Retrouvez tous les samedis (et exceptionnellement ce dimanche, parce que la nuit de vendredi a été trop courte pour notre eurodiva, et le soir parce que la technique a foiré) un nouvel épisode de notre série-fiction de l’été « Les étés Davidna ». Jusqu’où notre eurostar en devenir ira t-elle ? Après le prologuel’épisode 1l’épisode 2 l’épisode 3 et l’épisode 4, aujourd’hui au programme de l’épisode 5


De retour de mon escapade parisienne, je barbotais dans ma piscine tandis que les D. Boys s’affairaient à l’entretien du jardin qui n’avait rien à envier à ceux de Cheverny, somme toute plus modestes que le mien et délibérément privés d’accès à la mer par leur architecte depuis frappé du sceau de l’indignité.

Quel doux supplice d’être une femme au foyer désespérée tandis qu’au loin brûlent les terres et les forêts, ce désormais désert dont je me suis auto désignée comme princesse. Et encore, les Canadair osèrent-ils atterrir en pleine nuit sur mon six hectares afin de me priver de mes ressources aquatiques, ce sans même me demander mon avis. Mais quoi se prennent-ils donc ? Où va le monde si l’on ne respecte plus la puissante que je suis ?

Tandis que je m’hydratais d’un Porn Starn Martini, je songeais à la violence des mots d’Hakuna Matata, depuis incarcérée dans une unité de soins grâce à l’intervention de mon avocate Maître Marie-Françoise Etchegarray. Lettres et syllabes résonnaient en moi comme de vulgaires flaculences, et vous n’êtes pas sans connaître mon désamour du gaz hormis celui des bulles de champagne. Je ressentais du plus profond de moi-même ce couteau en train d’être remué dans une plaie que je croyais cicatrisée depuis mes aventures à la grecque de 2007, année érotique durant laquelle Délos et Mykonos firent corps intégral avec moi le temps d’un été brûlant.

Oser avoir ravivé en moi le tragique souvenir de 2005, celui qui aurait pu à jamais gâcher ma carrière artistique si Athéna la chasseuse, la guerrière, ne s’était pas réveillée armée de son tomahawk … Une seule a voulu avoir ma peau par deux fois de trop incommensurables effrots pour elles, tandis que je n’eus même pas à claquotter des doigts pour avoir la sienne, auto achevée par manque de talent, de sel et d’aspérités. Ce qui fait quand même beaucoup pour une seule artiste. Enfin, artiste … Surtout redevenue employée de service dans le catering des tournées de Lââm … qui n’en fait plus beaucoup elle-même depuis que je lui ai volé la vedette.

Rien n’est plus satisfaisant et jouissif que d’observer l’échec de l’ennemie publique numéro 1 tandis qu’à titre personnel, on observe sa propre réussite en trinquant à la santé de son reflet dans le miroir. Mais il restait toutefois une étape majeure à cocher de mon sabre, histoire de consacrer la complétude de ma réussite artistique. Par une nuit où je pourrais être glorieuse (et mon public avec), j’arpenterais la scène de l’Eurovision, larmes d’émotions coulant sous mon mascara waterproof, prête à saisir le Micro de Cristal offert par un télévote et un jury déjà unanimes avant que le moindre mot ne soit sorti de ma bouche. Telle Marianne, ma rousse et flamboyante chevelure (que tenta d’usurper Dotter non sans certain mauvais goût) serait revêtue du bonnet phrygien et mon corps enveloppé de ce drapeau bleu, blanc, rouge. Fière, bouleversée, historique, j’apporterai une sixième étoile à un peuple en génuflexion devant le symbole de la République que j’incarnerai à présent.

Acteur pourtant majeur de la compétition, le Bélarus a été injustement mis au ban des nations eurovisionesques (du moins c’est que je pensais jusqu’au jour où ils ont grossièrement refusé ma collaboration).

L’Italie m’avait trahie. La Moldavie m’avait imposé la prison, pendant que la Macédoine du Nord était confinée, et que la Belgique essayait de me faire croire à un complot international.

La Norvège n’avait pas voulu de moi. Le Portugal, non plus. L’Allemagne, non plus. La Lettonie, non plus. Le Monténégro, non plus. Andorre, non plus. Hormis de réelles chances albanaises, je me devais désormais de chercher au bon endroit, et surtout d’être du bon côté de la Force (même si j’étais la Force).

De par les influences et les tendances singulières que j’incarne, je me devais de porter le projet d’une euro-république à la française. Parce que c’est notre projet, précisément. Ne pas me laisser effleurer par des lambeaux de démons tout droit issus des visions d’une vieille folle shootée aux billets de cent balles dans lesquels elle enveloppait les substances dont elle s’imprégnait l’esprit au quotidien. Je pensais impossible qu’un tel degré de fake et d’incompétence dépasse celui de l’Eurovision au Quotidien, et j’ai pourtant trouvé pire, c’est dire. Dans sa salle des incarnations (ainsi appelait-elle son cabinet), l’atmosphère embaumée de fumigènes était censée lui révéler la Vérité Absolue du Papagallo (VAP pour les intimes, vapes au pluriel) : elles ne mettaient pourtant en lumière qu’un débit perpétuel de sottises pire que C8 à la cadence, quand bien même mon cher Cyril avait fait de moi l’une de ses égéries.

