Ce samedi 7 avril, a donc eu lieu le troisième des euroconcerts intermédiaires : l’Eurovision Party de Moscou. Comme pour les parties de Riga et Londres, voici la compilation des prestations, grâce à Studio 99, ArmeniaEurovision et Mestudio. J’y ai ajouté mes petits commentaires personnels (qui n’engagent que moi), en me montrant plus concis pour les artistes déjà entendus à Riga. Vous noterez que Christabelle s’est invitée à la dernière minute.

Moldavie – DoReDos – My Lucky Day – deuxième demi-finale

Les miroirs de la finale moldave sont de retour, pour une prestation déjà bien huilée. L’on sent que nos trois compères sont sur la brèche et ont bien répété leur numéro. Leur prestation vocale égale les précédentes. Bref, ils sont prêts pour Lisbonne. Qu’en penser en cet instant ? Selon moi, que ces trois minutes sont un phénoménal condensé de clichés eurovisionesques. Cela se hisse même au niveau de l’exemple académique… et pourtant, cela fonctionne. Je parie que nous retrouverons la Moldavie en finale. Bon nombre de lambdas aiment l’Eurovision précisément pour ce genre de chansons et décrocheront leur téléphone pour les DoReDos. Néanmoins, en finale, je parierais sur un fond de classement, parce qu’il y aura mieux, plus profond, plus contemporain, plus authentique et plus intéressant sur un plan musical.

Azerbaïdjan – Aisel – X My Heart – première demi-finale

Le positif : Aisel est une professionnelle, elle le démontre ici. La sono est dégueu, la technique est en rade, la styliste est sous influence. Et malgré tout, sa voix passe, transperce le mur phonique et retient l’attention. Une prestation vocale appréciable…

Le négatif : …mais qui s’essoufle sur la durée. Certes, les conditions techniques, matérielles et artistiques ne sont point idéales (euphémisme), mais de là à devoir reprendre sans cesse sa respiration et abréger sa note finale… Du moins, là, il y a une marge de progression possible. Sans doute qu’à Lisbonne, Aisel me fera taire. Par contre, côté chanson, la progression est impossible. XMH est aussi un condensé de poncifs eurovisionesques. Cela aurait fait merveille, il y a dix ans. Mais en 2018, cela donne une impression de réchauffé.

Conclusion : Juste pour remettre les choses en contexte, voici un morceau illustrant le véritable répertoire d’Aisel.

Ma conclusion personnelle est que cette proposition azerbaïdjanaise demeurera le plus grand gâchis de cette édition 2018. Vraiment, l’on devrait interdire à Philipp Kirkorov de s’approcher à moins de 100 kilomètres de l’Eurovision. Vraiment, pour la peine, l’Azerbaïdjan mériterait la première élimination de son histoire. Ah, ça y est, ça y est, ils m’ont foutu en rogne ! Allez, vite, suivant…

Russie – Julia Samoilova – I Wont Break – deuxième demi-finale

Le positif : L’histoire personnelle de Julia ferait verser des larmes à une pierre. C’est toute la force de cette proposition russe… et c’est déjà ici que s’arrête ce paragraphe !

Le négatif : Tout le reste, forcément. Commençons par la chanson. IWB est une autre enfilade de perles. C’est aussi honnête qu’inintéressant. Le message colle à la chanteuse, mais hormis cette dimension, le morceau est l’un des moins inspirés et des moins originaux de l’année. Filez-le à n’importe qui d’autre, il passerait inaperçu. La prestation, maintenant, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. À titre personnel, je trouve que Julia s’en sort relativement bien. Son interprétation est acceptable, mais fort légère comparée aux poids lourds qu’elle affrontera à Lisbonne. Par contre, les dames derrière elle ont songé, j’espère, à un plan de carrière alternatif. Parce qu’elles ont signé là la mort de leur parcours de choristes. Plus encore, elles ont tué la chanson et sa présentation, voire même sa réputation. Entre nous, mes amis et moi appellons ce genre de prestation, « le bain du chat ».

