« Ce qui compte, c’est que j’arrive à partager l’émotion du morceau, ce que j’y ressens. Après, première place, deuxième place, troisième place… I don’t care ! » (Marco Mengoni)

À quelques jours de Liverpool, L’Eurovision Au Quotidien a rencontré Marco Mangoni dans les locaux parisiens de Sony Music France. De nous à vous, de vous à lui : le représentant italien répond à vos questions laissées sur les réseaux sociaux. L’interprète de Due Vite est impatient de retrouver ses fans sur la scène du plus grand concours musical…

EAQ – Vous avez déjà participé à l’Eurovision en 2013. Qu’est-ce que cela vous fait ressentir d’y revenir dix ans après ?

Marco Mengoni – Je ne m’y serais jamais attendu. C’est comme si la foudre m’était tombé dessus. Mais c’est beau de se mettre à l’épreuve avec soi-même dix ans après. J’ai hâte de savoir ce que je ferai, ce que je ressentirai cette fois. J’étais bien plus jeune, il y a dix ans, alors maintenant avec un peu plus de maturité, comment vais-je me comporter sur scène ? Je suis très heureux et j’y vais en toute confiance : comme lorsque j’ai gagné Sanremo pour la première fois et que je suis parti à Malmö, comme lorsque j’ai remporté Sanremo à nouveau et que je retourne à l’Eurovision.

EAQ – Votre approche est-elle plus simple ou différente de votre première fois au concours ?

Marco Mengoni – Évidemment, dix ans sont passés, durant lesquelles j’ai fait pas mal de choses… Alors bien sûr, l’approche est différente, mais je ne sais si elle est plus simple. Notamment en ce qui concerne la scène et la mise en scène. Il y a dix ans, je chantais L’Essenziale. Comme le titre l’indique, ma scénographie allait à l’essentiel. Cette année avec Due Vite, il y aura plus de choses.

EAQ – Il n’est pas obligatoire d’aller à l’Eurovision lorsqu’on gagne le Festival de Sanremo. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter le défi ?

Marco Mengoni – La même chose qui m’a poussé à revenir à Sanremo pour la troisième fois cette année. Fêter mes treize ans de carrière, les dix ans de ma dernière participation à Sanremo. Par la force des choses, j’ai accepté, mais j’aurais pu faire l’Eurovision avec tous mes concurrents et collègues artistes de cette édition de Sanremo, qui étaient vingt-huit cette année.

EAQ – Ce n’est pas trop difficile de concilier votre tournée européenne et la préparation pour Liverpool ? Nous avons déjà la réponse… (rires).

Marco Mengoni – Alors, non ! Mais, je dois dire que depuis janvier, je n’ai pas eu un seul jour de repos. Durant cette période, j’ai écrit, produit et arrangé le dernier disque du cycle Materia. Puis, il y a eu le mois de Sanremo. Alors, je m’imaginais avoir au moins deux semaines d’arrêt, de repos et… Non ! Nous voilà en Europe (ndlr : interview réalisée durant la tournée). Mais ça me plaît, j’aime voyager. Par chance, j’aime encore mon travail. C’est beau de pouvoir s’échauffer ainsi. Oui, je vois ces dates en Europe comme des échauffements.

EAQ – Due Vite représentera donc l’Italie cette année. Avec cette chanson, quel message souhaiteriez- vous transmettre aux deux cent millions de téléspectateurs ?

Marco Mengoni – Il y a tant de personnes…

EAQ – Appréhendez-vous ?

Marco Mengoni – Non, absolument pas. Mais c’est normal et motivant de se sentir fébrile, de ressentir de l’excitation… d’avoir l’impression d’être comme un cheval dans son box avant une course. Mais je ne veux pas être totalement sous l’emprise du stress. Je voudrais que cette partie motivante, ce moment où vos jambes et vos mains tremblent, n’arrive que cinq secondes avant que je ne monte sur scène. Quant au nombre de personnes qui regardent le concours, je me dis que plus on est de fous, plus on rit. Quand je chanterai, je ne verrai que les caméras et le public dans l’arena.

EAQ – Récemment, vous avez chanté à la télévision allemande. Comment avez-vous ressenti le fait de…

Marco Mengoni – Le fait de parler en allemand ? (rires).

