Après la première demi-finale, place à la deuxième ! Ce mercredi, l’équipe Bâle a pu enfin découvrir en exclusivité les prestations des artistes qui monteront dans le ring jeudi soir… dont une certaine Louane.

Alerte spoiler pour celles et ceux qui souhaiter garder la surprise : des détails sur les performances vues de la salle (et non telles que vous pourrez les voir à l’écran demain) seront livrées ici.

Ouverture

Dans cette demi-finale dédiée aux eurofans, c’est en toute logique sur une carte postale dédiée aux plus fervents supporters du concours que s’ouvrira cette soirée. Retour ensuite sur scène, avec une personne qui porte le cœur de l’Eurovision avec le drapeau suisse en son sein. Elle connecte ensuite le cœur au sol, ce qui laisse dévoiler le backdrop vert et rose et le relief de montagnes qui sert d’arrière-plan à la scène. Et puis… c’est tout pour cette répétition presse, qui ne nous donne à voir aucune performance d’ouverture, comme lors de la deuxième demi-finale à Malmö. Les deux présentatrices, Hazel Brugger (vétue d’une robe à disques argentés) et Sandra Studer (vêtue d’un ensemble doré à paillettes), procèdent aux conventions d’usage (salutations, présentation de la liste des candidats de la soirée, règles de vote etc.), tout en faisant une allusion aux supporters de football : «  »Football and Eurovision are actually very similar ». L’occasion de rappeler de ce côté-ci de la salle qu’au-delà du concours, Bâle a célébré en grande pompe l’équipe de son FC, sacrée championne de Suisse dimanche soir ! Avec le turquoise carpet, autant dire que le dimanche fut historique pour la ville…

Vient ensuite le temps du décompte. 3, 2, 1… Let the Eurovision Song Contest begiiiiiin…. !

Australie

L’Australie nous propose un tableau pop vintage coloré avec une énorme shaker, qui permet à Go-Jo et à l’une des deux danseuses de faire un changement de costume une fois la fumée du shaker partie. La prestation offre un tableau très californien et la dernière minute est explosive en couleurs, énergique et dynamique. Go-Jo est parfaitement dans son rôle et pousse le gestuel pour rendre cet ensemble comme une réclame. Sauf surprise, l’Australie devrait accéder en finale.

Monténégro

Passer après l’Australie n’est pas un cadeau pour le Monténégro même si Nina Zizic est irréprochable vocalement mais la chanson reste ce qu’elle est, en dessous de ce qui est proposé dans cette demi-finale. Nina porte une robe avec une grande capuche blanc immaculé qui entoure sa tête dans un décor majoritairement blanc où apparaît une épée avec une balance avant de laisser place à des ombres. Puis, elle se débarrasse de sa capuche à la fin de sa prestation. Malheureusement, il est fort probable que le Monténégro ne convainque pas pour atteindre la finale.

Irlande

La prestation débute avec Emmy juchée sur une plateforme en forme de navette spatiale de laquelle elle surplombe le claviériste. Le fond d’écran proposé est de couleur rose et bleu à la tonalité disco. Emmy et ses danseurs sont vêtus de tenues argentées. La silhouette de la chienne Laïka apparaît en fond d’écran puis des cosmonautes qui effectuent une chorégraphie dansante. Tout au long de la prestation, le décor est intergalactique. Vocalement, c’est correct, mais fragile.

Lettonie

La Lettonie utilise le même concept que lors sa sélection nationale. On découvre un rideau de fil où les six artistes féminines apparaissant comme des fées ou des druidesses sur scène avec des tenues féeriques qui évoquent des créatures de forêt. Tautumeitas exécute une prestation impeccable, hypnotique et captivante. Si vous aimez ce genre de performance, l’ensorcellement est garanti, mais si vous n’adhérez pas à ce genre d’envoûtement, alors la qualification semble compromise.

Arménie

L’Arménie nous propose une mise en scène musclée et physique. Parg est sur un tapis roulant à l’horizontal sur l’avant-scène avec les bancs de lumière abaissés. Parg débute sa chanson en courant sur ce tapis roulant. Puis le banc de lumière se relève et le rouge s’empare de la scène, Parg se met à genoux puis de nouveau, il reprend sa course effrénée. Vocalement, c’est très bien vu l’effort physique demandé par la prestation. L’ensemble est spectaculaire néanmoins au niveau de la chanson, il y a de la concurrence dans cette demi-finale.

