Retrouvez tous les samedis un nouvel épisode de notre série-fiction de l’été « Les étés Davidna ». Jusqu’où notre eurostar en devenir ira t-elle ? Après le prologuel’épisode 1l’épisode et l’épisode 3, aujourd’hui au programme …


Paris, juillet 2021

  • Tsssssssssss …

Oculis Videre.

  • Tchaaaaaah – Tchaaaaaaaaah.

Voletage de mains dans la pénombre de la Goutte d’Or.

  • Oh que tu es beau ! Oh que tu es beau !

Quoi ? Moi ? C’est Belle, chérie (surtout sans la robe de gitane).

  • Vas-y fais la roue, fais la roue !

Là, tout de suite ?

  • OUH OUH OUH !

Mais pourquoi vous faites la chouette, meuf ?

  • A tchic à tchic à tchic, aïe !

Champions du monde !

  • AÏE AÏE AÏE !

Oh Doodjez ! Je vous l’avais dit que vous vous feriez une écharde si vous marchiez pieds nus sur le parquet.

  • MA KALON ! MA KALON !

Je peux vous aider, Docteur ?

Elle s’arrêta net.

  • Mais vous pourriez la fermer oui ?

Je monte la fermeture éclair de ma robe jusqu’au cou. Je ne pensais pas avoir affaire à si puritaine par cet été de canicule.

  • Je ne parle pas de votre robe, mais de ta gueule !

Ah. Déso pas déso. L’évidence n’était pas là de prime abord.

J’ai beau la côtoyer depuis plus de dix ans, elle ne cessera toujours de me surprendre. N’est-ce d’ailleurs pas pour cela que je prends plaisir à y laisser 120 euros en cash par séance mensuelle ?

Sollicitée par le monde entier (y compris ses confins selon moi non civilisés) et une large partie des eurostars les plus célèbres, Hakuna Matata m’accompagnait dans ma quête. Hakuna Matata ? Alias Maria Concepción Iglesias de las Dolores (pour le prénom) Velasquez de la Concha Pili-Pili Alrededor (parce que son esprit rôde, et tout autour de préférence). Alternative therapist qu’elle le dit de son accent mexicain, puisque tout droit émigrée de notre voisin en 1979, à la recherche de booms et de bangs pour agiter son cœur blessé. Une déconvenue dont elle due se remettre à travers l’exercice de sa profession, dont elle est reconnue comme LA spécialiste unique (puisqu’unique à l’exercer dans son cabinet de consultation ayurvédique). Le concept ? Un mystérieux mélange de zestes sobrement qualifié d’approche multistyles combinant morphopsychologie, taromancie, voyance (et manigances, surtout quand elle a un coup de mezcal dans le pif), jumpologie, rumpologie (comme la Jackie Stallone), bénédiction de l’utérus, reïki, guidance angélique, psychothérapie et amazo-aromathérapie. Le tout à la sauce aztéquo-quechuo-zaparo-zapatéro-juarezo-austrio-srilanko-indo-miquelonnaise. Miquelon ? Comme St Pierre et Miquelon oui. Le rapport avec Hakuna ? Aucun, Matata. Si ce n’est les cahutes de couleur qui lui rappelaient l’humble demeure colorée qui eut raison de son innocence, tandis qu’à l’extérieur étaient réprimées les manifestations étudiantes envers lesquelles elle n’éprouvait aucune sensibilité, elle la travailleuse de l’égo et de l’émoi. Autrement dit ? Un esprit et des mains de confiance. La marque de fabrique Hakuna Matata.

C’est en 2011 environ que l’on me recommanda cette adresse d’un innommable sérieux, plus précisément suite à cette sinistre affaire azérie qui me fit courir et avoir peur le soir dans les rues étroites de Düsseldorf. Méfiante de prime abord, effrayée par la perspective de devoir passer 90 minutes pieds nues dans une chaise suspendue et accompagnée d’une chamane de seconde zone, je fus rapidement conquise par les détails d’une procédure minutieuse et approuvée. Car une Hakuna Matata rencontrée, c’est une Hakuna Matata adoptée, surtout après avoir trinqué avec sa fameuse tisana guarana-cactus-daturo stramonium-ayahuasca, dont je n’ai jamais réussi à percer les secrets de la recette et du bonheur, qui me transportaient instantanément dans un autre monde, dans une autre vie, telle Céline. C’est ainsi grâce à elle qu’un beau jour de 2015, je me suis spirituellement retrouvée pour la première fois sur la scène de l’Eurovision, revêtue d’une robe aux couleurs de la Bosnie-Herzégovine (dont je signais le grand retour surprise) afin d’interpréter le tube qui me permettrait d’exploser décemment pauvres les records de ventes mondiales signés Madonna, Becky Talkie-Walkie. Un titre électro-pop vintage avec lequel j’allais réussir à conquérir les foules en mode chapeau melon et bottes de cuir, sans le chapeau ni les bottes, mais avec une pastèque géante et du cuir. Beaucoup de cuir. Si vous voyez ce que je veux dire. Je préfère vous cacher pudiquement la surprise et la désillusion qui furent miennes à mon réveil, dès lors que je courrais dans le grenier et dans la cave à la recherche de mon public et de mes disques d’or, mais cela eut au moins le mérite de me redonner confiance en moi (même s’il fallut apparemment m’administrer une dose de calmants digne d’un pachyderme pour me faire revenir à la raison, c’est son ancienne stagiaire qui le raconte à cors et à cris) et surtout de renforcer mes ambitions. Ambitions toutefois mises à mal dès lors que je découvrais que le pays d’Hari Mata Hari (le chanteur, pas la militante syndicaliste) préféra les couvertures de survie et les fils barbelés au cuir et aux pastèques bien juteuses et riches en sucre que je leur livrais sur un plateau d’or. Ce à quoi Hakuna Matata me répondait « Patience, belle-sœur, et le destin de Lisa te délivrera de ce malaise impotent, Oh America Ferrara, à la seule condition que tu trinques de la substance gratuite que te propose ton alliée. Kia kaka ! » et, ensemble, nous entamions la bouteille de mezcal que je lui dérobais souvent par la suite – ce, bien que je n’étais nullement sa belle-soeur.

