L’attente est bientôt terminée ! Nous y sommes enfin ! Plus que quelques heures à tenir, j’espère que vos équipes sont prêtes sur FantaSanRemo. It’s the most wonderful time of the year, comme disait la chanson. Il est temps de célébrer la grande messe de la musique italienne, équivalent d’une semaine sainte pour les plus passionnés.

La magie de SanRemo, c’est de ne rien savoir à l’avance sur ce qui fait le sel du festival : les chansons !
Il faut imaginer, voir grimper ses attentes (quitte à expérimenter une immense déception par la suite)… Et pour alimenter ces fantasmes musicaux et cette anticipation grandissante, rien de mieux que… Les avis de la presse !

Les chanceux journalistes invités pour écouter en avance les propositions aux côtés d’Amadeus publient toujours, dans la foulée, leurs impressions. Ils sont aussi loquaces que discrets, laissant suffisamment d’informations pour savoir à quoi s’attendre, mais suffisamment peu pour garder une part de mystère.
Et comme les humains ne sont pas des clones, les avis changent d’un journal à l’autre (même si des unanimités sont présentes, dans le bon comme dans le mauvais sens).

Aujourd’hui, voyons donc ce que dit la presse, et laissons-nous allécher par les monts et merveilles que promettent le mythique festival encore cette année. Puisqu’Amadeus ne connaît visiblement pas le concept du sommeil (à tel point que je pense que « Samo mi se spava » devrait être le nouveau slogan du festival !), nous avons cette année TRENTE prétendants à la victoire… Et comme ils méritent tous d’être mis en valeur, cet article sera donc entièrement consacré aux avis de la presse. Allora… Andiamo!!!

Avis général


Sur ce point, tout le monde s’accorde : cette année, ça va danser ! Les grandes ballades classiques, typiques du Festival, se comptent sur les doigts d’une main (Diodato, Negramaro, RengaNek entre autres). Quelques chansons socialement engagées (Bigmama, Dargen D’amico, Ghali) par-ci, par-là… Mais c’est le thème de l’amour qui domine, ainsi que les sonorités urbaines, pop et électro. La modernité instaurée par Amadeus s’ancre encore un peu plus dans l’ADN du Festival.

Comme le résume très bien Rockol.it (qui est un peu ma référence ultime en termes d’avis de la presse ; si Rockol aime, j’aimerai sûrement !) : « Il y a quelques années, on aurait payé cher pour voir un tel line-up. Mais désormais, avec Amadeus, c’est devenu la norme. » Un parti pris qui convainc les uns, mais a vite lassé les autres.


Pour synthétiser les revues de la presse, je me suis donc basée sur l’excellent thread du compte Twitter SanRemo En, ainsi que sur cinq journaux différents. Vanity Fair Italie et Io Donna (qui ont été très enthousiastes), Panorama et Il Sole (beaucoup plus négatifs), et le fameux Rockol.it (dont les avis, neutres, sont tout à fait factuels; un pont entre les amateurs et les détracteurs).
Ceci étant posé, ouvrons les hostilités.

Diodato

Il revient. Enfin. Après le brillantissime « Adesso » et le stellaire « Fai Rumore » (gagnant légitime de 2020 dans mon coeur brisé d’Eurofan traumatisée par l’annulation de son concours préféré), Diodato vient illuminer la scène de l’Aristone grâce à sa chanson. C’est l’une des seules pièces classiques de l’édition, l’une des seules ballades du lot. C’est un morceau sentimental, intimiste, émouvant, raffiné, de bon goût. Les paroles y sont sincères, le piano, la guitare, les violons et les percussions y tiennent une grande place. Le final est décrit comme minimaliste mais impressionnant. Chez Rockol, on y décèle des airs de Beatles,et une esthétique musicale qui pourrait parler à l’international. « Ce n’est pas « Fai Rumore », mais c’est à réécouter », dit Vanity Fair. Même Panorama, qui n’a presque rien aimé, considère qu’il s’agit d’une des seules (à leurs oreilles) bonnes chansons du Festival. Ils qualifient Diodato de « fuoriclass » (comprendre: un champion) de ce genre de ballades aux inspirations 70′s qui explosent en une mélodie puissante et intrigante. La voix est au point, l’écriture est de haut vol. Io Donna, un peu plus circonspects, regrettent au contraire une mélodie trop plaintive et générique qui emprisonne le morceau dans un stéréotype et ne convainc pas. Chez Il Sole, Diodato ne récolte qu’un maigre 5.5 sur 10 (en insinuant bien au passage que Diodato n’avait gagné QUE grâce à la salle de presse en 2020, ça fait toujours plaisir…).

