Retrouvez tous les samedis un nouvel épisode de notre série-fiction de l’été « Les étés Davidna ». Jusqu’où notre eurostar en devenir ira t-elle ? Après le prologue et l’épisode 1, aujourd’hui au programme …
- Davidna ! Mais qu’est-ce qu’on va devenir …
Assise en tailleur devant le tipi qui m’abritait à titre momentané dans les jardins monumentaux de la Royal Davidna House, je méditais, pour une fois silencieuse, sur mon tragique sort. Devant le feu de camp crépitant et entourée de ma funeste et indigne suite de Davidna Boys aussi impotents qu’indigents et pleurnichards, je voyais se déployer devant moi le chemin de l’échafaud eurovisionesque, échas aussi faux que ma propre faux. Sur l’écran noir de mes nuits blanches, je réfléchissais aux solutions qui s’offraient à moi face à une énième tentative de privation de dignité signée de la main de l’Italie.
Dans la nuit étoilée qui surplombait le Bassin d’Arcachon (de plus en plus non-conforme à ma majesté et à mes ambitions), je ne pouvais que constater l’ampleur du désastre.
Plus mélancolique que Norma John pleurant les oiseaux noirs (comme quoi, le corbeau ne porte vraiment pas bonheur), je me rappelais les vies désormais antérieures de May Tana, hashtag R.I.P. ma tigresse.
Je me souvenais de l’offrande de l’un de mes futurs ex-maris qui, pour me consoler de mon éviction de la sélection monégasque 2004, me l’avait mise dans les bras tandis que nous roulions en direction de l’Italie dans ma première Rolls. Qu’il était beau, mon braconnier, lui qui venait de vivre sur le sol africain les quinze jours les plus intenses de sa vie après notre début d’idylle à la turque. La Turquie ? Là où j’avais pris mes quartiers en vue de la succession de Sertab Erener, finalement avortée. À l’instar de ce mariage que je déclinais, le gars ayant commis la terrible erreur d’avoir confondu Marie E.[1] Myriam avec Marie Line, dont je me retrouvais affublée du témoignage … qu’elle n’eut finalement pas le luxe de témoigner devant M. le Maire.
Je me rappelais de ce jour, pas si lointain où, plus écartelée qu’un corps en souffrance sous le joug du supplice de la roue, je voyais mon cœur partagé à la lituanienne. Je ne savais à quel saint me vouer, et encore moins à quel sein, surtout quand ceux de Vaidas et de Jurij sont en jeu. Le match eurovisionesque ne m’ayant alors même pas effleuré l’esprit (il faut dire que ce n’est pas le talent qui les étouffe), je décidai de manière animale de les voir s’affronter sur le ring, les corps boxeurs ruisselant de sueur, avant d’opter finalement pour un process plus efficace. Telle Paul le Poulpe, May Tana effleura ainsi les curieux objets de mon désir de son généreux naseau pour finalement élire le beau Juri. Reléguant Vaidas au statut de serviteur de la Majesté Davidna (ce qui le vexa fort jadis et le fit tomber dans les bras du compteur Linky-té, à mon grand dam).
Je me souvenais toutefois du manque de pif de cette espèce d’autruche aux pattes lourdes, dès lors que le fruit de son choix me fit rapidement l’affront d’une irréversible trahison, préférant la certitude grossière du Run With The Lions à l’apologie du Frolic With The Tigress (et non pas Frosties je vous prie, on n’est pas des Kellogs). Une insulte impardonnable, à laquelle j’invitai May Tana à mettre un terme d’un coup de canines, qui fit fuir l’insolent lituanien plus nu qu’un ver à travers les vignes du Haut Médoc. Le tout sous le regard à la fois amusé et acide de Vaidas qui, me voyant complètement brisée, m’offrit ses services nocturnes. À titre tout à fait gratuit, cela s’entend. Un rêve si fort que les draps s’en souviennent encore.
La chaleur du feu crépitant me rappelait May Tana. Le goût des marshmallows rôtis me rappelait May Tana. L’odeur des corps suant de mes Boys me rappelait May Tana. À ma mère qui me demandait pourquoi diable ne pas l’avoir appelée Jacqueline Onassis, je répondais d’un placide « Parce que vous auriez préféré qu’Aisté Pilvelyté porte le nom d’Azucar Moreno, vous ? » et bam, d’un coup de bouteille, une nuit au placard, fermé à double tour.
Comme on a tous quelque chose en nous de Tennessee, j’aurais toujours en moi un soupçon de May Tana … à commencer par la robe tigrée que j’arborerais le soir de mon triomphe eurovisionesque. Encore faudrait-il que je me sorte tout d’abord de la merde noire dans laquelle le fisc italien m’a foutu, Shame On Him.
L’Italie. La Nation paternelle. Le pays de la bénédiction, celle de la rencontre entre deux fluides qui donnèrent vie à la Reina Davidna, Viva Victoria (de mes seconds prénoms, outrageusement usurpés par la Dana International dix-huit ans après). Sanremo, ville du festival familial, où le gouvernement de l’époque décida de la déchéance impromptue et inopinée à la fois des Lamburosco – seria 3 à l’ère des heures les plus sombres de l’Italie républicaine. Notre peau obtenue jadis ne leur suffisait pas, et il fallait à présent qu’une néo-mafia pire que la napolitaine (et je ne vous parle pas de la sauce dont mon père avait enduit les carabinieri en signe de résistance) désire me priver de gloire et d’honneur.
