l’euromonde s’agite, et l’impatience guette : c’est, en effet, traditionnellement le moment que choisit la production du Melodifestivalen pour révéler les noms des 28 candidat.e.s qui fouleront sa scène à peine deux mois plus tard. Cette liste est d’autant plus scrutée que les rumeurs pullulant dans les colonnes de l’Aftonbladet et reprises par l’Europe entière génèrent des attentes, le plus souvent élevées. Et parmi tous les artistes cités, il y en a certains qui donnent tant aux suédois qu’aux eurofans bien des palpitations rien qu’à l’évocation de leurs simples noms : les Mellostars (ou eurostars, c’est selon : certains ont réussi à glaner le statut sans jamais avoir pu fouler la scène de l’Eurovision.

À l’instar de bien de leurs pairs aujourd’hui néo-entrants, la plupart de ces artistes ont fait de leur première participation à la sélection suédoise un tour de chauffe, durant lequel ils ont répété leurs gammes, se sont construits un nom et une notoriété, histoire d’avoir un coup d’avance. Une première fois au Melfes est un pari sur l’avenir, et l’occasion de se positionner pour les échéances à venir. Une première fois au Melfest, cela permet d’anticiper un retour. Si ce n’est plusieurs.

Le Melodifestivalen cru 2021 compte exactement quinze récidivistes (sans compter celles et ceux qui ont été co-auteurs, choristes ou encore partie prenante du décor), soit une proportion équivalente à celle des éditions précédentes. C’est donc une courte majorité d’artistes qui tentent à nouveau leur chance, que de passés échecs ne les aient pas échaudés ou que de précédentes réussites ne les aient pas rassasié. Alors que certains pays européens ont le plus grand mal à attirer de grands noms dans les mailles du filet eurovisionesque (coucou la France), la Suède, elle, regorge de ces stars prêtes à se damner pour, au minimum, trois minutes de gloire sur une scène scrutée par 70 à 80% des téléspectateurs suédois (et une grande partie des eurofans) ou, au mieux, décrocher un billet pour le Graal : une participation à l’Eurovision.

Les six dernières finales du Melodifestivalen ont compté 47 récidivistes sur 72 finalistes, soit une proportion de 61,11% et une moyenne de 7,33 artistes par finale ayant déjà participé à la sélection. Les finales des éditions 2019 et 2020 ayant même compté 10 artistes de l’espèce sur douze participant.e.s. Partant de ce constat brut, l’on serait tenté de dire que les suédois tendent à porter leurs voix sur celles et ceux qu’ils connaissent et ont le plus souvent vu grandir par le biais du Mello. Pourtant, revenir ne rime pas forcément avec réussite, et bien des exemples nous ont été donnés en la matière ces dernières années.

Alors que Charlotte Perrelli s’apprête à en fouler la scène demain soir pour la cinquième fois, revenir au Melodifestivalen est-il toujours une bonne idée ?

Vous me direz spontanément qu’à cette problématique, il n’y a pas de réponse universelle, et tenter d’y apporter une « démonstration » statistique pourrait vite s’avérer vain. C’est ainsi qu’aux chiffres, j’ai préférer me saisir de la thématique en partageant avec vous des come-back que j’estime emblématiques, fut-ce pour le meilleur ou pour le pire, à moins que ce ne soit pour le pire ou pour le meilleur.

Que s’agite alors la baguette magique et que s’ouvrent devant vous une petite boîte à souvenirs du Melodifestivalen !

Hold On, Be Stroooooong…

(Initialement, je voulais citer les Whatfor, mais la Norvège me semblait plus appropriée vu la thématique)

Chaque année, à travers l’Europe, il est de ces candidat.e.s acharné.e.s qui, malgré de nombreuses tentatives passées d’arracher un billet pour le concours sans y parvenir, continuer de s’accrocher couteau entre les dents jusqu’à ce que leur volonté soit enfin récompensée… ou pas. Je vous invite d’ailleurs à (re)découvrir l’article que Pascal C. a consacré aux multirécidivistes des sélections nationales il y a un an.

