L’Eurovision au Quotidien a des idées pour Eurovision France 2022, et elle ne se gêne pas pour vous les soumettre, ainsi qu’au comité de sélection. Aujourd’hui sous les projecteurs, l’une des révélations de l’année tout droit débarquée du Canada.
C’est par une nuit où je cherchais le sommeil que je zappais nonchalament sur M6 Clips. Captivé par son grain de voix et son univers musical, c’est ainsi que je m’attardai sur son clip, et que je la découvris.
De La Zarra, nous ne savons en réalité que peu de choses. Même son nom est longtemps resté anonyme, jusqu’à ce l’artiste révèle se nommer en réalité Fatima-Zarra Hafdi. Pour le reste, nous ne savons pas grand chose, et la Zarra tient à garder le secret, afin de mettre exclusivement sa musique au coeur du sujet.
Nous savons toutefois que l’artiste, trentenaire, est d’origine canadienne et marocaine. Elle a grandi à Longueuil, sur la rive sud du Saint-Laurent, face à Montréal, où sa mère la berçait de musiques arabes, tout en lui chantant L’oiseau et l’enfant avant de dormir. Un signe ? Ses influences s’appellent Céline Dion, Barbara, Shirley Bassey, Billie Holiday, Dalida, Mary J. Blige ou encore Piaf, à qui elle voue un véritable culte. Sans oublier les comédies hollywoodiennes des années 50, mais aussi le rap des années 90 signé Tupac, Notorius B.I.G. et IAM. Avant d’apprendre à se servir de sa voix – et notamment à rouler les « r », l’une de ses marques de fabrique -, elle pratiquait la clarinette et la basse.
Souvenirs d’un printemps blanc
Printemps Blanc – Nico ft. Ivy (2016)
Un amour inexistant
Crible-moi de ces moments
Pose ta main sur mon cœur blanc
Alors qu’elle est coiffeuse, c’est à l’occasion d’une soirée chez elle, où elle reprend Céline Dion au piano, qu’elle rencontre Benny Adam, producteur de hip-hop. Séduit par sa voix, il l’invite à venir faire des essais en studio le lendemain. Quelques semaines plus tard, c’est sous le pseudo d’Ivy elle accompagne Niro sur le titre Printemps Blanc, qui sera un franc succès. Nous sommes alors en 2016;
Tout en poursuivant son activité professionnelle (elle coiffe d’ailleurs toujours à domicile selon ses dires), La Zarra (en hommage à son prénom, adjoint du « la » de La Môme) se lance alors dans d’audacieux mash-ups mêlant diverses influences musicales, toujours francophones toutefois. Ainsi en est-il d’À l’ammoniaque mon dieu, ou quand PNL croise le mythe Edith Piaf.
Il y a quelques mois, elle nous livre deux reprises : Tirer un trait, de SCH et Printemps blanc, titre sur lequel elle avait accompagné Niro quelques années avant.
C’est au printemps 2021 que tout bascule pour l’artiste canadienne. Signée par Universal (au Canada) et Polydor (en France), celle qui est encore inconnue du grand public dévoile Tu t’en iras, un titre qui mêle sonorités urbaines et variété française, porté par un clip haut en couleurs et riche de petits meurtres entre amis. Une étoile naît.
La Zarra commence à se faire un nom tant auprès du public que de la presse, qui commence à s’intéresser au talent de cette personnalité énigmatique, qui se plaît à cultiver l’art du mystère.
Même sans goûter
Tu t’en iras – La Zarra (2021)
Même sans douter
Tu diras que tu m’aimes
Mais tu ne le penses pas
Même sans goûter
Même sans douter
Tu diras que tu ne m’aimes pas
Et tu te lasseras
Avec plus d’un million de vues en quinze jours, Tu t’en iras devient rapidement un grand succès, ce qui se confirme à la fin de l’été. Il permet à La Zarra d’accomplir le rêve français de tout·e artiste canadien·ne. C’est ainsi qu’elle franchit l’Atlantique il y a quelques semaines pour une tournée promotionnelle en France. Celle qui n’est encore jamais montée sur scène face à un public y interprète pour la première fois Tu t’en iras à la télévision sur le plateau de Laurent Ruquier et Léa Salamé sur France 2.
Au mois d’octobre, on apprend sa nomination aux NRJ Music Awards 2021 dans la catégorie révélation francophone de l’année. Quelques jours plus tard paraît son nouveau titre, Tout Feu Tout Flamme.