Clara


La gagnante de SanRemo Giovanni présente un morceau sur lequel personne ne semble d’accord en terme de description. J’ai vu tantôt « pop urbaine », tantôt « des références aux 90′s », tantôt « dance-pop », « Électro-disco » (on ne pourrait pas faire plus confus ; ce sont tous des genres très différents ! Une chose est sûre; le tout débute avec des violons, pour devenir de plus en plus rythmé. C’est un morceau rapide, riche en drops. Le texte évoque la nouvelle génération au travers du prisme d’une histoire d’amour tombée en morceau. Clara mixe donc ici le classique et le contemporain. Pour Panorama, c’est une chanson commerciale sans originalité; pour Il Sole, elle n’ira pas bien loin à SanRemo. Io Donna, plus positifs, félicitent le fait que Clara sache se différencier dans le genre, avec un rythme auquel on ne peut résister.

Mahmood


Mahmood, c’est un nom qui rime avec victoire… (Pas phonétiquement, mais vous avez compris l’idée). Arrivera-t-il à réaliser un triplé ? Le reverra-t-on pour la troisième fois en cinq ans à l’Eurovision ? Une chose est sûre, entre « Brividi et « Soldi », « Tutta Gold » se rapproche bien davantage du second. C’est un morceau de pop urbaine rapide et dansant, presque reggaeton par moments, avec un soupçon de rap. Beaucoup d’anglicismes, mais on y reconnaît la patte du fringant Alessandro. C’est un morceau fin prêt pour les clubs et la radio, où l’artiste aborde des thèmes plus personnels (comme son père et les problèmes de société). Il évoque la vie dans les ghettos, la ségrégation, à travers un retour dans le passé. Le morceau est décrit comme super-produit, gonflé d’autotune et d’euphorie. Rockol aime, Il Sole donne 6 sur 10, Io Donna accorde un 8 sur 10 mais regrette le manque de refrain impactant (pas facile d’égaler le « Clap Clap » de « Soldi »). Panorama semble plutôt mitigé, et Vanity Fair salue également d’un 8 sur 10 un très bon morceau au rythme engageant.

Loredana Bertè


S’il y a bien deux artistes que je n’aurais jamais imaginé dans la même phrase, ce sont bien MUSE et Loredana Bertè ! Et pourtant, c’est la comparaison qu’a osé Rockol. Loredana propose ici un titre rock, dont le texte est une déclaration d’amour et d’appréciation à soi-même (ce qui n’est pas sans rappeler le « Bravo » d’une certaine Barbara Pravi). Mais Loredana Bertè me s’épargne pas non plus, et évoque aussi sa colère et ses blessures. Vanity Fair accordent un 10 sur 10 et misent sur une victoire potentielle (ou tout du moins le prix de la critique, grâce à ce texte contemporain sur l’indépendance et l’autodétermination). Breaking news : Il Sole a ENFIN aimé une chanson!!! Loredana reçoit un 7 sur 10 (et une autre comparaison audacieuse, avec les Smashing Pumpkins cette fois-ci). Panorama ont paru eux-mêmes convaincus. « Le refrain, bien que peu mémorable, fait mouche ». Bref : c’est l’unanimité la plus totale. Loredana victorieuse de SanRemo et potentiellement à l’Eurovision, vous aimeriez ?

Sangiovanni


Ça va pas fort pour Sangiovanni. En 2022 il voyait des papillons, et en 2024, il veut qu’on l’achève ! Il faut dire, aussi, que le morceau qu’il présente cette année est une chanson de rupture pure et dure. La chanson (qui n’avait pas été écrite pour SanRemo à l’origine), est une lettre d’adieu poignante »et mélancolique. Chez Vanity Fair, on salue la croissance artistique d’un Sangiovanni qui évolue et prend en maturité musicale. Pour Panorama, c’est une ballade atypique qui part bien mais ne décolle pas. Mais ils admettent que »la chanson est sans doute trop générationnelle pour eux, et qu’elle plaira sans doute aux plus jeunes. De même, chez Io Donna, on parle d’une chanson qui ne suscite ni compassion, ni empathie, mais qui a tout pour devenir un tube… Un tube pour les emos (si tant est que le mot soit encore à la mode, ajoute l’auteur de l’article). Chez Il Sole, ça ne s’arrange pas. « Achève-moi ? On voudrait bien le prendre au mot et débrancher la prise… Du moins celle de la radio. ». Ça, c’est dit !