Mais au Melodifestivalen, il y en a une qui, malgré l’enchaînement des déconvenues, ne s’est jamais avouée vaincue. Troisième dès sa première participation en 2001, elle parvint systématiquement à se qualifier pour la finale, fût-ce en solo ou en duo, direkt fill final ou via l’Andra Chansen, une place en fond de classement à la clé ou bien un podium. À plusieurs reprises, le billet pour l’Eurovision lui a tendu les bras, mais ces derniers n’étaient pas assez longs, à moins que d’autres artistes ne soient parvenus à décrocher le pompon avant elle, quand bien même le télévote aurait aimé la mettre dans un avion direction la Serbie. Elle aurait pu abandonner, amère, et se dire que le concours se refuserait pour toujours à elle, mais elle a résisté. Elle a persisté, persisté, persisté, jusqu’à cette belle année 2014 où, à sa septième participation, survint enfin la délivrance. Deux petits points auraient pu sonner comme la fatale malédiction : ils lui ont inversement offert la libération.

L’Eurovision était le rêve des jours et des nuits de Sanna Nielsen, et sa reprise d’Undo lui donna l’occasion d’expurger ces longues années d’attente, de vider ses tripes, de pouvoir chanter son bonheur à l’Europe entière, question de vie ou de mort. C’est ainsi qu’elle se vit pour récompensée d’un podium à Copenhague… et que cette victoire au Melodifestivalen 2014 marqua sa dernière participation à la sélection en tant qu’interprète, et n’a plus sorti de disque depuis, comme si, à seulement vingt-neuf ans, le sommet de sa carrière musicale avait été atteint.

(Sous-catégorie) I won’t break ….

Autre profil à s’inscrire dans la catégorie sans pour autant avoir traversé le même chemin de croix : celui d’un artiste qui, à l’époque de sa première participation au Mello en 2007, sortait tout juste d’Idol et venait de remporter la version suédoise de Danse avec les stars. Avec Cara mia, il décroche une très prometteuse troisième place derrière les imbattables The Ark (record de points à l’appui), et c’est ainsi qu’il s’inscrit en favori deux ans plus tard, en 2009, sous le sceau de l’espoir et de la gloire. Si les jurys semblaient enthousiastes à la perspective de l’envoyer à Moscou, le public, plus frileux, lui signifia que son heure n’était pas encore venue. C’est alors que passèrent six ans. Six ans durant lesquels il préféra notamment les sessions barcelonaises aux lumières du Melodifestivalen… pour mieux préparer son grand retour. Et quel retour.

268 points. 122 points sur 132 distribuables par le jury. 35,1% des voix du télévote. 149 points d’avance sur le premier poursuivant. Jamais l’expression « Tuer le game » n’a autant pris son sens avec Måns Zelmerlöw, vainqueur du Melodifestivalen 2015, auquel le destin offrit, quelques mois plus tard, une large victoire à l’Eurovision. Et si, depuis, l’artiste a poursuivi sa carrière musicale, lui non plus n’a refoulé à ce jour la scène du Melodifestivalen.

Ils n’ont peut-être pas galéré autant que nos deux ami.e.s, mais ils ne sont jamais revenus quand même : Malena Ernmann et The Ark (tous deux après des classements fort décevants en finale de l’Eurovision)

Sanna, Måns : des artistes suffisamment rassasiés pour prendre le risque d’une nouvelle candidature ? Certains, eux, se posent la question sous un autre angle, et il en une, ou plutôt deux, auxquelles le danger d’un éventuel échec au Mello ne fait pas peur.