Les italiens m’avaient pris May Tana, dont la seule évocation produisait en moi torrent de larmes ingérables, dont Nikos G. (et non Niklas – désolée pour le lapsus de la semaine dernière) souhaitait remplir la piscine, pensant naïvement m’apporter légèreté et transition écologique. Ma réponse ? Un coup de poêle Tefal rouillée sur la tronche. A ciao bonsoir.
Les italiens m’avaient pris tout ce que la Royal Davidna House recelait de trésors, de monts et de merveilles. Mes bijoux, plus diamantés K. et dorés les uns que les autres, que j’exposais fièrement dans la Royal Davy Joaillerie contiguë à ma suite principale. Mes robes et accoutrements, plus luxueux et somptueux que la garde-robe tout entière réunie de la Joniqa de pacotille et de tous les Balkans réunis (peut-on leur en vouloir d’être plus pauvres de fierté et d’argent que moi ? Objectivement oui, mais moins de concurrence j’ai, mieux je me porte darling). Mes statues grecques tout droit importées d’Olympie (et à l’âge olympique, mais chut, car cela m’a causé assez d’emmerdements avec le gouvernement de l’époque). Mes canapés poly-styles, du zébré au raffinement unique au plus rouge que celui défaillant du Père Drucker, à qui j’ai jadis fait sa fête (je vous conterai ce qui n’est qu’une anecdote ultérieurement). Et même les colonnades de mon sauna, celles-là même qui avaient assisté à bien des rapprochements.

Pire encore, les italiens m’avaient privé de l’un de mes rêves eurovisionesques les plus chers : porter les couleurs de mon second pays à l’Eurovision, et qui plus est à domicile. D’autant plus depuis que j’avais renié la Biélorussie pour d’évidentes raisons démocratrico-républicaines (et surtout stratégiques vis-à-vis de ma carrière, car il fait surtout du bien de penser à soi). De toute façon, depuis quand la Biélorussie eurovisionesque a-t-elle du talent ? Pas depuis que Zena en a porté les couleurs en tout cas – n’est pas Xena la guerrière qui veut ma biche.
Mais dans cette affaire, l’Italie demeurait bien naïve, et surtout trop sûre d’elle-même, un bien mesquin défaut que je déteste au plus haut point, vous n’êtes pas sans le savoir. Pensant m’avoir privée de mes biens les plus chers et les plus raffinés au motif de trois petits millions d’euros de soi-disant arriérés, les agentes du fisc avaient commis bien des erreurs. Pensant m’atteindre, elles n’avaient, au contraire, fait que renforcer mon honneur, ma dignité et mes naturelles aspirations vengeresses. Outre l’intégralité de mon œuvre, elles avaient non seulement omis de toucher au pied-à-terre parisien de la rue des Martyrs (nom bien mal choisi pour Davidna L.), mais également au Royal Davidna Cabanon de Jardin, alias la garçonnière de Cesar (Sampson évidemment … quoiqu’Ouatu a dû la fréquenter dans ses plus respectables années), 120 mètres carrés de secrets bien gardés dans lesquels j’avais glissé quelques tenues (mais aussi quelques plombiers polonais. Parce que la plomberie, c’est la vie dans une House).
L’Italie avait voulu abattre l’Être le plus éminent que la Terre entière ait jamais conçu de sa propre semence (et 100% bio je vous prie). L’Italie avait voulu m’humilier, me traîner à terre, m’ensevelir de la boue que pétrissaient généreusement et modestement les collaborateurs de mes ancêtres à la plus faste époque du Moyen-Âge toscan. L’Italie avait voulu me couvrir de ses celles scélérates : elle ne se rendait pas compte à quel point sa volonté ne faisait que renforcer ma détermination et mon obstination. Telle une prêtresse, la tête ceinte de ma légendaire coiffe indienne et le tomahawk levé en direction de l’Océan (parce que je tiens à la façade de ce qu’il reste de ma baraque), je me levais, plus décidée que jamais à reconquérir mon honneur, mes biens et mes rêves eurovisionesques. Debout dans la nuit noire d’où commençaient à sortir des esprits dans le ciel, venus me saluer depuis leur Norvège natale (et en sami s’il vous plaît), je commençais mon voyage, acclamée par ma suite qui s’interrompit net lorsque Farid coupa mon élan. Madame ! Vaidas est de retour !
… (cris de stupeur et tremblements)
Ah le con. Il va prendre cher.
- Davidna !!! Qu’est-il arrivé à la Royal House ? Et les voitures ? Dites-moi pas que Lauro vous a piqué la Rolls.
- Où étiez-vous Vaidas ?
- Désolé, je …
- … Veux une réponse.
- Bah M’dame, gloups, j’étais aux courses.
- Jusqu’à deux heures du mat ?
- Bah qu’est-ce que j’y peux si Casino est ouvert toute la nuit sur le bassin ?
- Qu’importe. Ceci est un abandon de poste, qui plus est en période de Davidna Shaking.
- M’enfin Madame, le Casino il est ouvert H24 !
- Fous toi pas de ma g-…
- En plus j’ai pu utiliser votre Mastercard à la roulette russe.
Merde. J’avais oublié ce détail. Ni une ni deux, le volcan se mit en éruption digne de celle de Pompéi en 79 après Jay-C, et telle Serena et Venus Williams réunies prêtes à dégommer toute la WTA réunie, je m’emparais de ma poêle Tefal et BAM ! Sous les cris effrontés et stridents de ma suite, évidemment, je filais prendre la route de nuit, direction le lieu du crime : Sanremo.
- Madame ! Le tipi est en train de cramer !