Bnkr44


Et on repart avec SanRemo Giovanni! BNKR44 propose un morceau rock, uptempo, festif, au rythme endiablés. Guitares, cordes et effets sur la voix s’unissent pour chanter l’envie de s’échapper de la société trop triste, dans un rêve anarchique où apparaissent Blur et Queen! (Autant vous dire que la hype de l’autrice de ces lignes est grande COMME ÇA!!!). Côté presse, on accueille timidement le morceau, tout en ayant conscience de son potentiel. Panorama indique : « Pourrait devenir un hit, même si tout ce qu’on a retenu à la première écoute, c’est le nombre élevé de Hey hey hey! ». Vanity Fair compare le morceau à « Dov.è si balla ». Rockol surveille le titre du coin de l’oeil : « Connaissant le groupe, c’est un de ces morceaux qu’il faudra absolument voir sur scène ». Et chez Il Sole ? « La meilleure chose de ce morceau ? Son titre ».

Alessandra Amoroso


Les amateurs du SanRemo classico-classique de SanRemo seront ravis. Alessandra Amoroso propose une ballade très construite, qui démarre en piano-voix, avant de s’ouvrir en grandes envolées vocales. La presse s’accorde majoritairement : c’est une bonne chanson qui met en valeur les capacités vocales d’Alessandra. « Elle fait du Ultimo, mais avec plus de voix », dit Vanity Fair. « Une des meilleures chansons de la chanteuse », dit Panorama. Sur Rockol, il est indiqué qu’Alessandra fait référence à « La Haine » de Matthieu Kassovitz dans les paroles… Film que je n’ai pas vu, alors je compte sur vous pour m’aider à repérer la référence ! Et chez Il Sole ? « Pas notre tasse de thé; mais le raisonnement derrière cette chanson devait sans doute être : Donnez aux gens ce qu’ils veulent. »

Fred de Palma


Là aussi, les descriptions ont divagué d’un avis à un autre. Un départ lent, et puis envoyez le rythme et l’autotune ! Sur ça, les critiques sont encore à peu près d’accord… Et puis c’est là que les descriptions divergent. EDM, disco, ambiance années 80 à la The Weeknd… Voilà ce qui nous attend visiblement avec Fred de Palma, qui s’éloigne de son habituel reggaeton. Un changement de style que regrette Vanity Fair. On y parle d’un amour trouble qui résistera à tout, quitte à finir en enfer. La chanson aura probablement beaucoup de succès en streaming, prédit également la presse. Et chez Il Sole ? « On dirait que la chanson a été écrite par une intelligence artificielle tant elle est prévisible ».

Fiorella Mannoia


Avec « Mariposa », Fiorella offre un morceau résolument féministe sur le fait d’être une femme aujourd’hui, sur l’envie de vivre et d’être libre en dépit de tout. Elle se décrit, tantôt sorcière sur le bûcher (bonjour Raiven!), tantôt reine sans trône. Le tout sur des rythmes inspirés de l’Amérique du Sud (d’où le titre, qui signifie « papillon » en Espagnol). Sans emballer outre mesure, le morceau convainc relativement la presse. Devrait plaire.

The Kolors


Si vous suivez un peu la musique italienne, en 2023 il n’y avait pas moyen d’échapper à « Italodisco ». C’était LE tube de l’été (et à juste titre, cette chanson est un banger, allez l’écouter si vous ne la connaissez pas déjà, BREF!). Imaginez donc « Italodisco » qu’on aurait fusionné avec « Mon Amour » (Je t’aiiiiiiiiiiiime, j’sais pas pourquoiiiiiiiii!). Bien évidemment, on ne parle pas de Slimane, mais du tube signé Annalisa, et qui a électrisé 2023. Ce cocktail musical ne pouvait que prendre, et la presse fait un bon accueil à ce son d’été, qui en fera danser »plus d’un au rythme du funk ! Vanity Fair félicite un refrain facile à retenir, qui s’entendra facilement sur toutes les radios et sur TikTok. Chez Panorama, on dit au contraire que le refrain (moins bon que les couplets) gâche au contraire une bonne chanson au demeurant. Chez Il Sol, on admet péniblement que le morceau pourrait atteindre le podium… Mais en attribuant seulement 6 sur 10 ! Parce que quand même. Faut pas abuser. On est chez Il sole.