Bien que ces obscures pensées mémorielles du souvenir de 2005 eurent le mérite de ranimer en moi ce curieux objet du désir et de raviver mon feu déjà sacré, je les considérais toutefois comme bien trop vaines eu égard à mon projet qui s’accompagnait d’un pronom personnel singulier.

Tandis que je battais le record du monde du 200 mètres dos dans ma piscine olympique, renvoyant aisément Kirsty Convenry et Ariarne Titmus dans les vestiaires tandis que s’époumonait Nelson Monfort, je réfléchissais à ma flamme euro-olympique. Avec obstination et à destination, je parviendrai à mon but. Joëlle, Amina, Nathalie (qui ?), Natasha, Patricia, Barbara, toutes n’auront plus qu’à aller se rhabiller devant mon aplomb et mon impertinence. Maîtresse de mon destin, capitaine de mon âme, plus agile qu’un gorille éméché au Tropico, je serai celle qui ramènerai son faste à la France, un pays qui en a bien besoin. Peut-être même deviendrais-je Présidente de la République, qui sait.

Libre, dévastatrice, impétueuse, je ferai de ma voix un programme, de mes mots un manifeste, de mes slogans une carte des sons de Paris et du désert français. Mon poing levé et mes cordes vocales déployées seront une doctrine politique de l’Eurovision devant laquelle tous s’inclineront tels les poneys poneys qu’ils sont. You shot me down with love, sauf qu’une seule deviendra invincible, et ce sera moi, imbéciles.

Traversant la Royal Davidna Piscine[1] sur le dos de Drucilla ma caïmane (et non cocaïnome, contrairement à ce que prétendent les journaux à scandale), je flottais et méditais. Ma réussite ne passerait que par un meilleur plan d’attaque que celui d’Eddie et Patsy, qui manquèrent de m’emmener dans leur perte. Anthropophage de l’extrême, plus féroce que la mâchoire de May Tana, j’étais prête à défoncer tous les parquets de Venaria Reale, qu’importent les médisances de l’Unesco. Pour cela, il me faudrait évidemment ouvrir davantage de portes qu’initialement escompté, moi qui me fait d’habitude ouvrir jusqu’à celles du fridge de mon appartement parisien.

Tandis que je me rafraîchissais sous mes cascades artificielles dignes de Krka, desquelles jaillaissaient des litres de pétrole (paraît-il que c’est bon pour la peau selon ma dermatologue azérie), j’étais forcée d’admettre la réalité. Quoiqu’il m’en coûte, et bien que j’eusse pour horreur d’effleurer les poignées (dont la taille me rappelait trop ma nuit de noces avec mon second ex-mari, motif de divorce évident), je devrai aller à la rencontre d’acteurs majeurs pour aller au galop. Ainsi ressuscita en moi l’esprit du pur-sang arabe qui avait fait mon succès et, ni une, ni deux, troisième Porn Star Martini dans une main et smartphone dans l’autre, je prenais contact avec mon secrétariat resté à demeure parisienne.

  • Karine ? Encore vous ? Je vous avais pourtant dit ne pas répondre au téléphone … Bref. Allez me chercher Estelle Lemée, on a des rendez-vous à booker sur mon agenda. Et fissa, je vous prie, sinon je vous fais décapiter rue Quincampoix.

Visioconférence, bureau de la Royal Davidna House, 8 août 2021

Quoiqu’il en coûte. Heureusement que j’avais accepté l’irrévocable sentence de cette phrase, parce qu’il m’en coûtait précisément beaucoup.

Mon amour des eurofans est déraisonné et déraisonnable à la fois. Je serais d’ailleurs bien ingrate du contraire, car le moindre de leurs mots est un cadeau qui me donne le Ciel. Mon intérêt pour les euromédias l’est également, invétéré, pour ne pas dire sacrificiel et quasi mystique. Car bien que je préfère traiter avec des médias à la hauteur de ma personne, leur lumière est plus que jamais nécessaire à l’accompagnement d’une euro-candidature, je suis forcée de l’admettre.

Parmi ce village d’irréductibles toutefois, un seul et unique bastion d’irréductibles présente le goût de l’amertume, de ceux qui restent en profond travers d’une gorge profonde. Il tient en trois lettres, une consonne deux voyelles qui ne sont heureusement pas le prénom de Raphaël, mais malheureusement pire encore : E. A. Q. Pour Eurovision au Quotidien, comme s’ils en avaient d’ailleurs le monopole. Évoquer leur nom n’est déjà que trop de promotion pour eux.

