Les répétitions individuelles se sont achevées samedi, la cérémonie d’ouverture et tapis turquoise ont eu lieu dimanche et le grand soir de la finale approche à grands pas !

Hier lundi, les répétitions générales de l’Eurovision 2022 se sont installées sur scène. La « dress rehearsal » s’est tenue hier dans l’après-midi. Le spectacle a été rodé dans les conditions réelles. Plus tard dans la soirée, le « jury show » (non diffusé et durant lequel les jurés nationaux votent) s’est déroulée en direct. Nous l’avons suivi depuis le centre de presse virtuel, ainsi qu’au cœur du Pala Alpitour pour une partie de la rédaction présente sur place.

En voici, la revue ! Vous y retrouverez la description de la première demi-finale. Nous y partagons notre sentiment personnel sur les performances des demi-finalistes, vues in situ et sur les écrans. Les commentaires suivants n’engagent que la rédaction.

Attention spoiler : si vous souhaitez préserver l’effet de surprise, profiter pleinement de la première demi-finale ce soir, nous vous recommandons de ne pas lire la suite de cet article.

21h00 : début du jury show – première demi-finale

Ouverture

Après ce cher Te Deum, la RAI a concocté un petit film où un Gepetto des temps modernes crée un drone, Leo, qui sera envoyé filmer toutes les cartes postales de cette édition. Le tout sur le « Turandot » de Puccini. On arrive ensuite sur scène, avec des animations plus futuristes, toujours sur ce « Turandot ». Quelques notes de rock qui évoquent la chanson gagnante de l’an dernier. Une chanteuse interprète quelques lignes sur « The Sound of Beauty », avec un long pont instrumental qui laisse la place pour un numéro de danse contemporaine. La scène rend très bien, avec tous ces danseurs. A 21h08, le trio de commentateur-ices investit la scène. Deux costumes noirs pour Alessandro et Mika, et une robe rose fuschia pour Laura, qui mériterait qu’on ouvre les nominations du Barabra Dex (pardon, du « You’re A Vision ! ») award aux présentateurs. Mika, assez logiquement, s’occupe de la partie française de la présentation, rappelant l’enjeu et les règles de la soirée. Et en route vers la première carte postale !

Albanie

Impeccable répétition pour Ronela. Ce n’est pas juste un opening act : c’est un coup de lance-flammes au PalaAlpitour. Un choix audacieux, sexy, ethnique et résolument moderne, porté par une eurodiva déjà iconique. Je pense qu’elle peut encore pousser vocalement cela dit. Cette édition ne pouvait mieux démarrer. Oh, évidemment, elle clivera, et Ronela se prendra j’imagine toutes sortes de complaintes sur les réseaux pour ne pas être assez « family-friendly »… Ces rabats-joie n’ôteront pas un millilitre du plaisir que j’ai pris à voir un opening aussi en phase avec son époque pour le Concours, au moment où la planète danse sur Doja Cat et Anitta.

Lettonie

En voilà d’autres qui sont bourrés d’énergie : nos éco-lettons. Là aussi une répétition sans fausse note et pleine d’énergie, à se demander si ils peuvent encore donner plus lorsque ce sera le direct tant chaque membre de Citi Zeni est à fond. Je vais citer la personne, non-fan, qui découvre cette demi-finale avec moi : « Ca m’a rendu heureux ». Je ne résumerai pas mieux.

Lituanie

Monika est chez elle sur la scène de Turin, et le public lui est acquis: on l’entend clapper en rythme dès les premières notes de Sentimentai. Compliqué d’exister après deux numéros aussi explosifs. Elle déroule toutefois son morceau et son déhanché avec la sensualité et la perfection qu’on lui connaît depuis Pabandom is Naujo.

Suisse

Je découvre le tableau suisse, au demeurant bien sympathique, mais si je craignais déjà pour Monika, je me demande encore plus comment un titre pareil existera dans cet enchaînement. Pour ne rien aider, Marius a bien raté l’une de ses notes finales.