Pire que Destination Eurovision 2019 je vous dis.
Sanremo, Italie, juillet 2022
Maudit soit le jour où je n’eus d’autre choix que d’emprunter l’autoroute en Twingo pour rejoindre l’Italie. Moi qui croyais que ce n’était que l’apanage des plus modestes.
Plus long qu’un million years (surtout passées avec Mariette), plus infernal qu’o mie tout court (et on part pourtant de loin), plus vampiresque que les vampires are vivants de DJ Bobo (qui m’avait fait plus de bobos qu’il n’est lui-même un bobo), plus éreintant et diabolique qu’un million de voix, racine carré de Tusse (oui, tousse, ma chérie), je décidais désormais de n’emprunter que l’avion (première classe je vous prie) dès lors que je quitterai la métropole, souci de l’écologie et des économies de CO2 oblige. Fallait-il bien que j’aie dix bonnes raisons de l’urgence de ma venue (et non de te larguer) pour entreprendre un voyage aussi périlleux, mais surtout aussi long, LONG, LOOOONG. Que même Rocco en aurait rougi de honte.
C’est ainsi au terme de 904 kilomètres de bouchons invétérés (durant lesquels je manquai de faire la peau à un troupeau d’insolents qui me demanda le prix de mes prestations sur une aire d’autoroute) de plus de QUATORZE HEURES de trajet et surtout 215 balles de péage et de gazoline que je débarquais, plus fraîche et dispose que jamais, Piazza Colombo. Hommage aux poulets décédés pour la cause, et non à l’inspecteur, certes lui aussi trépassé, mais rappelons qu’ici l’Inspectrice, c’est moi. Car il faut bien que quelqu’une inspecte et surtout, investigue, afin de retrouver le chemin de ma propre Fortune sans faire appel à autrui, secret d’Etat oblige (et faute de finances hormis au Liechstenstein).
Mon mystérieux intermédiaire m’avait donné rendez-vous à 18h, terrasse du Mosto II, obligation faite de revêtir des lunettes de soleil pour d’évidentes raisons d’anonymat. Celui qui, d’une voix passée sous dissimulateur, se faisait appeler Ferrovia delle Coke (un nom absolument pas à même de mettre la puce à l’oreille des forces de police italienne), m’avait ordonné de rester à table et de solliciter la préparation d’une Wurstel. Autant vous dire que mon interlocuteur a eu de la chance de tomber sur une amatrice de pizza à la saucisse (et de saucisse tout court).
19h30. La pizza enfilée (et une Patatosa XXL avec), je m’enfilais mon quatrième Spritz du début de soirée tandis que, seule comme une conne et attachée à la table du resto comme Gordienko à Kirkorov, je commençai à m’impatienter, d’autant plus qu’il me devenait urgent de trouver de la compagnie tant pour la soirée que pour ma nuit davidnesque.
- Davidna Lamburosco ? me surprit-on tandis que je naviguais sur Tinder, dragouillant le jeune serveur du bar d’à côté. Veuillez me suivre per favore, il Maestro vous attend.
Bien que je fusse surprise de la qualité de l’approche, l’approbation spirituelle de Domenico Modugno et, surtout, le message WhatsApp d’invitation de mon interlocuteur (plus cartésien), m’invitèrent à la confiance. Afin de ne pas trahir la confiance de Ferrovia del Coke (quel nom absurde), l’assistant m’invita à ceindre mes yeux d’un bandeau pour ne pas dévoiler la situation géographique exacte de mon intermédiaire, dont les procédés me semblaient étrangement dignes de célèbres films d’espionnage. Et si c’était un guet-apens ? Et si cette aventure sanrémasque signifiait la fin de l’aventure de la grande Davidna L., retrouvée six mois plus tard plongée (et cramée) dans un bain d’acide ou, pire encore, dévorée par des rottweillers, sans que mon innocent de frère, mes nombreux amis ou mes Davidna Boys n’aient daigné donner l’alerte, car libre, insolente et sauvage ?
Tandis que je commençais à fomenter un éventuel plan d’attaque en cas d’atteinte à ma vie et à ma pudeur, c’est au bout de dix interminables minutes de marche que délivrance me fut donnée. Une fois la vue recouvrée, c’est dans l’étroitesse d’un immeuble ancien de ce que, de par l’odeur, j’estimais être une ruelle étroite du centre de Sanremo (ma médium wuhanaise m’a toujours certifié que j’avais du fluide) que l’assistant me donna la marche à suivre.
- Rendez-vous à la porte sud de l’ultime étage de la tour de Titi-Huaka : c’est là que vous sera donnée la clé.
Pardon ?
L’assistant répéta le code.
Wesh ? Il s’est cru dans Fort Boyard le gars ? Il avait pourtant plus la dégaine du beau-frère de Fiorello (en plus supportable) que celle du Père Fouras.
L’assistant répéta une dernière fois le code et sortit de l’immeuble, me laissa seule avec moi-même pour décrypter la clé de l’énigme. Dans un élan de réflexion au moins équivalent à celui éprouvé lors du test de QI effectué sur M6 durant mon enfance, je montais donc au dernier étage (que je présumais être l’ultime) de l’immeuble (alias la tour de Titi-Huaka, fort insalubre de par ses parties communes au demeurant) et me trouvais face à une porte, démunie de boussole. Porte sud m’avait-il dit … Encore fallait-il le distinguer du nord et, surtout, trouver une autre porte que celle-ci, l’unique présente sur le palier. À moins qu’une cachette … Mais bien sûr ! Comment n’avais-je pu y penser avant ! UN BAR CACHÉ !