Je n’oublierai jamais les abjections écrites à la sortie de Love In The Tropico.

J’aurais toujours en mémoire le coup de téléphone d’André C., ce mauvais eurofan.

Je n’effacerai jamais de mon esprit la séance médiumnique avec Marie dans mon camion au Liechtenstein.

De même, mon épopée bruxelloise gardera à la fois le goût du jouissance club et de l’acidité la plus mordante à mon égard.

Et je vous épargne du reste.

Quoiqu’il en coûte. Le foie parpaillolé (comme diraient les occitanistes purs), la rage au ventre, le cœur brisé, je devais hélas me rendre à la vile évidence.

Quoiqu’il en coûte. Ma mémoire n’avait rien d’effacée, et ma vengeance aurait pu être plus terrible que le Terrible lui-même, et Igor Cukrov sait de quoi je suis capable avec une tondeuse à gazon.

Quoiqu’il en coûte. Malgré la fureur innommable, de celle qui n’aurait d’ordinaire épargné personne et qui aurait valu à certains une sentence pire qu’un séjour avec Kassimir Avramov et sa crécelle (alias La Voix selon Malena Ernman), je me devais de rester focus.

Quoiqu’il en coûte donc, et pire que ma fortune financière, j’étais tenue de raison garder par mon producteur et donc d’une inhabituelle soumission à ceux qui avaient le plus nui à mon image d’eurodiva.

C’est donc ainsi que, soutenue par Vaidas B. et Markus R. (hashtag la baltitude attitude), je me retrouvais connectée à une visioconférence avec la rédaction de l’Eurovision au Quotidien, en direct de mon bureau que j’avais dissimulé d’un filtre tropical, soucieuse de préserver l’intimité et la discrétion de cet écrin devant lequel pâliraient la Maire de Paris et son opposante themselves.

Je vous épargnerai le pourquoi du comment au profit des faits, car je ne suis guère certaine d’en maîtriser les séquences et les conséquences.

Le tout est que telle une accusée jetée aux orties d’un tribunal populaire – tandis que d’autres en étaient privés de bal, populaire – je me retrouvais ainsi face à huit visages.  Huit des quatorze visages qui m’avaient humilié sur la place publique et dont j’étais aujourd’hui forcée de recueillir les conseils en vue de mon ascension eurovisionesque, sur recommandation de mon producteur dont je doutais désormais des compétences.

À Marie l’inauguration et sans excuses pour les faits précédents :

« Vous excuserez l’administrateur, mais il avait aquaponey aujourd’hui. »

Rires étouffés de certains, tandis que j’enrageais déjà. Le pire d’entre tous (quoique la notion se discute) avait préféré le défilé à la confrontation, preuve de l’ultime courage, beaucoup plus aisé derrière l’anonymat d’un écran de Mac qu’en face à face dans une salle d’armes olympique. Je savais celui que l’on surnommait jadis la Coconuts incisif jusqu’au vulgaire et particulièrement faible d’esprit, et sa lâcheté du jour n’était qu’une confirmation de ses accablantes preuves en ma défaveur. 

« Davidna, eurostar ? L’aube biélorusse est aussi star que je ne suis religieux bénédictin et je ne parle même pas de sa caution eurovisionesque. Déjà que les melons ne passent pas les encadrements de porte, c’est pire pour les pastèques et il semblerait que celle qui se considère comme une grande artiste se tape le summum en la matière. Davidna L. gagnerait à une leçon d’humilité mais avant tout et surtout de talent avant de prétendre à quoi que ce soit, ne serait-ce qu’une sortie de maxi single en Ossétie du sud (et ce serait insultant pour ses citoyen•nes). » 

Et alors, est-ce un crime d’apprécier la présence des cucurbitacées ? Autant vous dire que la relecture de ce verbe grossier et inconsistant me donne encore des palpitations, et que c’est probablement au sabre que j’aurais achevé la réputation de celui dont la pastèque est probablement supérieure à la mienne. Qu’il assume et ose l’affrontement avant de s’écouter écrire (ou de se regarder parler c’est selon), plutôt que de se cacher derrière le confort d’une piscine (j’espère qu’il n’a pas usurpé l’usage de la Royal D.). Quoiqu’il en soit, j’aurais sa peau et sa réputation de rageux tôt ou tard. 

Retour au présent puisque là est l’essentiel. Tout à tout, je les regardais s’agiter dans les carrés Zoom. Je jubilais de leur inconfort et de leur manque d’assomption manifeste, devant lequel je scandais intérieurement « Venez vous confronter à des adversaires à votre hauteur. » 

André, Audrey, Betty, Juliette, Kris, Lolotte, Maxence, Marie, Pascal C, Yoann, Zipo. La plupart étaient là, tandis que certains manquaient à l’appel parce que trop en vacances pour rencontrer celle qui ravivera la flamme française à l’Eurovision et qui leur rendra bien leur absence en ce jour fatidique et fondateur. Qu’ils ne viennent pas me quémander une interview le Jour J, parce que c’est probablement chez les moldaves – et non chez les grecs – qu’ils termineront leur aventure. 