EAQ – Le fait de chanter la version Eurovision de Due Vite pour la première fois à l’étranger…

Marco Mengoni – C’était un peu difficile. Quand une chanson naît, elle a son évolution, sa durée, sa vocation à rester telle qu’elle est. Mais à l’Eurovision, il y a cette règle qui impose aux chansons de durer trois minutes. Due Vite dure 3 minutes 43. Je me souviens que, lorsque la chanson a été écrite pour la première fois, le premier refrain ne devait arriver qu’à la moitié de la chanson. Nous avons choisi de couper un bout du premier couplet. Ça m’a fait un pincement au coeur. Ma va bè ! Cela marche bien ainsi…

EAQ – Pourquoi avez-vous été si discret dans la promotion de votre chanson ? Vous n’avez pas participé aux pré-parties…

Marco Mengoni – Parce que je gère tout à la fois. Je ne peux pas me couper en quatre (rires). Je fais la production, la promotion et je devais terminer mon disque. Ça m’aurait beaucoup plu d’être aux pré-parties. En 2013, j’en avais fait une à Amsterdam. Mais cette année, c’était un peu difficile, parce que la période de Sanremo avait un peu ralenti la création de Materia. Tout de suite après le festival, j’ai fait de la promotion post-Sanremo et immédiatement, Il fallait que je conclue la composition de l’album, que j’enregistre les chansons… Alors, nous en sommes là.

EAQ – Grande question que voilà : pensez-vous que votre chanson Due Vite peut remporter l’Eurovision et pourquoi ?

Marco Mengoni – Parce que c’est un morceau très bien écrit, même dans sa composition musicale. Bien sûr, parce que ce morceau fait partie de mon parcours introspectif, intérieur. Mais, cela ne m’importe pas de gagner au fond. Ce qui compte, c’est que j’arrive à partager l’émotion du morceau, ce que j’y ressens. Après, première place, deuxième place, troisième place… I don’t care ! (en anglais dans le texte). Je veux juste m’amuser et faire partie de ce bel événement.

EAQ – Avez-vous prévu une tournée mondiale après le concours ?

Marco Mengoni – Après l’Eurovision, j’ai ma tournée. Vous pensiez que j’aurai quelques semaines libres ? Eh non ! Pas de repos pour Marco (rires). Il y aura la sortie du disque Materia, puis tout de suite après, les dates de ma tournée. Je ferai la tournée des stades en juin et juillet. Bien sûr, il y aura aussi la promotion du nouveau single. Puis, nous retournerons en Europe. Peut-être à l’automne. Qu’est-ce qu’on veut faire, partir en vacances ? Pas pour l’instant…

EAQ – Beaucoup d’Eurofans français aimeraient vous entendre…

Marco Mengoni – Chanter en français. Je me dis la même chose.

EAQ – Avez-vous prévu de sortir un single en français ?

Marco Mengoni- Ce n’est pas au programme, mais j’aimerais vraiment. Par exemple, j’aimerais bien faire une version française de Due Vite. Je n’ai jamais chanté en français. Je veux dire, jamais en public. Seulement pour moi.

EAQ – Dans ce sens, y a-t-il un ou une artiste francophone avec qui vous aimeriez collaborer pour un duo ?

Marco Mengoni – Aya Nakamura ou même Stromae. Techniquement, j’ai déjà collaboré avec un artiste francophone. Deux morceaux sur mon dernier disque sont co-produits avec Témé Tan, qui est belge. J’aime bien Sellah Sue également.

EAQ – Appelez l’Eurovision au Quotidien, le jour où vous sortez un single en français...

Marco Mengoni – Je suis prêt…

EAQ – Avez-vous un dernier mot pour inciter les lecteurs de l’EAQ et les fans français à voter pour l’Italie ?

Marco Mengoni – Oh, je n’aime pas trop faire ce genre de choses. Dans le sens où je n’aime pas demander aux gens de voter pour moi. Je leur dirais plutôt de prêter attention à la musique. De bien écouter les chansons. Si vous voulez voter pour l’Italie, c’est adorable. Mais si vous votez pour les autres, c’est tout aussi bien. Votez pour ce qui vous plaît et écoutez la musique. J’ai toujours l’impression d’être comme un politique en demandant des votes. Ça n’a rien de musical…

L’album Materia (Prisma) sortira le 25 mai prochain. Marco Mengoni vous donne rendez-vous sur la scène de Liverpool. Dans l’attente, il adresse tanti baci à ses fans européens [Cliquez sur le lien suivant].

Un grand merci aux équipes de Sony Music France pour leur collaboration à cette entrevue.

Crédits photographiques : Marco Mengoni | Sony Music