Aventurière de mon essence, c’est d’un pas décidé que je frappais donc à la porte. Une fois, deux fois, trois fois. Quatre fois, cinq fois, six fois. Deux fois les 1, 2, 3 de la Catherine Ferry en somme. C’est alors que la porte s’ouvrit sur un sas digne du SPA du Mandarin Oriental. Tout ça pour ça …
Mais un bruit suscita soudainement ma curiosité. Vooooooooooooooom ….
J’approchais l’oreille des panneaux japonais, à travers lesquels j’apercevais une ombre, puis une deuxième, plus massive et animale. Vooooooooooooooom ….
Je commençais à voir se déployer devant moi les portes du Purgatoire, mais essayais d’éviter toute panique. Oh My Godness Lys Assia, non, que l’heure de Davidna ne soit pas encore survenue, pitié …. Vooooooooooooooom ….
Il suffit. D’un coup sec, j’ouvrais la porte. Et me reconnectai alors instamment à mon karma occidental.

Salle carré orange de style japonisant. Lumière naturelle traversant à peine les panneaux, renforcée par des multitudes de bougies dispersées dans les contours de la pièce. Sol recourt de tapis japonais. Ambiance baignée de la fumée d’un bâton d’encens à l’ambre. Le délicat son d’un long et prolongé Vooooooooooooooom … Seul, vêtu d’un kimono orange, en posture d’Ardha Padamasama (en tailleur en somme), accompagné de son gorille, il était là, méditant sa leçon de Nirvana.
- Enchanté again petit oiseau. Je t’attendais.
Il Maestro Gabbani. Pas la mozarella : Francesco himself. Le seul, l’unique. Celui qui me priva d’une place à Sanremo en 2017 (j’étais pourtant première sur la shortlist et lui dernier qualifié, comme quoi …) et par la faute duquel je me suis retrouvée à tourner dans les bars de Sofia et de Varma avec une adaptation de son « tube » que mon précédent manager m’avait forcée à faire pour « surfer sur la vague » disait-il. Je l’avais pourtant menacé de mort pour m’éviter pareille humiliation, mais l’odeur des lev bulgares avaient eu raison de moi … jusqu’à ce, vengeance oblige, je le limoge sur la place publique le soir de mon couronnement aux BG Radio Annual Music Awards entre deux shots de Grozdova dénichés beyond THE bones. Depuis ? Silence radio, et internement dans un monastère fort éloigné de la civilisation bhoutanaise. Ameeeen, diraient les gars du Chaussé aux Moines. Et f*** le Ministère (amer) de la censure, celui-là même qui interdit la diffusion en radio de mon titre, la faute à un texte jugé trop explicite et incitatif, ce que je déniais ouvertement. Salute.
Karma Occidental Paroles : Davidna Lamburosco Musique d'Occidentali's Karma de Francesco Gabbani (Italie 2017) Rappel : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé Bevere o dove bevere Non è la questione Perche l’acqua naturale non è possibile Aperol Spritz o Campari, non scelta la Davi Alcoologa dei Buitoni Il mio Peperroni Per me il bar tutta la notte con i limoncelli Pagare è molto demodé Soldi so facili Per Davidna la Queen AAA ne t’enfuis pas ! La nuit est vraiment loin D’être finie Il faut abreuver la Panthère E « Bunga Bunga yeeeeeah » Ma leçon de Nirvana C’est pas la Bertè qui la dira Je viens de la balancer dans la biiiiiirra (Amen !) Per qui la pazza, non è mia ! Laisse-moi vider le mini bar Vieni all’zoo con Davidna Mon karma occidental Mon karma occidental May Tana elle veut à boire Mon karma occidental J’peux pas me saquer la Chanel C’est pour i poveri Et ne me parle surtout pas de la Lamborghini ! Un vicchiere di Chianti, please Coca della Davi Prima del digestif AAA ma perchè lui ? Adesso una Torre di Martini Sono sessuata, dottore E « Bunga Bunga yeeeeeah » Ma leçon de Nirvana C’est pas la Bertè qui la dira Je viens de la balancer dans la biiiiiirra (Amen !) Per qui la pazza, non è mia ! Laisse-moi vider le mini bar Vieni all’zoo con Davidna Mon karma occidental Mon karma occidental May Tana elle veut à boire Mon karma occidental Cuando la notte finisce Voglio un after babe Mon karma occidental Mon karma occidental Gloria alla Regina assetata ! Namasté, allez ! Ma leçon de Nirvana C’est pas la Bertè qui la dira Je viens de la balancer dans la biiiiiirra (Amen !) Per qui la pazza, non è mia ! Laisse-moi vider le mini bar Vieni all’zoo con Davidna Mon karma occidental Mon karma occidental May Tana elle veut à boire Mon karma occidental
Voooooooooom.
Namasté, allez, donc.
Trente minutes plus tard, méditant désormais à leurs côtés, vêtue de mon kimono japonais (ce qui était presque une insulte aux yeux du Maestro, qui tenait à garder l’anonymat sur ses activités tantriques), je fus interrompue dans ma concentration exceptionnellement élevée (même ma déesse intérieure commençait à dire boriiiiiing).
- Je vais tout te dire, Petit Oiseau. Pour cela, il te faudra remonter le fil intérieur de l’histoire, comme au milieu coule une rivière.
- Oui, Fran-…
- Précision : je te demanderai ici de m’appeler Maître Dong.
