Ce que nous avons en commun est plus fort que ce qui nous sépare.

Tusse

Il y a environ deux mois, le Melodifestivalen 2021 délivrait son verdict. Alors que la sélection regorgeait de grands noms et de légendes, c’est à un nouveau venu sur cette mythique scène musicale que les suédois ont décidé d’offrir la victoire avec, à la clé, un billet destination Rotterdam. Il n’est âgé que de dix-neuf ans, et c’est auréolé de l’intégralité des points du télévote suédois qu’il défendra les couleurs de son pays avec Voices. Voici Tusse en interview !

EAQ – Que ressentez-vous par rapport à votre participation à l’Eurovision 2021 ?

Tusse – Je suis vraiment excité, parce que c’est la plus grande compétition musicale au monde et le plus grand show auquel je n’ai jamais participé. C’est un honneur de représenter la Suède et je suis également terrifié, parce que ça me confère une certaine responsabilité vis-à-vis de l’ensemble du pays. Quelqu’un m’a dit que deux cents millions de téléspectateurs regardent le show. Cela me rend nerveux, terrifié et je me chie dessus, mais je suis également excité.

Qu’est-ce que l’Eurovision représente pour vous en tant que téléspectateur et en tant qu’artiste ?

Nous sommes originaires de différents pays, nous parlons différentes langues, et nous y faisons énormément attention. Mais à l’Eurovision, rien d’autre n’importe que l’esprit de la musique et le rassemblement entre nations. Peu importe d’où vous venez, nous aimons tous la musique et sommes tous curieux des origines de chacun et de sa musique. Le fait d’être ensemble est vraiment agréable. Pour moi, l’Eurovision représente cela, ainsi qu’une belle opportunité en tant qu’artiste également.

Quels sont vos meilleurs souvenirs du concours ?

Mon meilleur souvenir est bien sûr la victoire de Loreen en 2012 avec Euphoria. Je me rappelle, j’avais dix ans, j’applaudissais, je pleurais, c’était la première fois que je réagissais ainsi. Je rêvais de pouvoir être un jour sur cette scène. C’est tellement fou d’y être aujourd’hui !

L’hiver dernier, vous avez participé pour la première fois au Melodifestivalen et vous l’avez remporté ! Comment avez-vous vécu votre victoire ?

C’était énorme. Cette année, il y avait genre des centaines de légendes : Eric Saade, Charlotte Perrelli, The Mamas, Dotter, Danny Saucedo. Au début, j’étais nerveux de concourir aux côtés de tant de légendes du show. Je les ai toujours suivis, j’ai chanté leurs chansons, j’ai été leur fan, je les ai vu en live. Quand j’étais dans les coulisses, ils m’ont impressionné à plusieurs reprises. Je les respecte énormément. Ils sont capables de tout donner, et ils ont brillé en finale. C’était génial. Je suis reconnaissant envers les suédois qui ont voté pour ma chanson, ma performance et moi. C’est un grand accomplissement pour moi.

Comment vous êtes-vous retrouvé à y participer ?

C’est une histoire amusante. Je suis toujours lycéen, mais je fais également de la musique. J’en écris aussi. J’étais dans une période creuse et j’ai reçu un appel de Joy Debb, avec qui je rêvais de travailler après Idol. J’étais vraiment excité, parce que c’est Joy Debb. Avec Linea Debb et Jimmy « Joker » Thörnfeldt, nous avons écrit de nombreux titres sympas, dansants et funky. Ils étaient incroyables, mais je ne me sentais pas aussi connectés à eux que je l’espérais pour pouvoir les interpréter au Melodifestivalen. J’étais un peu déçu. Je suis revenu au lycée. Cette semaine-là, j’avais des examens et je m’apprêtais à passer mon permis de conduire. J’ai reçu un appel de Linnea Debb qui m’a dit « J’ai une chanson pour toi. Tu dois revenir pour l’enregistrer ». Je lui ai répondu que je n’avais pas le temps, que j’étais au lycée et passais mon permis de conduire le lendemain et que je ne pouvais pas revenir. Elle a insisté, et je suis revenu au studio le même jour. J’ai entendu la chanson et je suis rentré en connexion avec elle à tous les niveaux. J’ai lu les paroles et j’ai été impressionné, parce qu’elle représentait ce que je souhaite dire en tant que personne sous la forme d’une chanson. Elle parle de compassion, d’humanité, du fait que les voix de chacun doivent être entendues. J’ai fini par chanter le titre, l’enregistrer, nous l’avons envoyé au Melfest et nous y voilà !

