A l’approche de l’Eurovision 2023, la rédaction est allée à la rencontre de celles et ceux qui monteront sur la scène de la Liverpool Arena à partir du 9 mai prochain. Les eurostars en interview, moteur, action !

C’est en 2016 que naît le groupe Joker Out. Après un premier titre Kot srce, ki kri poganja dans la foulée, il remporte une compétition musicale pour étudiants l’année suivante et commence à tourner dans des festivals. En 2019, le titre Gola marque le début de leur collaboration avec le producteur Jaret Pak, et préfigure la sortie de leur premier album, Umazane misli, en octobre 2021, après plusieurs reports en raison de la pandémie.

Joker Out acquiert très vite une notoriété et une popularité en Slovénie, confirmée par la sortie d’un deuxième album Demoni en août 2022, et par l’obtention de trois Zlata piščal, l’équivalent des Victoires de la Musique slovènes. Aujourd’hui, le groupe se retrouve sur le devant de la scène européenne puisque d’ici quelques jours, il va porter les couleurs de la Slovénie sur la scène de l’Eurovision 2023. Ils s’appellent Boyan, Jan, Jure, Kris et Nace, soit cinq garçons dans le vent (moins un absent), voici Joker Out en interview !

L’Eurovision au Quotidien – Pouvez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ?

Kris – Bonjour ! Nous sommes Joker Out et nous représentons la Slovénie à l’Eurovision 2023. Nous sommes un groupe de 5 membres originaires de Ljubljana. Seul notre chanteur Boyan est absent.

Pourquoi avez-vous choisi pour nom Joker Out ?

Jan – Il y a sept ans, nous venions de former le groupe et discutions sur Messenger afin de trouver un nom qui nous corresponde. Kris a proposé Joker Out, et c’était la meilleure des mauvaises idées. Nous avons juste décidé d’être Joker Out et il n’y a pas de raison particulière à cela.

Kris – Notre seul critère a été de voir comment il résonnait dans la bouche d’un célèbre présentateur de télévision en Slovénie lorsqu’il l’a prononcé.

Jan – Essayez de prononcer Joker Out, ça résonne très bien !

À quelques semaines de l’Eurovision, quel est votre état d’esprit ?

Kris – Nous faisons actuellement la tournée de toutes les pré parties (l’interview a eu lieu le 11 avril, N.D.L.R.). C’est épuisant, donc nous sommes ravis d’avoir deux jours pour nous reposer ! Mais nous y recevons un très bel accueil, ce qui nous rend très positifs et optimistes pour Liverpool.

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans l’aventure de l’Eurovision ?

Jan – Nous sommes fans de l’Eurovision depuis longtemps. Au fond, nous avons toujours rêvé d’y participer, mais ce n’était jamais le bon moment. Ces deux dernières années, nous avons enregistré deux albums et eu beaucoup de concerts. Cette année, nous avons décidé de ne pas préparer de nouvel album, car nous avions besoin de faire une pause avec les tournées.

Kris – … Et nous avons travaillé sur une nouvelle chanson (rires). De là, on s’est dit qu’on pourrait peut-être aller faire un tour dans d’autres pays, peut-être aller à Liverpool, peut-être aller à l’Eurovision. Oui, Liverpool est une belle ville ! (rires)

Jan – Fantastique même ! (rires) C’est ma favorite !

Que représente le concours pour vous ?

Kris – Comme le disait Jan, nous sommes de vrais fans de l’Eurovision depuis que nous avons découvert la musique et que nous nous connaissons. Nos premiers souvenirs remontent à 2004, l’année de la victoire de Ruslana. Aujourd’hui, c’est un véritable honneur de prendre part à cette aventure, et finalement, nous avons enfin pu rencontrer Ruslana ! C’est un vrai rêve qui devient réalité.

Si vous deviez ne retenir qu’un artiste ou une chanson de l’histoire du concours, laquelle serait-ce ?

Kris – Je vais rester classique, puisque c’est devenu l’un des plus grands groupes de l’histoire  : Waterloo, d’ABBA. Leur musique est incroyable, et Waterloo est tout simplement l’un des meilleurs titres de l’histoire du concours.

Jan – Mon titre favori est sans doute doute Sentimentai, de Monika Liu, qui a représenté la Lituanie l’année dernière.

Jure – Je choisirais Fairytale d’Alexander Rybak, qui est devenu un hit en Slovénie. C’est un tube de légende.

