Comme la semaine dernière, ce sont 4 pays qui se retrouvent à la dernière place. Mais fait notable, ce sont 4 artistes féminines qui sont nos lanternes rouges du jour. Et nous commençons avec…

Annie Palmen

Anna Maria (dite Annie) Palmen naît le 19 août 1926 à Ijmuiden, une ville portuaire de la Hollande-Septentrionale. Très tôt, la jeune fille se lance dans une carrière musicale puisqu’elle n’a que 15 ans quand elle accompagne un orchestre hawaïen . Puis, elle chante avec un trio de cow-boys et un orchestre à Haarlem (une ville des Pays-Bas, pas le quartier new-yorkais).

En 1948, elle remporte un de ses premiers concours de chant, celui organisé par le radiodiffuseur catholique KRO. La même année, elle décroche le titre de Miss Zandvoort. Dès lors et pendant une décennie, elle est très demandée sur les radios, qui diffusent ses prestations très régulièrement. En 1958, le duo qu’elle forme avec Nelly Wijsbek, De Hartedieven (les voleuses de cœurs), signe son premier succès grâce au titre Ik zal je nooit meer vergeten (je ne t’oublierai jamais). Deux autres suivront dans les mois qui suivent, à la grande joie de leur label Artone.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

La première tentative d’Annie pour représenter son pays au Grand Prix Eurovision a lieu en 1960. Comme le veut le règlement, chacune des chansons candidates est interprétée par deux artistes. Wat een geluk (quelle chance) est donc présentée par Annie Palmen, mais aussi par Rudi Carrell – lequel est choisi par un jury de professionnels pour chanter ce titre à Londres, le 29 mars où il finira d’ailleurs 12ème sur 13 participants. A 1 point de figurer dans cette série d’articles.

3 ans plus tard, elle retente sa chance le cœur léger, puisqu’elle est la seule artiste en compétition. Sa chanson Geen ander (Aucun autre) est désignée gagnante, mais le texte et le titre sont bientôt modifiés pour la grande finale internationale. Toutefois, Een speeldoos (Une boite à musique) subit un camouflet à Londres – peut-être parce que le chef d’orchestre, Dolf van der Linden, refuse de jouer par solidarité avec les musiciens néerlandais en grève à l’époque. La contribution des Pays-Bas ne récolte donc pas un seul point. De plus c’est la 2ème année consécutive que le pays des tulipes réalise cette contre-performance humiliante. Le Concours Eurovision laisse donc un souvenir amer à la jeune femme, qui n’y reviendra plus.

Et après l’Eurovision ?

En septembre 1967, elle débute une nouvelle phase de sa carrière en intégrant l’orchestre de la KRO, avec lequel elle chante sous le pseudonyme de Drika. Elle y joue en particulier le rôle de la femme d’un fermier, et craint un moment la désaffection du public provoquée par ce changement de nom. Mais les représentations sont extrêmement suivies et le succès est énorme. Le programme prend néanmoins fin en 1972, marquant le terme de la carrière d’Annie.

Pendant les vingt-cinq années suivantes, Annie Palmen se montre très discrète. C’est par conséquent un peu oubliée qu’elle décède d’une longue maladie le 15 janvier 2000, à Beverwijk, dans sa région natale.

Dans son malheur londonien, Annie ne fut pas seule. Elle eut pour compagnie, celle de…

Anita Thallaug

Sœur de la chanteuse d’opéra Edith Tallaug, Anita Thallaug est née le 14 février 1938 dans la ville de Bærum au sud-est de la Norvège. Elle a commencé sa carrière très jeune. En effet dès l’age de 7 ans, on pouvait la voir au théâtre à Oslo dans un spectacle pour enfants où sa voix faisait des merveilles. Elle y chantait l’Avé Maria de Gounod par exemple. En outre elle reçut une formation d’artistes complète : chant, piano et ballet. A 11 ans, des producteurs sentant tout son potentiels, lui firent enregistrer quelques disques.

