Hej !

Mais quel super saturday rempli d’émotions ! Si vous avez suivi le live-tweet de L’Eurovision Au Quotidien, la soirée ne fut pas avare en rebondissements, et quarante-huit heures après, Loreen ne s’en remet toujours pas … pour le « meilleur » toutefois s’agissant du Melodifestivalen. Allez, moving on to the tableau (l’art de la formule ne s’invente pas), et découvrons ensemble le verdict de notre fidèle partenaire.

LOREEN

Le principe reste le même : les Loreen du Melodifestivalen reflètent exclusivement l’avis de leur auteur, qui n’engage donc que lui. En outre, elles expriment ici un avis sur les chansons, et non sur les prestations, abordées dans les commentaires.

CommentairesLoreen

Charlotte Perrelli – Still YoungL’annonce du grand retour de Charlotte Perrelli en finale a suscité une profonde émotion du côté du sud-ouest de la France. La terre a tremblé. L’EAQ a failli perdre Rem_Coconuts et Rem_Coconuts a failli perdre le fil du live-Twitter. « I’m alive » aurait chanté Céline, mais Charlotte y préfère « Parce que nous sommes encore jeunes, nous sommes invincibles. ». Oui, La Perrelli est aussi invincible que Carola, et en la matière, c’est une démonstration qu’elle a effectué sur la scène de l’Annexet samedi soir. Une prestation juste parfaite, tant scéniquement que vocalement, à la hauteur de l’eurodiva qu’elle est et qui voulait signer son grand retour, treize ans après sa dernière finale (et victoire) au Mello. L’ensemble était à la hauteur des attentes : so diva, so schläger, so kitsch, et oui, Still Young est loin d’être un chef d’oeuvre sur le plan musical avec ses arrangements grossiers et dénués du moindre soupçon de finesse. Mais c’est diaboliquement efficace. Still Young rentre dans les oreilles et dans la tête pour ne plus jamais en sortir, et se rend terriblement addictive quelque soit votre sentiment à son égard. Still Young est à la Reine Perrelli ce qu’était Kingdom Come à Anna Bergendahl : la chanson de la « rédemption » après deux éliminations en demi-finale (2012 et 2017). La Reine est toujours là, et moi, je ne peux qu’adorer (et assumer ce plaisir coupable au grand jour en me la jouant Charlotte Perrelli).

Emil Assergård – Om allting skiter sigBon. Il est fort sympathique notre ami Emil, et même aussi sympathique que nos tout aussi amis Samir och Viktor. Son enthousiasme de franchir la scène du Mello pour la première fois est palpable et communicatif. L’énergie dont il jouit est également fort communicative. Alors, oui, c’est bien sympatoche tout ça, mais quelque chose me dit que c’est loin de suffire. À vrai dire, en dépit du grand succès qu’est celui d’Emil en Suède, ces trois minutes m’ont donné l’impression d’entendre un YouTubeur récemment converti à la chanson et en besoin d’un soupçon d’étoffement en termes de qualités vocales (bien que la situation ne soit pas catastrophique en soi). Quant au titre, il m’a à peu près fait semblable effet : celui de quelque chose de « sympatoche » … mais pour fêter le soir de Midsommar en faisant la danse de l’été autour d’un feu de camp dans une lointaine contrée du Götaland, une bouteille de schnaps à proximité et des saucisses de renne en train de tourner sur une broche autour du dit feu. Soirée à laquelle on peut s’abstenir de m’inviter, car j’aurais probablement piscine… avec Samir och Viktor.