Nace – Ma chanson préférée du concours est Soldi de Mahmood.

Parlons à présent de votre chanson pour Liverpool, Carpe Diem. Qu’en diriez-vous ?

Kris – Nous avons enregistré notre titre à Hambourg à la fin de l’année dernière. Nous sommes entrés en studio en décembre et y sommes restés confinés avec notre producteur et notre ingénieur du son. Nous avions cette démo avec laquelle nous savions que nous avions envie d’aller à l’Eurovision. C’était une sorte de version anglaise de Carpe Diem, mais elle ne s’appelait pas encore Carpe Diem (ils chantent la version anglaise du refrain) « Why don’t you tell me that you want me ? Why don’t you tell me that you need me ? If you don’t want me anymore … ». Nous avons ensuite vraiment commencé l’enregistrement, à baisser les vibes, à améliorer le groove. Les derniers jours, Bojan a écrit les premières paroles en slovène, qui parlent de notre retour à Hambourg, où nous sommes restés enfermés à l’intérieur, éloignés de toute la négativité et la haine, et des engagements que nous avions en Slovénie. Nous avons laissé notre créativité s’exprimer, et nous avons apprécié ces journées. Nous avons ressenti du plaisir, nous avons dansé et nous avons joué.

Vous avez enregistré une version en anglais et avez demandé à vos fans de vous faire parvenir la traduction de Carpe Diem dans chacune des langues de l’Eurovision. Nous vous avons envoyé la version en français. Alors, à quand la première de Carpe Diem en français ?

Kris – Aucun d’entre nous ne parle vraiment français, donc ce sera difficile. Je ne me souviens pas si la version française correspondait sur le plan musical, parce que nous en avons reçu beaucoup et nous vous remercions tous pour les traductions que nous avons reçues. Mais beaucoup ne peuvent pas être utilisées parce que le texte ne colle pas avec la mélodie.

Jan – Vous pouvez le vérifier, puisque nous en avons posté sur Instagram, à condition que la traduction ait été correcte et adéquate sur le plan du rythme. Peut-être que si nous obtenons 12 points de la France en finale, on pourrait publier une version française !

Évidemment ! Vous emmenez l’indie pop sur la scène de l’Eurovision avec des touches vintage. Quelles sont d’ailleurs vos influences musicales?

Jan – Nous avons tous des influences différences, mais nous sommes en général des fans de la musique anglaise des années 60 et 70, avec du brit rock plus moderne. On peut d’ailleurs le voir dans notre univers. Nous sommes principalement influencés par la pop rock britannique. Shagadellic music quoi !

Est-ce que Carpe Diem a été spécialement écrite pour l’Eurovision ou elle lui a pré-existé ?

Kris – La chanson a été créée autour du moment où nous avons décidé d’aller à l’Eurovision, mais elle n’a pas été spécialement écrite pour cela. Nous avons même évité de nous référer au concours, parce que nous voulions juste que Carpe Diem nous représente de la manière la plus naturelle possible. C’est la chanson que vous pourriez retrouver sur n’importe lequel de nos albums précédents.

Etait-ce important de chanter en slovène à Liverpool ?

Jan – Bien sûr, c’est très important pour nous de chanter en slovène. En réalité, il n’y a jamais eu de débat sur le fait de chanter en anglais ou en slovène, parce que nous faisons principalement de la musique en slovène. C’est plus honnête vis-à-vis de nos fans et de nous-mêmes. Plus tôt dans l’année, nous avons enregistré un titre en anglais, une collaboration avec Elvis Costello sur la chanson New Wave, dont la vidéo officielle va sortir quelques jours avant l’Eurovision (elle a été publiée hier N.D.L.R.).

Kris – Nous avons publié une version anglaise de Carpe Diem en mars, afin d’aider le public à mieux en comprendre le texte.

Nous approchons à grands pas des demi-finales. Ressentez-vous une quelconque pression par rapport au résultat que vous apporterez à la Slovénie ?

