Ils se sont rencontrés en 2017 et entre eux, la magie musicale a tout de suite opéré. Eurovision France, c’est vous qui décidez sera pour ce duo d’artistes une opportunité de faire découvrir leur univers teinté de couleurs et de voyages au plus grand nombre. Vous avez découvert leur portrait musical ce matin, et L’Eurovision au Quotidien a eu la chance d’échanger avec eux : voici à présent l’interview d’Andriamad !

EAQ – Votre premier titre est sorti fin 2019. Quelle est l’origine du projet Andriamad ?

Kévin – À l’origine, ça part vraiment de l’envie de monter un duo. J’ai toujours monté des petits projets dans la musique. Il y a quatre ans, j’ai posé une annonce auprès de mes amis Facebook pour trouver une chanteuse, parce que je voulais absolument faire un duo féminin/masculin. Une amie m’a proposé les démos de Cécile.

Cécile – À ce moment-là, je n’étais plus du tout dans la musique. J’avais déjà eu un groupe avant qui s’était séparé. J’avais d’autres projets, j’avais mis la musique de côté, je ne voulais plus en refaire. Cette copine a insisté pour envoyer mes vieilles musiques. Elle l’a fait et elle m’a envoyé un message me disant que Kévin avait adoré ma voix et qu’il aimerait bien me rencontrer. La semaine d’après, je suis allée à Montreuil dans son studio de musique et là, on a fait des essais de voix et d’instrus. On a tous les deux vraiment kiffé la session. On a décidé de poursuivre l’aventure.

Kévin – Ce qui était sympa, c’est qu’on était un peu branché voyages tous les deux. Au moment où on s’est rencontré, Cécile partait à Séoul et je revenais juste du Cap-Vert. On avait déjà ces envies de parler d’ailleurs. Jaimalé, notre premier morceau, est né à la fois de cette rencontre et de ces premiers écrits.

Cécile – Et surtout de l’envie de voyager.

Quand on écoute votre musique, on ressent complètement cette diversité d’influences culturelles et de sonorités.

Kévin – On a vraiment grandi avec les musiques actuelles, mais on a été bercé par les musiques traditionnelles via nos parents. Je pense que ça a influencé inconsciemment nos compositions, car tout cela ressort.

Quand on écoute le texte d’Alléluia pour la première fois, on est marqué par ces mots : « Alléluia nos différences, Alléluia, de nouvelles couleurs, People of the World. ». C’était une évidence pour vous de porter ce message assez humaniste ?

Cécile – Oui, complètement. C’est dans cette période qu’on vit depuis quelques mois qu’on a écrit cette chanson. Kévin et moi sommes des globes-trotteurs, et le voyage nous manquait énormément. On s’est demandé ce qui nous manquait dans le voyage et pourquoi on voyage. On avait envie de parler de ça et de dire que ce qui nous donne envie de voyager, c’est de découvrir une autre culture, des manières différentes de vivre, des langues différentes, des sonorités différentes. Ce n’est pas parce qu’une culture est différente de la nôtre qu’elle est moins bien ou meilleure, elle existe parce qu’elle existe et elle a toute sa richesse. Il faut savoir s’en enrichir et enrichir les autres avec la nôtre, qu’ils aient envie de l’accueillir ou pas. « Alléluia, nos différences » parce que le monde est différent de par ses pays et ses cultures. C’est ce qui est très beau sur Terre.

Vous jouez également avec les langues et la phonétique.

Kévin – Comme on a été bercé par ça, on a la volonté de faire sonner les mots, pas comme une langue étrangère, mais en ayant ces répétitions, ces onomatopées qui font que ça sonne et c’est agréable à chanter. En plus du texte, on porte notre attention sur la manière dont les voyelles et les consonnes sonnent sur les notes, sur les phrasés, etc., de façon à ce qu’on ressente un peu cette ambiance d’ailleurs.

Pourquoi ce nom, Andriamad ?

Cécile – Andriamad est le nom de famille de ma grand-mère paternelle, qui n’est plus parmi nous et qui était malgache. À nos débuts, on tenait à se rattacher à des racines de l’un de nous deux. Comme Andriamad sonnait plutôt bien et évoquait quelque chose de solaire et d’ailleurs, on s’est dit que ça allait bien avec le groupe.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous embarquer dans l’aventure Eurovision France, c’est vous qui décidez ?

Kévin – On y a pensé les années précédentes et ce n’était jamais le moment. On fonctionne vraiment au feeling avec Andriamad et cette fois-ci on y a pensé, sachant qu’aujourd’hui, il y a beaucoup moins de concerts avec ce que l’on vit. On a trouvé que c’était le bon moment pour nous d’essayer de tenter l’aventure. En plus de ça, on avait le temps d’écrire, d’essayer des choses, de réfléchir à des sujets qui nous tenaient à cœur pour cette émission et on s’est dit « Allez, cette année, on le tente et on écrit quelque chose spécialement pour l’Euro avec un message qui nous tient à cœur et qui nous semble important de partager. »

Cécile – L’Euro, c’est un énorme challenge, et international, parce qu’on doit parler à plusieurs pays en une seule fois. C’était important pour nous d’avoir un message très universel et très ouvert d’esprit, de bonnes vibes et on s’est dit que dans ce climat très austère qu’est le covid, c’était le moment de parler de ça, d’envoyer un message de paix et d’amour.