Klara Hammarström – Beat of Broken HeartsOn attendait de la scandi-pop et devinez ce qu’on a eu ? Vous ne devinerez JA-MAIS ! Mais de la scandi-pop, vingt dieux ! Je parie que vous ne l’auriez jamais soupçonné ! Mieux encore : on en a pile l’archétype. En résumé : c’est simple, construit comme environ 3 459 titres du style publiés auparavant dans l’ensemble des sélections scandinaves (particulièrement le Melodifestivalen tout de même), sans surprise et sans volonté aucune de révolutionner l’histoire de la musique. Toutefois, le tout reste agréable, vraiment sympathique, et passe plutôt bien à l’écoute. Si les couplets me semblent un peu faibles en termes de composition et de musicalité, et si l’ensemble gagnerait à davantage de muscle pour se rendre suffisamment mémorable et impactant, j’aime vraiment bien le refrain, que je trouve assez efficace, à l’instar d’un titre plaisant sans potentiel démesuré. Sur la prestation par contre, le choix d’un seule en scène me laisse perplexe et donne lieu à une scénographie très vide, qui laisse Klara seule dans la lumière avec sa cuirasse argentée (que vous pouvez largement faire l’économie de m’offrir si par malheur vous en prenait l’incommode envie).


Mustasch – ContagiousJe ne suis jamais très à l’aise pour commenter ce type de prestations tellement je suis d’une inculture marquée dans le genre, à tel point que je serais presque capable de prendre une oeuvre de seconde zone pour une pépite dénichée sur la route de l’Eldorado. Le seul chef d’oeuvre que j’ai été capable de détecter instantanément porte le doux nom d’Astrid Mund Singra, ou plutôt hatrið mun sigra en bon islandais – mais dans un tout autre style, évidemment. Si la prestation est ici plutôt réussie et conforme aux codes du genre, elle n’est pas révolutionnaire en soi … à l’instar du titre : très attendu et sans surprise, pour ne pas dire recyclé. Oui, Contagious ne fait pas trop mal le job, mais demeure en moi une impression de déjà vu et de déjà entendu, avec quelques relents « vintage », pour ne pas dire un peu vieillots sur les bords. Old School, c’est exactement ça. Tant le titre que la presta souffrent de la comparaison avec Lillasyster (DF2), et à ce jeu là, ce sont les cadets qui l’emportent de mon côté. Pour tout vous dire, Mustasch ne me fait pas sauter au plafond et me décoiffe à peine une mèche folle – et encore, là où d’autres m’enthousiasment bien davantage dans le genre.

Elisa – Den du ärC’est difficile de livrer un verdict aussi implacable sachant qu’on a là une bonne interprète, qui sait chanter (et se suffit très largement à elle-même en la matière contrairement à d’autres), et à une artiste paraissant aussi sympathique qu’Elisa. Il est juste un grand dommage d’avoir omis de préciser aux auteurs et compositeurs du titre que nous sommes en 2021. À vrai dire, je ne suis guère certain que les années 80 (pour ne pas dire octante) auraient cautionné un ensemble aussi confondant de kitsch. Car c’est … kitsch. Très kitsch. Très, très, très, très, très kitsch, de la tête aux pieds et du sol au plafond. De la musique à la scéno. Du refrain aux volants de la robe d’Elisa (avec lesquels je n’oserais pas refaire mes rideaux). De la choré à la compo, que Disney aurait fort probablement renié si on avait eu l’indélicatesse de lui en poser le 45-tour sur son bureau. Alors, oui, Elisa chante, et elle chante très bien : mais elle mériterait tellement un titre à la hauteur de son talent et non cette indigeste soupe à la guimauve fermentée qu’elle s’est en partie infligée en tant que co-autrice-compositrice … Je serais presque tenté de dire que même D-Moll ou Roko auraient été capables de refuser une telle ritournelle. Quoique.

Alvaro Estrella – Baila bailaLe point positif majeur tant du titre que de la prestation, c’est sa capacité à emmener le soleil dans une période aussi sombre pour nos petits coeurs tout tristounets et nos corps qui n’aspirent qu’à se déhancher collés-serrés sur une piste au rythme de la musique et un Spritz à la main. Mission accomplie pour Alvaro, qui nous livre ici un titre de l’été sur un air latino, comme il sait nous en livrer et comme le Melodifestivalen en propose chaque année son quota à un public fort friand. Soyons honnêtes : c’est agréable. La mise en scène et la choré étaient plutôt sympathiques, quand bien même Alvaro n’est pas le plus grand vocaliste que la Suède ou même l’histoire aient jamais produit. Là où, par contre, le bât blesse vraiment, c’est dans la faiblesse du morceau. Bien que Baila baila n’ait pas prétention à renouveler les codes du genre, il aurait été bienvenu d’éviter de livrer au téléspectateur une énième et sempiternelle copie de la sous-copie de la copie des titres latinos chaque année proposés par la production. L’ensemble souffre d’une composition assez faible, beaucoup trop simple, infiniment trop basique et deux millions de fois entendue pour ébahir Loreen. Qui prend quand même les quelques rayons de soleil et la soirée sur la plage, hein.