L’on posait déjà les mots « échange constructif » et « éclairage ». Qu’ils commencent déjà par changer leurs ampoules qui ont visiblement du mal à clignoter.

Je ne détaillerai pas la violence fougue, la virulence l’énergie et la profusion de nos échanges, par simple flemme de la restitution de l’anecdotique. Parce que tel est le mot qui résume au mieux cette perte de temps nommée réunion avec des personnages tout aussi anecdotiques. L’on m’avait bien dit que cette rédaction était toxique et j’en faisais une nouvelle fois l’épreuve, avec pour stricte interdiction de répondre avec mon acidité naturelle, pour de pures raisons de marketing et de stratégie.

Mais puisque vous insistez hélas, morceaux choisis :

André C.

« Encore une fois, je vais être le mauvais eurofan, mais excusez-moi Davidna, ou plutôt ne m’excusez même pas, mais autant vos titres auraient très bien pu fonctionner en 1983, mais en 2021, ce n’est juste pas possible. Il faut vous moderniser, Davidna. Il faut que vous écoutiez des playlists sur Spotify, parce qu’en l’état, ça ne passera pas à l’Eurovision. Regardez Charlotte Perrelli : elle, elle a tout compris ! »

Audrey 

« Je suis partagée Davidna. Autant je trouve parfois que même Redel n’aurait pas osé proposer ce qui n’est objectivement pas proposable, autant je vous trouve parfois une certaine audace. Chanter Be Hot Be Strong en 2021, c’est vachement osé, surtout pour l’Eurovision ! Je ne suis pas sure que ce soit hyper grand public, mais après tout, Hatari a bien réussi dans son style … Même si n’est pas Hatari qui veut, et en l’occurrence, vous n’êtes pas Hatari, tant que le fond que sur la forme. On retient plus Love In The Tropico et La princesse du désert que le subversif chez vous, et je ne suis pas certaine que ça joue en votre faveur. »

Juliette 

« Je vais être honnête avec vous, Davidna, je n’ai pas adhéré du tout, mais alors du tout à vos propositions à la première écoute. Avec tout le respect que j’ai pour l’artiste que vous êtes, je ne comprenais pas vraiment le sens de votre vie. Surtout je n’étais pas vraiment en adéquation avec votre direction musicale. Love In The Tropico, Pépita Davidna, … Tout cela me paraissait superflu et déconnecté de la scène musicale actuelle. Et en même temps, plus je vous écoute, plus que je trouve dans votre musique une âme vagabonde qui me séduit de plus en plus. J’irais même plus loin : il y a une certaine poésie dans vos mots, comme un soupçon de Vendredi-sur-Mer ou de Thérapie Taxi. Franchement, si vous allez dans cette direction là, je suis des vôtres, Davidna ! »

Marie 

« Je serais vous, j’irais clairement plus vers l’espagnol. Autant en français, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard, autant en espagnol, ça pourrait être assez punchy votre concept. »

Réaction davidnesque : je ne t’ai pas attendue.

« Vous savez, les espagnols, ils aiment bien l’exubérance, les artistes hyper expressifs, et vous auriez du potentiel là bas. Appelez la RTVE, ils vous le diront mieux que moi. Par contre, il faut absolument maîtriser l’espagnol … Vous chantez en espagnol ? Parce que je peux vous donner quelques cours si vous voulez. Par contre je vous préviens il va falloir me dédommager les frais de déplacement et d’hébergement. Mais vous avez de la place chez vous non ? »

Pascal C.

« Bon, si on regarde attentivement les statistiques des dix dernières éditions, plusieurs options s’offrent à vous. L’option eurodiva à voix, c’est la sécurité, pas de quoi faire mieux qu’une demi-finale, mais en même temps, vous seriez qualifiée d’office en finale, mais si c’est pour faire une Lisa Angell, autant rester chez vous… À moins que vous ne partiez en Albanie. En Albanie, c’est leur B-A-BA. Vous maîtrisez l’albanais je suppose ? »

Aussi bien que le patois du Voralberg.