Coma tous les soirs
Tout Feu Tout Flamme – La Zarra (2021)
C’est un gouffre noir
Tu m’assures que si
Mais tu me rassures pas
As-tu peur de moi?
Comme j’ai peur de moi, comme j’ai peur de moi
Il y a quelques jours, dérogeant exceptionnellement à son amour de la langue française, elle nous offre une reprise d’Eatha Kitt, Santa Baby, mais également une cover de Formidable de Stromae, dans le cadre du projet Souvenirs d’enfance, lancé par la plateforme de streaming Deezer.
Comble du comble, la sortie du premier album de La Zarra est annoncée pour le 3 décembre prochain ! Fruit d’une collaboration avec les producteurs Banx & Ranx (qui ont travaillé notamment avec The Weeknd et Dua Lipa, et travaillent ici pour la première fois avec une artiste francophone), l’opus s’intitulera Traîtrise et il est d’ores et déjà disponible en prévente.
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La France aime envoyer des révélations à l’Eurovision. Pour sûr, c’est même sur cela que fonctionne sa culture eurovisionesque intrinsèque, exception faite de rares fois où France Télévisions a tenté d’envoyer des artistes confirmés au concours, sans le résultat escompté. Et l’Eurovision aime le Canada, de la victoire de Céline Dion pour la Suisse en 1987 à la quatrième place de Natasha St-Pier pour la France en 2004, en passant par Annie Cotton, Shenisse Laurence, ou encore Katerine Duska, qui y a grandi avant de filer pour la Grèce à l’adolescence. Trêve de petites histoires et autres anecdotes toutefois, et revenons à l’artiste du jour : La Zarra. Dire que l’artiste connaît une ascension éclair est un doux euphémisme, et cela se comprend pleinement à la saisie de son talent. Comme je le disais en introduction, dès lors que j’ai entendu les premières notes de Tu t’en iras sortir de sa bouche, j’ai immédiatement accroché au grain chaleureux, à la voix voluptueuse, à l’identité vocale unique, à un univers empreint d’une culture musicale de la diversité.
La Zarra, c’est un parfait alliage entre l’essence d’une variété française intemporelle et la rythmique des sonorités urbaines qui percutent la scène musicale contemporaine. Partant de ce postulat, la lecture des influences de l’artiste n’est guère surprenante, et on les retrouve complètement tant dans ses chansons que dans sa technique vocale. Et je ne parle ici que de ses deux premiers titres originaux en solo, étant comme beaucoup dans l’impatiente attente de cet album annoncé. Tu t’en iras et Tout Feu Tout Flamme laissent en tout cas augurer de très belles promesses, notamment celle de poursuivre le dévoilement musical de « cette femme assez forte qui n’a besoin de personne », telle que le dit La Zarra, et qui transparaît complètement dans les textes qu’elle écrit et nous donne à écouter. Il y est question de l’aveuglement dans lequel plongent les sentiments amoureux. Il y est question de femmes « trompées » et menées en bateau par des hommes qui ne leur arrivent pourtant pas à la cheville. Des mots empreints de sens, qui claquent d’autant plus avec l’intensité de la puissante voix de La Zarra et la rythmique des compos.
La Zarra pour Eurovision France ? Envoûté par l’esprit et l’univers de l’une des révélations de l’année, je dis évidemment oui sur le plan artistique. Un bémol toutefois : qui dit Eurovision France dit Eurovision, autant dire deux terrains qui ne sont pas des plus propices pour se forger une expérience de la scène et du public dont La Zarra ne dispose pas à ce jour. 2022 serait en ce sens peut-être précoce, même si… même si la fulgurance de la carrière de l’artiste ne nous met à l’abri d’aucune bonne surprise !
P.S. : Je ne résiste évidemment pas à la volonté de partager avec vous cette délicieuse et décalée interview de La Zarra !
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À vous de donner votre voix maintenant !
Crédits photographiques : réseaux sociaux de l’artiste
Mais, malheureusement ce sera non pour l’ESC, car Polydor et Universal vont s’y opposer.
On peut dire que tu ne manques pas d’idées pour nous représenter en 2022, mon cher Remi !
Cette fois, je serais plutôt d’accord avec toi : une présence indéniable et surtout une voix, originale de nos jours, mais qu’il faudrait exploiter dans le registre de ses plus récents titres : parce que les premiers, non merci ! On vient tout juste de donner avec une Piaf ressuscitée, tentons autre chose !
Je ne connaissais pas cette chanteuse j’aime vraiment bien « tout feu tout flamme » c’est actuel et ça serait une proposition française très intéressante pour l’esc.