La NRK (radio-télévision -mais surtout radio à l’époque- norvégienne) l’engage pour des émissions pour enfants. Dans le même temps elle devient la voix norvégienne de Alice dans le mythique Alice au pays de Merveilles de Walt Disney. En 1954, désormais adulte, elle fait ses 1er pas sur le grand écran. En 1957, elle devient la 1ère actrice norvégienne à apparaitre nue dans un film. Pour ne pas choquer les Père La Morale, elle est néanmoins filmée de loin.

Dans les années 60, elle est une des artistes norvégiennes les plus populaires. Entre enregistrements de disques et comédies musicales (avec entre autre My Fair Lady), elle a un agenda bien rempli. Quand soudain le début du Melodi Grand Prix 1963 se profile…

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Le destin d’une participation à notre concours musical préféré tient parfois à peu de chose. Car Anita n’aurait jamais du se rendre à Londres ! La raison ? Si Solhverv (Solstice) a bien gagné l’édition 1963 du Melodi Grand Prix, la chanson était interprétée par Nora Brockstedt (1ère représentante norvégienne en 1960). La raison du désistement de cette dernière était qu’elle avait déjà des engagements mais en vérité le titre ne lui plaisait guère. La NRK fit donc appel à Anita. Et on peut dire que Nora Brockstedt a eu le nez fin car pour la première fois la Norvège finit sur la dernière marche avec un null point (et ce ne sera pas la dernière fois).

Et après l’Eurovision ?

Des problèmes personnels l’éloignent peu à peu de la scène comme elle l’écrivait dans son autobiographie en 1978. Néanmoins dans les années 80, elle décide de faire son come-back. Tout d’abord au théâtre et à la télévision. Puis en 1998 à l’occasion de ses 60 ans, elle sort un album Me, and my friends. Elle est décédée cette année, le 20 mars précisément.

Ce n’est pas finiiii… On est à la moitié de l’article ! Et notre troisième lanterne est…

Laila Halme

Laila Soppi future Halme est née le 4 mars 1934 dans ce qui était une petite ville finlandaise appelée Jääski (et qui dorénavant se nomme Lessorgorski et se trouve en Russie). Dès son plus son jeune age, elle sait qu’elle veut devenir chanteuse. Pour cela, elle a étudié le chant classique et la musique.

Elle débute sa carrière professionnelle dans les années 50 en devenant chanteuse dans un groupe de jazz les Olli Hämeen Orkesteri. En 1959, elle quitte le groupe pour se lancer dans une carrière en solo. Dans les années qui suivent elle alterne son métier de chanteuse avec celui d’actrice. On la voit dans certains films et téléfilms finlandais.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Un hasard des plus étranges veut que Laila Halme ait un destin similaire à celui de Anita Thallaug en ce qui concerne sa participation au concours Eurovision.. En effet, après la selection finlandaise (Suomen Euroviisukarsinta, l’ancêtre de l’UMK), ce n’est pas elle et la chanson Muistojeni laulu (la chanson de mes souvenirs) qui aurait du représenter le pays mais une autre chanteuse finlandaise, Irmeli Mäkelä. Pour des raisons inconnues, celle-ci ne préférera pas partir au Royaume-Uni et YLE (groupe de radio-télévision publique en Finlande) rappela Laila. Et le hasard facétieux continue car comme la représentante norvégienne, Laila partit de Londres avec 0 point. Le sort n’a pas été tendre du tout avec les pays nordiques en cette année 1963 (et ce n’est pas fini !)

Et après l’Eurovision ?

Cette dernière place n’a pas gâché la carrière de Laila car elle a ensuite enchainé les concerts. Mais à la fin des années 60, elle délaisse les salles et les studios d’enregistrements pour ceux de la télévision. S’en suit donc une longue carrière d’animatrice qui l’amènera à présenter… La sélection finlandaise de 1987.