Emma


Habituée du festival (et représentante de l’Italie en 2014 à Copenhague), Emma n’a pas peur de s’essayer aux sonorités plus électros. Le morceau est décrit comme dance, pop et disco, et parle d’amour. Quoiqu’ayant reçu de bonnes critiques, la presse ne place pourtant pas Emma parmi les favoris. Io Donna résume le morceau ainsi : trop inoffensif dans la compétition de SanRemo, il trouvera sans doute sa place sur les radios grâce à son refrain irrésistible.

Santi Fracesi


Il faut que je vous dise… Avec l’une de mes meilleures amies Eurofans, nous suivons les Santi Francesi depuis quelques années. Depuis « Signorino », on ne les a pas lâchés, ces deux-là. Leur parcours victorieux à X Factor ? On l’a suivi ! Leur participation à SanRemo Giovanni ? On l’a suivi aussi. Autant vous dire que mes attentes à leurs sujet sont élevées comme jamais ! Côté presse, les Saints Français s’imposent comme une agréable surprise à potentiel. « L’amore in boca » est un morceau art pop, sophistiqué, pareil à un jour d’été. Vanity Faire qualifie le titre de « surprise ». « La meilleure chanson proposée parmi les lauréats de SanRemo Giovanni », dit Panorama, ajoutant qu’ils ont le potentiel de bien se classer. « Aussi léger qu’une brise sur votre visage dans une décapotable », dit io Donna, ajoutant qu’il est, à ce jour, assez difficile de prédire un classement pour ce titre rafraîchissant. Chez Rockol, on relativise. Être à SanRemo, c’est déjà une victoire pour le jeune duo. Et ils se présentent avec un beau morceau. Le reste de leur parcours ne sera que bonus. Et chez Il Sole ? En dépit d’un retour relativement positif, le duo ne récolte que 5.5 sur 10 (à croire que le reporter d’Il Sole était vraiment chafouin ce jour-là).

Rose Villain


La révélation de ce SanRemo si l’on en croit la presse (surtout Vanity Fair et Io Donna qui lui accordent tous deux un 8, Vanity Fair lui donnant même un potentiel de favorite pour la victoire). Rose Villain (que vous avez pu apercevoir aux côtés d’Achille Lauro sur le titre « Fragole » dans la playlist de l’été italienne de votre site préféré) nous propose un morceau de pop-urbaine, où les onomatopées illustrent les battements du coeur et l’emballement du sentiment amoureux. Le rythme change, tantôt accélérant, tantôt ralentissant, « ce qui donne une profondeur intéressante au morceau », dit Io Donna. Panorama et Il Sole sont plus sceptiques; Panorama juge le morceau trop plat et trop similaire à d’autres propositions du line-up. Chez Il Sole, c’est plutôt: « Cette chanson est comme une voiture aux pneus crevés » !

Negramaro


Une de ces rares chansons classico-classiques de SanRemo, une ballade douce et intimiste qui monte en puissance grâce à des percussions dramatiques, et où le piano et la voix vibrante sont les ingrédients magiques pour parler d’une histoire d’amour qu’on décide de remettre sur les rails. Plutôt sophistiqué, le morceau met la presse d’accord. Io Donna estime que les chances de victoire sont élevées. Même Panorama juge que c’est l’une des meilleures chansons du lot ! L’une des plus émouvantes. Et de conclure : « Quand un groupe a un vrai chanteur, on le ressent tout de suite ». Et chez Il Sole ? « Il y a 20 ans, ils auraient gagné le festival facilement. Mais en 2024, qui sait ? » (Je vous assure que c’est un souhait déguisé de victoire, je commence à parler le Il Sole couramment; en plus, ils leur ont mis 6, une des meilleures notes qu’ils puissent donner).