IN-VIN-CI-BLE

Ma première n’est ni plus ni moins que l’une des plus grandes stars de Suède, si ce n’est l’une des plus grandes eurostars tout court. L’histoire entre le Melodifestivalen et elle commence en 1983, l’année même de ses débuts. Elle n’est âgée que de dix-sept ans et en ce soir du mois de février, c’est une étoile qui naît. Elle fait l’exploit de remporter le trophée pour sa grande première, et de terminer troisième à l’Eurovision sous les yeux de 6,1 millions de téléspectateurs suédois – record absolu (tack WikiWiki) – et évidemment de vendre un million de single, tant qu’à faire.

Cela aurait pu lui suffire. Et bien non ! Deuxième au Melodifestivalen 1990, elle retente sa chance en la bénie année 1991 et, capturée par une tornade, non seulement elle s’impose une deuxième fois à la sélection suédoise, mais elle double la chose d’une victoire à l’Eurovision pour un ex-… Ne remuons pas le couteau. Ne remuons pas le couteau. Couteau se dit kniv en suédois.

Cela aurait donc pu suffire… Et bien NON ! Le succès n’engendre que le désir du succès, et c’est ainsi que quinze ans plus tard, c’est auréolée de son statut de star qu’elle fait son grand retour au Melodifestivalen avec Evighet, ou plutôt Invicible en version anglaise. Bien qu’aphone le soir de la finale, elle réussit l’impossible : remporter la sélection suédoise pour la troisième fois. Et arriver dans le costume de grande favorite à Athènes, mais d’échouer à une « modeste » cinquième place derrière des monstres finlandais.

Démonstration mathématique : le théorème de Carola (Carolas theorem)

Hypothèse : auréolée d’un record de trois victoires au Melodifestivalen, d’une victoire à l’Eurovision, d’une médaille de bronze et d’un top 5, Carola déciderait de s’en tenir là

Or : bien que le jamais trois sans quatre n’ait jamais été scientifiquement avéré, pourquoi pas tenter le coup pour le coup deux ans plus tard en duo avec Andreas Johnson ?

Résultat : à louper le direkt till final pour 5 338 voix, on risque de terminer en Andra Chansen… et d’y rester

Moralité : malgré cette ultime anicroche, l’eurofan ne retient que les monts et merveilles (et il a raison)

Autres éternels triomphes : personne, parce que Carola est une divinité

Mention spéciale à Kiki Danielsson, 11 participations au Melodifestivalen – en solo et en groupe -, neuf podiums, une troisième place à l’Eurovision, et une demi-finale en 2018 comme dernier résultat à ce jour.

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Crédits photographiques : sverigesradio.se

In and Out … of Love

De ma deuxième, je ne dresserai qu’un parcours express, parce que L’EAQ lui a dédié un portrait mardi. En bien des points, nous pouvons rapprocher son parcours de celui de Carola car, pour elle aussi, les choses sérieuses ont commencé au Melodifestivalen. Et elle aussi l’a remporté à sa première participation.

Sauf qu’elle a fait mieux. Non contente de remporter la sélection nationale suédoise, et alors même qu’elle n’était pas la grande favorite (statut échu à sa cousine islandaise), elle double son coup d’essai/coup d’éclat d’une victoire à l’Eurovision. Ainsi propulsée au Paradis vivant des eurostars, elle aussi accède à la gloire et aux honneurs de son pays natal, telle son illustre aînée.

Sauf qu’elle a fait mieux. À l’aube du festoiement de ses dix ans de victoire au concours (noces de papier), elle décide d’anticiper la chose et de se présenter au Melodifestivalen pour la deuxième fois de sa carrière. Tout était prêt : le titre, la presta, la choré, les costumes, le ventilateur … Et peu importe le léger affront infligé par le public suédois, le résultat était là : deuxième victoire pour une deuxième participation. 100%. Seul Family Four a fait mieux avec ses deux victoires consécutives.

Tout était écrit, et tant les eurofans que les bookmakers l’avaient dès lors pressenti : une deuxième victoire au concours tendait les bras à Charlotte Perrelli. On connaît d’ailleurs la suite … et même dix-huit fois (c’est peu de le dire).