Kris – Quand on a démarré l’aventure de l’Eurovision, on s’est vraiment mis la pression. Quand nous avons été sélectionnés en interne sans vote du public – puisqu’il n’y a pas eu de sélection nationale -, c’était certes un honneur, mais le fait de ne pas nous être retrouvés confrontés aux risques du télévote et à une victoire en sélection nous a donné la pression de devoir faire nos preuves. Maintenant, avec les pré-parties, nous ressentons l’accueil positif du public. Il ne maîtrise pas forcément notre langue ou n’a parfois jamais entendu parler de notre pays, mais il chante les paroles de notre chanson, c’est incroyable ! A l’approche des demi-finales, nos sensations sont agréables, et on verra ce se passe.

Comment voulez-vous faire vivre Carpe Diem sur la scène de l’Eurovision ? Pouvez-vous nous en dire plus sur la scénographie ?

Jan – Nous allons garder pas mal de marqueurs de notre performance nationale. Nous devons juste l’adapter aux dimensions de la scène de l’Eurovision, parce qu’elle sera environ deux fois plus grande et il y aura beaucoup de monde dans le public. Nous serons très proches les uns des autres et du public de l’arena. Nous serons pour cela très proches de la caméra (ils se rapprochent de la caméra).

Vous savez que nous sommes un fan média français. Vous avez témoigné à plusieurs reprises votre admiration pour notre candidate, La Zarra.

Tous – Oui !

Kris – C’est une artiste incroyable et nous avons eu la chance de la rencontrer à Madrid. C’était la première pré-partie à laquelle elle participait et nous avons pris des photos ensemble, qu’on a posté sur nos réseaux. C’était l’un de nos moments préférés.

Pouvez-vous nous chanter quelques notes d’Evidemment ?

Tous – (ils chantonnent) «E-vi-dem-ment ! La-la-la … »

Kris : Nous ne connaissons pas les paroles, sauf « Evidemment »

Jan : … And « la Grande France » !

Je suppose que vous avez écouté vos concurrents à l’Eurovision 2023. Quels sont vos favoris cette année ?

Jure – La Finlande !

Kris – La Finlande a une proposition très cool et Käärija défonce tout sur scène ! Nous aimons beaucoup l’Espagne également, et bien sûr La Zarra. Et Marco Mengoni ! Nous avons rencontré la plupart des candidats, et il y a vraiment un sentiment de communauté entre les artistes.

Vous participez à six pré parties. Quel est votre sentiment vis-à-vis de l’accueil des eurofans que vous évoquiez précédemment ?

Jan – Dans chaque ville, nous avons organisé des Meet & Greets, où nous avons invité nos followers sur Twitter et Instagram à se connecter avec nous depuis là où nous étions, pour chanter quelques chansons et discuter un peu avec eux. Alors, Liverpool, soyez prêts pour les Meet & Greets !

Kris – Nous avons eu la surprise de voir beaucoup de personnes se connecter à ces Meet & Greets, c’est incroyable.

Jan – Des dizaines de milliers ! (rires)

Kris – Le record, c’était à Varsovie, et ils venaient d’endroits qu’on n’aurait même pas osé imaginer. Par exemple, Israël est un pays éloigné sur le plan géographique et culturel, et nous y avons réalisé beaucoup de connexions lors du Meet & Greets.

Vous-êtes vous déjà produits en France ?

Kris – J’ai déjà participé à un concert de reprises sur les bords de Seine à Paris, et c’était une merveilleuse nuit d’été. C’est le seul concert que je n’ai jamais donné à Paris.

Nace – J’ai déjà joué en France, dans une ville médiévale près de Limoges. Je ne me souviens plus exactement où. Je me suis également déjà produit à Paris.

Projetez-vous de chanter en Europe après l’Eurovision ?

Kris – Oui, bien sûr. Nous sommes un groupe de live et nous aimons nous produire en concert. L’Eurovision n’est qu’un seul de nos projets et nous adorerions donner d’autres concerts, en France notamment.

Qu’aimeriez-vous dire à nos lecteurs ?

Kris – Ne vous prenez pas la tête et vivez au jour le jour, Carpe Diem. Joker Out vous aime et espère vous retrouver en finale, ainsi que à autant de concerts que possible cet été.

Jan – Aux programmateurs à Paris, à Montpellier, à Bordeaux, … Si vous aimez notre musique, appelez-nous !

Un grand merci à Joker Out d’avoir accordé une interview en vidéo à l’EAQ ! Nous retrouverons le groupe en dixième position de la deuxième demi-finale le 11 mai prochain à Liverpool.

Merci également à Gregor Zalokar (TrickyDisco! PiArt) pour l’organisation de cette interview.