Autriche

Alerte grand favori ! Performance en noir et blanc durant la performance. Habillé de noir, JJ est sur son bateau d’infortune, voile dehors et agrémenté d’une petite lanterne lumineuse. Un petit navire en papier vient à sa rencontre puis repart aussitôt. En arrière plan, un orage et une tempête sur scène. La scénographie alternent plans en mouvement et fixes pour évoquer l’artiste sous des vents qui se déchaînent. Les images en action sont efficaces, mais nous peinons à rentrer dans le récit avec les plans fixes plus éloignés. Vocalement, JJ maîtrise sa chanson à la perfection mais nous le savions déjà. Cela manque parfois d’émotion. Nous sommes dubitatifs sur l’originalité des mouvements de caméra promis. L’équipe est hésitante.

Royaume-Uni (qualifiée d’office)

Une prestation meringuée interdite aux diabétiques ! Les trois interprètes britanniques démarrent sur l’avant scène devant une sorte de tête de lit matelassée. Elles sont vêtues de robes rose, bleu et jaune faisant penser aux princesses anglaises. Au centre scène, un immense lustre renversé orné de petites lumières et de bougies, autour duquel les candidates britanniques évoluent. Éclairage rose et motifs burlesques en arrière fond. L’ensemble fait très comédie musicale. Le trio est charmant et chante à l’unisson. De bonnes vibrations se dégagent du tableau, mais sa compétitivité fait défaut. Pour résumer une proposition guimauve, pas désagréable à regarder mais qui nécessite plus de magnétisme.

Grèce

Debout sur une sorte de passerelle se prolongeant jusqu’à un rocher, Klavdia est dans une élégante robe noire. Nous avions déjà remarqué qu’elle était la déesse grecque de la mode sur le Turquoise Carpet. La chanteuse commence sa prestation a capella sur fond sombre. Seule en scène, elle est rejointe par une danseuse. Le staging s’enflamme en rouge, telle la séparation évoquée par le titre. Le bleu de l’eau envahit ensuite le plateau. La mise en scène repasse au rouge avec un décor volcanique. L’artiste achève sa prestation dans une robe immaculée de blanc et une nuée d’étincelles sur le grand écran. Klavdia est l’une des meilleures vocalistes de l’édition et cela s’entend. La Grèce divise : deux camps s’affrontent entre scéno bon marché contre assez réussie. Nous sommes assez partagés.

Lituanie

Aucun changement par rapport à la mise en scène de la sélection nationale. Seuls les plans de caméra ont été modifiés. Katarsis porte toujours des tenues camisoles et performe sur un fond gris représentant un champ abandonné avec une petite maison. Le paysage se disloque et les trois membres du groupe s’avancent sur l’avant-scène. Vacillant entre hallucination et dépression, la proposition lituanienne est un choix osé. Un parti pris qui peut diviser et déplaire à Madame Tout le monde. La concurrence est rude dans cette deuxième demi-finale. Les représentants lituaniens mériteraient pourtant une qualification.

Malte

Une énorme bouche tient entre ses lèvres rouges une grosse boule à facettes réversible. Mariana apparaît assise à l’intérieur dans une robe à volants jaune citron bordée de noir. Deux danseurs vêtus en bolero de fourrure rouge l’accompagnent. Les chœurs préenregistrés qui soutiennent majoritairement la prestation sont inaudibles en introduction. Cela s’améliore par la suite. Tout est dans l’exagération à l’image de Miriana : fleurs, corps dénudés, jambes de femmes et léopards s’enchaînent en arrière-plan. La chorégraphie sur son ballon de pilate reste l’apogée de sa performance. Vocalement, l’artiste est en dents de scie. L’ensemble est outrancier et manque de finesse. On aime ou on exècre. La qualification de Malte n’est pas assurée.  

Géorgie

Mariam apparaît elle aussi sur une plate-forme, de laquelle elle surplombe ses quatre danseurs vêtus de tenues noires traditionnelles géorgiennes et qui arboreront un drapeau blanc à un moment donné de la prestation. Le backdrop dévoile tour à tour un ciel nuageux à travers un anneau, un soleil et une montagne surplombant des forêts, le tout sur une alternance de tons gris et rouge. Vêtue d’une robe argentée, Mariam descend de sa plate-forme en direction de l’avant-scène et dévoile un ensemble débardeur chair/pantalon rouge.

La qualité de l’interprétation de Mariam ne fait aucun doute. La prestation vocale de la représentante géorgienne est impeccable, tout comme son charisme est indiscutable. Mais la chanson est ce qu’elle est : faible par rapport à la rude concurrence de cette demi-finale, là où la mise en scène sonne comme assez faible.