Mieux qu’une maison de disques désireuse de jouer le coup du siècle avec moi (du moins est-ce ce que j’affirme de ma par la méthode Davidna Coué), je ne daignais mettre en pause mes vacances estivales sur la Côte Atlantique que pour la professionnelle raison d’une entrevue avec Hakuna Matata. L’ère pandémique, durant laquelle j’ai été tristement et sombrement et en grande partie confinée dans la Royal D. House (gentilé que je vends aux américains pour leur rappeler que je ne suis autre que la fille de R. Kelly ou P. Diddy), avait fragilisé mon discernement et mis un coup de frein à mon cap, ma péninsule, celle-là même sur laquelle reposait l’intégralité de mon projet eurovisionesque. Mon humilité légendaire rendait si difficile la reconnaissance de ces maux que je ne pouvais reposer sur la confiance et le professionnalisme d’Hakuna, que j’avais une fois tenté d’appeler de son prénom, avant qu’elle ne me menace à coups d’effets pyrotechniques de sa création.

Il sentait l’ambre et le bois de cachemire dans la fumée de l’encens qui se dégageait du bâton allumé d’un coup sec par la praticienne de mes désirs, celle-là même qui choisissait aujourd’hui de mobiliser l’approche rétroactive dans l’exercice de ses fonctions. Une pratique qui consistait en la vision et l’interprétation a posteriori des évènements, ce qui était fort pratique pour donner une autre lecture de ce qui était déjà survenu, et que je savais donc déjà par moi-même. Autant vous dire que 120 euros n’étaient ici qu’un maigrissime cadeau au vu des résultats tonitruants que m’avaient apportés l’épreuve de cette technique par le passé composé.

Yeux révulsés, Hakuna Matata était déjà en connexion avec son Tataï-Kiri, expression intraduisible dans notre idiome qui qualifiait l’entité (dans le sens très vague du terme) qui lui communiquait par je ne sais quel prisme (souvent la télépathie danaïdo-expérimentale) les scènes de ma vie antérieure (autrement dit, du passé) qui méritaient analyse et observation de sa part, fut-ce dans ce mélange d’épices que je lui avais ramené d’un voyage au Bangladesh ou dans ce qu’il restait des restes d’Udo Jürgens – dont j’avais réussi à subtiliser quelques onces peu après son adieu à la Reine.

  • Mirrrrrrrrra, mon beau mi-looooooooooooiiiiir, dis moi où es-tu Daviiiiiiiiiiiiiiiidna ….
  • Bah là Mme Tata.
  • CAYA TÉ ! Ce n’est pas à toi que je parle !

Va pour un énième vent du Mistral.

  • Ma !

Ah ! Une illusion !

  • Gigi ? C’est toi là-bas dans le noir ?

