Ce ne serait qu’un de plus. Après le changement historique de 2016, le retour au 100% télévote en demi-finale et l’ajout d’un télévote international en 2023, l’UER pourrait-elle introduire un nouveau changement dans le système de vote à l’Eurovision ?

Les bruits viennent de Norvège. A l’occasion d’une réunion interne à la NRK, il a été évoqué un échange entre le télédiffuseur norvégien et l’UER quant à une évolution du vote des jurys nationaux pour l’Eurovision 2024. 

L’information a été confirmée par Thea Flinder, cheffe de projet pour le Melodi Grand Prix, tout comme il semblerait que la délégation norvégienne soit aux avant-postes d’un débat qu’elle juge temps d’ouvrir.

Le vote des jurys a fait l’objet de rudes critiques cette année, de par l’avance irréversible accordée à Loreen (163 points), qui n’a laissé aucune chance au favori du public, Käärija, malgré un excellent télévote. Dans cette lignée, il est pointé des différences de classement croissantes entre professionnels et téléspectateurs, qui selon certains tendrait à favoriser davantage le top 10 des jurys par rapport à celui du public. 

Au-delà des réelles différences de goûts entre professionnels et publics, la lecture des résultats peut être intéressante à ce sujet. En lissant davantage l’attribution  des points sur un plus grand nombre de pays, les jurys pourraient offrir davantage de chances à certains, comme l’Estonie et l’Australie cette année, auxquels ils ont offert un top 10 final. Ce qui serait oublier qu’à l’inverse, le télévote peut sauver des situations mal engagées, comme celles de la Croatie (25ème des jurys, 7ème du télévote, 13ème au final) ou encore de la Norvège (17ème des jurys, 3ème du télévote, 5e au final). N’est-ce pas là le principe d’un système combiné ?

Un autre argument est parfois agité dans la foulée : celui de la démocratie. Face à 37 jurys de 5 « experts » (soit 185 personnes), le public devrait être entièrement souverain dans la désignation du vainqueur. C’est oublier que la mise en place du système combiné en 2009 – 50% jurys, 50% télévote – répondait à l’argument inverse … puisqu’il visait justement à modérer le vote d’un public jugé plus prompt aux votes de voisinage (à une époque où le succès des pays de l’Est suscitait le débat) et plus sensible aux propositions formatées « grand public ».

Désintéressée, la position de la Norvège quant aux jurys ? Il faut dire que les jurys n’ont guère épargné Alessandra en 2023 – qui n’avait pas particulièrement brillé de sa voix lors du jury show de la finale – ou encore Subwoolfers en 2022 … Tout comme ils avaient ôté toute chance de victoire à Keiino en 2019 malgré leur large victoire au télévote. Le chef de la délégation avait d’ailleurs agité à l’époque l’argument démocratique pour prôner un retour au 100% télévote …

Dans la lignée de la suppression du vote des jurys en demi-finale – qui avait par ailleurs suscité une levée de boucliers chez les eurofans, l’UER passera t-elle à la vitesse supérieure et réformera t-elle le vote des jurys en finale ? Réponse en janvier selon le télédiffuseur norvégien.

Que pensez-vous de l’actuel poids des jurys dans le classement final ? Souhaitez-vous une nouvelle réforme du système de vote ? Si oui, laquelle ? La parole est à vous.

Mise à jour du 22/07

On savait la Norvège aux avants postes d’une demande de changement de vote pour l’Eurovision 2024. Et le chef de délégation l’a confirmé en personne à nos collègues d’Eurovizijos Podcast.

Stig Karlsen a en effet indiqué que la NRK pourrait demander une réduction du poids du vote des jurys nationaux à 30% ou 40% du total de points. Selon lui, l’intérêt du public pour la compétition pourrait décroître si les pays portés par le télévote ne réussissent pas à gagner la compétition. Ce n’est pas comme si Salvador Sobral, Netta, Maneskin ou encore Kalush Orchestra avaient largement toppé le télévote à leur époque …

Le chef de délégation a toutefois insisté sur l’importance du maintien des jurys, tant dans le processus de vote pour appuyer sur l’aspect excitant de la compétition que pour réduire l’influence des votes de voisinage.

Face au débat sur le système de vote combiné suite à l’édition 2023 et aux discussions actuellement engagées par la NRK, quelle position le groupe de référence de l’UER, seul décisionnaire en la matière, adoptera t-il ? Réponse en janvier prochain, au moment de la révélation du règlement officiel de l’Eurovision 2024 !