France (qualifiée d’office)

Inutile de dire que les attentes étaient hautes et que la pression était à son maximum dès lors que la représentante française est venue s’installer sur scène, au terme d’un processus de mise en place assez long. Rien de plus normal vu le dispositif scénique : le distributeur de sable (ou plutôt de liège), un tapis de protection sur la scène et un tapis circulaire beige sur lequel Louane réalise sa performance et tombe le sable.

Trois minutes durant, c’est une performance tout en sobriété et en minimalisme qui vous sera donnée à voir. Sur un fond noir et une lumière dorée, Louane sera livrée à elle-même, face à la caméra et à l’oeil du spectateur, avec sa vérité et son authenticité, sans la moindre fioriture. Tout au long de la chanson, l’artiste évolue dans le sable qui pleut (évocation du temps qui passe, cf. le sablier retourné en début de prestation), d’abord allongée, laissant dévoiler un miroir en passant les mains dans le liège, avant de se relever. La pluie de sable/liège, elle, s’accélère au rythme de la chanson, jusqu’à produire la fameuse « tornade » qui n’en est en réalité pas une.

Pour celles et ceux qui seront dans la salle, la prestation est avant tout faite pour la télévision. Si le moniteur ne nous a pas permis de voir l’intégralité de la performance, celle-ci ayant été coupée à plusieurs reprises, beaucoup nous a cependant été donné à voir. Force est de constater que la rédaction n’est toutefois pas entièrement d’accord sur son ressenti.

Dans l’équipe présente à Bâle, nous sommes tous unanimes quant à la qualité de l’interprétation de Louane, décidément l’une des meilleures vocalistes du plateau, qui pourrait bien capter l’attention des jurys, en concurrence toutefois avec la Suisse, les Pays-Bas et l’Autriche. C’est sur le tableau en lui-même qu’émergent les divisions. Certains ont été captés par la beauté d’un tableau, l’interprétation émouvante et sincère de Louane, la finesse de la prestation. À l’inverse, d’autres sont davantage restés de marbre devant l’excès de sobriété et un possible manque de connexion avec le télévote, surtout si l’on ne connaît pas le message de la chanson.

Danemark

C’est dans une ambiance électro-pop up tempo très inspirée des années 2010 que nous plongent Sissal et ses quatre danseurs, qui aurait d’ailleurs pu cartonner à l’Eurovision à l’époque, telle un de ces nombreux produits inspirés par Euphoria de Loreen. Juchée sur sa plate-forme, entourée de rideaux blancs, l’artiste danoise délivre une performance vocale solide avec le coffre qu’on lui connaît. Visuellement, les couleurs du backdrop et des lumières oscillent entre bleu et rose électrique, entrecoupées de passage en blanc.

La performance du Danemark est sympathique et agréable, à l’image de son interprète, qui pourrait décrocher le titre de Miss Congeniality de cette édition. Hélas pour elle, là où elle aurait pu émerger dans la faible demi-finale 1? la concurrence de la soirée met en péril des chances du pays, qui pourrait bien sortir par la petite porte pour la cinquième année consécutive, un nouveau record.

Tchéquie

C’est une scénographie très blanche et très clinique que propose la Tchéquie cette année, avec un backdrop parsemé de formes noires. Au début seul en scène, ADONXS – vêtu d’un long manteau blanc à épaulettes – est rejoint par quatre danseurs au deuxième couplet, avec lesquels il réalise le dance break dans une ambiance électro rouge et orange, avant le retour au blanc et noir du début.

À l’instar de ce qu’il nous avait montré en pré-parties, le représentant tchèque délivre une excellente prestation vocale, qui aurait tout à fait pu séduire les jurys. Mais ces derniers ne votent plus en demi-finale et cela pourrait bien nuire au bel ADONXS, qui présente ici une scénographie convenue pour une prestation durant laquelle il ne se passe pas grand chose sur scène. Surtout que le dance break n’est pas des plus utiles et cohérents.

Luxembourg

C’est dans un univers coloré, autour des teintes de rose, que se trouve Laura Thorn. Sa prestation montre le passage d’une poupée articulée, manipulée, figée dans son rôle à celui d’une femme libre, indépendante. Ses danseurs deviennent à leur tour des marionnettes au fur et à mesure qu’elle prend le pouvoir. Après un début visuellement prometteur mais avec une voix un peu en dessous, la chanson prend toute sa puissance à la fin avec de très belles notes et une vraie puissance vocale. Laura s’installe sur le devant de la scène pour finir sa chance dans une nouvelle tenue, marque de son indépendance.