Vous saisissez mieux la raison pour laquelle onze plus tard, je n’ai de cesse de renouveler ma confiance envers cette alliée de poids et de pouvoir. Comme beaucoup de clients (ou plutôt de patients) frustrés et dotés d’une certaine amertume, moi aussi j’avais été tentée de solliciter le Procureur de la République de Paris en vue d’un dépôt de plainte pour abus de confiance, escroquerie, vol et arnaque à la romande. À moi aussi mon cabinet d’avocats m’avait conseillé d’aller au bout de la procédure pour réparer mon bon droit et me sortir de cette affaire en bonne et due forme, comme d’autres quittent Koh Lanta honteusement sans totem, mais fiers d’être restés en phase avec eux-mêmes, ce qui n’est pourtant guère mieux que cent mille euros sur lesquels j’aurais sauté comme une hyène, prête à dévorer mes adversaires les uns après les autres telle la carnassière que je suis, et à cru s’il vous plaît. Grave ? Non. Ce qui l’était par contre, c’était mon intention de nuire à la réputation de la seule qui n’avait cessé de croire en moi et en mes aptitudes célestes, quand bien même fut-elle condamnée à de nombreuses reprises par la justice, ce qui l’avait parfois laissée sur la paille le temps de rebondir dans ses activités désormais non-déclarées, ce qui représentait un filet de sécurité aujourd’hui supérieur. Dire qu’elle s’était offusquée de la chose quand j’avais mis le sujet sur la table n’est rien d’autre qu’une sinécure, et c’est la discussion franche et amicale que nous eûmes immédiatement après autour d’un Coke-Colle qui acheva de me convaincre de préférer la tranquillité de ma thérapeute à l’ajout de nouvelles difficultés judiciaires qui n’auraient pourtant pas été foncièrement illégitimes. Et pourtant, plus j’y goûte, plus je m’y accroche, cause phénomène de l’Hakuna Matata sitôt rencontrée, sitôt adoptée.

  • PARTY FOR EVERYBODY DANCE !

D’un hurlement, la praticienne me sort de mes pensées et manque de me faire trépasser pour la seconde fois de la journée. Yeux toujours connectés par le Kiri, elle me tend un plateau de cookies sorties de je ne sais où, je ne sais quoi (I know you have a special something).

  • Quieres un cookie ? C’est Kiri qui a fait ça pour toi … TOI MON TOUT MON ROI !

Tandis que je goûtais à cette étrangeté d’un tout aussi étrange goût d’épices inconnus, je me rendais satisfaite, ou plutôt m’auto-satisfaisais. Hakuna avait cerné mes besoins et mes attentes comme personne, et c’est ainsi que durant ses mythiques consultations, pour beaucoup inscrites dans une Légende qu’elle se faisait un plaisir de partager sur son blog (et parfois même sans anonymiser la chose, secret professionnel oblige), elle savait trouver les mots pour me parler. Je trouvais même sa culture eurovisionesque remarquable, moi qui n’en jugeais pourtant pas autant de ces hordes de dégénérés nommés eurofans. Ce fut d’ailleurs la raison principale de ma rupture avec bien des rédactions d’eurosites, qui avaient osé me couvrir d’insultes sur leurs minables plateformes le jour de la sortie de Love And The Tropico, je vous le rappelle – avec une pensée particulière pour les pires d’entre eux facilement résumables en trois lettres : E-A-Q. Et dire que ça se revendique eurofans …

La sirène du cabinet retentit plus fort que celle de la Werk Room de Drag Race, dont j’attendais toujours l’invitation en temps que membre du jury.

  • APPARITION !!!!

Hakuna Matata et moi nous mettions alors à courir autour de la table en hurlant, mains sur les joues, comme des individus éprouvés par la sécheresse en train de convoquer la danse de la pluie, avant retour au calme et aux manifestations.

  • Baïla el chiki chikiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…

Introduction de la vision antérieure. Pour sûr que le mot d’ordre allait instantanément sortir de sa bouche.

  • À toi Davidna, la Reine des Reines, grâce ne t’a pas été rendue.

Comme si j’avais besoin de toi pour le savoir vieille bique.

  • À toi Davidna …

C’est bel et bien mon prénom.

  • À toi la Reine des Reines …

Ci-mer.

  • Mmmmmmh…

Yep, mais encore.

  • Mmmmmmmmmmmh …

Bon, je crois que je vais arriver en retard à mon cours d’aquaponey …

Elle s’arrête net.

Bouche plus grande ouverte que celle de Brigitte Fontaine interprétant un hymne aux Lustucru.

Musique, et que chacun se mette à chanter.

  • JE SUIS LA PRINCESSE DU DÉSEEEEEERT …

Non. Là je dis non.

Lui balançant un seau de Mezcal à la tronche – ce qui la réveilla étrangement, je pris mon sac Dior et mes sunglasses, et quittais instantanément les lieux, guère prête à revivre le traumatisme de 2005. Et décidée à prendre l’attache de mon l’avocate.

La princesse du désert

Texte et musique : Davidna Lamburosco.

(Beat 90s + son orientalisant)

Nous sommes seuls sur cette terre
Où règnent les dunes, les dromadaires 
Toi tu es roi, moi je suis reine
Telle Cléopâtre l’égyptienne 

Nul touareg, nulle gazelle
Au pays où la soif est telle
Que même les nomades se démènent 
Pour trouver juste un souffle d’air 

Refrain
Ici le sable se déchaîne 
Et la tempête nous entraîne
Au milieu des rêves de sel
D’oasis en palmiers solitaires
Je suis celle qui prend les rênes
Je suis la princesse du désert

Étouffés par les vents de poussière 
L’ombre remplace la lumière
Seuls dans l’aridité du Niger
Il est grand temps de faire une trêve 