BigMama


Un mix d’électro et de rap pour parler de harcèlement, d’intimidation, d’émancipation aussi. « C’est plus un remix qu’une véritable chanson », dit IO Donna, qui compare BigMama à Ana Mena (qu’on avait pu voir en 2022) et se demande ce que le morceau fait en compétition. « Bonne interprétation, mais pas grand-chose à sauver », dit Panorama. Chez Vanity Fair, on aurait aimé en voir plus de la part de l’artiste, mais on salue le texte. Et chez Il Sole ? BigMama reçoit la pire note du lot avec 3 sur 10. Ouch.

Ghali


De la pop-urbaine dansante, à nouveau. Et encore une base mi-disco, mi-EDM. Comme le dit Io Donna: « Si musicalement ce n’est pas le postulat le plus original, le morceau se démarque grâce à son texte mélancolique ». Le morceau semble très efficace… Cela dit, au niveau des paroles justement… À nouveau, les descriptions divaguent. Sur Vanity Fair, on comprend que le texte aborde des sujets de société… Et sur Rockol, on lit : « Un dialogue entre un humain et un extraterrestre »… Perdone? Mais ça n’a rien à voir ! Une chose est sûre: le morceau semble de très bonne facture ! Cependant, l’unanimité n’est pas non plus acquise; chez Panorama, on regrette de ne pas voir assez la personnalité de l’artiste, dissolue dans une dance-pop ennuyeuse.

Francesco Renga et Nek


Les deux habitués de SanRemo s’unissent pour une ballade typique du Festival, qui ne fait pas l’unanimité. Panorama adore (félicitant un morceau pop-rock bien produit et bien interprété), tandis que Vanity Fair trouve la chanson vieillotte et s’étonne que Dardust (pourtant à la composition) n’y ait pas apporté plus de modernité. Chez Io Donna, on souligne que Francesco Renga prend un peu trop de place vocalement, éclipsant Nek et annulant l’effet de duo. Chez Rockol, on ose comparer ce morceau à du Coldplay.

Irama


Si vous espériez (comme moi) un nouveau « La genesi del Tuoi colori », ou à la limite un autre « La ragazza con il cuore di latta », calmez vos ardeurs, remballez vos attentes… Vous n’aurez rien ! Rien qu’une ballade pop à piano et à cordes qui convainc les uns, déçoit les autres. « Trop de cris », disent Vanity Fair et Panorama (« mais cela reste une bonne ballade plutôt aérienne », ajoute le second). « Un hymne pop désespéré construit au bord du point de rupture, et qui provoque la larme facile », dit Io Donna, plus élogieux. On notera au passage cette phrase, justement, chez Io Donna : « Irama crie comme un animal à l’agonie »… Et c’est sensé être un compliment sur le côté déchirant et émotionnel du morceau… Quelque chose me dit qu’il va falloir revoir la notion de « comparaison élogieuse ». Et chez Il Sole ? « On lui souhaite sincèrement de se réconcilier avec la destinataire de cette chanson… Mais on aurait préféré d’une autre façon ! ».

Angelina mango


Avec Rose Villain et les Santi Francesi, Angelina Mango (artiste ultra-prometteuse s’il en est) fait partie des révélations surprise du Festival. Avec une « cumbia de l’ennui » sur laquelle Madame est venue poser sa griffe d’écriture, Angelina nous invite à fêter l’ennui dans une danse enivrante aux rythmes latins, une couronne d’épines sur la tête. Même si le tout donne un peu la migraine pour Ik Donna, ils saluent l’énergie de la chanson, sur un sujet qui ne l’est pas tant que ça, énergétique. Chez Panorama, on salue une chanson qui se démarque de la moyenne. Et chez Il Sole ? Étonnamment, on aime. « Une chanson qu’on entend une fois, et dont on se rappelle. Programmée pour atteindre le podium. »

Geolier


Votre chère Juliette est ravie par rapport à la présence de cet artiste, car il chante en napolitain! Des dialectes à SanRemo, j’en rêvais ! Et le rappeur n’a pas trahi son ADN linguistique, ce qui fait dire à la presse qu’il est un peu difficile de suivre le texte. Le morceau adopte des sonorités urbaines, comme on pouvait s’n attendre avec l’artiste. Le tout reste dans la moyenne si on en croit les retours de notre collège de presse. « Un morceau napolitain sans infamie ni éloge. Pourrait bien fonctionner dans la mer de sons similaires », dit Panorama. « Pas indispensable dans ces trente chansons », dit Io Donna.