Tusse – VoicesLa Suède aurait-elle trouvé hier soir un concurrent à la victoire ? Une évidence s’impose en tout cas : Tusse est un interprète pétri de charisme et de talent. Le pays entier s’était levé pour lui lors de l’édition 2019 d’Idol, avec une victoire à la clé, et on comprend mieux pourquoi. Le jeune artiste se suffit largement à lui-même et réussit à merveille à transcender son titre sur la scène d’un Melodifestivalen qu’il foule pour la première fois et livrer l’une des meilleures prestations de l’édition. Pour parler du titre à présent, Voices est un titre pop de bonne facture, à la production bien calibrée et plutôt accrocheur à l’oreille. Tout en étant agréable et efficace, l’ensemble ne révolutionne ni l’histoire de la musique, ni le genre, mais il bénéficie d’un interprète capable de le porter plus haut que ce qu’il ne l’est en réalité, et au vu de la concurrence peu relevée qui est celle de cette édition, Voices s’impose à ce jour comme en étant l’un des titres les plus marquants… et Tusse pourrait être un digne représentant de la Suède au concours. Mais l’artiste gagnerait toutefois à attendre un meilleur titre, plus fort et mieux calibré pour espérer porter les couleurs de son pays au concours.

Avis général

Vous connaissez Loreen : elle fait d’ordinaire montre d’un certain enthousiasme, et notamment dans cette édition du Melodifestivalen qui, jusqu’ici, semble laisser un goût mitigé à la majorité. Force est pourtant de constater que cette troisième demi-finale descend nettement d’un cran en termes de qualité. C’est assurément la plus faible à laquelle il nous ait été donné d’assister jusqu’à présent, et la déception est réelle. Hormis de rares éclaircies signées des deux vainqueurs de la soirée (et notamment le retour de Charlotte Perrelli en finale qui, au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, a empli mon coeur de joie comme personne), la soirée nous a surtout offert des titres d’un bien faible niveau général eu égard aux enjeux qu’impose une sélection nationale digne de ce nom, et surtout le Melodifestivalen. Passons aux votes.

Les votes de Rem_Coconuts

  • Direkt till final : Charlotte Perrelli et Tusse
  • Andra Chansen : Alvaro Estrella et Klara Hammarström

Non seulement mes pronostics et mes votes se sont rejoints, mais ils s’inscrivent de surcroît en complète phase avec les choix du public suédois. C’est en toute logique que les téléspectatrices et les téléspectateurs ont choisi de récompenser les artistes dont les prestations ont largement surpassé celles de la concurrence, quand une seconde chance a été offerte à ceux à qui le titre et/ou la performance en live ont permis de s’en sortir avec les honneurs – là où une demi-finale plus dense leur aurait sans doute montré la porte de la sortie. La qualification de Lillasyster pour l’Andra Chansen et la polémique engendrée par l’affaire Ralf Gyllenhammar ont peut-être coûté beaucoup de points à Mustasch (y compris avec un titre peu exceptionnel), quand Emil Assergard a probablement bénéficié de sa popularité croissante et Elisa s’est avérée hors-course dès les premières notes de sa chanson. Espérons que la quatrième demi-finale nous offre un plateau d’un autre niveau davantage digne des attentes toujours très élevées à l’égard de la Suède.

Rendez-vous demain pour faire plus ample connaissance avec les candidat.e.s de la dernière demi-finale du Melodifestivalen cru 2021 !

Crédits photographiques : SVT