1er février 2022, Festival de Sanremo, Italie
Seule au comptoir du Miramare, parée de mes plus beaux atouts à en faire pâlir toute la fashion week de Milan réunie, je sabrais déjà au champagne ma victoire annoncée. Qu’importe que la presse et les bookmakers m’aient inexplicablement snobé, ce soir, c’est Davidna qui règnera et pliera d’entrée le concours, n’en déplaise à Mahmood et son minet de la saison. La secunda serata sera le tournant décisif et annoncé de cette carrière qui me mènera enfin tout droit en direction de l’objectif numéro 1 : l’Eurovision, Turin 2022. The Sound of Beauty ? Inutile de le chercher : il est là, tranquillement posé au bar, deuxième coupe à la main, n’attendant que le feu vert du chauffeur pour filer en direction de l’Ariston.
Le regard droit vers l’horizon, je regardais la Méditerranée, et l’avenir brillant qui allait enfin s’offrir à moi. L’on me reprochait selon les dires de travailler ma candidature à Eurovision France ? J’assume ouvertement et fièrement de jouer sur deux tableaux, qui n’auront qu’à se battre pour conquérir le nouveau cœur battant de l’Eurovision, alias moi-même. Il y a des pages qu’il faut savoir tourner, des successeurs à qui il serait bienvenu de laisser la place et avec tout le respect que j’ai pour elle, il est grand temps pour feu Lys Assia de partir pour de bon dans un autre monde, dans une autre vie, et pour le concours de trouver une nouvelle artère fémorale nommée Davidna Lamburosco.
Il suffit de quelques minutes pour qu’une somptueuse Lamborghini me mène devant le tapis rouge de l’Ariston plus masqué que le bal masqué lui-même. Prévoyante, je revêtissais déjà mon modèle Colombine tout droit sortie des ateliers de Ca’Macana, from Venezia. Alors que la lumière des flashs crépitant éblouissait déjà mes yeux et mon esprit, je rêvais de ce lion d’or, qui agrandirait ma famille féline et tiendrait enfin compagnie à May Tana, ma tigresse adorée et vénérée, dont j’appréciais le contact de la vénérable fourrure dès lors que nous rugissions ensemble dans les thermes de Davidna.
19h. H-2 avant le début du direct. Fraîche et dispose, je déboulais sur le red carpet (au moins n’avait-t-il pas le mauvais goût d’être turquoise, celui-ci), prête à redonner espoir au peuple et à réparer la plus sombre des décennies musicales de l’histoire de ce valeureux festival, dont la victoire de ce groupe pseudo glam pseudo rock a sonné comme l’acmé du mauvais goût et une honte nationale. Dire que ça se l’est ramenée avec un Micro de Cristal de surcroît, mon sang ne fait qu’un tour rien que d’y repenser …
Plus excités que jamais, il me suffit de poser un pied sur le tapis rouge pour voir les photographes du monde entier grimper au rideau à coups de « Davidna ! Davidna ! DAVIDNA ! ». D’ordinaire désireuse de me faire désirer, je choisissais exceptionnellement de faire des désirs de la Plèbe médiatique une réalité. Mais tandis que je me pavanais et m’embellissais aux portes de l’Ariston, sous les yeux d’agents de sécurité inexplicablement irrités et gênés d’une présence qui avait l’air de les surprendre, je ne me doutais pas des emmerdes qui allaient me tomber dessus dans trois, deux, un …
- Elettra ! ELETTRAAAAAAA !
Putain. La Lamborghini. Sur MON tapis rouge. Dans MON moment de gloire. Holy shit, Al Bano.
Tandis que je l’observais avec la noirceur la plus profonde que j’étais en capacité de produire à ce moment clé de ma vie, nos regards se croisèrent. Pour le pire … et pour le pire.
- Lamburosco ! Vado a ucciderti ! VADO A UCCIDERTI !
Hystérique, elle se jeta littéralement sur moi, décidée à me défoncer la gueule, tandis qu’adversaire chevronnée, j’étais prête à lui rendre la pareille. C’est ainsi que, de moment de grâce, le tapis rouge sanrémasque était devenu moment de crasse, sous les yeux ébahis des médias, qui ne perdaient ni une minute ni une mèche de la scène à laquelle nous nous adonnions. Des cris, du sang, des larmes, des hurlements, de l’arrachage de cheveux, et quasi de robes : voilà ce qui allait donc faire la Une des médias dès le lendemain alors que, complètement dépassée, l’armée de vigiles tentait tant bien que mal de séparer les fauves acharnés.
Que ce soit avec les voitures ou avec la femme, j’ai toujours entretenu une relation passionnelle avec les Lamborghini. Fût-ce la caisse de Kirkorov – dont je défonçai jadis le capot à coups de masse – ou mon ex amante, je …
Oui, vous avez bien lu.