Le soir venu dans le désert
Le calme succède à la tempête 
Les étoiles filent dans le ciel 
Et le feu embrase nos êtres 

Refrain
Ici le sable se déchaîne 
Et la tempête nous entraine
Au milieu des rêves de sel
D’oasis en palmiers solitaires
Je suis celle qui prend les rênes
Je suis la princesse du désert 

Dans la tente qui unit nos corps
L’esprit des scorpions nous couvre d’or
Monts et merveilles sur cette planète 
Les lézards rouges nous font place nette 

(Musique du refrain)
Privés de bals populaires
Nous enterrons la hache de guerre
Pour mille et une nuit de rêves
Où telle Shéhérazade je m’élève 

 (Beat)

Oooooooooooh (orientalisant)

Refrain
Ici le sable se déchaîne 
Et la tempête nous entraine
Au milieu des rêves de sel
D’oasis en palmiers solitaires
Je suis celle qui prend les rênes
Je suis la princesse du désert 

Où le sable se déchaîne
Je suis la princesse du désert
D’oasis en palmiers solitaires
Je suis celle qui prend les rênes 
 Je suis la princesse du désert (aaaaaaaaah)
Je suis la princesse du désert (oooooooooh)
Je suis la princesse du désert (oooooouu-ooooou-ooooooouuuuuuh)

Je suis la princesse du désert

La Princesse du désert est inscrit au rang de mes chefs d’oeuvre, si ce n’est mon chef d’oeuvre. De Paris à la province, du Portugal à la Géorgie, de la Nouvelle Angleterre à la Polynésie Française, le peuple s’était arraché cette chanson à texte pleinement et assurément inscrite dans la tendance musicale des années 2000, où Occident et Orient ne formaient qu’un seul et unique beat. Un secret à succès, puisque nul ne se gênait pour reprendre la recette de l’autre, mais toujours en moins qualitatif que le précédent. Exception à la règle : Davidna Lamburosco qui, de par son essence originale, avait enfin réussi à conquérir le top des charts et le coeur du public avec cette puissante ballade fréquemment citée comme un voyage à travers le désert du Sahara, mais sans l’hiver (l’idée contraire eut été absurde). « Une déambulation à travers les dunes dans laquelle j’attends l’écho de nos pas tous en cadence » écrivait un journaliste (avant d’être gratuitement plagié par Angunn), « Une huitième merveille du monde qui ressuscite les Jardins Suspendus – et disparus – de Babylone » pour un autre, « Une flamme incandescente dans la nuit noire de ces nuits blanches plus belles que nos jours pourtant éclairés » signait encore un autre, tandis que peu osaient des mots contraires au dithyrambique ambiant, au risque de se voir assourdis par un coup de corne téléphonique digne de Jacquouille, mais avec l’élégance et la statut davidnesques.

La capitale entière s’arrachait la Princesse. Partout où je passais vêtue de ma parure impériale, la foule s’inclinait, génuflexion obstinée et « salutations, Princesse » à la bouche. Le Marais entier s’arrachait la Princesse. Même l’avenue de la Motte Piquée (sur laquelle j’en avais pourtant piqué, des mottes et des portefeuilles) s’arrachait la Princesse, à tel point que mes show cases étaient complets plus de trois semaines à l’avance.

Ma maison de disques ne comptait plus les disques vendus. Les médias ne savaient plus où donner de la tête pour trouver un créneau d’invitation conformes à mes attentes et, surtout, à mon agenda plus blindé et blindé que ceux d’Amel Bent, Kyo et Crazy Frog réunis (et heureusement, le contraire m’eut fort vexé). Mais de tout ça, l’Histoire et vous-mêmes vous rappelez certainement avec une frénétique aisance. Quant à moi, allongée sur le divan posé au milieu du symbole de ma réussite, ce premier appartement parisien que j’avais enfin réussi à acquérir et, ce, sans crédit, je savourais ma victoire et comptais, un par un, les euros qui s’accumulaient sur mon compte en banque, furent-ils virtuels ou de papier constitués. Rien de plus beau que l’odeur de l’argent et, surtout, son goût, moi qui pus même me permettre de proposer à mes premiers invités une salade de billets de 50 euros à la sauce béarnaise, telle une Gainsbourg des temps modernes. Ô argent, argent, argent. Money, Money, Money, dirait ABBA, mais sans tact, ni talent, ni panache propres à ma réussite.

Bref, j’étais devenue une star. Le scandale de 1999 avait lancé ma carrière, et j’avais saisi l’opportunité pour bosser d’arrache-pied jusqu’à ce que le travail gagne. Telle Lara Fabian, Chimène Badi, la Star Academy, Ilona Mitrecey, j’étais devenue de ces héroïnes romanesques parties à la conquête du monde et de leurs désirs. Songeant à Fanny Ardant, sensuelle et toujours allongée sur mon canapé, porte-cigarettes de mes premiers émois aux lèvres, je me disais que je n’aurais adoré être personne d’autre que moi-même, vertu trop rare à mes yeux. Et ce n’est pas Sakis Rouvas, débarqué en ami de la Grèce voisine, qui disait le contraire alors que nous rêvions encore l’un de l’autre sur l’îlot central de ma cuisine, dégustant un Greek Coffee de ma conception. À moins que … Natasha St-Pier ? Trop peu pour moi. À la rigueur Deneuve, et encore, elle n’a jamais eu l’élégance de participer à l’Eurovision.