Après avoir subi deux attaques, Laila a été admise dans une maison de retraite, où elle a passé ses derniers jours. Elle est en effet décédée le 28 novembre 2021.

Comme je l’écrivais quelques ligne au-dessus, le destin n’a point été tendre avec les pays nordiques car notre dernière lanterne rouge de la semaine est…

Monica Zetterlund

Eva Monica Nilsson (rien à voir avec Charlotte ou Tommy) naît le 20 septembre 1937 à Hagfors, une petite ville du Centre-Ouest de la Suède. Très jeune, la petite Eva se passionne pour la musique jazz qu’elle entend à la radio, apprenant par cœur des chansons en anglais dont elle ne comprend même pas les paroles. Ce genre restera toute sa vie celui auquel elle sera le plus attachée, même si elle se risquera parfois dans d’autres styles. Ainsi, elle fera des reprises très remarquées en Suède de Hit the road, Jack ! de Ray Charles, rebaptisée Stick iväg, Jack ! et de Walking my baby back home, de Nat King Cole, Sakta vi gå genom sta’n en suédois. Sa renommée dépassant les frontières de son pays, elle est même amenée à travailler avec les plus grands noms du jazz, comme Louis Armstrong, Stan Getz ou Quincy Jones.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

  Celle qu’on n’appelle plus que Monica Zetterlund (du nom du premier de ses quatre époux) tente toutefois de se faire connaître d’un public plus large en tentant sa chance aux sélections nationales pour le Grand Prix Eurovision. Son premier essai a lieu en 1962 mais sa chanson När min vän (quand mon ami). Elle termine deuxième, en étant largement battue (de presque 30 000 voix). L’année suivante, elle remporte le droit de représenter la Suède à Londres avec En gång I Stockholm (Une fois à Stockholm). Et comme ses voisines norvégienne et Finlandaise, Monica ne reçut aucun point. Un fait unique concernant les pays nordiques !

Et après l’Eurovision ?

Cette dernière n’entacha nullement la carrière de Monica. Elle publie aussitôt un album jazz, Waltz for Debby, qui met tout le monde d’accord, les critiques comme le public. Elle entreprend en même temps une carrière de comédienne, sur les planches avec le duo comique Hasse & Tage, et au cinéma – son rôle le plus célèbre étant celui d’une ancienne prostituée qui décide d’émigrer aux Etats-Unis avec sa fille (jouée par sa propre fille Eva Lena) dans les années 1850. Ce rôle qu’elle tient dans le film Les Émigrants du réalisateur Jan Troell lui vaut d’ailleurs un Prix pour le Meilleur Second Rôle Féminin dans son pays. En tout, elle apparaîtra dans une vingtaine de films et de séries télévisées. Elle n’oublie pas l’Eurovision en tentant de représenter de nouveau la Suède en 1972. Cette 3ème participation se soldera par un échec car elle et sa chanson Krama mig och dansa (embrasse-moi et danse) termineront à la 6ème place.

Souffrant depuis longtemps d’une scoliose sévère due à un accident subi dans son enfance, elle se voit dans l’obligation de mettre fin à sa carrière en 1999, deux ans après sa dernière tournée, où elle a dû chanter assise, aidée par des assistants à monter sur scène. Condamnée à la chaise roulante, elle ne sort plus beaucoup de son domicile de Stockholm, où elle meurt le 12 mai 2005. Vraisemblablement, l’incendie dans lequel elle décède a été provoqué par sa tragique habitude de fumer au lit. Huit ans après sa disparition, sort Monica Z, un biopic qui lui est consacré. Étrange destiné d’ailleurs que celui que partage Monica qui est née et décédée les même jours (mais pas les même années) qu’une autre eurostar, Mia Martini.

A la semaine prochaine pour une édition de notre concours musical préféré…Sans images !

Crédits photo : Rémi pour l’EAQ.

Vidéos : Chaine youtube de Georgios Symeonidis