Kévin – Je pense aussi qu’on se sentait aussi un peu plus prêt. Forcément, l’expérience apporte. On a fait des live, on a enregistré des titres, on a tourné des clips et là on se sentait plus prêt pour se dire que, cette année, on se présentait. On était motivé par cette idée-là.

Le titre a été spécialement écrit pour la sélection ?

Cécile – Oui.

Kévin – Exactement ! On a écrit ce titre pour l’Euro, on s’est dit qu’on avait envie d’envoyer ce thème-là et cette musicalité-là à l’Eurovision.

Justement, le processus d’écriture pour l’Eurovision a-t-il été différent ? Avez-vous eu en tête d’écrire paroles et musique différemment que d’habitude ou pas ?

Cécile – Non, je pense qu’on est resté assez fidèle à notre manière d’écrire même si là, chose qu’on n’avait encore jamais fait auparavant, on a intégré de l’anglais à notre texte parce qu’on voulait justement que ça s’adresse à l’international, parce que si le français est une langue connue, tout le monde ne sait pas la parler ou ne la comprend pas. On a un peu modifié notre manière d’écrire par rapport à ça, mais sinon, nous sommes restés assez fidèles.

Kévin – On s’est demandé comment faire pour que le message d’Andriamad en français puisse directement être compris à travers l’Europe et l’Eurovision. On a tout de suite pensé à cette phrase importante « People of the World » qu’on voulait absolument intégrer. On a longtemps hésité, mais on s’est finalement dit qu’on l’avait écrite ainsi et qu’elle était sortie comme ça dès le début. Avec Alléluia, on tenait à avoir un mot qui soit compris par tous et qui ait cette force de fédérer les gens. En fait, on a finalement un melting-pot y compris dans les paroles. C’est pour ça que le refrain est composé de phrases qui jaillissent. C’est exactement le message qu’on veut communiquer.

Votre titre reçoit d’ailleurs un bel accueil.

Cécile – On a eu une assez bonne réception et on est très content, parce qu’on ne s’y attendait pas du tout. Avant l’Euro, on avait notre petit cercle de public, des amis, des amis d’amis et des gens qui nous ont découvert dans les festivals, mais c’était assez restreint et d’un coup, on a eu des messages de gens vraiment inconnus et même de personnes de pays étrangers. Ça nous a beaucoup marqué et ça nous booste pour la suite.

Que représente l’Eurovision pour vous ? Est-ce un programme qui vous est familier ?

Kévin – On regarde très peu la télé. On n’est pas habitué à ce genre de programme, même si tout le monde connaît de près ou de loin l’Eurovision. On en a toujours entendu parler, il y a des artistes à côté desquels on ne peut pas passer en France parce qu’ils y ont participé, et on les connaît. Avec les années, c’est vrai que je trouvais le programme de plus en plus intéressant et recherché. Du coup, on s’est dit cette année que ça pourrait nous porter, tant pour faire connaître notre musique auprès d’autres publics qu’en termes de cohérence par rapport à ce dont on parle dans nos textes. L’Eurovision est totalement en accord avec nos valeurs. On n’a pas vraiment hésité. Cette année, tout était un peu réuni pour qu’on aille dans cette direction-là.

Malgré les clichés qu’on en garde en France, l’Eurovision est un concours qui a évolué vers plus de diversité musicale ces dernières années et votre musique la représente.

Cécile – Oui. On essaie de s’inspirer de plein de choses qui nous entourent, donc c’est vrai qu’elle est assez melting pot.

Kévin – Même dans Alléluia, au-delà de la géographie, c’est une ode à la différence de manière globale. C’est aussi des personnalités, qui on est, on avait déjà écrit d’autres chansons sur la différence et il s’agit de renforcer ce message-là. On a un parti pris sur la tolérance et la diversité qu’on veut appuyer sur ce titre-là.

Ce message-là, toutes ces couleurs musicales, avez-vous déjà une idée de la manière dont vous voulez les faire vivre sur Eurovision France, c’est vous qui décidez ?

Cécile – On a déjà pas mal d’idées. On va travailler toute la mise en scène avant le prime pour que ce soit assez coloré, avec de la danse bien sûr. La danse fait partie intégrante du projet Andriamad sur nos concerts. Il y aura forcément de la chorégraphie.

Kévin – On est en train de réfléchir en réalité (L’interview s’est déroulée au mois de décembre N.D.L.R.). On ne veut pas trop s’avancer parce qu’on est en réflexion sur des choix artistiques. On aimerait que ce soit le plus en cohérence possible avec Andriamad. Pour l’instant, c’est en travaux, mais le but est que ce soit coloré et dansant de base. Pour le reste, on est vraiment en train d’étudier les détails.

Cécile – C’est encore en chantier, donc on ne sait pas encore quelle sera la finalité.