L’Eurovision. En ce florissant début de carrière qui effaçait d’un coup sec mes difficiles années de caissière et de danseuse à gogo (encore que cette activité me manquait parfois), c’était pile là que le bât blessait seul. L’affaire de 1999, à peu près digne de celle du Watergate à peu près concomitant (à moins que ce ne fut celle Levinsky ?), était digérée, et je n’avais point abdiqué dans ma quête, bien au contraire. L’Europe (ante ouverture à l’Est), je l’avais déjà traversée. Les (tentatives de) sélections, je les avais multipliées. Les castings, les entretiens, les accroches (et les accrochages), je ne les comptais déjà plus. Sans compter les nombreux télé-crochets auxquels je m’étais astreinte de candidater, histoire de me construire une « respectabilité » selon les vulgaires termes de mon agent de l’époque. Fort dommage que les équipes de production ait eu le mauvais goût d’opposer un veto à ma participation, moi qui ne demandais pourtant qu’à vendre encore plus de disques que ce que je n’en écoulais déjà, c’est-à-dire très peu énormément. Plus encore que Patricia Kaas. C’est dire l’éphéméride de la gloire de certaines, sitôt entrées dans la lumière qu’elle en sont déjà sorties par la porte du Kabaret Paradis aux côtés de Shirley & Dino (son gars, pas le dinosaure).

L’Eurovision. Israël m’avait tendu les bras pour mieux me repousser des deux mains d’un tournoi de tennis de table par équipes, mais, de cela, je faisais fi. La Macédoine du Nord avait privilégié un girls band à la musicalité plus que toxique (le Kiri d’Hakuna Matata s’en rappelle encore) à ma précurseuse macédoine de légumes, mais je n’en avais que faire. Même l’Estonie et la Lettonie réunies avait préféré miser sur de petits chevaux plutôt que sur l’étalonne que je représentais pour eux. Je ne comprends toujours pas ils ont pu passer à côté du conte de fées moderne et du rendez-vous magique que j’incarnais pour eux. Les pays baltes ont préféré la facilité du Micro de Cristal surprise à la garantie de l’inscription dans l’Histoire que je représentais pour eux, et ils s’en mordent encore les doigts vingt ans plus tard. Mais peu m’importe s’ils m’aiment, car Céline réunit ceux qui s’aiment, et mon impressionnant succès dans les charts locaux le prouve plus que jamais, qui plus est comparé à la vacuité d’un Padar ou d’un N. sans -aumova.

L’Eurovision. J’aurais pu endosser le nom de n’importe quelle nation que j’aurais roulé sur n’importe qui avec mon tractopelle pour m’asseoir sur le trône. J’aurais pu décrocher la victoire sous les couleurs du premier drapeau venu que j’aurais pu y laisser mon âme gratis et ma fierté en sous-centimes de florins. Mais mon ambition était plus reine, plus profonde, plus solaire : celle de conquérir le Graal sous l’égide de la République Française, alias la France qui m’avait donné vie, gloire et fortune. Celle dont je souhaitais ardemment la victoire pour mieux en obtenir de reconnaissance moi-même.

1999 avait bafoué mon honneur, et ma victorieuse amie n’avait su redorer ni le mien, ni celui de la France, qu’elle a scindé en deux camps qui s’affrontaient avec violence sur la controverse Raël née de mes révélations. L’an 2000 n’avait été guère sensible à mon En 2000 et Davidna, et en récompense, ils n’eurent pas le ciel, loin de là. Tout juste des pipas, et encore.

D’un obscur choixpeau à la magie douteuse, les sélections internes ont fait émerger des noms sortis de nulle part, et les européens le leur ont bien rendu. Car vingt-huit ans après, Marie Myriam n’avait toujours pas de successeur mais à ça, Davidna L. allait remédier illico presto.

Certains ont au fond de la mémoire des lumières d’autrefois, tandis que mon regard était dirigé vers celle de demain, la mienne, qui flamberait sur la scène du Zénith de Kiev au mois de mai. Mais ma mémoire, elle, gardait bel et bien en tête le nom de celle qui m’avait privé de ma victoire annoncée, qui plus est dans mon dos. Depuis quand l’on trahit ses amies qu’on ne connaît pas et ce, sans le savoir, dès qu’elles ont le dos tourné ? Au moins aurait-elle eu le mérite de poser le débat autour d’une carbonade flamande de sa réalisation. Quoique j’eus craint une overdose d’Euroland. Et pourquoi pas Luna Park aussi ? Et bon, vu la trahison primaire, inutile de souligner à quel point je tenais déjà à ma vie à l’époque.

