Place à une nouvelle interview d’une candidate à Eurovision France ! Aujourd’hui, c’est au tour d’Elia de nous livrer ses impressions sur sa participation à la sélection et nous parler de son titre Téléphone.

EAQ – Qu’est-ce que cela te fait de participer à Eurovision France ?

Elia – C’est une joie immense de participer à cette émission et d’avoir l’occasion de représenter la France à l’issue de celle-ci. En fait, je suis super excitée (rires), honorée, et en même temps, on y va, on prépare. J’espère qu’on va vous faire des merveilles.

Tu n’as pas trop la pression vis-à-vis de l’enjeu ?

Il y a beaucoup d’enjeu, et en même temps, je suis là pour ça. Je n’ai pas énormément de pression dans le sens où mon job, c’est de faire des merveilles. L’aspect technique est entre les mains d’autres personnes. C’est chacun son poste.

Comment t’es-tu retrouvée embarquée dans cette aventure ?

L’équipe d’Eurovision France nous a contactés. Ils avaient beaucoup aimé Téléphone et le clip – clinquant et classe, où je suis habillée en Balmain – leur a plu. Quand j’ai appris qu’ils souhaitaient que j’intègre le programme, j’ai accepté, parce que je trouve ça génial de chanter une chanson que j’ai écrite devant des millions de gens.

Quel est ton rapport à l’Eurovision ? C’est un programme que tu suis d’habitude ?

Pour être tout à fait honnête, je ne l’ai pas beaucoup suivi ces dernières années. J’ai regardé l’édition de Conchita Wurst, parce que j’ai beaucoup aimé sa performance sur Rise Like A Phoenix. Mais avant cette année, je ne regardais pas le programme plus que ça.

Qu’est-ce que ce concours évoque pour toi ?

Pour moi, c’est un peu comme les Jeux Olympiques de la chanson. Il y a énormément d’enjeu et on a trois minutes pour convaincre le public qui, je trouve, est assez aimant. Ce que j’aime, c’est qu’on ressent beaucoup d’amour, d’engouement, d’enthousiasme autour de l’Eurovision. C’est aussi un moment de fête. Je pense que Téléphone peut incarner cela, parce qu’elle envoie un message fort sur ma génération et c’est en même temps une musique faite pour danser.

Parlons de ton titre. Comment décrirais-tu Téléphone ?

Téléphone est une chanson sur ma génération, où l’on veut avancer avec nos propres codes et trouver notre maison dans ce monde qui vacille. On a conscience que personne ne pourrait vraiment parler à notre place et on veut survivre, et même vivre. « Ma génération n’attend rien de personne » signifie cela : on est seul à pouvoir nous exprimer sur ce qui nous arrive et en même temps, je tenais à faire une chanson qui soit dansante parce que je pense qu’il y a un message positif à transmettre malgré tout.

Quelles sont tes influences musicales ?

Elles sont assez éclectiques. Depuis petite, j’écoute énormément de pop, que ce soit Justin Bieber, Madonna, Michael Jackson … J’ai été beaucoup inspiré par ces grandes figures, et en même temps, j’écoute beaucoup de Booba et de Bach à la fois, donc je ne saurais pas donner de style en particulier.

Tu évoques Booba, avec lequel tu collabores. Tu as notamment réalisé un duo avec lui. Qu’est-ce que cela fait de travailler avec un artiste d’une telle envergure ?

J’ai eu la chance de participer à son dernier album, Ultra, avec la chanson Grain de sable. C’est un monument de la chanson française et c’est un honneur de Jedi que d’avoir fait un duo avec lui.

Comment comptes-tu incarner Téléphone sur la scène d’Eurovision France ?

Je compte donner un maximum de plaisir aux gens qui vont le regarder ce soir-là. L’idée est de les envoyer dans l’euphorie et que le message sur cette génération déboussolée par tout ce qui nous arrive puisse passer. Il s’agit de contrebalancer ce vacillement avec une rage de vivre que j’espère transmettre avec beaucoup de joie. C’est tout ce que je peux dire sur la scéno. J’ai commencé les répétitions hier (mardi N.D.L.R.) et ce que j’ai vu, cela va être très beau.