Elettra et moi, c’est une histoire que je qualifierai … d’électrique. Certes, la musique nous séparait – son chef d’œuvre musical Musica (e il resto scompare) aurait normalement dû m’être attribué, ce qui nous aurait logiquement épargné le massacre auquel nous assistâmes, ébaubis, deux ans plus tôt. Certes, un homme nous a séparé – qu’y puis-je si son ex a préféré ma présence d’un soir sur le divan de la Royal Davidna Chambre d’ami #1 tandis qu’ils étaient à deux doigts des épousailles ? Ce alors qu’elle venait me rendre visite pour une nuit à la House, détail que j’avais complètement omis ce soir-là – je vous laisse imaginer la scène (qui ne les a toutefois pas empêchés de se marier sur le lac de Côme sans même daigner m’inviter). Mais il y eut aussi cette aventure dont elle voulut taire le nom, tandis que je n’avais guère de gêne à commercer avec les tabloïds transalpins pour annoncer la nouvelle à un monde avide d’informations en continu. Pour des questions d’ordre juridique, je ne rentrerai malheureusement point dans les détails, même si je meurs d’envie de vous délivrer le secret de ce que vous mourrez d’envie de lire et d’entendre. L’on dit souvent que Venise n’est pas en Italie, mais sachez qu’avec Elettra, la moindre bastide se trouve en Italie. Avec elle, l’eau n’a plus de raison d’être et ne peut que s’incliner devant le feu sacré, celui des nuits plus belles que les jours, quand bien même les jours sont aussi beaux que les nuits électriques, sensuelles, érotiques, porn- … BREF. Dommage qu’Elettra eût été trop susceptible et fermée pour refuser de me pardonner la conquête d’une forme de liberté et d’indépendance en compagnie de son futur mari. Pour lequel tout a été étrangement pardonné bossa nova e vice versa et sur le champ, au point de confirmer les vœux de mariage six mois plus tard. Pendant que je fus outrageusement limogée illico presto, avec arme, haine et violence.
- Lamborghini ! Vaff*****o con il tuo pistolero !
N’étant point du genre à me laisser abattre par plus insipide que moi, je défendais mon honneur avec la vigueur qui était la mienne, manquant de peu d’écraser le vétéran Gianni Morandi, que je croyais pourtant installé dans l’EHPAD de la famille Rodriguez. Erreur fatale, qui me valut d’être traînée hors du tapis rouge par les gorilles d’Amadeus, qui claquait des doigts en riant de l’affront qui m’était fait, tandis que Lamborghini pénétrait dans l’antre sacré en me signifiant mon congé d’un lever de majeur.
Hors de question d’en rester là, qui plus est narguée par les ciao ciao de l’indigeste duo de représentants de liste de courses (dont j’ai zappé le nom de colère, en dépit de leur médaille de bronze de la première soirée).

Telle Pocahontas naviguant sur les rives du Mississipi et, surtout, telle Ruslana[2]en train de défoncer les LED turques d’une danse sauvage que j’aurais pu exécuter bien mieux qu’elle, je me levais, femme debout et, écartant d’un coup net et sec Tic (la blonde) et Tac (le vase mec), je me dirigeais vers les portes de l’Ariston dans lequel la candidate à Sanremo 2022 que j’étais devait se produire aux alentours de 23h45, mille ans après le début des intempestifs bavardages d’Amadeus et de son meilleur-ami (ou beau-frère je ne sais plus) Fiorello accompagnés de la Mutti. Ce que ne daignèrent pas entendre les vigiles, qui m’indiquèrent la porte de sortie (ainsi que la direction de la gare). Mais Titane n’était qu’un film pour enfants à côté du scandale international que je m’apprêtais à produire dans la cité ligurienne.

Hors de moi, je piquais une colère jupitérienne (paraît-il qu’on dit désormais vulcanienne) à la Afida Turner, et menaçais d’en référer immédiatement au ministre des biens culturels et au président de la RAI si, d’aventure, l’accès aux coulisses et à la scène m’était refusé, moi la grande favorite de l’édition.
J’expliquais sauvagement la situation, et je me heurtais à un mur.
J’expliquais encore plus sauvagement la situation, et je me heurtais encore plus à un mur.
J’expliquais encore plus que plus sauvagement la situation, et je me heurtais encore plus que plus à un mur.
J’expliquais encore plus que plus que plus …
Jusqu’au moment où le miracle survint :
- Davidna della Piaga ! FINALEMENTE ! Presto, presto, siamo in ritardo per la tua preparazione!
Et bam dans ta face les gorilles.
23h15. Vêtue d’une longue robe d’un orangé prêt à faire pâlir les plus grandes princesses du désert, je me gargarisais élégamment pour préparer au mieux LA performance vocale du siècle à venir, à même de sauver la planète du réchauffement climatique si prompt à inquiéter le GIEC … ou le gecko, je ne me souviens plus bien. Tandis que je donnais quelques conseils au débutant Farfalle – pardon, Sangiovanni, apparemment charmé par la divinité légendaire que j’incarnais à ses yeux (légendaire n’est-il d’ailleurs pas le propre d’une divinité), je vis débarquer dans ma loge Il Grande Gabbani – Francesco, pas la mozarelle –, venu me baiser la main tel une marque de soutien et de respect à mon égard, lui qui me doit tant et tant et tant dans son succès à travers l’Europe. D’un coup de pied au derrière, je me délivrais du jeune premier, et tentais d’intensifier le tête-à-tête avec le Maître du karma occidental, avec lequel nous avions fort sympathisé cinq ans avant malgré la concurrence intense et cruelle qui s’était jouée entre nous (démarche fort rare de ma part pour être soulignée). Nous étions en train de trinquer à nos retrouvailles quand nous fûmes interrompus par l’un des régisseurs.
- Davidna della Piaga ! La tua coppia à arrivata !
- La mia coppia ? Ma ho appena divorziato dal quinto!
- Ma che burlone ! Non parle del tuo marito, ma della tua coppia musicale !
Je ne comprenais rien à la situation, qui m’échappait. Ne pourrait-on pas me laisser tranquillement répéter Ardente fiamma d’amore (e bottarga acquatica) en compagnie de Francesco ?
- Sai benissimo che Rettore preferisce non vederti prima della sua esibizione !
Rettore ? Dottore Rettore ?
