Vous l’attendiez avec impatience : trois semaines après l’Eurovision 2025, l’entracte de la première demi-finale, Made In Switzerland, est enfin disponible à l’écoute en streaming.
D’aucuns s’étaient même avancés à dire que l’interval act – assuré par le duo de présentatrices Hazel Brugger/Sandra Studer avec Petra Mede en invitée surprise – était même la meilleure prestation de la demi-finale 1. Quoiqu’il en soit, neuf ans après que le légendaire Love, Love, Peace, Peace, ait lancé le mouvement, le concours tient aujourd’hui un nouveau titre iconique avec ce clin d’œil déluré et pétillant à la Suisse, terre de naissance de l’Eurovision, et à l’histoire de ce dernier. Envie de revoir la prestation ou d’écouter la version studio à la lecture de ces lignes ? Made in Switzerland est disponible depuis vendredi sur l’ensemble de vos plateformes de streaming préférées.
Made In Switzerland, les paroles
Auteurs et compositeurs : Lukas Hobi & Christian Knecht
[Intro: Sandra Studer & Hazel Brugger]
What do you think of Switzerland
When you think of Switzerland?
What’s the most Swiss thing from Switzerland?
It’s not Roger Federer
Do you think that Switzerland
Is just the motherland
Of all the watches, chocolate and
Just a winter wonderland?
Yo-lo-lo-dee-ooh-oh-ooh-oh
No! We have more than yodeling
The best inventions are all made in Switzerland
Uh, for example?
[Verse 1: Sandra Studer & Hazel Brugger]
Well, instant coffee, potato peelers and processed cheese
Haha, the famous Swiss army knife with clever tools
And a lift for skis!
You know, there wouldn’t be a rockstar
Without the electric guitar, waoh-oh-oh-oh
[Bridge: Sandra Studer & Hazel Brugge]
Hazel, let’s do this
Alright, Sandra!
[Chorus: Sandra Studer, Hazel Brugger & Both]
Made in Switzerland, like the zipper and muesli
Made in Switzerland, like the internet or LSD
Made in Switzerland, and when you need transparency
Just use some cellophane that’s made in Switzerland
Like the garlic press – take two and one for free
Is made in Switzerland
Like our neutral weapon industry
Made in Switzerland, the theory of relativity
Is theoretically made in Switzerland
[Bridge: Sandra Studer]
But there’s one thing that’s more famous
And even bigger than the Matterhorn
What could it be?
Here’s the absolutely true and never before been told story
Of how the most Swiss invention of all was born
[Interlude: Hazel Brugger]
It all started in the mid-50s
In the mid-50s of the 13th century
When this ancient land was in desperate
Need of a hero who’d unite them all
[Verse 2]
The colors have changed to sepia
Welcome to old « Helvetia »
This land is rich in poverty
There’s hunger, thirst and misery
We are so poor, the cheese has holes
We need someone to save our souls
Save us from misery, lead us to liberty
Here in old « Helvetia »
But who will lead us to the light?
[Interlude: Hazel Brugger]
Is it Heidi?
No
Is it just a regular Swiss cow?
No
Is it the wicked witch of the west?
Ah-ah-ah-ah!
No
And most certainly not Roger Federer
No!
[Bridge]
It’s our national hero
The Swiss version of Robin Hood
Who fights for good
We know him well
It’s William Tell
[Verse 3: Petra Mede]
I’m a crossbowman and a hero, but
I just can’t stand the sight of blood
I’d rather sing in bright light nights
And dance in sassy tights
I have a vision of a world without division
I have a vision where true love is our mission
So here’s my decision
We do a music competition
And I name this vision
« Concours l’Eurovision de la chanson »
Can you say it again?