Mannini


Déjà que Mannini est passé quelque peu inaperçu parmi les gros noms qui l’entourent, ça risque de ne pas s’arranger avec sa chanson. Non pas qu’elle soit mauvaise, dis la presse. Mais, selon Vanity Fair, c’est une ballade très (trop) vieillotte pour un artiste né en 1997. (Ce qui m’évoque une énorme réminiscence de Fulminacci en 2021 et me donne un peu de hype personnelle). Vanity Fair ose même un « Pas aussi spectaculaire que le titre le promet ». « Un spectacle pas trop original », ajoute Il Sole. « ballade standard qui n’a rien de mal: Un beau refrain et une voix pure. Mais elle passe et s’en va », dit Panorama. Chez Io Donna, on dit : « Pop candide qui remplit son rôle de filler, comme il y en a toujours eu à SanRemo ».

La Sad


Le groupe, relativement clivant, arrive à SanRemo avec un titre pop-punk (ce qui lui vaudra des comparaisons avec Blink 182 et Sum 41 de la part de notre collège journalistique). Le texte parle des choses qui ne changent pas, des coeurs qui ne ressentent plus rien, de la tendance à s’autodétruire sans pouvoir lutter contre son destin. Connaissant l’imprévisibilité du groupe, il faudra s’attendre à tout sur scène, nous dit-on. À noter que parmi les auteurs, on retrouve un certain Ricardo Zanetti, qui n’est autre que le chanteur des Pinguini Taticci Nucleari (qui devraient clairement revenir à SanRemo un de ces quatre, BREF!). Io Donna reproche au morceau d’être un peu trop monocorde. Pour Vanity Fair, c’est « frais ». Pour Panorama, c’est « inoffensif ». Et pour Il Sole ? « Une chanson qu’on aurait aimé réécouter une seconde, une troisième fois, car c’est une chanson qui demande d’être digérée et qui pourrait grandir ». On ne les a jamais vus aussi intéressés par une chanson !

Annalisa


Vous avez aimé « Bellissima » ? Vous avez adoré « Mon amour » (qu’on évoquait plus haut) ? Soyez contents ! Car si on en croit la presse, Annalisa reste dans cette veine (quoique le morceau soit un peu moins fort que les deux titres précédemment mentionnés; Io Donna dit que le morceau aura sans doute l’effet d’une bombe à retardement, c’est avec le temps que l’on pourra juger de son réel potentiel). Mais le titre se défend très bien, et Vanity Fair lui offre un 9 sur 10 (jugeant d’un potentiel de victoire). Une impression partagée par Panorama : « Pourrait gagner, même si rien n’est garanti ». « Sinceramente » est en bref une chanson faite pour les dancefloors, qui aborde l’amour de soi, l’honnêteté, la vulnérabilité et les émotions. Tout un programme qu’on a hâte de découvrir ! … Oh, j’ai failli oublier Il Sole… « Fonctionnera, mais fait aussi partie des chansons qui donnent l’impression d’avoir été écrites par l’intelligence artificielle. »… Il fallait bien un rabat-joie dans l’histoire !

Gazzelle


L’artiste livre ici une chanson d’amour attachante, émotionnelle, intimiste. Une petite parenthèse de douceur, faut-il croire. « Rien d’exceptionnel, mais une belle composition avec un arrangement riche et pas excessif », dit Panorama. »Une histoire à deux, qui provoque le sourire par la maladresse adolescente de ses images », dit Io Donna, plutôt conquis. Même Il Sole se montre cléments, notant de jolies métaphores et un refrain facile à mémoriser.

Alfa


Alfa transforme l’Ariston en saloon, et nous offre ici un morceau country-pop-folk et joyeux, rythmé par un sifflement entêtant. (On dirait un peu du Ed Sheeran, glisse-t-on même). Ce n’est pas un prétendant à la gagne, mais l’on passera sans doute un bon moment. « Rien de révolutionnaire, mais a sa place et sa raison d’être », dit Panorama, plutôt contents. Tout au contraire, « Parmi les 400 chansons reçues, on se demande si elle faisait vraiment partie des meilleures », souligne Io Donna.