- Ma Davidna ! Non fa la stronza ! Sbrigati, sara questione di chimica in trenta minuti !
Plaçant sous mes yeux le planning de la soirée, je restais interdite devant ce que je découvrais.

Non content de m’avoir confondue avec Ditonellapiaga, Amadeus m’avait collé un duo avec Rettore sur un titre dénommé … Chimica. Probablement mineur d’ailleurs, puisqu’on n’a pas daigné me le communiquer avant ma venue sur place.
Non content de m’avoir confondue avec Ditonellapiaga, Amadeus m’avait insidieusement privée de solo au dernier moment, préférant me corrompre avec une star plus que déchue.
Non content de m’avoir confondue avec Ditonellapiaga (ou Diplodocus, je ne sais plus), Amadeus refusait par la présente de m’inscrire au palmarès de Sanremo en solo.
- Che casino … s’empressa d’ajouter Gabbani devant mon désarroi.
Vous commencez à me connaître, intimement, profondément, deeply, mais à titre tout à fait exceptionnel, je m’évertuais au contrôle. Tentée d’allumer le feu et de faire danser les diables et les dieux, je décidai finalement d’accepter la situation, et de jouer des cartes qui étaient mises à ma disposition. Amadeus voulait me priver du triomphe annoncé, mais tel est mon destin, je fais mon chemin. Conquérante, et plus que jamais décidée à m’inscrire dans l’histoire, je choisissais de porter le duo improvisé et de viser la lune, histoire de mieux la reconquérir l’édition suivante en solo. Je me décidais pour cela à partir à la rencontre de Rettore, faisant fi des injonctions contraires du régisseur, que je claquais d’un coup de bazooka sous le regard admiratif de Gabbani, qui ne voulait rien perdre de la scène.
23h35. H-10 minutes avant la presta. Plus enthousiaste que jamais (Méthode Davidna-Coué oblige), je débarquais dans la loge de celle que tous gratifiaient du titre de Dottore pour convenir ensemble des détails d’une prestation qui s’annonçait plus stratosphérique que le voyage dans les étoiles de Miller-Heidke.
- Dottore, m’enjaillais-je devant la rockstar dos tourné et clope au bec !
- Ma Ditonella ! Dove eri ? Aspet- …
Désormais retournée, elle s’interrompit, interdite, perdit sa clope du bec.
- Coucou, lui fis-je de la main !
- Ma chi sei ? Dov’è la Dito ?
Surprise de l’impertinence de la question à cette heure-ci, je tentai alors de lui expliquer respectueusement le quiproquo dont nous nous trouvions toutes deux victimes à l’insu de notre plein gré, et m’introduisais comme son duo. Je me pris alors une volée de bois vert dont j’allais me souvenir toute ma vie restante, jusqu’au moment où une intruse explosa ni une ni deux la porte, sous le regard de plus en plus hébété de Gabbani.
- DOV’È L’USURPATORE ????

Ditonellapiaga. La seule, l’unique.
La scène qui s’ensuivit fut plus terrible qu’un film de Pasolini mis à mal par les Wolves of The Sea. Hurlant jusqu’à la folie, Ditonellapiaga revendiquait sa place dans le dispositif, soutenue en cela par Dottore (et non Dotter, pitié), qui affirmaient toutes deux travailler sur ce duo depuis des mois et des mois, tandis que la plus jeune jugeait intolérable d’avoir été éconduite par les vigiles de l’entrée, accusée d’usurpation d’identité contre … Ditonellapiaga (soit elle-même). Raison pour laquelle elle fut embarquée par les forces de l’ordre sous les yeux du public qui protestait contre cette initiative jugée scélérate et resta plus de trois heures en garde à vue chez les carabinieri qui, vérification faite, se seraient alors rendus compte qu’ils avaient affaire à … Ditonellapiaga. Pendant ce temps, à l’Ariston, les organisateurs auraient remarqué trop tard la bévue du responsable de l’accueil (désormais abonné au Centro per l’Impiego #PôleEmploi) qui, pris de panique et de retard, aurait confondu la véritable invitée de la soirée, à savoir Ditonellapiaga, avec … Davidna Lamburosco, visiblement exclue de la liste des participants et seulement cantonnée à un miraculeux billet d’entrée à l’arrière du premier balcon de la salle, côté public.
Cette version des faits me semblait délirante, et je persistais dans mon bon droit. L’usurpation était du côté de ma concurrente, tandis que la seule à devoir monter sur scène devait être Davidna Lamburosco, dont le nom fut visiblement échangé avec celui de Ditonellapiaga, alors même que des écrits malheureusement indisponibles à ce stade-là statuaient du contraire.
Le ton monta. Le ton montait. Le ton est monté. Le thon a tourné. Et Gabbani – le chanteur, pas la mozzarelle – arbitrait, plus mal que bien.
La guerre fut déclarée, et je vous en épargne les détails. Des cris, des pleurs, du sang, des larmes, des plaintes, des jérémiades, des gémissements, des hurlements, et même … des morsures de l’aube.
Ni une, ni deux, je fus virée manu militari par Amadeus lui-même, pendant que Ditonellapiaga et Rettore terminaient septièmes du classement général à l’issue de la deuxième soirée. Et que je noyais mon humiliation dans un océan de champagne au bar du Miramare. Dont j’ignorais alors que je partageais le voisinage avec le duo de choc.
Antre de Maître Dong (alias Francesco Gabbani), Sanremo, Italie, juillet 2022
- Maître Dong, je ne suis que douleur devant l’Infini.