Oh, never mind
Let’s call my vision
Eurovision
[Chorus: Sandra Studer & Hazel Brugger, Sandra Studer, Hazel Brugger & All]
Made in Switzerland
We celebrate Tell’s vision here
Made in Switzerland
On television every year
Made in Switzerland
And now you finally understand
That like the Swiss Eurovision is:
[Verse 4: Hazel Brugger & Sandra Studer]
Non-political, strictly neutral
Doesn’t matter if you’re good or brutal
Welcome gender diversity
But with decency and no nudity
Sparks of fire and crazy lightning
Make the staging far more frightening
Why the hell is it raining here?
Oh, is it Gjon’s Tears?
No, it’s tears from Roger Federer
[Bridge]
We’ve invented democracy and the voting system too
So blame it on the Swiss if your song won’t go through
[Chorus: All, Sandra Studer & Hazel Brugger]
Made in Switzerland
We’ve invented ESC
Made in Switzerland
To unite the people peacefully
Made in Switzerland
We sing and dance in harmony
Let’s raise our fondue forks in unity
‘Cause Eurovision’s as you see
All made in Switzerland
Tout ce que vous vouliez savoir, mais que vous n’avez pas osé demander (sauf à Chat GPTear)
La cellophane et la transparence, une histoire suisse. C’est l’ingénieur chimiste helvétique Jacques Brandenberger qui a inventé le célèbre matériau en 1908, sur la base du brevet de la viscose déposé par Clayton Beadle, Edward John Bevan et Charles Frederick Cross. Brandenberger a ensuite confié l’exploitation de ses brevets à l’entreprise « La Cellophane », dont le nom est une contraction des termes cellulose et diaphane. Plus d’un siècle plus tard, elle s’est ainsi imposée comme un incontournable de nos cuisines, à défaut de s’être révélé à ce jour optimal pour la transparence fiscale et bancaire. Longtemps pointée du doigt pour son secret bancaire, la Suisse dut lever un peu le voile sous la pression internationale à l’aune des années 2010. L’ouverture du pays à ce sujet reste toutefois timorée et la cellophane a bien du mal à se dérouler sur le banquier de l’Europe, là où les dispositifs fédéraux de transparence concernant le financement des partis politiques ou l’administration fédérale sont appliquées de manière inégale au niveau cantonal.
La Suisse au bord du gouffre au Moyen-âge ? Disons que ça avait l’air complicado. En résumé : les Habsbourg (future dynastie star de l’époque moderne) commencent déjà à étendre leur domination et leur mainmise territoriale sur l’Europe centrale. À ce jeu-là, la noble locale, ses petits duchés et comptés sont alors bien peu armés face à la puissante naissante, devant laquelle ils s’inclinent pour survivre. Pendant ce temps, les paysans déjà pauvres doivent payer de lourdes redevances et respecter de nouvelles lois en rupture avec les anciennes coutumes. Les vaines tentatives d’opposition se soldent alors par de lourds tributs, puisque les hautes vallées du lac des Quatre Cantons sont réprimées, tandis que les villes de Berne et Zurich sont ruinées (ce qui paraît impensable avec le temps). Avec la longue crise économique de la vallée du Haut-Rhône (actuel Valais) par-dessus le marché, disons que l’heure n’est pas à l’optimisme chez nos amis suisses. Mais en 1291, la mort de Rodolphe de Habsbourg et la création de la Confédération des III cantons posent les bases de l’ancienne Confédération suisse, qui s’élargit à l’approche de l’époque moderne. Traversée par les guerres de religion et les conflits territoriaux de la période, la Suisse doit attendre le XVIIIème siècle pour connaître son réel essor économique et scientifique, et devenir ainsi le banquier de l’Europe.