Kévin – On a aussi envie de créer la surprise, donc on tient à ne pas trop dévoiler nos idées pour essayer de donner un peu de magie au public. C’est important pour nous.

C’est normal, même si on est très impatient de découvrir le titre sur scène. Ce sera votre première télévision ?

Kévin – On a déjà fait pas mal de concerts et de premières parties en France. On a déjà fait quelques plateaux en termes d’interview ou des émissions en ligne. On n’a jamais fait de télés sur de grandes chaînes nationales.

Cécile – Ce sera notre première grande émission à cette échelle.

Comment appréhendez-vous ce moment ?

Kévin – Pour nous, c’est magique. On a vraiment envie de profiter de chaque instant, parce qu’on sait que ça peut être rare et éphémère. On a envie de se donner.

Cécile – On est très excité ! Chaque moment, chaque rendez-vous est exceptionnel. On se dit « Waouh, c’est dingue de vivre cette aventure. » On y va à fond, on ne réfléchit pas, on y va et c’est très excitant. C’est vraiment le mot qui me revient à chaque fois.

Si jamais le résultat est en votre faveur, que vous évoque l’idée de représenter la France à l’Eurovision ?

Cécile – Ce serait un grand honneur de pouvoir représenter ce beau pays qu’est le nôtre, surtout avec une chanson qui parle d’accueil et de respect. Pour nous, ce serait une super aventure et on serait très honoré de pouvoir le faire.

Kévin – C’est super agréable de se dire qu’on a la chance de pouvoir faire exister ce texte et cette good vibe à travers l’Eurovision. On va pouvoir communiquer à plus de monde ce que l’on sent, ce que l’on pense et ce qu’on a envie de voir entre les gens.

Cécile – Surtout quand on sait que la France est un pays d’accueil. On dit souvent qu’elle est une terre d’accueil et ce serait vraiment bien d’exprimer ce message à l’Eurovision en 2021.

Kévin – On se dit aussi que c’est déjà une énorme chance pour nous d’être dans la sélection des douze candidats. Le reste appartient au public et aux jurys. On va donner notre maximum, on va en profiter et on va se donner à fond. Pour le reste, la sensibilité des gens varie. On sait très bien que chaque personne a un ressenti différent et on sera toujours tolérant envers ça.

Le projet de court terme est celui d’Eurovision France, c’est vous qui décidez avec Alléluia. Avez-vous déjà la tête à l’après ?

Kévin – Pour le moment, on est dans notre chemin habituel d’artistes, c’est-à-dire qu’on a déjà écrit un EP, voire un album. On a des idées par rapport à l’image en termes de clip. On a la volonté de faire des lives et des idées sur ce qu’on veut y donner. Dans nos têtes on est déjà en projection sur l’après que ce soit avec ou sans l’émission.

Cécile – On sait que l’Eurovision va être un énorme push si on va jusqu’au bout. Mais si on n’y va pas, ça ne va pas nous arrêter. On continuera à écrire, à chanter, à faire des concerts.

Avez-vous eu l’occasion de rencontrer les autres candidats ?

Kévin – On a des petits rendez-vous prévus sur des plateaux télé et en interviews. On les a notamment croisés aux interviews malgré le covid.

Cécile – On a une super bonne entente, on est tous assez friendly les uns envers les autres. Si un autre projet que le nôtre y va, on sera quand même très content parce que, mine de rien, on a des tissé des liens d’amitié avec les autres candidats. On sera très content que ce soit l’un de nous qui y aille.

Kévin – On se rend vraiment compte que l’Eurovision est comme une grande famille. Il y a vraiment cet esprit-là, et ça fait plaisir.

Votre destin à l’Eurovision est entre les mains d’un public et d’un jury. Qu’avez-vous envie de dire aux téléspectatrices et aux téléspectateurs pour qu’ils vous portent jusqu’à Rotterdam ?

Kévin – On se dit sincèrement que si le message et l’énergie d’Andriamad et d’Alléluia résonnent chez les gens, je pense qu’ils vont suivre. Je fonctionne aussi de la sorte : si je dois voter pour des gens, je vois s’ils résonnent en moi.

Cécile – On espère que le message de paix et de curiosité positive va résonner chez le public et qu’il ait envie de le transmettre à plus grande échelle. Le dernier message qu’on voudrait faire passer, c’est le partage de la bonne humeur, du soleil, de la danse. S’ils ont envie de ça, il faut aller chez Andriamad !

Kévin – On respecte tous les candidats, on s’entend très bien et on est vraiment dans le partage autant dans notre chanson qu’avec eux. Votez pour nous si vous vous sentez l’âme andriamadesque et alleluiesque (rires) !

Un grand merci à Cécile et Kévin du duo Andriamad d’avoir accepté de nous accorder cette interview avec sympathie et leur sens du partage et de l’échange. Rendez-vous dès demain 7 heures pour découvrir l’avis des rédactrices et des rédacteurs de L’Eurovision au Quotidien sur le titre Alléluia dans le traditionnel Conseil de classe.

Crédits photographiques : @andriamadmusic