« Après ça ne vaut pas plus qu’une vingt-deuxième place, même si chez moi, ça fait top 5 … Autre classique : l’europop. Ce n’est plus une valeur aussi sûre que dans les années 2000 et, surtout il y a la concurrence, et elle sera impitoyable avec vous comparé à ce que vous nous proposez actuellement. Il va falloir inévitablement monter en gamme, même si c’est pour postuler à Eurovision France. Parce qu’autant en 1996, vous auriez pu viser la victoire, autant en 2021, même en Moldavie ça pourrait être compliqué, surtout depuis qu’ils ont dealé avec Kirkorov. Sinon vous pouvez toujours viser Chypre, mais vous n’êtes ni Eleni Foureira ni grecque et encore moins signée chez Panik Records à ce que je comprends. »

Lolotte 

« J’ai fait écouter La princesse du désert aux filles – parce que c’est le seul de vos  titres à peu près accessible aux enfants, et encore j’ai du faire des coupes – et j’ai du zapper au bout de trente secondes. Désolé, mais elles étaient plus intéressées par le cake marbré de Mercotte que par votre chanson. »

Zipo

« Autant ma voisine lituanienne ADORE, autant Sœur Marie-Victorin a été désarçonnée, c’est peu de le dire ! Dans son couvent, elle n’a pas l’habitude d’entendre de telles choses … mais même si elle était un peu perturbée au début, ça l’a beaucoup faite rire et surtout elle a bien étoffé son vocabulaire ! Quant à moi, je suis un de vos plus grands fans … même si je vous préférerai dans ma playlist que sur la scène de l’Eurovision. Quoique j’adorerai voir Love In The Tropico représenter la France ! »

Rien que ces mots étaient déjà de trop, et surtout d’une phénoménale vacuité, mais je n’avais hélas pas le droit de le dire, et pourtant j’ai horreur que l’on me prive de mes droits sans limites. Soit les mesures liberticides de mon producteur, encore une fois pour des raisons de stratégies, j’encaissais sans dire mot, mais le goût caramélisé de la revanche en bouche. Celle là même que je prendrai tôt ou tard sur la scène de l’Eurovision, quoiqu’ils en disent derrière leurs sourires factices et leur façade d’enthousiasme concernant deux heures d’échanges estimés constructifs par les intéressées … et interminables par moi-même, qui me consolai dans les bras de mes amis baltes pour me remettre de l’offense à laquelle je fus forcée de me plier.

Un café de l’Île Saint-Louis, Paris, 14 novembre 2021

J’attendais depuis trente minutes sur le divan du salon privé, caché au fond du salon de thé où elle me faisait l’honneur d’un rendez-vous.

  • Joyeuse Jean-Guile, Davidna !

Elle me claqua la bise.

  • Joyeuse Jean-Guile à tous !

Elle commença à faire la tournée des clients.

  • Joyeuse Jean-Guile, dit-elle à chacun, en lui claquant la bise. Venez Davidna, venez !

Je l’imitai, non sans une certaine réserve intérieure, n’ayant que peu d’appétence pour ce type de salutations que je juge déplacées.

Elle était là, devant moi, rire éclatant et cigarette entre les doigts. Telle qu’elle apparaît au cinéma, sur scène ou encore en interview. Vaporeuse, élégante, séduisante, aucun glacier ne pourrait résister à cette étoile.

Fanny Ardant ? Eurovision ? Le mariage pourrait être d’aventure surprenant. Mais la vie n’en est-elle pas faite, de surprises ?

  • L’Eurovision, c’est comme le cinéma, me dit-elle une fois posées sur un duo de canapés en face à face. Un monticule d’argile que l’on façonne avec des paillettes.

Celle qui avait tourné avec Ozon, Truffaut, Zeffirelli, Sorrentino ou encore … Gérard Lauzier avait parfaitement appréhendé la chose, elle, l’amoureuse de l’Italie, qui avait d’emblée tenu à me dispenser ses conseils en vue de mon aventure turinoise.

  • C’est comme une glace, un gelato, sur laquelle on passe sa langue d’une caresse avant de la croquer à pleines dents. Comme la vie, en somme.

D’un élégant claquement de doigt, elle enjoint le garçon de café à nous rejoindre, et lui commanda deux Spritz, qu’elle demanda parfaitement exécutés, avec juste ce qu’il faut d’orange amères, et bien entendu du Campari, certo.

  • Si j’étais vous Davidna, je serais une poétesse des temps modernes. Juliette. Barbara. Dustin The Turkey.

À la fois douée d’esprit et d’un irrévérencieux goût du populaire, Fanny Ardant détenait une profonde culture de l’Eurovision, à rebours des clichés et des préjugés primaires.

Les verres étaient à présent servis.

  • Joyeuse Jean-Guile Davidna, trinqua-t-elle d’un sourire.

Je m’apprêtais à déployer un argumentaire quant à l’admiration que j’éprouvais envers elle, quoiqu’inférieure à celle que je considérais envers ma propre personne. Elle me coupa.

  • J’adorerais faire l’Eurovision.

Grazie Mile. Mais après moi s’il vous plaît.

  • Pour pouvoir tortiller du cul sur du disco italiiiiiiaaaano, bitch !

Celle-là, je ne m’y attendais pas. Vous avez écouté Aqui soc la reina de ball ?

  • Non Davidna. Mais vous savez, c’est parce qu’au fond, la musique, c’est comme la profondeur d’un texte de Guildo Horn : un plaisir et une souffrance à la fois.