Dès l’automne et l’échec de Cerrada sabré au champagne avec le fleuret olympique de Brice Guyart, j’étais aux aguets. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre en préparation mentale et physique, j’étais déjà engagée dans la guerre et dégainais comme une armée entière déjà assise sur son territoire, celui de la France eurovisionesque. Entourée d’une équipe de coaches vocaux, sportifs, danseurs, créateurs visuels, stylistes, nutritionnistes, et autres prêtres païens, je préparais le show du siècle, celui-là même qui ferait pâlir de honte la tenante du titre devant son tube cathodique (si, d’aventure, aucune coupure de courant ne lui gâchait le programme). Motivée, je passais des heures et des heures et des heures à la salle de sport du George V à soulever de la fonte, décidée à soulever le décor et la scène entière de Kiev 2005. Faute d’avoir été autorisée à m’inscrire au Tour de France, ce bien que je tentai de m’immiscer à plusieurs reprises dans la peloton au cours d’étapes montagnardes, je ne comptais plus les kilomètres avalés sur vélo fixe, corps transpirant par tous les pores et des cascades d’eau balancées sur ma tronche par les employés, sous les hurlements de mon coach qui m’accusait de détériorer le matos en allant moins vite que Lance Amstrong. Pailletée, je ne comptais plus le temps passé à naviguer entre le studio d’enregistrement et la salle de répétitions grandeur nature pour concevoir qui s’annonçait comme LE projet musical à même de plomber toutes les productions de Dove Attia et de Presgurvic réunies et, surtout, la concurrence du concours 2005 durant lequel j’offrirai enfin une succession digne de ce nom à l’eurodynastie française, mon nom inscrit sur le marbre d’une victoire de cristal.

Je m’envolais déjà. Nue sur mon rooftop, le bras ceint d’ailes angéliques, je courais en voletant autour du jaccuzzi, prête à tutoyer les cieux et à défier les oracles. Et si je m’envolais plus que je ne décollais, c’était parce que tant mon corps que mes pensées étaient en parallèle occupés par une opération séduction digne de ce nom, et intitulée Lionel Tim.

C’est sur le casting de Popstars 2003 que Lionel et moi nous sommes rencontrés. Tandis que toutes n’avaient d’yeux et de désir que pour le futur M. Pokora (dont j’étais désespérément à la recherche de l’oreille absolue tandis que d’autres cherchaient la nouvelle star), je ne transpirais que pour ce soupirant que je ne laissais guère indifférente, en témoignent nos escapades nocturnes en dehors de ces dortoirs dont nous faisions le mur non sans avoir au préalable glissé un petit somnifère dans les boissons énergisantes des caméramen, désireux de trouver dans cette armée de popstars les nouveaux Loana & Jean-Edouard. Faute de piscine, c’est dans l’espace catering de la production que nous vivions nos premiers rapprochements tandis, qu’inexplicablement alertées par les messages quotidiens d’un corbeau, Maryline et Pookie from the Diadems (le groupe concurrent de Linkup, inévitablement inscrit dans nos mémoires, preuve en est leur réussite) faisaient le guet et tentaient de me suivre. Mais quiconque n’est pas Davidna, et loin d’être une quiche aussi lorraine que Tracey, je les semais en deux deux, plongeant habillée dans la mare aux crapauds que je traversais en apnée ET en nage indienne pour rejoindre Lionel en quittant mes vêtements mouillés. De la suite, je vous épargne le dessin, cela serait une confidence trop intime.

De Linkup à Lionel Tim, notre aventure s’étala sur plusieurs mois durant lesquels je travaillais à mon ascension, préférant mettre en pause mon projet eurovisionesque, faute d’enthousiasme devant les politiques menées en la matière à l’époque. Ils ont voulu Sertab Erener et les belges tout droit sortis de Brocéliande ? Ils les ont eus (et même l’amour avec). Pendant que moi, je gardais ma dignité dans les loges de la tournée du boys band, ainsi que sur les canapés du studio d’enregistrement, ce qui permettait de croire plus que jamais en cette étoile que je faisais désormais plus que tutoyer.

La fin du groupe fut aussi expresse que ses débuts et c’est ainsi qu’à l’initiative de M., la fin de Linkup fut prononcée en août 2004, tandis que je partageais un instant de femmes dans la datcha des Tatu à Dessiatnikovo. Empêtré dans les portes de la gloire, Lionel prit un certain coup au moral, et c’est non sans amertume qu’il sollicita auprès de moi l’emprunt du tractopelle familial, envisageant d’ensevelir son désormais ex comparse de terre tel Uma Thurman dans Kill Bill : Volume 2. Il ignorait toutefois que j’avais d’autres projets pour lui … et surtout pour moi. Mieux vaut être entouré d’alliés dès lors qu’on vise la gagne. Autant vous dire que je n’ai pas eu à perdre énormément de salive pour le convaincre de tenter l’aventure Un candidat pour l’Eurovision 2005 en solo … chacun de son côté. Le deal était ainsi simple : à nous deux la finale, à lui la seconde place (ou la cinquième, peu m’importait) et à moi la victoire.