Slovénie

Un joli tableau pour nos amis slovènes, pas une fausse note ici. Les musiciens de LPS sont à fond et ajoutent au pep’s de l’ensemble. Le chanteur, par contre, semble encore un peu guindé et sur la réserve, c’est dommage. Ils ne font pas décoller la salle selon notre envoyé sur place (je voulais caler ça, ma Anne-Sophie Lapix fantasy). Il faudrait qu’il brille un peu plus fort demain, surtout qu’il a la lourde tâche de précéder l’un des favoris…

Ukraine

J’ai senti les Kalush Orchestra un peu sur la réserve niveau énergie sur scène. le fait qu’ils passent une bonne partie de la chanson alignés en rang d’oignon au fond de la scène n’aide pas, et me surprend un peu à vrai dire. Cela donne un mélange assez étrange de vibes d’émotion et d’énergie, sans vraiment donner à 100% dans l’une ou l’autre des catégories. Le public était debout en soutien au pays, mais a priori pas vraiment pour s’ambiancer sur la flute enchantée. A mes yeux, les favoris des bookmakers n’ont pas confirmé leur statut ce soir.

Petite pause après le passage de l’Ukraine pour quelques blagues grivoises entre Mika et Laura, et un spot qui retarce l’histoire de la ville de Turin et la construction de la scène qui accueille cet Eurovision.

Bulgarie

Premier moment compliqué de la soirée. Non pas qu’un seul des membres d’IMP faille à sa tâche, le chanteur en fait même un poil des caisses. Mais c’est creux… On ne sent pas vraiment de cohésion de groupe, une sensation bizarre de rock qui ne décolle pas… Je m’impatiente. Mon avis personnel ? Dommage d’avoir mis un entracte puis une pause-WC à la suite. Pas optimal en rapport show/vessie.

Pays-Bas

Aucun bémol majeur du côté néerlandais. J’ai eu l’impression que S10 a mis un peu de temps à s’imposer et à atteindre le niveau d’assurance pour incarner l’aura de la chanson. La rédaction est divisée: sur place et d’un autre côté de l’écran, on dit « n’enterrons pas les Pays-Bas si vite ». Me concernant, je suis laissée sur ma faim par une réalisation un peu en manque de créativité, de la part d’une délégation qui a déjà fait ses preuves niveau création d’ambiance intimiste/contemplative. Mais tant mieux si c’est mon seul ressenti !

Moldavie

A peine la bande son lancée qu’on entend la salle monter à bord du train, ou plutôt d’une transe. Je ne pensais pas les Zdob si Zdub aussi appréciés des eurofans, en comparaison à certaines autres icônes (y compris moldaves), mais il faut croire que si. Sur le canapé toulousain, le batteur s’est particulièrement fait remarquer, et je n’attends que de voir la version sans watermark pour qu’on en fasse un GIF. Tant mieux, d’ailleurs, qu’ils aient cette énergie sur scène, parce que esthétiquement, j’aurais plutôt qualifié ça d’erreur pour la délégation. Ce n’est pas la plus jolie prestation visuelle de la soirée, mais je ne me fais aucun souci pour eux, le plaisir est ailleurs.

Portugal

Changement d’ambiance, descente à la station « Saudade ». Visuellement, le Portugal propose quelque chose de poli et de plaisant. L’ambiance installée par Maro et ses camarades fonctionne parfaitement et devrait parvenir à rouvrir les portes de la finale aux lusitaniens.

Croatie

Le passage du dernier tiers en croate est une plus-value. Peut-être la seule vraie plus-value du titre croate qui, comme on l’a dit à maintes reprises ici et ailleurs, aura du mal à faire plus que de la figuration. Aucun problème du côté de Mia et ses danseurs, ça ne prend juste pas.

Danemark

Je trouve la chanteuse de Reddi perfectible sur la partie introductive du titre, plus délicate que le reste. Une fois que ça décolle, c’est parti ! Mention spéciale, une nouvelle fois, à une batteuse (décidément, une catégorie bien en forme ce soir !). Les membres du groupe ont une énergie qui fait plaisir à voir. Peut-être que finalement, ça pourrait suffire à porter le Danemark dans les 10 ?

Pause. L’occasion pour Mika de nous dire ce que l’Eurovision signifie pour lui (il n’a pas dit que c’était de la m*rde, cette fois !) et de revenir en images sur la cérémonie d’ouverture qui s’est tenue hier.