La musique ? Une souffrance ? Je n’avais théorisé la chose que sous l’angle des légumes estoniens et de la dinde irlandaise jusqu’alors. Ce qui faisait déjà beaucoup pour Belgrade. Je décidais néanmoins de passer à la vitesse supérieure, et d’évoquer avec elle quelques figures que j’estimais d’inspiration (du moins de manière factice, puisque j’ai beaucoup de mal à avoir de l’admiration pour quiconque).

Je posai quatre photos sur la table, qu’elle observait minutieusement et malicieusement, décochant un sourire au regard de l’une d’entre elles, mais ses yeux s’arrêtant particulièrement sur deux autres, intrigués.

  • Qui est-ce là ?

Ah ? La photo n’est pas assez ressemblante ? Il me semblait pourtant que l’évidence …

  • Patricia Kaas ? Je ne la connais pas. C’est votre gouvernante ?

WHAT ? Deuxième photo.

  • Et elle là ?

On m’avait pourtant prévenu qu’elle avait le sens de l’humour.

  • Marie Myriam ?

Air étonné et bouffée de cigarette.

  • Je ne la connais pas non plus.

Doodjez…

  • Peut-être la caissière du Franprix de la rue Monge ?

Je suis quelque peu désarçonnée, ou plutôt désarçonnée quelque peu. Un shit de Campari que je m’étouffe.

  • Ah !

Marque d’enthousiasme. Il semblerait que le décodeur ait redémarré.

Sourire coquin et léger tilt de la bouche.

  • Sandra Kim …. Mmmmmh …

Enthousiasme coefficient 2.

  • Sandra Kim. Quelle femme. Elle me l’a faite aimer la vie, celle-là.

Pas autant qu’à moi, la petite voleuse.

  • Comme Patrick Sébastien. Ah lui aussi il m’en a fait tourner des serviettes …*

J’ai pour horreur la pornographie lorsqu’elle ne me concerne pas.

  • Oh mais c’est Ruslana !

AH ! En voilà du goût (et encore, on ne parle que d’une piètre copycat de moi-même).

  • Une femme brute, à l’état sauvage. Comme Gérard Depardieu.

C’est le mot.

  • Vous savez, de toute façon, on sait pourquoi on n’aime pas, mais on ne sait pas pourquoi on aime. Pour ma part, je kiffe ma race sur Igranka, et je n’ai jamais compris pourquoi.

Tu m’étonnes. Je ne comprends même pas pourquoi on en parle.

  • Il faut vivre libre, Davidna. Comme Jeanne Moreau. Comme Deneuve. Comme vos amis de l’Eurovision, je ne sais pas, Conchita Wurst par exemple. J’ai une vraie admiration pour elle. Ça demande quand même une certaine abnégation de porter un nom de saucisse.

Comme quoi, même les eurofans ont parfois mauvais goût.

  • Il ne faut pas vous laisser enfermer dans les carcans, ma chère. Moi, je suis une femme manuelle. J’aime pétrir le linge à la main comme les polonaises de petite vertu. Vous faites la lessive à la main vous ?

Quel rapport entre le lavage du sol et mon euro projet ?

  • Vous connaissez la différence entre Tatu et Afida Turner ? C’est le désir. Le panache. La fiamma, Davidna ! La fiamma ! Et vous, vous avez la flamme, c’est ça qui vous offrira la gloire. Regardez, je ne suis déjà ivre que de Da Vidna alors même que la vodka me laisse de marbre.

C’est tout Fanny Ardant. Nul besoin de se forcer et surtout nulle avarice de sincérité pour toucher le plus profond de votre cœur. Nul besoin de lire, d’écouter, de regarder, juste celui de ressentir pour vous jauger. C’est alors qu’elle adopta son air intrigué, un soupçon perdu, mais surtout interrogatif.

  • Da Vidna. La chanson. Pas vous.

Merci, pas mercy.

  • Ah mais vous vous appelez Davidna vous aussi ? Intéressant.

Enchantée, une heure de discussion. Nouvelle cigarette, comme l’amour en somme.

  • En parlant de ça, vous envisagez de faire du rock n’roll ? Parce que c’est un vrai sujet, le rock n’roll. Sinon pourquoi ils se feraient chier à sniffer de la coke en direct à la télévision ?

Je me disais bien qu’il fallait que je consulte Régine C. pour ses oracles en la matière.

  • J’aimerai lire des textes. J’adore lire des textes.

Elle s’empare d’un livre qu’elle déclare toujours avoir sur elle.

  • Tenez.

Oh ! Des eurotubes ! Elle lit :

« Mercy, Mercy, Mercy, Mercy
Mercy, Mercy, je vais bien merci »

… Je pense que je vais m’en commander un deuxième. Spritz.