D’argen d’Amico


Une autre unanimité ici. Dargen d’Amico, c’est bien. Sur un tempo d’EDM rapide (Rockol parle même de gabber, un mouvement techno assez radical), Dargen D’Amico évoque la guerre, l’immigration, la société. C’est la pièce la plus socialement engagée de l’édition, et notre collège journalistique salue une écriture intelligente et pertinente. « On appellera ça une danse d’urgence », salue Io Donna. Et flash spécial : même Il Sole aime ! « Une des seules chansons qui a quelque chose de plus à dire que seulement Je t’aime ».

Il Volo


Note aux artistes : arrêtez d’être ambitieux dans vos titres. Évitez les « Spectaculaire!, « Merveille », « Chef-d’oeuvre »… Parce que si votre chanson ne tient pas ses promesses de titre, on vous le fera bien savoir ! Et c’est le cas d’Il Volo. Le trio (vainqueur du télévote à Vienne en 2015) abandonne quasiment son style lyrique, pour se diriger dans une voie plus pop. Si bien que, sans leur signature vocale, il serait impossible de les reconnaître musicalement. Un parti pris qui passe ou qui casse. Panorama estime que le trio a de bonnes chances de finir dans les zones les plus hautes de classement. Vanity Fair trouve la chanson un peu vieillotte. « Il Volo de sont pas les Bee Gees », persifle Io Donna, un peu déçus. « Ils devraient vraiment apprendre la modestie. Comment peut-on appeler cette chanson Chef-d’oeuvre? ». Cette critique-là, je vous le donne en mille, est made in Il Sole.

Il Tre


Un autre morceau plein de bonnes intentions, mais qui a tendance à se perdre dans l’océan de propositions pop-urbaines du même genre. La presse n’y a pas prêté plus d’attention, malgré de bonnes qualités. « Il y a déjà trope chansons comme celle-ci », dit Panorama. « D’une normalité banale »,dit Io Donna, qui ajoute cependant (avec une attaque gratuite sur Taylor Swift au passage) : « Sion considère que Taylor Swift cartonne (ce qui souligne le déclin de la pop mondiale), alors cette chanson a la puissance, en streaming, d’un navire de guerre. »

Mr Rain


Oubliez la chorale d’enfants de « Supereroi », mais gardez l’émotion d’une pop-rap ambitieuse. Cette année, Mr Rain nous parle d’amour avec beaucoup de sensibilité et de poésie, et d’un couple qui a vaincu mille batailles pour rester toujours ensemble. La presse tolère, mais ne mise pas de pièce sur la victoire. « A cependant de quoi plaire à la masse », grince Io Donna.


Ricchi e poveri

Ricchi e Poveri sur du… Flamenco ? Fallait oser, mais c’est visiblement ce qui nous sera proposé. « Compte tenu de l’histoire du groupe, ils peuvent faire ce qu’ils veulent », dit Panorama, qui ajoute que le morceau a tout pour devenir culte. Le groupe s’autoréférence en début de morceau avec un « Che Confusione » qui évoque directement leur grand hit mondial : « Sarà perché ti amo ». La presse se laisse charmer par cet élan de nostalgie, plein de malice, de danse et d’amusement. On évoque même un potentiel Eurovisionesque chez Rockol. Pour Io Donna, c’est un « chef-d’oeuvre d’arrangements et d’écriture ». Il Sole refuse de noter, jugeant le morceau « inclassable »… Mais on a quand même le droit à un petit « rétro-cringe » bien piquant.

En résumé…

Pour la victoire, Annalisa, Mahmood, The Kolors, Negramaro, Dargen d’Amico et Loredana Bertè partent favoris. Angelina Mango, Rose Villain et les Santi Francesi pourraient être les révélations du Festival. Comme le dit Vanity Fair: « Aucune chanson cette année n’est aussi assurée d’une victoire que ne l’étaient « Due Vite » ou « Brividi » les années précédentes ». Chic alors ! Voilà qui promet une édition très ouverte et riche en musique!

Alors à ce soir pour tout découvrir et rester debout jusqu’à trois heures du matin ! Et n’oubliez pas que vous pouvez suivre ce SanRemo 2024 sur L’Eurovision au Quotidien ! Arivederci !

Musicalement,

Juliette.

Crédit image : RAI