Autriche

Passera, passera pas, la voix de Pia Maria ? Disons que les choeurs préenregistrés aident quand même beaucoup. Pas de gadin majeur toutefois, on peut espérer sauver les meubles auprès des jurys, même si la voix manque clairement de puissance par rapport à la version studio. LUM!X apporte une énergie bienvenue. Il est possible que la qualification ne se joue pas si confortablement, mais l’Autriche reste en course.

Islande

L’harmonie vocale entre les trois soeurs est un délice. L’esthétique également. Même si je n’y crois personnellement pas tout à fait, je comprends que plusieurs membres de la rédaction prédisent une qualification pour l’Islande (qui serait, en l’état actuel des paris, une surprise). La chanteuse du milieu conclut la prestation d’un « We stand with you, Ukraine ». Est-ce que l’UER tolérera ce message, qui reste politique ? En tout cas, une année de plus, et ce n’est pas moi qui critiquerai ça, les représentant-es de la RUV se distinguent à côté de leur chanson.

Grèce

Amanda est attendue au tournant dans la salle. Elle ne déçoit pas. Sa justesse vocale et d’interprétation est incroyable. Elle atteint une dimension qui supère la version studio. Elle alterne les notes puissantes et plus délicates avec une facilité déconcertante. Dark horse, vous avez dit dark horse ?

Norvège

Les Subwoolfer font, eux aussi, un carton dans la salle. Le numéro, qu’on voit et revoit depuis le MGP, est toujours aussi poli et exploite les possibilités visuelles du rendu TV. Ils finissent par m’arracher un sourire couillon de sympathie. Je ne veux pas savoir qui chante, qui sont les loups, je veux juste ne plus jamais revoir cette prestation. Hélas pour moi, il est fort improbable que les loups norvégiens restent en demi-finale, je dois le reconnaître.

Petite pause jet de pièce dans la fontaine avec Alessandro et Mika.

Arménie

Enfin, le dix-septième numéro. Rosa-Linn est nickel, comme la plupart des artistes ce soir, en fait. Elle se débrouille très bien dans une scénographie très chorégraphiée et chargée pour un morceau léger comme « SNAP ». L’effet reveal final, si il doit être très désagréable côté salle puisqu’ils ne voient pas Rosa-Linn, rend superbement bien à la TV et crée un effet surprise intelligent.

Interval act

On commence par un morceau de musique électronique proposé par Dardust. Il y a aussi des tambours sur scène, le tout dans des tons bleus et roses électriques. On le retrouve ensuite au piano, pour transiter vers un morceau de musique classique. Retour ensuite à de l’électro avec un sample de « Blu Da ba Dee ». On a ensuite Benny Benassi et un piano en feu, avec une arrivée massive de danseurs sur scène. Ils sont enfin rejoints par Sophie and the Giants, qui est en playback… Un très mauvais playback.

Un hommage est rendu à Raffaella Carrà.

Après un nouveau recap, le trio de présentateurs clôt les votes.

Mika nous introduit ensuite celui qui aurait dû représenter l’Italie il y a deux ans, qui avait une chance d’ailleurs de ramener le trophée au pays, mais qui a subi le même sort que ses 39 concurrents à cause du COVID : Diodato. Il interprète une version réarrangée de Fai Rumore. Il profite de pouvoir s’affranchir des règles auxquelles sont soumises les artistes en compétition pour s’entourer d’une bonne trentaine de danseurs sur scène. C’est superbe vocalement. Vous noterez qu’on peut également profiter du fameux soleil qui, pour les entractes, peut être exploité ! Il a été réparé, mais sa vitesse de rotation était trop faible par rapport au temps disponible entre les performances…

On accueille ensuite, après un magnéto, Maléna Fox, tenante du titre de gagnante de l’Eurovision Junior. Elle a d’ailleurs un des plus beaux make-up de la soirée, associé à l’une des pires coiffures de la soirée. Alessandro lui demande le top 3 des raisons pour lesquelles il faudra venir en Arménie pour le 20e Eurovision Junior (déjà !) qui se tiendra, pour rappel, à Erevan.