  • Très philosophique. J’adore. Tenez, en voilà une autre :

Elle se remet à lire

Être vert, c'est chaud
Être vert, c'est cool
Mange ta salade, sauve la planète.
Être vert est aussi sexy que toi.

Pensive.

Mange ta salade.

Elle ferme le livre.

  • Ça me fait penser à du Mylène. Vous connaissez Mylène je suppose ?

Elle allume une cigarette tandis que je reste interdite. La Farmer, végétarienne ?

  • Pour ma part, je préfère les camélias. Des fleurs sans odeur.

Elle me regarde, longuement, sourire aux lèvres, fumée s’échappant de sa cigarette.

  • Montrez-moi les vôtres à présent.

Les miens ? De ?

  • Vos textesévidemment.

Quoiqu’un soupçon embarrassée à l’idée d’être jugée en direct live par une grande dame, je m’exécutais, lui ayant préparé au préalable une compilation de mes plus grands succès, qu’elle écoutait sur une vidéo YouTube spécialement dédiée à la chose. Rien qu’un folicule anxieuse au fond de moi, j’observais la scène.

Sur Love In The Tropico, elle dodelinait de la tête et agitait les doigts comme des essuis-glaces, chantonnant le refrain.

  • L’amour sous les Tropiques. Les prémices de la romanesque qui dort en vous, telle la Belle au Bois Dormant.

Sur Davidna Davidmoi, elle se montrait songeuse, avant de conclure sans la dureté du lapidaire.

  • Vous n’avez pas été la plus inspiréeQuoique les années 80 ont du vous honorer.

Sur La princesse du désert, elle s’exclamait d’un AAAAAAAAAh fort enthousiaste.

  • Là, je vous retrouve. La Reine. La Regina, ma che cazzo ! La Regina !

Sur Chiquita …

Fin de la chanson. Elle lit.

Faut pas me prendre pour La Citta
Car j’ai beau me faire La Cheetah 
Et m’en réjouit.
  • Bouleversant. Comme Claudia Cardinale chez Visconti.

Tandis que résonne dans le café Aqui soc la reina de ball.

  • C’est drôle, je vous aurai plus vue comme une tigresse que comme un gorille random.

Mais … Mais … Comment une telle clairvoyance … ? Comment une telle lecture de ma personne … ?

Les chansons défilent au gré des réactions de l’actrice, éminemment plus Divina que Davidna, même si personne n’est mon égale. Tandis que je m’incline, elle appuie sur la tablette.

  • Il suffit Davidna.

Je prends peur.

Elle allume cigarette.

  • Tsssssss. Davidna, Davidna … Une personnalité intrigante.

Lorsque Femme veut distiller du mystère, Dieu le peut, surtout si elle s’appelle Helena.

  • Une artiste fascinante. Creativa. Unica.

Elle fait un signe d’approbation de la tête.

  • Si avec ça, vous n’allez pas à l’Eurovision, je ne réponds plus de rien.

Les larmes effleurent mes cornées.

  • Sauf si Slavko Kalezic est dans le coup.

Des larmes je passe au rire. Jaune. Jaunâtre, même.

  • Un doux rêveur. Un troubadour 2.0.

Je n’avais pourtant pas précisé que la couverture ne serait tirée qu’à moi ?

  • Pendant le confinement, je me postai aux fenêtres, de longues heures durant, à regarder les gens. De jour comme de nuit, je voyais les fenêtres s’allumer et s’éteindre, imaginant leur vie, tandis que je parlais, buvais du vin, riais … ou pas.

Elle tente de noyer le poisson.

  • Il suffit à présent. Je veux écouter votre dernière chanson.

Je lui sors le texte.

  • Non mais en live Davidna.

Je refusais poliment.

Elle insista, énervée.

  • Mais on est entre nous ! Allez !

Je m’exécutais. Et me décomposais devant son visage consterné.

Caves du Musée National Historique, 28 novembre 2021

Blé

Paroles : Davidna Lamburosco
Musique : Sekret - Ronela Hajati 

Hé, ce n’est plus un secret 
Tu m’as pris tout mon blé 

Allez to to to to to to to to…

Héhéhéhéhéhéééé…

Wesh je vais te faire la peau
A St Trop j’ferai le show 
Tu ne vas pas te dérober 
Da-Da-Da-Da Davidna elle va régner  

Pas besoin de dire go
Je ne suis pas une gogo
Tu vas taille de transpirer
Dé-dé-dé des flouzes tu vas juter 

Hé, ce n’est plus un secret 
Tu m’as pris tout mon blé 
Vas y touche toi le corps, tick tock tick tock
Je veux mon or  

Hé, ce n’est plus un secret 
Tu m’as pris tout mon blé 
Et je veux ma thune 
Même si tu dois t’la sortir du (bip)

Come On Guy vas y file moi ta came
Come On Ass tu vas claquer tes as
Donne ta Rolls
Lâche ta Gold
L’A T M il ne marche pas !