Ensemble (surtout moi), nous travaillions à ma réussite. Chaque jour de canicule, aussi compliqué à trouver en hiver qu’un koala au rayon équitation du Décat’ de la Porte de Montreuil. Chaque nuit, durant laquelle je devenais sa princesse du désert, aussi tourmentée que les forêts d’Amazonie. Chaque septième seconde du septième jour où, vêtue de ma coiffe pharaonique, je me lançais dans les envolées lyriques de mon pre-chorus (et non pré-refrain, trop has been being) final, celui là même qui allait clouer au sol la Macarena et Claude Barzotti réunis sous l’égide de Katrina et les vagues (plus intelligible que The Waves). Chaque millième de seconde qui passait me rapprochait ainsi de mon heure de gloire, davantage que Christine Arron d’un titre sur cent mètres qu’elle n’a jamais daigné obtenir en athlétisme.

Le jour du casting, pour lequel j’avais ÉVIDEMMENT été pré-sélectionnée, je me présentais plus prête que jamais, écartant d’un bras fort les Ortal, Miral, Total, que je croisais sur ma route tandis qu’à l’arrière, lui aussi invité, Lionel accompagnait déjà ma candidature à l’Eurovision 2005, lui dont je comptais faire mon danseur principal. Devant l’équipe de la délégation de France 3 – avec laquelle nous ne nous étions pas quittés en très bons termes quelques années auparavant, je livrais une performance davidnesque, qui fit se lever l’assemblée comme une seule femme, acclamant à tout rompre la majesté de ma performance. Ma qualification en finale n’était plus qu’une formalité. Ma vengeance aussitôt digérée et calfeutrée.

L’histoire était en marche avant même que Manu n’ait réalisé ses premiers pas politiques. Sortie de la pièce, je croisais le regard de la Trécy, qui me saluait d’un regard malhonnête et espiègle, prête à avoir ma peau près de six ans plus tard, sans se douter que ce serait moi qui aurait la sienne. Tandis qu’elle osait minauder devant mon mec qui, lui, restait tout penaud devant celle qui se croyait pimpante, je l’arrachais des bras de la prédatrice, à laquelle j’offrais un billet retour en Intercités, direction son Nord-Pas-de-Calais natal.

Dans les coulisses, je triomphais. Dans les rues de Paris, je m’envolais. Le mobile coulissant dernier cri prêt de ma bouteille de champagne, je jubilais déjà, à peine inquiète de n’avoir toujours pas de nouvelles sept jours plus tard. Il ne fallut qu’une sinistre dépêche pour m’administrer le coup fatal.

Tandis que j’arpentais l’avenue Montaigne pour négocier ma première tenue chez Chanel (et à la baisse s’il vous plaît), Lionel m’appela pour prendre de mes nouvelles, la voix visiblement affectée. Je compris immédiatement que, contrairement à moi, il n’aurait ni le luxe ni la joie de performer sur la scène de la sélection et, surtout, de la gagner, ce qui était une évidence somme toute initiale eu comparé aux standards que j’imposais. Tout en entrant dans la boutique, accompagnée de Gin-Valley mon petit brabançon (précision : c’est un chien) et déjà irritée par l’agent de sécurité qui interpellait la star qui faisait plus que sommeillait en moi, je tentais de le réconforter, lui promettant une place au soleil (autrement dit : à mes côtés) sur la scène de Kiev. Je serai la Princesse du désert, il serait mon nomade : quoiqu’en pense la production, ainsi seraient répartis les rôles, et indiscutable cela serait. Un silence, tandis que Gin-Valley commençait à gratouiller les talons hauts en moquette zébrée de ma voisine. L’émotion sans doute. Jusqu’à ce que Lionel s’avança.

  • Mais … Davidna, tu n’as pas vu la liste des candidats ?

Quelle question. Pourquoi s’intéresser aux losers ?

Il prit l’initiative désastreuse de me l’envoyer par SMS.

Nonchalamment, je la regardais.

Nonchalamment, je considérais un oubli.

Plus attentivement, je la regardais.

Plus attentivement, je m’interrogeais sur un oubli.

Sérieusement, je la regardais.

Sérieusement, je constatais.

Sérieusement, je regardais à nouveau.

Sérieusement, je constatais.

Sérieusement, je découvrais.

Sérieusement ….

  • Ton nom n’est pas dans la liste, Davidna.

Et celui de Karine Trécy, oui.