- Stai calmo, petit oiseau, Occidentali’s Caaaaaalmo
- Maître Dong, vous m’aviez dit que je trouverai les clés en mon for intérieur…
- Pazienza, petit oiseau, Occidentali’s Paziiiieeeeenza
- Maître Dong, la patience me tue. Il s’agit de trois millions d’euros …
- Paz-… CHE ? TRE MILIONI DE EURO ???
Je vis un flash dans les yeux de Maître Dong-Gabbani.
- Davidna, m’interpella-t-il. Il est temps de vous délivrer le jugement final, et la sentence sera irrévocable.

Bureau du directeur du Miramare, Sanremo, Italie, 3 février 2022
Réunis dans le bureau du directeur du Miramare, visiblement ébranlés par les évènements de la nuit, Ditonellapiaga, Rettore et Francesco Gabbani regardaient anxieusement les vidéos issus des caméras surveillance de l’hôtel, sur lesquelles une fugitive dévalait les escaliers à 4 heures du matin, le bagage Vuitton visiblement garni d’un butin inestimable. Navré, le directeur annonçait la douloureuse.
RETTORE : Tre milioni di euro …
DITONELLAPIAGA : Che casino ….
RETTORE : Sono le tue ?
DITONELLAPIAGA : Sono le vostre Dottore.
GABBANI : Gesù …
RETTORE (se levant d’un coup sec, retirant ses lunettes de soleil) : Non è possibile ….
LE DIRECTEUR : E non parlo delle diamanti rubati nel suo sicuro.
RETTORE (tremblant de tout son corps) : Santa Maria della Croce !
DITONELLAPIAGA (inquiète) : Tutto va bene, Dottore ?
RETTORE (yeux écarquillés) : … La pazza. La pazza !
Elle s’écroule dans le bureau du directeur, qui se précipite pour lui lever les jambes tandis que Ditonellapiaga l’assène de claques et que Gabbani lui balance un seau d’eau dans la figure.
Bureau du directeur du Miramare, Sanremo, Italie, 23 juin 2022
Observant à nouveau les caméras de surveillance de la nuit du vol, le directeur zoome. Un visage apparaît. Signora. J’ai votre coupable.
Antre de Maître Dong (alias Francesco Gabbani), Sanremo, Italie, juillet 2022
C’est ainsi que, vengeresse de l’affront qui me fut fait, je découvrais que j’avais détourné (et non dérobé, je précise l’importante nuance) plus de trois millions d’euros de liquidités (et quelques diamants dont j’avais visiblement réussi à me débarrasser auprès d’un revendeur selon des sources concordantes) à Dottore.
Deux heures durant, Francesco me raconta les détails que j’ignorais – à commencer par celui du détournement, dont je n’avais nul souvenir (moi qui m’étonnais pourtant des intérêts astronomiques de mes comptes épargne auprès de mes établissements bancaires), de la quête de la suspecte au montage de l’opération Tropico. Celle-là même qui mena des officiels italiens à me saisir l’intégralité de mes biens afin de rembourser mes dettes auprès du fisc italien (mais également auprès de Rettore, ce que j’ignorais, puisque dans l’ignorance moi-même de la méprise dans laquelle je m’étais infiltrée, trop de rancœur et de bouteilles de champagne oblige).
Mise devant le fait accompli, je fus forcée de prendre acte de la situation à mn plus grand dam, mais cela n’avançait pas davantage mon affaire : comment diable allais-je récupérer mes biens (maintenant que j’avais injustement perdu trois millions d’euros) ?
ÉPILOGUE – Royal Davidna House, juillet 2022
Ne me demandez pas comment j’ai réussi ce tour de passe-passe digne des Doritos moldaves s’agitant dans leur La La Land, c’est une affaire privée et exclusivement privée que nous avons réussi à régler entre adultes intelligents (et consentants), Gabbani, Dottore, le fisc italien, les carabinieri et moi. Le tout est qu’en ce jour de canicule, déménageurs et Davidna boys s’exécutaient à remettre en ordre ma résidence royale, qui retrouvait enfin de sa splendeur après quelques jours de passage à vide. Et à défaut d’avoir ressuscité May Tana (dont je pus toutefois négocier de récupérer la peau douce), c’est l’ensemble de mes biens et objets de valeur (c’est-à-dire l’intégralité) qui me fut restituée, accompagnés de quelques dommages et intérêts.
Quiconque ose se frotter à Davidna s’y pique, et l’Italie, délicieuse scandaleuse, le remarqua avec fierté et décadence. Désormais réconciliée avec ma patrie paternelle, je savourais ma victoire, et une bonne coupe de champagne en compagnie de Francesco, le regard tourné vers mon prochain – et véritable – objectif : Eurovision France.
Prêts pour un petit tour sur le phare d’Alexandrie ?

[1] Prononcer à l’américaine
[2] Nom dont j’avais envisagé de rebaptiser ma tigresse post mortem, mais l’actualité internationale me dissuada de l’usage du provocaeur prénom de Russe Lana
– Pauvre Davidna : que de rancœur contre l’Italie et les italiens…. Heureusement, l’un d’entre-eux a sauver l’honneur de son pays (et aussi celui de Davidna) et il s’agit de Francesco Gabbani ! Coïncidence : il vient de de gagner sa place pour la finale du nouveau jeu « Qui va oser me détrôner » ce midi ! Il méritait donc bien cette qualification et j’espère que Davidna le soutiendra !
Impressionnante cette Davidna…lol…
Bravo Rémi pour ce récit qui mêle extravagance, humour, délire et évidemment Eurovision.