(Intermède)

Y a que dalle, y a que dalle
Y a que dalle, y a que dalle 

Fais gaffe à toi 
Je sors les crocs 
Adios
Ma calor ma calor

Rends moi toute l’oseille 
Damelo 
Ma calor ma calor

Hé, ce n’est plus un secret 
Tu m’as pris tout mon blé 
Vas y touche toi le corps, tick tock tick tock
Je veux mon or  

Hé, ce n’est plus un secret 
Tu m’as pris tout mon blé 
Et fais ta prière 
Car la pègre sera ta hyène 

Héhéhéhé (Go Bastard maintenant t’as pas le choix)
Héhéhé (Go Nanard t’vas finir au placard)
Héhé (Rembourse moi, j’redis pas)
Hé (que l’A T M il ne marche pas !)

Ça ne marche pas 
Ça ne marche pas 

Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

Ça ne marche pas 
Ça ne marche pas 

L’ATM aaaaaaaaie !

Intermède

J’ai la dale j’ai la dale
J’ai la dale j’ai la dale 

Sur les conseils de Pascal C., j’avais voulu faire mes gammes en Albanie et c’est ainsi qu’ayant réussi à négocier une composition auprès de l’un des organisateurs auquel j’avais filé un petit backchich, j’avais pris ma plume à deux mêmes et sorti de mon esprit ce que je considérais objectivement comme l’une de mes œuvres capitales : Blé.

J’envoyais donc ma contribution à la RTSH, qui s’empressa donc de la pre sélectionner parmi les candidats au rigoureux et vigoureux Festivali i Kengës. Je menvolai donc pour Tirana quelques jours après mon inoubliable entrevue avec Fanny qui, étrangement, ne répondais pas à mes messages depuis. Sans doute un problème de réseau dans le Vème arrondissement de la capitale.

Tandis que j’atterrirais sur le tarmac de l’aéroport de Tirana, lunettes mouches sur le visage pour ne pas être trop perturbée par mes nombreux fans dans le pays et préserver ainsi par ma positive attitudee, je reçus le coup de fil de grâce de la part d’un obscur chargé de communication. 

Ayant appris la transmission de son œuvre à mon égard et en toute liberté de droits, la compositrice du playback orchestre, une certaine Ronela Hajati, piqua une colère des plus légendaires dans le bureau du directeur général, dont elle menaça d’incendier le bureau sur le vif. Elle qui était d’emblée la favorite à la victoire annoncée et fille de son père ne vit pas ses nerfs résister dès lors qu’elle apprit que nos deux titres étaient en concurrence frontale et qu’ils ne pourraient tous deux concourir ensemble, sous la même bannière et pas que.  

En Albanie, la rumeur se répandit vite dans les journaux et l’affaire prit une ampleur remarquable, qui me donna un certain discrédit crédit et accrut ma notoriété ainsi que celle, hélas, de celle qui était apparemment une star dans le pays. Ronela vs Davidna, Sekret vs Blé : à qui profitera le duel ?

Plutôt que d’offrir la place à celle qui envoya le morceau en premier (elle visiblement, quoique les visas postaux se discutent allègrement en Albanie et que je reste persuadée que j’ai été la première à dégainer, fus-ce avec la musique de la Ronela), la RTSH nous laissa le soin de nous départager à l’amiable. Un mot exclu de nos vocabulaires respectifs qui me força à accepter contre vents et marées un duel en lutte turque avec mon adversaire, sur sa proposition propre à laquelle je n’eus d’autre choix que d’apporter une réponse « favorable », au risque de payer le prix cher de ma vie dans le cas contraire.

Le soir du 28 novembre, rendez vous était pris dans les obscures caves du Musée Nationale, où près d’un millier de personnes avaient payé leur billet au prix cher (en guise de financement de la participation albanaise au concoursà pour assister au combat de l’année. Les spectateurs avaient pris place autour de nous deux, à peine vêtues d’une toge blanche déjà pluri déchirée, en position de squat l’une face à l’autre dans une arène couverte de sable autour de laquelle s’enjaillait la foule. Un public acquis à la cause de mon adversaire, ce de manière délibérément induite par les organisateurs.

Ses « Héhéhéhéhéééée …» tels un haka albanais ne m’impressionnaient guère, tandis que le public jubilait, tandis que la moindre de mes exclamations était couverte de huées et de boue. Je tentais un cri guerre, et me prit en retour tout l’hivernal stock de tomates disponible dans le pays.

Une fois enduites d’huile, je n’eus même pas le temps de bouger le petit doigt à l’annonce du début du combat que mon adversaire se rua sur moi.

TA MARSHA !

C’est ainsi et de manière aussi brève que Ronela me prit tout mon blé. Et que je fus extradée fissa vers la France en pleine nuit, et entourée d’une équipe de haute sécurité.


[1] Prononcer avec l’accent californien.

* Phrase reprise de la vidéo de casting de Paloma (Drag Race France – saison 1)