Cela suffira-t-il à convaincre le public dans une demi-finale au niveau très homogène ? Si la mise en scène réussit à capter l’attention des spectateurs, alors une qualification est possible.

Israël

La chanteuse démarre sa chanson dans une ambiance intimiste, la scène est dans l’obscurité. Au fur et à mesure de la chanson, la chanteuse se rapproche d’une grande structure métallique avec des rideaux panpinnes. La voix est posée, claire, limpide et puissante. La chanson, sous forme de ritournelle, monte en puissance grâce aux capacités vocales de la chanteuse. Cependant, la mise en scène en fait peut être trop, la structure est massive, elle prend de la place et cela peut gêner l’émotion suscitée par la très belle prestation vocale de la chanteuse. La qualification est cependant quasi assurée pour Israël qui bénéficie notamment du soutien de sa diaspora en Europe.

Allemagne (qualifiée d’office)

La chanson commence sur le frère du duo jouant de son violoncelle. Puis vient le moment où la chanteuse allemande démarre. Elle est d’abord sur une structure en forme d’enceintes puis descend sur scène. Son frère va donc à sa place sur les enceintes alors que des danseurs rejoignent l’Allemande sur scène. C’est relativement efficace mais la qualité vocale n’est pas forcément au rendez-vous. Baller est certainement un banger qui se diffusera dans toutes les discothèques cet été mais en attendant, le résultat est moyen. Cela peut plaire à un public spécifique qui aura envie de bouger sur une chanson entrainante aux rythmes électro mais elle ne convaincra vraisemblablement pas les jurys, en attente de plus de qualité.

Serbie

La chanson est sympathique. Cela démarre sur le chanteur dans un cadre intimiste. Toute la prestation tourne autour de lui et ses capacités vocales. Les danseurs se mouvent autour de lui. La mise en scène est cependant particulièrement déroutante. On se demande ce que la délégation a voulu faire passer comme message. Le chanteur est même trainé par terre. Le seul élément qui sauve la chanson réside dans les capacités vocales du chanteur qui assure totalement. Cependant, dans une demi-finale relevée, avec une chanson à l’intérêt limité et une mise en scène peu efficace, la Serbie semble bien mal partie.

Finlande

Dans une prestation quasi similaire à la finale nationale, Erika Vikman nous fournit une prestation à son image : osée et vulgaire. Alors qu’elle démarre au micro dans des mouvements de caméra saccadés, Erika s’avance dans la scène avec le pied du micro sur lequel elle s’amuse en chantant, l’utilisant de manière peu subtile comme un jouet sexuel. Aucun doute, cette chanson pousse le vice jusqu’à la limite acceptable par le code de bonne conduite de l’EBU. La fin de la chanteuse sur un micro d’où jaillit des étincelles est clairement une métaphore sexuelle, le titre « Ich komme » signifie, je viens, donc je jouis. Si les chances de qualification semblent donc pour l’instant quasi-certaine, un doute subsiste. Le public adhérera-t-il à cette prestation particulièrement détonante pour un show familial ?

Et puis…

… C’est tout, puisque la presse a été invitée à sortir au terme des répétitions des prestations des concurrents. Nous découvrirons donc les entractes prévus pour cette deuxième demi-finale lors de l’Evening Preview Show de ce soir.

Qui pour la finale ?

Sur la base des prestations vues de la salle (et non dans leur version écran, bien que nous ayons jeté quelques coups d’oeil au moniteur), l’équipe Bâle perçoit de nombreuses incertitudes dans les chances de qualification au vu de la concurrence et des surprises issues de la demi-finale 1. Si l’Australie, l’Autriche, Israël et la Finlande nous semblent en sécurité, 11 pays semblent en mesure de décrocher la qualification à nos yeux pour seulement 6 places restantes. Autant vous dire que le jeu nous semble ouvert avant le Jury Show…

Pendant ce temps, l’Autriche a gagné des points chez les bookmakers, avec désormais 23% de chances de l’emporter contre 39% pour la Suède.

Rendez-vous à 21 heures sur le compte X de l’Eurovision pour suivre ensemble le Jury Show en direct du centre médias de Bâle et découvrir ainsi pour la première fois les versions télévisées des prestations à travers les oreilles et les yeux de l’EAQ.

Crédits photo : Alma Bengtsson – UER