Comment décririez-vous Voices ?

Quand je l’écoute, je ressens de la force, de l’espoir et je me dis qu’il n’y a rien que je ne puisse faire. Je peux tout faire. J’aime à penser que ce que nous avons en commun est plus fort que ce qui nous sépare.

Une version acoustique de la chanson a été publiée, et vous l’avez interprétée lors des pré-parties. Quelles différences apporte-t-elle vis-à-vis de la version originale ?

La version originale est un titre pop. Elle a beaucoup de beat et de cœur, et j’adore cela, parce que c’est très stimulant et ça lui donne de la force. Mais je voulais aussi capturer la fragilité, la sensibilité, la vulnérabilité du titre. Je suis heureux que nous ayons pu faire cette version acoustique, parce qu’elle montre que nous sommes toujours forts, mais que nous pouvons tout aussi bien être vulnérables.

Je suppose que vous avez lu les réactions des eurofans. Comment les appréhendez-vous ?

En plusieurs lieux, tout le monde a sa propre opinion et doit ressentir ce qu’il ressent. Quand j’ai entendu Voices, j’ai ressenti de la force et de l’espoir, et j’espère vraiment que les gens qui l’écouteront ressentiront la même chose. Mais c’est impossible. Vous ne pouvez pas forcer les gens à aimer la chanson, à ressentir les émotions que j’ai ressenties lorsque je l’ai écoutée. Quand j’entends des personnes dire que c’est une chanson générique, qu’ils ne l’apprécient pas à cause de ceci ou de cela, ce sont leur opinion et leurs sentiments. Je les respecte. Mais il y a aussi énormément d’amour. La chanson aide des gens, les stimule de différentes manières. J’en suis très heureux. Cela me rend également un peu triste que certaines personnes disent que c’est un mauvais titre, mais je respecte leur opinion. Quoiqu’on en dise, c’est leur opinion.

La Suède est l’un des pays qui réussit le mieux au concours de l’Eurovision ces dernières années. Vous faites partie des favoris. Ressentez-vous une pression par rapport à cela ?

Toujours ! Je ressens toujours de la pression. Je suis heureux de représenter la Suède, mais comme je l’ai dit, je suis également terrifié, parce que c’est un grand pays qui compte de très bons classements dans l’histoire de l’Eurovision. Ce n’est pas évident de garder ça à l’esprit. Ces dernières années, le pays était systématiquement classé dans le top 10 et c’est une grande pression pour moi. Mais c’est également une énorme motivation. La Suède l’a déjà fait, et du moment que je donne tout à 100%, tout ira pour le mieux.

Avez-vous des favoris dans cette édition ?

La Suisse. J’adore cette chanson ! C’est si vulnérable, et si réel. Je pense qu’elle sera une grande concurrente.

Qu’aimeriez-vous dire à nos lectrices et lecteurs pour conclure cette interview ?

J’adorerais juste vous dire merci avec tous les moyens possibles, pour l’amour que je ressens chaque jour et le soutien que vous m’apportez. Je lis tout ce que vous m’envoyez, et j’aimerais rappeler à chacun de rester lui-même. La vie offre un tas d’opportunités, alors soyez attentionnés les uns envers les autres et diffusez de l’amour. Rappelez-vous que chaque voix compte.

Un grand merci à Tusse de nous avoir accordé cette interview. Nous le retrouverons en quatrième position de la première demi-finale le 18 mai prochain à Rotterdam, et d’ici là en répétition sur la scène de l’Eurovision 2021 !

Crédits photographiques : eurovision.tv