Mika accueille ensuite Alvan & Ahez, nos représentants. Il leur pose une question sur le choix de la langue bretonne pour leur chanson, et si ils ressentent la pression du fait de succéder à Barbara Pravi qui a terminé 2e l’an dernier. Après diffusion d’un extrait de la répétition de Fulenn de cet après midi, Alessandro et Laura accueillent Mahmood et Blanco, les représentants italiens. Succède un extrait de Brividi, ou on peut constater un downgrade vestimentaire (manteau de cuir ambiance Matrix pour Mahmood, et tunique beige ni seyante ni franchement esthétique pour Blanco, sur pantalon assorti), il y a une amélioration de l’aisance et de l’harmonie vocale. Je respire, évidemment, mieux.

Comme ils enregistrent l’extrait qui sera diffusé demain, on assiste ensuite à une nouvelle répétition de chacun de ces deux pays. Cela ne sera pas le cas demain soir. Nos français-es sont toujours aussi au point. Côté italien, ça va mieux que samedi : l’alchimie entre Mahmood et Blanco revient au niveau de Sanremo, les voix sont en place, ce n’est pas tout à fait la perfection, mais on l’approche.

Clôture

La demi-finale se clôt sur la révélation de 10 qualifiés, rappelons-le, aléatoires. Comme les délégations ont entre temps quitté la Green Room, puisque n’ayant plus rien à faire, cela donne des plans assez cocasses de la Green Room… vide. Sont donc annoncés, sur une ambiance digne d’un repas de famille après que tonton à trois verres ai exprimé une opinion foireuse, la Lettonie, le Portugal, la Lituanie, la Norvège, le Danemark, la Grèce, l’Arménie, la Suisse, l’Autriche, les Pays-Bas.

Si je peux glisser mon pronostic personnel, cette liste ne sera pas très éloignée de la réalité. Il faut assez évidemment ajouter l’Ukraine, au détriment de la Suisse. Je retirerai aussi le Danemark au profit de l’Albanie. Comme je vois également mal la Moldavie rester sur le carreau, à contrecœur, je vois la Lituanie éliminée.

Bilan

Vous avez dû lire déjà nos compte-rendu des répétitions, et nous n’avions rien à vous apprendre de neuf sur les tenues ou les scénographies. Tout le monde aura été impeccable ce soir, à l’exception de Marius Bear qui aura raté une note et de Pia Maria, dont la performance vocale reste poussive. Plusieurs se feront remarquer positivement je pense, par ordre d’apparition : la Lettonie, la Moldavie, et la Grèce. Ces trois pays gagnent, je crois, l’applaudimètre ce soir. Cette dernière est d’ailleurs pour moi une sacrée concurrente à la victoire de la demi-finale, que je voyais acquise à l’Ukraine. On peut ajouter d’ailleurs à cet applaudimètre l’Ukraine et les Pays-Bas, bien que j’ai été moins convaincue derrière mon écran.


Je serai bien en peine de changer mes pronostics au vu de l’ordre de passage, puisque je n’ai pas vraiment profité du show comme un téléspectateur lambda. Tout ce qui me vient en tête à ce sujet, c’est : attention à la Lituanie. Si elle est déjà en ballotage côté parieur, cela se confirme d’autant plus en la voyant passer après deux numéros explosifs et bien identifié. C’est à double tranchant, ce passage; mais notre Barbara était passée après le dévastateur SHUM l’an dernier, et aucun des titres ne s’en était trouvé lésé au moment du vote. Mais attention tout de même, elle a un profil de fan-favorite éliminée surprise, façon Greta Salomé ou Norma John…

De l’autre côté, si je vous ai déjà parlé de mon scepticisme sur les 3 minutes helvètes, notons que la Bulgarie, la Slovénie et la Croatie ont aussi reçu un accueil plus mitigé de la salle.

Mitigée, je le suis également sur le reste du show. Les entractes sont plutôt chouettes, mais la présentation nous a un peu déçu, Chris et moi. Elle manque peut-être un peu de modernité, la complicité entre les présentateurs fait un peu forcée. Rémi et Pascal sont en désaccord, cela dit. Il y a eu plusieurs petits soucis de sons, mais aucun heureusement n’impactant les performances. Autrement, le show est rodé. Il n’y a plus qu’à, et personnellement, suivre cette répétition a achevé de me rendre impatiente d’être à demain soir !

Crédits photographiques : montage à partir des photographies officielles de l’UER