Mais comme toute héroïne, Charlotte est invincible, et ne prend pas ombrage de cette défaite européenne. C’est ainsi que quatre ans plus tard, elle décide de retenter sa chance au Melodifestivalen avec une proposition signée une nouvelle fois Fredrik Kempe.

« Jamais deux sans trois » dit le traditionnel adage. Et si elle le faisait ? Et si … Hélas, Charlotte fut sortie à la surprise générale dès la demi-finale, n’y terminant que cinquième. L’impossible. Le choc. La sidération. De ces affronts qui vous donnent l’envie de ne plus tenter le diable et de vous éloigner de la compétition tel un Zidane après un malencontreux coup de tête à l’italienne. Et pourtant …

Cinq ans après, en 2017, elle ne se démonte toujours pas et se décide à tenter de prendre sa revanche. Enfin … était-ce vraiment son intention ? Pour le coup, l’eurostar déroute son public avec une ballade pop à la guitare, seule en scène et en suédois. Le couperet tombe, et l’élimination est doublée d’une dernière place. On pourrait également se dire que …

Nous retrouverons pourtant Charlotte Perrelli en compétition demain, lors de la troisième demi-finale, et elle part avec la faveur des pronostics. « Jamais deux sans trois »… échecs ou finales ? Quelque soit le résultat, son parcours mélodifestivalesque rime avec éternité et dignité, parce qu’accepter l’échec après avoir tutoyé les étoiles (ou les avoir carrément atteintes) ne relève guère de l’évidence.

Autres retours gagnants-perdants célèbres : Roger Pontare (deux victoires au Melodifestivalen et une suite en demi-teinte)

Rise Like a Phoenix

La vie est un tourbillon, et il recèle de bien étranges aspects. On dit que la roue tourne, et il est vrai qu’elle oscille tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, nous dégageant parfois la route pour ensuite la retrouver semée d’embûches, avant de réussir à les surmonter. En cela, ni le Melodifestivalen, ni l’euromonde n’échappent à cela, et il est en la matière des parcours fort évocateurs.

Tout avait bien commencé pour la jeune artiste. À seulement dix-huit ans, elle termine cinquième d’Idol, et à peine un an plus tard, elle se voit proposer de participer au Melodifestivalen pour la première fois. Armée de sa seule guitare, elle ressort de la sélection suédoise avec le trophée, malgré les réserves des jurys internationaux. C’est ainsi qu’elle se voit offrir par les téléspectateurs suédois un billet en direction de Baerum (Oslo) pour représenter la Suède à l’Eurovision. Quoique moins pimpant depuis quelques années de par ses résultats en demi-teinte, le pays allongé (tel qu’il est surnommé) reste un bastion du concours : quatre victoires, dix top 10 sur les quinze dernières années (dont trois podiums) et une farouche volonté de ramener la coupe à la maison. Qui plus est, jamais la Suède n’a loupé une finale du concours depuis son ultime retrait en 1976. Les planètes étaient alignées … Sauf que l’impossible …

A la fin du show, Nadia Hasnaoui égrène les noms des qualifié.e.s pour la finale. Il n’en reste plus qu’un, et la Suède n’y figure toujours pas. Et le dixième et dernier nom à être dévoilé est celui du voisin danois. Pour la première fois de son histoire (et unique à ce jour), la Suède est sortie dès les demi-finales. Autant dire un drame national qui se joue, et qui repose sur les épaules d’Anna Bergendahl.