Sur la terrasse du Café Beaubourg, accompagnée de Gin-Valley et tout juste débarquée de chez Chanel par les agents de sécurité (selon lesquels j’avais été indocile et irrespectueuse tant envers la clientèle que le personnel de par mes hurlements), j’étais mortifiée. Effondrée. Tuée de l’intérieur par une menace qui ne m’avait pas signifié sa venue. Comment aurais-je pu savoir qu’une ignominie aussi violente que mon élimination dès les castings était en mesure de survenir sans que l’on m’ait prévenue au préalable ? Comment aurais-je pu devenir que, six ans plus tard, le manque de tact, l’irrespect et – surtout – le mauvais goût de l’équipe de sélection étaient restés le même ? Comment aurais-je pu savoir qu’à travers leur décision scélérate, leur but n’était autre que celui d’éliminer Davidna Lamburosco de la course à la victoire ? Et ce, au profit de la seule, l’unique, celle qui m’avait dérobé mon précieux à l’époque, mon ennemie jurée : Trécy.

Esseulée, seule face à mon gin to et à mon paquet de clopes, à peine dérangée par un groupe de lascars venus me siffler et auxquels je répondais d’un doigt, je me questionnais sur les suites à donner à cette décision. Comme en 99, mon avocate me conseillerait de faire profil bas et d’éviter l’aventure judiciaire, fort longue, coûteuse et hasardeuse, s’agissant surtout des escroqueries musicales, difficiles à démonter et à accabler de preuves tangibles. D’autant plus que, chose que j’ignorais là aussi, le règlement de la sélection ne semblait pas plaider en ma faveur, faute d’article spécifiquement dédié à Davidna Lamburosco. De toute évidence, le sujet n’était pas tant celui d’une quelconque remise en question, plus inutile que jamais devant les faits, hashtag mon talent et mon travail. Car le ver ne se trouve toujours que dans la pomme, et il semblerait que le dit ver ait décidé de m’exclure d’une pomme que j’aurais su rendre luisante comme jamais, tout simplement faute de bon goût.

Tandis que je fomentais ma vengeance, je vis au loin approche mon Lionel, venu me faire la surprise de son réconfort, et probablement choquée par ma réaction téléphonique, le Samsung ayant de plus eu le malheur de tomber dans les fluides de Gin-Valley, hashtag kaput, et le riz inexistant n’aurait rien pu y changer. Tandis que je me levais d’un bond, prête à sauter dans ses bras, je vis une intruse tenter de faire de même. Doodjez ! Une agresseure ! Vite, affublée de mon chien que je traînais sur le sol pavé de l’esplanade du Centre Pompidou, je venais au sauvetage de celui auquel j’étais prête à pardonner sa sélection, n’étant pour rien fautif dans la décision de m’exclure du lot somme toute discount qui se présenterait au public. Bien heureuse au final de n’avoir pas à me souiller au milieu d’indignes de moi.

Elle l’embrasse. De force. Je cours, je cours, mais I don’t lost l’amour, puisque Lionel aura la force et le courage de se défaire. Sauf qu’il reste inexplicablement collé. Aurait-elle mis de la glu sur ses lèvres ? Je m’approche, puis freine dès lors que les deux corps se séparent, les yeux écarquillés par la surprise de ma présence devant ce qui, visiblement, était un rapprochement consenti entre mon boyfriend et … Karine Trécy. Qui, après un moment d’interdiction somme toute bref, trouva le moyen de me narguer d’un « Salut ! » suivi d’un rire tonitruant, sous le regard consterné du traître.

  • Davidna, je vais tout t’expliquer …

D’un geste bref, je lâchais le chien, et déplaçai mon poing vigoureux sur le visage de l’accusé, pour mieux m’acharner ensuite sur celle qui m’avait tout pris, à tel point que vingt parisiens ne suffirent pas pour détacher ma mâchoire de son bras, tandis qu’elle tentait de m’arracher les cheveux par poignées. Pendant que Gin-Valley se régalait du Carré Hermès dans lequel j’avais investir en désespoir, faute de mieux.


Paris, juillet 2021

Par cet été de canicule, Hakuna Matata avait eu le tort de raviver l’un des épisodes les plus douloureux de ma carrière, pour ne pas dire de ma vie, bien que je me sois rapidement consolée le soir même avec l’avalanche de plans B que comportait mon répertoire d’alors. Tandis que, pieds nus, je traversais la fontaine du Jardin des Tuileries, je sortais de chez ma pseudo thérapeute aussi coite que j’y étais entrée, et je ne suis pas de celles à faire d’ordinaire de telles confessions. Mais tant la France que Paris, sa capitale, recelait de ressources inexploitées, à même d’apporter des éléments à mon propre tapis rouge que je confectionnais tel un géoglyphe nothombien.

Raviver le mal fut douloureux, mais le regarder en face n’est que salvateur. Femme debout, femme guerrière, plus que jamais je suis reine de mon talent et maîtresse de l’eurostar que je suis, n’en déplaise aux langues les plus viles et les plus grossières que je ferai taire de ma réussite à venir. Combat pop, moteur, action !