Conclusion : Ces trois minutes sont bien un « bain de chat », insupportables à l’oreille et aux autres sens. Quant au reste, j’ai changé d’avis. Dans « Votre Eurovision 2018 », j’avais tout de même attribué un petit point à Julia, pour dire de. Mais là non, je ne puis soutenir ce genre de prestation. Certes, j’imagine que les choristes ne feront pas le voyage. Néanmoins, Julia et son équipe auraient dû emprunter une autre voie, celle d’une ballade traditionnelle en russe. L’on sent bien que ce machin industriel en anglais ne colle pas à la chanteuse et qu’elle rame question prononciation. Bref, je trouve que la Russie aussi mériterait d’être éliminée en demi-finale. Mais ne rêvons pas : elle se qualifiera, pour les raisons évoquées au premier paragraphe. Et en finale, elle se hissera à une place indue, au détriment d’une chanson meilleure et bien interprétée… Soupirs…

Arménie – Sevak Khanagyan – Qami – première demi-finale

Le positif : Sevak est, lui, un interpète de talent. Je pense d’ailleurs que c’est cela surtout qui lui a permis de remporter la finale arménienne, ses concurrents ne faisant pas le poids. Le chanteur réitère sa prestation du Depi Evratesil. C’est maîtrisé, impeccable, sans reproche. Sevak déborde, quant à lui, d’attrait et de charisme. Il fera un remarquable participant. Par ailleurs, son expérience télévisuelle lui permettra de briller à l’écran.

Le négatif : Même admirablement bien chantée, Qami demeure un enfonçage de porte ouverte. C’est du dernier des bateaux… Une autre ballade déjà entendue mille fois au Concours ! L’an dernier a montré que le vent avait tourné pour ce genre musical, la plupart de ces morceaux ayant été éliminés en demi-finale.

Conclusion : À mes yeux, l’Arménie n’apporte rien au Concours avec cette chanson. Sevak, comme tant d’autres, mériterait d’aller en finale, mais en interprétant un morceau plus intéressant, plus prenant, plus spontané. Vous le devinez : je ne voterai pas pour lui, le 8 mai prochain et je ne verserai pas une larme s’il est renvoyé chez lui.

Malte – Christabelle – Taboo – deuxième demi-finale

Le positif : Christabelle est littéralement possédée par sa chanson. Elle la vit très intensément, au premier degré. Elle le prouve à nouveau : vocalement, elle est au sommet. Elle fait aussi bien qu’à la finale maltaise. Sur ce point, rien à redire : elle est parfaite. Je suis convaincu qu’avec la mise en scène au cordeau qu’elle nous prépare, elle retiendra l’attention des téléspectateurs.

Le négatif : Décidément, je n’accroche pas du tout à Taboo. J’ai l’impression d’entendre la maquette d’un morceau en cours de production. En résumé : inabouti et inachevé. L’on sent qu’il y a derrière ces trois minutes, des idées, un message, l’envie de bien faire, de concocter une production contemporaine à succès. Sauf que les auteurs semblent s’être arrêtés à mi-chemin.

Conclusion : En demi-teinte, la conclusion. Christabelle est assez géniale dans son genre. J’aime beaucoup son personnage d’eurodiva au grand coeur. Côté vocal, elle mériterait la qualification. Mais Taboo me plonge dans l’incompréhension. Quid ? Cur ? Quomodo ? Dans « Votre Eurovision 2018 », je ne lui ai attribué aucun point. Mais à y réfléchir, j’aurais sans doute dû lui accorder mon « 1 point » à la place de Julia. Pour la voix, juste pour la voix…

Conclusion

Jésus ! Voilà un euroconcert qui m’aura été douloureux. Aucun des cinq participants n’avait mes faveurs a priori et aucun n’a véritablement progressé dans mon coeur. Je suis donc dans l’incapacité de vous dresser un palmarès et d’attribuer la moindre médaille. Je me replie donc sur ma position habituelle : tant qu’à faire, autant en rire. Dans cette perspective, je qualifierais donc Christabelle et les DoReDos. Eux, au moins, m’offrent la garantie de six minutes de fou rire entre amis, en mai prochain. Par contre, sur un plan musical et artistique, la Russie et l’Azerbaïdjan mériteraient pour moi l’élimination en demi-finale.  Affaire à suivre…

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