Pour elle, c’est le début d’une « descente aux enfers » . L’Eurovision devait être une rampe de lancement : elle sera au contraire un coup de frein. Un départ aux Etats-Unis, quelques titres, albums et EP ne suffiront pas à faire décoller sa carrière. Les suédois n’oublient pas, et ne pardonnent pas Anna. Dans une période compliquée, Anna Bergendahl se retire du monde musical et se lance dans des études de médecine à l’Université d’Örebro tout en devenant ambassadrice pour un programme des Nations-Unies. Mais le virus de la musique…

2019. Melodifestivalen. Parmi les vingt-huit noms de la line-up, un interpelle particulièrement : celui d’Anna Bergendahl. Après neuf ans de silence médiatique (neuf ans … comme Charlotte Perrelli après sa première victoire #coïncidencejenecroispas), la chanteuse (avec lequel votre auteur du jour partage une particularité) fait son grand retour avec Ashes to Ashes et une grande question : les suédois ont-il tourné la page ? À l’arrivée, cela donne un passage par l’Andra Chansen et une dixième place de la finale. Car c’est l’année 2020 qui, paradoxalement, changera la donne.

Dès les premières secondes de sa prestation en deuxième demi-finale, c’est désireuse de tourner la page et d’en écrire une nouvelle qu’Anna Bergendahl est montée sur la scène du Scandinavium de Göteborg. Et c’est dix ans après que les suédois ont enfin daigné offrir une seconde chance à Anna, avec à la clé un direkt till final riche en émotions et une troisième place en finale. « Que mon règne vienne » chante Anna. Kingdom Come lui a offert mieux que ça : une résurrection.

Autre résurrection célèbre (pour d’autres motifs) : Arvingarna

Kiss you … Goodbye

S’exposer à un risque d’échec après avoir connu le succès n’a donc rien d’une sinécure. Certains ont fait le choix de se mettre en retrait une fois leur rêve atteint, quand d’autres ont pris le risque de connaître l’insuccès, pour un résultat favorable (malgré une suite plus sinueuse pour certains). Pour d’autres, le chemin a pris une autre tournure, et leur réussite passée ne s’est guère avérée un gage de réussite future, au contraire. À ce titre, bien d’anciens participants à l’Eurovision ont pris l’eau à leur retour au Melodifestivalen, et la liste est longue. Mais il en est un dont moi, Rem_Coconuts, fais une affaire personnelle et de la plus haute importance, dont rien que la présente évocation suscite en moi l’émoi le plus profond quatre années après.

Retour en 2011. Une artiste tout droit sortie d’Idol (elle aussi) participe pour la première fois au Melodifestivalen bien que son propre coeur la refuse. Héritant de la maudite deuxième palce dans l’ordre de passage de sa demi-finale, elle réussit pourtant à se frayer un chemin direction l’Andra Chansen où elle est battue par Sara Varga avec les honneurs (43,90%, c’est large, mais on a connu pire), tout en se faisant repérer par le public suédois et la production du Melodifestivalen. Un an passe, et la donne n’est plus la même : la débutante recalée s’est entretemps transformée en tourbillon capable de tout ravager sur son passage. Et des ravages, elle en fera, tant au Melodifestivalen où, possédée par une mystique euphorie, elle fait l’unanimité tant auprès des jurys que du public, qui lui accordera un bonus de 32,7% des voix. Danny Saucedo n’y pourra rien : c’est elle qui ira défendre les couleurs du pays à Bakou, sous le haut patronage de Sainte Lynda Woodruff. C’est avec le costume d’immense favorite qu’elle arrive en Azerbaidjan (dont elle va rencontrer les opposants au régime autoritaire), et c’est avec le Micro de Cristal qu’elle repart, auréolée de 372 points, dont dix-huit fois le note douze.

Nous connaissons la suite, mais j’ai envie de la rappeler avec les trémolos dans la voix et les yeux tout humides de cette émotion qui ne cesse de m’étreindre depuis 8 ans, 8 mois et 24 jours (soit 3 391 jours) à la seule évocation d’Euphoria. Pour rappel donc : le titre devient un énorme succès en Europe comme-nul-autre-titre-vainqueur-n’en-a-eu-depuis-un-demi-siècle-au-moins, Loreen devient une eurostar respectée, adulée et vénérée (dont par moi-même, pour rappel aussi). Dès lors se posent deux questions légitimes :

  • À présent que la Suède s’est relancée, quand va t-elle gagner à nouveau le concours ? (réponse : trois ans plus tard)
  • Quand va t-on revoir Loreen au Melodifestivalen ET à l’Eurovision ?