Ton titre est sorti en décembre. Comment appréhendes-tu sa réception ?

Je reçois beaucoup de réactions positives. Le titre a l’air de plaire. Il est en train de casser les records de Shazam (logiciel de reconnaissance musicale N.D.L.R.). Je reçois pas mal de messages positifs alors que, comparé au reste du paysage musical que j’avais emmené jusque-là, le titre est assez subversif dans le sens où je me suis surtout imposée avec mes ballades. Tandis que Téléphone est une chanson qui danse, c’est un titre de club, donc je suis contente d’avoir pu convaincre le public qui était déjà présent tout en attirant de nouvelles personnes. Je reçois beaucoup d’amour pour Téléphone et j’en suis très reconnaissante.

Pourquoi avoir opéré cette rupture stylistique ?

Je ne dirais pas que c’est une rupture. Pour moi, c’est dans la continuité et un reflet de cette époque-là où est en oscillation perpétuelle entre le up et le down. Quand il y a un down, il faut forcément un up, sinon ce n’est pas la vie. Moi-même j’avais besoin de ce genre d’énergie-là à ce moment de ma vie, où il faut aller au-delà de la mélancolie pour se mettre en battante et conquérante de cette lumière qui existe malgré tout. Les gens seront surpris, mais c’est la moindre des choses de la part des artistes de surprendre les autres (rires).

Quelque soit le résultat d’Eurovision France, quels sont tes projets après ce titre ?

Continuer sur la lancée et toucher un maximum de gens avec les prochaines chansons. Un album est en préparation pour cette année. Mon rêve a toujours été de donner un maximum à un maximum de personnes par ma voix. Je continuerai sans relâche tout en étant complètement relâchée pour mener ma mission à bien.

Qu’est-ce qui t’a d’ailleurs incitée à faire de la musique ?

L’appel de la musique a été assez naturel, parce que j’ai la chance d’avoir grandi dans un milieu très musical de par mon père, compositeur de musiques de film. De moi à moi, le lien que j’ai eu avec ma voix était le plus naturel que j’avais. Il était limite plus naturel en chantant qu’en parlant. Tout cela est venu assez naturellement et comme je suis une fille assez exigeante, je n’ai rien lâché. J’étais complètement passionnée par Mariah Carey, je répétais jusqu’à ce que ça marche.

Beaucoup voient en toi la représentante des « musiques urbaines » dans un concours qui reste assez timide vis-à-vis de ce style. Qu’en penses-tu ?

C’est sûr que j’incarne un drapeau pirate de par mon équipe artistique. Il y a quelque chose de vrai dans le sens où je reçois beaucoup de messages de gens qui n’ont jamais regardé l’Eurovision avant et qui vont regarder la sélection cette année parce qu’ils se sentent représentés par Téléphone et par moi, par ce que le projet Elia dégage. De ce point de vue-là, je comprends ce sentiment. Mais plus largement que « musiques urbaines » – je n’aime pas trop ce terme – c’est un projet complètement pop. Mes références sont Cher, Madonna, Dua Lipa, et c’est complètement compatible pour moi avec le Free Spirit qu’incarne le 92i (collectif et label dont Booba est l’un des confondateurs N.D.L.R.).

Pourquoi souhaites-tu représenter la France à l’Eurovision ?

Parce que je pense que cela fait partie de ma mission. J’ai eu la chance de naître avec cette voix-là, de rencontrer telle et telle personne qui m’ont emmené à ce niveau de développement artistique. Je pense que ce n’est pas pour rien qu’on a été appelé et j’espère faire vibrer au maximum tout l’amour que je peux offrir. Représenter la France à cette occasion est un honneur et ce que je dois faire.  

Un grand merci à Elia d’avoir accordé cette interview à L’Eurovision au Quotidien. Rendez-vous samedi 5 mars prochain dès 21h10 pour la découvrir en direct sur France 2 aux côtés des 11 autres candidat·es d’Eurovision France, c’est vous qui décidez !

Merci également à Lola de l’Agence Louve pour l’organisation de cette interview.

Crédits photographiques : extrait du clip de Téléphone