Des comptes à régler avec Roger Federer ? Pour quiconque suit un minimum l’actualité, il ne vous a pas échappé que le célèbre tennisman d’origine helvétique (désormais à la retraite) est une star planétaire. Mais avant de devenir la légende de la balle jaune qu’il est aujourd’hui avec ses 310 semaines à la place de numéro mondial, ses 103 titres ATP et ses 20 victoires en Grand Chelem, Roger Federer (et non « Federear » comme Gjon’s Tears) est avant tout une fierté locale, puisque c’est à Bâle qu’il a vu le jour en 1981. Il en a d’ailleurs remporté le tournoi ATP (organisé chaque année en octobre à la Halle Saint-Jacques) à 10 reprises, un record plus qu’absolu : quand on dit que nul n’est prophète en son pays… Une interrogation demeure toutefois : où était donc Roger Federer le soir de la finale de l’Eurovision ? Une apparition aurait sans nul doute été fort appréciée tant des amateurs de tennis que des eurofans. Les artistes auront cependant eu la chance d’approcher le visage du sportif grâce aux oreillers à son effigie distribués en Green Room par Sandra Studer et Hazel Brugger.
Le LSD, vraiment ? Oui, selon Wiki : la puissante drogue hallucinogène (dont Hazel s’est amusée à faire répéter le nom au public lors des shows suivants) a été synthétisée en 1938 et en 1943 par Albert Hofmann et Arthur Stoll, chimistes au sein de l’entreprise pharmaceutique Sandoz. À partir de dérivés de l’ergot de seigle, ils ont ainsi découvert une substance aux propriétés psychotropes, aujourd’hui principalement utilisée dans le monde de la nuit, là où le milieu médical a pris énormément de recul sur le sujet (non sans s’être livré à des expérimentations à des fins pharmaceutiques par le passé). Pour rappel, la vente et l’usage du LSD sont strictement interdit par la loi en France et son utilisation à des fins récréatives n’est pas sans conséquences sur la santé.
Who the Hell is William (Tell) ? Dépourvu de parenté avec Diane, William Tell s’appelle en réalité Guillaume dans sa traduction française. Le « Robin des bois » suisse est un personnage de fiction, héros légendaire de l’un des mythes fondateurs de la Suisse, qui avait juré de résister aux seigneurs. L’un d’eux, Hermann Gessler, fait ériger un poteau surmonté d’un chapeau sur une place à Altdorf, devant lequel les habitants doivent s’incliner à leur passage. Guère du genre à courber l’échine, le rebelle et honnête Guillaume/William (dit le Tall) passe plusieurs fois devant le couvre-chef sans céder à la demande et il est dénoncé. Il comparaît devant le baillis le lendemain, auprès duquel il feint la distraction et l’ignorance. Furieux, Gessler lui demande de percer une pomme posée sur la tête de son propre fils d’un carreau d’arbalète sans le toucher, auquel cas Tell serait condamné à mort. Malgré une résistance vaine, le Tall s’exécute et parvient à couper le fruit en deux sans effleurer le gosse. Mais il dispose d’un second carreau d’arbalète, destiné à tuer Gessler, qui le fait arrêter sur le champ et l’embarque pour Brunnen, afin de l’emprisonner dans un tour de son château de Küssnacht. La traversée ne se passe pas comme prévu à cause d’une tempête et Tell se retrouve forcé de conduire l’embarcation jusqu’au rivage, sur lequel il saute et repousse la barque, avant de tuer par la suite le baillis.
C’est moi ou le concours prend quand même un peu cher ? Si Made in Switzerland est aussi bien une déclaration d’amour à la Suisse qu’à l’Eurovision, lire entre les lignes est toujours fondamental, surtout lorsqu’il s’agit de « neutralité », « non politique », « décence » et « nudité ».
Alors, plutôt larmes de Gjon’s Tears ou de Roger FederEAR ? À vous de voir, en attendant, consommez Made In Switzerland sans modération !
Crédits photo : Alma Bengtsson | UER
+Made in Switzerland+ une vidéo que je regarde souvent et qui me rend très vite joyeux ! De beaux souvenirs d’un événement qui aura marqué les esprits. D ‘ailleurs, les organisateurs et la ville de Bâle vient de publier une petite vidéo de remeciements qui retrace tous les bons moments de cette fantastique aventure que la Suisse a pu partager un peu partout dans le monde. !