Dès lors, chaque rumeur, chaque bruissement de couloir, chaque mot publié par l’Aftonbladet devient se mue en lueur d’espoir, vite démentie par la révélation officielle de la line-up du Melodifestivalen.

2014 : pas de Loreen.

2015 : pas de Loreen.

2016 : pas de Loreen.

2017. Loreen.

LOREEN ?????

LA grande gagnante de l’Eurovision 2012, déjà quintuple tenante du titre de l’ESC 250, au Melodifestivalen ? L’euro-planète s’affole. Les eurofans sont en transe, les bookmakers explosent, le monde ne tourne plus que pour et par cette divine nouvelle, et les attentes qu’elle suscite. Très vite, Loreen s’impose comme l’une des favorites avant même que ne soit révélée la moindre note de son titre, intitulé Statements et doté de la place du favori de la production dans l’ordre de passage, à savoir la clôture des demi-finales.

Rapidement, l’enthousiasme se tarit. Si Statements n’est évidemment pas Euphoria, la prestation déroute – c’est le moins qu’on puisse dire, bien que la qualité de la performance soit reconnue. Le statut de favorite à la victoire vacille, mais bien que la demi comporte une certaine concurrence (avec Jon Henrik Fjällgren feat Aninia et Wiktoria), bien peu imaginent voir Loreen passer à côté du direkt till final. C’est pourtant en Andra Chansen qu’est envoyée l’eurostar, bien qu’arrivée en tête d’un deuxième tour de télévote insuffisant pour combler le retard de voix accumulé au premier. Une semaine plus tard, c’est à un jeune chanteur à la guitare qu’est confrontée Loreen dans un duel jugé fort accessible et dont elle est jugée grande favorite, impossible étant la défaite. Et pourtant …

C’est à l’énormissime surprise générale qu’Anton Hagman provoqua la chute de Loreen (et endossa à mes yeux son rôle de responsable de cette dernière, subjectivité oblige). Et que se produisit ainsi le plus grand eurodrama de la saison des sélections 2017, si ce n’est l’un des plus grands de l’histoire des sélections. Et que, depuis, Loreen n’a point tenté à nouveau sa chance au Melodifestivalen … (et que quatre ans après, cette élimination me mortifie encore au plus haut point)

CQFD

Autres retours manqués (et parfois sans cesse de l’être – mais le coup n’est pas aussi rude) : Jessica Andersson (cinq participations en solo, pour une dixième place en guise de meilleur classement), Martin Stenmarck (studenten Melfest spécialité Andra Chansen), Afro-Dite (cinquièmes de leur demi-finale en 2012)

I Will Wait

En guise de conclusion, je me contenterais ici de rendre hommage à celles et ceux qui, en dépit de multiples récidives, n’ont à ce jour pas encore atteint leur rêve eurovisionesque, quand bien même ils continuent de persévérer dans leurs efforts ou, à défaut, ont fini par atteindre le point de non-retour en termes de lassitude.

En voici une liste non-exhaustive :

  • 7 participations : Linda Bengtzing
  • 6 participations : Andreas Johnson, Shirley Clamp (6 participations – mais a été choriste d’Antique à l’Eurovision 2001)
  • 5 participations : Alcazar
  • 4 participations : Mariette, Danny Saucedo (4 participations, dont 3 podiums et une place de finaliste en cours), Andreas Lundstedt (4 participations en solo hors Alcazar, mais a représenté la Suisse à l’Eurovision 2006 avec Six4one)
  • 3 participations : Wiktoria, Ace Wilder, Jon Henrik Fjällgren, Lisa Ajax, Samir och Viktor, Anton Ewald

À celles et ceux-là, je n’ai qu’un mot à dire :

À demain pour suivre ensemble la troisième demi-finale du Melodifestivalen 2021 !

Crédits photographiques : SVT